Chapitre 45
Le lendemain, toute la journée, ce fut la cohue à Poudlard. Tous les journalistes sorciers de la planète semblaient avoir envie de prendre une photo du survivant, de lui poser des millions de questions mais, heureusement, Harry avait une bonne protection rapprochée, sous la forme de Rogue et McGonagall qui ne laissaient pas passer tout le monde. Qui avait cafté, impossible à savoir, mais les faits étaient là et à midi, les journalistes furent littéralement mis hors de l'Infirmerie et Pomfresh barricada même la porte avec un sortilège pour ne pas que ces fou-furieux n'entrent en force.
- Enfin un peu de calme... soupira la sorcière en tirant sa baguette magique. Oh non ! s'exclama-t-elle soudain.
Elle jeta un sortilège sur les fenêtres qui se voilèrent aussitôt. Harry sourit en voyant des sorciers juchés sur leurs balais, appareils photos dans les mains.
- Nom d'un chien, grommela-t-elle.
Un plateau de nourriture apparut sur les genoux d'Harry qui sursauta et retint l'assiette alors qu'elle glissait vers le bord du plateau sous l'élan de son arrivée. Le Gryffondor eut un petit rire puis il regarda le contenu de son plateau – une cuisse de poulet avec des frites, un part de tarte aux pommes, un verre de jus de citrouille et un morceau de pain –, et il soupira. Il allait aussi devoir se réhabituer à ne plus engloutir des quantités phénoménales de nourriture... Ce sont les Elfes de Maison qui allaient être contents... Plus de repas monumentaux à confectionner pour le loup, plus de courses à faire en double voir triple exemplaire. Enfin !
Comme le Gryffondor mangeait tranquillement ses frites, une par une, pensif, il sentit un froissement près de lui et leva la tête.
- Hey, dit-il en souriant. T'as passé la nuit ici ?
- Non je viens d'arriver, répondit Malefoy. Je voulais m'assurer que je n'avais pas rêvé...
- Tu as bien dû voir les couloirs bondés...
- Je les ai soigneusement évités, vois-tu. Ça aide de connaître le château par cœur. Mrs Pomfresh a frôlé la crise cardiaque quand je suis sorti de derrière l'armoire par contre...
Harry sourit. Il s'essuya les mains dans sa serviette puis tendit le bras et Malefoy s'approcha en disant :
- Qu'y a-t-il ?
Harry posa ses doigts sur la joue du Serpentard et dit :
- Je voulais te toucher... Juste te toucher et ne plus penser à replier mes griffes avant... C'est si... bizarre, ajouta-t-il en regardant ses mains.
- Tu vas t'y habituer, dit le blond en se tirant une chaise. Je peux manger avec toi ?
- Sers-toi va... Je n'ai pas tellement faim.
- Ah ouais ? C'est normal ça ?
- J'imagine que c'est parce que je suis encore bouleversé d'avoir retrouvé mon apparence humaine alors que j'ai vécu un calvaire pendant vingt-cinq ans...
Malefoy hocha la tête puis soudain il demanda :
- Dis... Tu n'as jamais songé à...
- Mettre fin à mes jours ? Oh que si, des centaines de fois... Mais je n'ai jamais eu le courage d'aller jusqu'au bout. Je me suis ouvert les veines des dizaines de fois mais dès que j'avais une once de remords, la magie refermait mes plaies et je me retrouvais encore plus dépité qu'avant... J'ai tenté de me jeter dans la mer, j'ai transplané dans ma grotte avant de toucher l'eau. Je me suis laissé couler au milieu de l'océan, j'ai transplané lorsque l'air m'a manqué...
- T'es-tu demandé pourquoi tu n'y arrivais pas ?
- A l'époque non. Maintenant, je le sais...
- Ha ? Et alors ?
- C'est toi qui m'en as empêché, Malefoy.
- Moi ?
- Ton âme et mon amour pour toi... Au cours de toutes mes tentatives, je pensais à toi, même fugacement et la tentative échouait aussitôt. C'est grâce à toi que je suis là devant toi...
Malefoy avala la frite qu'il mâchait puis il ferma les yeux et Harry posa une main sur la sienne. Le blond demanda alors :
- Tu ne m'as encore pas embrassé... Que crains-tu ?
Harry se redressa tel un ressort. Il regarda le blond avec des yeux ronds de surprise et Malefoy lui sourit, un sourcil haussé.
- J'avais imaginé que tu me sauterais au cou en me voyant, hier soir...
- Ce que j'ai fait...
- Et que tu m'embrasserais à en perdre le souffle, te moquant de tes amis et de quiconque pouvait se trouver à proximité. Mais tu n'en as rien fait...
- Cela t'attriste ?
- Non, pas du tout, cela me surprend, seulement. Tu avais l'air si convaincu quand tu venais chez moi... Tu étais si... tendre.
Harry eut un demi-sourire. Il caressa la joue du blond puis dit :
- Quand j'aurais reprit mes marques je redeviendrais tendre, c'est promis. Je t'aime plus que la vie elle-même et j'ai bien l'intention de passer encore une dizaine de décennies avec toi.
- Cent ans ! Mais on ne sera plus que deux fossiles ambulants ! s'écria le blond, surpris, mais souriant. Deux Dumbledore... Beurk !
Le Serpentard eut un violent frisson et soudain, Harry éclata de rire. Il roula sur son lit et se plaqua les mains sur le ventre :
- Génial ! fit-il, mort de rire. Je t'imagine trop avec une longue barbe blanche et tes petites lunettes pour lire !
Le blond se renfrogna et laissa son regard dériver sur le corps du Gryffondor. De ce corps, il n'avait que le souvenir d'un jeune homme de dix-sept ans, hors maintenant il en avait quarante-trois, bientôt quatre, et ce corps était tout bonnement inédit, magnifique...
Malgré le T-shirt blanc, Malefoy devina que les muscles d'Harry s'étaient considérablement développés. Il avait des biceps comme des jambonneaux, des pectoraux et des abdos comme des plaques de chocolat – la même taille que celle que l'on trouve chez le pâtissier du Chemin de Traverse ! –, des hanches étroites mais de larges épaules qui lui donnaient un air bancal à souhait et des jambes incroyablement longues.
- Arrête de me reluquer comme ça, dit soudain Harry en roulant sur le flanc. Tu vas m'user avant même de m'avoir touché.
- Potter... soupira le Serpentard. Oh ! dit-il soudain.
- Mhm ?
- Pousse ta main...
- Ma main ? Mais...
Harry ôta la main qu'il avait posée sur son ventre et Malefoy approcha ses doigts. Il repoussa le T-shirt et fronça les sourcils.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il.
- De ?
- Tu n'as jamais eu de tatouage sur le ventre, Potter...
Harry baissa les yeux sur son ventre. Autour de son nombril se dessinait un rond noir hérissé de pointes recourbées, le tout entouré par un lacet noir luisant, comme un ruban de papier collant, large d'environ un centimètre, qui serpentait autour du nombril et se perdait ensuite sous l'élastique du bas de pyjama du Gryffondor.
- Ça doit être la Magie Noire je pense.
- Encore ! s'exclama le blond.
Sa voix partit dans les aigus et il recula sa main mais Harry la lui agrippa en disant :
- Cela ne craint plus rien, maintenant. N'aie pas peur, je la maîtrise parfaitement et je l'ai confinée ici, dans mon ventre, le seul endroit où il y a suffisamment de place et où cela ne risque rien.
- Dan ton... ventre. Potter, la Magie Noire est ici... dans tes entrailles ?
- Oui. Pose ta main, je te jure qu'elle ne va pas t'attaquer.
Harry se tourna sur le dos d'un coup de reins et Malefoy déglutit. Il tenta de récupérer sa main et dit :
- Elle a déjà brisé notre vie une fois, Potter...
- Je.La.Maitrise, dit Harry en hachant les mots.
Il tira doucement sur la main pâle qui tremblait dans la sienne et l'apposa sur son ventre, juste sous son nombril. Malefoy frissonna au contact et Harry réprima lui aussi un frisson.
Soudain le Serpentard serra les paupières et Harry lui prit le poignet droit dans son autre main. Il releva la manche et regarda la Marque des Ténèbres pulser légèrement.
- Elle réagit, dit alors Malefoy. La Magie Noire sent que je suis un Mangemort...
- Ou l'inverse. Tu vois, tu ne crains rien. Elle est inoffensive maintenant...
Harry desserra sa prise sur la main du blond et celui-ci recula sa main en la regardant comme s'il la redécouvrait.
- Mon amour... dit soudain Harry. Tu n'as absolument rien à craindre...
- Potter, ne m'appelle pas ainsi, nous ne sommes pas amants...
- Pas encore. Mais crois-moi, la Magie Noire vit en moi, comme la blanche. Elles se côtoient toutes les deux depuis plus de dix ans et oui, je l'avoue, il y a eu la guerre là-dedans pendant des années mais c'est fini maintenant. Je sais parfaitement maîtriser mes émotions, et quoi qu'il se passe, jamais je ne la laisserais te faire du mal, tu m'entends ?
Le blond ferma les yeux en déglutissant. Il serra son poing droit puis hocha la tête. Il souffla longuement puis Harry demanda :
- Ça va mieux ? Tu es rassuré ?
- Un peu...
- Malefoy, tu es toute ma vie... Je préférais mourir plutôt que de te voir souffrir à cause de la Magie Noire.
- Ne dis pas de conneries, personne ne va mourir avant un bon moment.
Il y eut soudain un cri dans le bureau de Pomfresh puis celle-ci jaillit de la pièce derrière un Rogue impassible.
- Severus, bon sang ! Combien de fois vous ais-je déjà dis de ne pas apparaître par ce passage secret comme ça sans prévenir ! Et c'est valable pour vous aussi, Monsieur Malefoy ! aboya-t-elle.
- Poppy, vous êtes fatigante, soupira Rogue, qui avait déjà dû entendre cette tirade plus d'un millier de fois depuis qu'il travaillait en tant que professeur dans ce collège.
- Prévenir ! Prévenir ! Prévenir ! Ce n'est pas Moldu quand même ! trépigna la petite sorcière.
Harry sourit. L'Infirmière tourna alors les talons, furieuse, et Rogue soupira. Il regarda les deux garçons devant lui et demanda :
- Alors Potter ? Comment ça va ?
- Mieux qu'hier, je me remets doucement. C'est déroutant quand même de ne plus avoir de fourrure ni un appétit de Dragon.
- Vous m'en direz tant... Et que fais-je de votre tapis dans mon salon ? Vous allez continuer à dormir dessus ? grinça l'homme avec un sourire mauvais.
- Donnez-le, dit le brun en lui tirant la langue. Ou achetez un chien...
Rogue grimaça.
- Où vas-tu vivre maintenant ? demanda Malefoy.
- Ici pendant quelques temps puis je me trouverais bien une petite maison dans un coin tranquille, loin des journalistes.
- En parlant de journalistes, dit Rogue en pointant son pouce par-dessus son épaule, vers les portes barricadées de la pièce. Peut-on lâcher la meute ?
- Attendez au moins que je sois partit, dit Malefoy. Je n'ai aucune envie d'avoir ma photo dans tous les journaux de la planète.
- J'adore ton sens du soutien... railla Harry en grimaçant.
Le blond lui tira la langue puis il fila sans demander son reste dans le bureau de Pomfresh qui grommela à nouveau. Rogue pointa ensuite sa baguette magique sur la double-porte et les deux panneaux s'ouvrirent lentement, laissant s'écouler le flux de sorciers.
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