Chapitre 38
- Eh oh ! Miss Maya !
- Je suis en bas !
Harry tendit les oreilles et referma soigneusement la porte de la boutique de livres à l'atmosphère poussiéreuse qui embaumait le vieux parchemin et le cuir.
Lentement, le Gryffondor descendit jusqu'à la cave et trouva la jeune femme blonde au milieu de piles de livres plus grandes qu'elle. Apparemment, elle faisait un grand ménage.
- Vous rangez ? demanda Harry.
- Je trie ce qui peut être vendable et ce qui ne sortira jamais. J'ai l'intention d'en faire don à Poudlard.
- Vraiment ?
- Il y a des centaines de vieux manuels scolaires pour une grande majorité des matières enseignées là-bas, dit Miss Maya en montrant les caisses. Je pense que les professeurs seront ravis de mettre à jour de vieux sortilèges ou de vieilles potions.
Il y eut un silence et la jeune sorcière dit :
- Au fait, que me vaut l'honneur de votre visite ? Tout va bien ?
- Hein ? Ais-je vraiment besoin d'un prétexte pour venir vous voir ?
- Non, bien entendu... Excusez-moi, sourit la jeune blonde. Comment allez-vous ?
- Très bien et vous ?
- Un peu fatiguée mais ça va. Je suis au milieu de ces livres depuis tôt ce matin et même avec la magie, j'ai beaucoup de travail.
- J'imagine... Avez-vous parlé au professeur McGonagall concernant ce don ?
- Oui, elle est enchantée mais elle tient à vérifier en personne le contenu des livres.
- C'est normal, certains ouvrages ne doivent pas être confiés à des enfants.
Miss Maya hocha la tête.
- Et... Ne me dit es pas que vous êtes venu simplement pour me dire bonjour, si ?
- Touché... Je voulais vous inviter à passer l'après-midi avec nous à Poudlard...
- Nous ? Ne serait-ce pas une tentative ratée de rendez-vous ?
Harry plissa le nez.
- C'est de la triche votre empathie, grommela-t-il. Vous devinez mes intentions à mes sentiments...
- C'est normal, et bien pratique.
- Alors ? Vous allez venir ?
- Ais-je déjà refusé une invitation à Poudlard ? Non. Alors oui, je viendrais. Laissez-moi mettre un peu d'ordre là-dedans et... et que je ne vous voie pas de l'après-midi, c'est clair ?
- Hou, un après-midi juste avec le professeur Rogue... dit Harry, découvrant ses dents de devant dans un rictus amusé.
- Et alors ? dit Miss Maya en croisant les bras. Je l'apprécie bien...
- Oh mais c'est partagé, rassurez-vous ! répondit le brun. Je suis simplement content qu'il vous fasse confiance et se lie avec vous... Ce n'est pas un homme facile, vous savez... Il souffre beaucoup de la perte de mon amie...
- Oui, je l'ai senti... Mais quand je suis près de lui, il souffre moins.
- C'est parce qu'il vous apprécie... beaucoup. Vous lui plaisez sincèrement.
- Merci, cela me fait plaisir, mais je le savais déjà, grande peluche, dit la jeune femme en lui tirant la langue. Allez, fichez-moi le camp, j'ai encore du travail.
- D'accord ! A tout à l'heure alors !
- Oui, oui, c'est ça...
Harry transplana directement chez Ron et décida de passer la journée à se faire papouiller par la fille de celui-ci, âgée de deux ans, presque trois, qui adorait tirer les oreilles et maltraiter les babines de « tonton Harry » ...
A quatorze heures, Miss Maya se pointa à Poudlard comme si elle y habitait. Elle tomba sur McGonagall dans le hall, qui discutait avec le professeur Nuage.
- Bonjour, Miss Barjow !
- Oh, professeur McGonagall, dit la jeune fille en souriant. Eh bien, vous ne changez pas malgré les années !
Ce compliment arracha un demi-sourire à la Directrice qui dit :
- Je vous présente Miss Maya Barjow, professeur Nuage. Hermeline Nuage, voici Maya Barjow, la compagne de notre cher Severus.
- Compagne, oh non ! s'exclama Maya en levant les mains. Nous sommes simplement amis.
- Si vous le dites... dit McGonagall avec un sourire en coin.
Maya pinça les lèvres puis elle s'excusa et fila jusqu'aux cachots aussi rapidement que possible.
- Entrez !
- Merlin tout puissant...
- Maya... ? Que se passe-t-il ?
- Oh rien, je suis tombée sur le professeur McGonagall... Elle m'a tout de suite hissée au rang de compagne du professeur le moins enclin à...
- Laissez la dire, coupa Rogue avec un demi-sourire. Elle voudrait bien que je trouve à nouveau quelqu'un et apparemment, vous lui avez tapé dans l'œil...
- Pourquoi est-ce que tout le monde semble vouloir que vous et moi soyons ensemble ? gémit la jeune femme en retirant sa cape.
Rogue haussa un sourcil. La jeune femme se laissa tomber sur une chaise près de lui et un silence passa. Soudain elle le regarda et dit :
- Bonjour !
Rogue parut surpris puis il eut un rire bref et lui décocha un large sourire.
- Comment allez-vous aujourd'hui ? Remis de vos émotions de la semaine passée ? demanda-t-elle.
- Oh oui, grâce à Potter.
- Ha oui ?
- Oui, je lui ai raconté mon histoire...
- Alors lui y a droit et pas moi ? grogna Maya en fronçant les sourcils.
- Je connais Monsieur Potter depuis qu'il a onze ans...
- Et alors... bougonna la jeune femme. Moi aussi... ou presque.
- Vous êtes adorable quand vous boudez...
- Quoi ? Mais... Oh...
Aussitôt la jeune sorcière vira au rouge brique et Rogue se mit à rire. Il se reprit cependant rapidement comme elle redevenait elle aussi sérieuse.
- Je suis sérieuse, dit-elle. Que dois-je faire pour que vous me parliez ? Vous m'avez montré vos cicatrices, je vous ai montré la mienne, je vous ai même raconté mon histoire...
- Patience, soyez patiente, dit Rogue en lui prenant la main.
Il la tapota doucement et elle soupira. Elle se leva alors, se dirigea vers la petite cuisine et demanda :
- Vous avez du café ?
- Dans le pot sur le comptoir, répondit Rogue. Un Elfe de Maison vient de l'apporter, il doit être encore chaud...
- Vous en voulez ?
- J'en ai encore, merci.
Faisant comme chez elle, la jeune femme conjura une tasse et se servit le liquide noir amer. Quand elle revint vers la table, elle posa le mug devant sa chaise vide et observa ensuite l'homme qui lisait.
- Je crois bien que je vous apprécie de plus en plus... dit-elle avec un sourire en s'asseyant.
- C'est réciproque, dit Rogue en la regardant. Vous êtes vraiment une jeune femme adorable, compréhensive, câline... Si cela ne tenait qu'à moi je ferais de vous ma compagne, sur le champ.
- J'en serais ravie... Mais, pourquoi cela ne dépendrait pas que de vous ? Votre ex-femme n'a rien à voir dans l'histoire... s'étonna Maya en invoquant un sucre dans son café.
- Je ne parlais pas d'elle, mais de mon fils, Jason, répondit Rogue. Il vient me voir environ deux fois par semaine, après les cours...
- Je ne l'ai jamais vu...
- Il passe le plus clair de son temps entre ses salles de classe, la Grande Salle et la Salle Commune de Serpentard. Je ne sais même pas s'il a écrit à sa mère depuis le mois de janvier...
- La fin des classes est dans deux semaines, cela ne presse pas, dit Maya en posant son menton sur l'épaule de l'homme. Restez-vous ici cet été ?
- Non, je pense rejoindre ma maison dans le Wiltshire... Pourquoi ?
- Non... Pour savoir...
Rogue la regarda du coin de l'œil. Cette fille était vraiment l'opposée d'Hermione, et son opposée à lui aussi. Blonde comme le soleil, les yeux bleus comme un ciel d'hiver, une silhouette petite et menue et surtout... surtout, une maladresse qui la rendait adorable. Malheureusement, cette maladresse n'était pas innée, simplement le résultat de la peur d'une enfant pour un tatouage dont elle avait découvert la signification du haut de ses dix ans...
Sentant une hardiesse qu'il ne se connaissait pas, Rogue saisit le poignet de la jeune femme et l'attira sur ses genoux. D'abord surprise, Maya se blotti ensuite contre lui en souriant. Il l'entoura de son bras et reprit son livre.
Au bout d'un moment, Rogue reposa son livre et remonta la manche gauche de la jeune femme. Il inspecta la longue cicatrice rose, légèrement en relief. Il pinça ensuite les lèvres puis approcha son propre bras gauche et Maya plissa le nez.
- Elle est vraiment très moche, mais je sais à quoi vous pensez... dit-elle. N'essayez jamais, ô grand jamais de vous mutiler comme je l'ai fait... J'en ai beaucoup trop souffert... Cette folie m'a coûté ma main... Ne l'oubliez pas.
- Pas de risque...
Rogue embrassa alors le poignet de la jeune femme et elle se cala contre le large torse maigre après avoir récupéré sa tasse de café. Elle quitta cependant rapidement la chaleur de l'homme pour aller dans le canapé et lire un énorme livre abandonné là.
Rogue posa sa plume rouge et regarda Miss Maya dans le canapé. Elle était repliée comme une enfant, les jambes par-dessus l'accoudoir, le livre posé contre ses genoux,
- Miss Maya...
- Oui ?
Somnolente, la jeune femme était plongée dans son livre depuis plus d'une heure, silencieuse. Rogue lui jetait de temps en temps des coups d'œil pour vérifier si elle dormait ou pas.
- Miss... Voudriez-vous que l'on se voie plus souvent et pas seulement entre les murs de cet appartement ? demanda alors le professeur en repoussant ses livres.
La jeune femme se retourna dans le canapé. Dans sa précipitation, le gros livre glissa de ses genoux et tomba sur le sol dans un bruit sourd. Elle le ramassa et le referma en regardant Rogue avec surprise.
- Quoi ? dit celui-ci. Ais-je dis quelque chose de grossier ?
- Grossier ? Non, non, au contraire !
La jeune femme se leva et s'approcha de la table.
- Mais pourquoi cette tête ? demanda rogue.
- Parce que je suis surprise, voilà tout ! Cela ne fait même pas deux mois que nous nous connaissons...
- Certes, mais vous n'avez pas l'impression de m'avoir toujours connu ?
Maya esquissa un sourire.
- C'est un peu le cas... Vous avez été mon professeur pendant sept ans...
- Oui d'accord, mais mis à part cela...
- Si, avoua la jeune femme. Si, je le reconnais, j'ai l'impression de vous connaître depuis toujours.
Un large sourire fendit soudain son visage et elle inclina la tête, les mains jointes devant elle.
- Je serais enchantée de vous fréquenter officiellement, Severus Rogue ! dit-elle avec un large sourire.
- Moi aussi, Maya Barjow, répondit Rogue en inclinant le menton.
La jeune femme sourit de plus belle et Rogue lui prit la main et la serra solidement un moment. Leurs regards s'accrochèrent et Maya éprouva immédiatement quelque chose au creux de ses tripes. Un pincement étrange...
Loin d'ici, cependant, dans une rue du Londres Moldu, une jeune femme, occupée à donner le bain à son fils de dix mois, fondit soudain en larmes sans savoir pourquoi. Une main lui pressa le cœur comme un citron trop mûr et ses hoquets attirèrent son époux.
- Ça va aller... dit Lewis. Ça va aller... C'est terminé... Tu ne souffriras plus maintenant...
Tous deux à genoux devant la baignoire où barbotait le bébé, Lewis serra sa femme dans ses bras et regarda dans sa main la lettre de parchemin qui venait de Poudlard, dans laquelle le professeur McGonagall signalait que Severus Rogue avait retrouvé une femme pour partager sa vie.
- Merci Merlin... dit Lewis en regardant la lampe.Merci...
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