Chapitre 37

- Miss Maya est partie ?

- Oui, à l'instant... Very l'a raccompagnée à l'entrée...

- Est-ce que vous allez mieux ?

Rogue regarda Harry. Assit à la table de la salle à manger, l'homme avait un air misérable à souhait. Simplement vêtu d'une chemise blanche à moitié boutonnée qui pendait sur son pantalon, le visage blafard, le méchant professeur faisait pâle figure.

- Oui, je vais mieux... Je suis navré pour tout à l'heure,

- Il n'y a pas de mal, dit Harry avec un signe de tête. Vous avez une sale tête, ajouta-t-il. Ça s'est mal passé avec Miss Maya ?

- Non... Non, non, c'est une fille adorable et très compréhensive...

Rogue ferma alors les yeux puis il se leva et dit :

- Je lui ai montré mon secret...

- Vos blessures ? Je n'ai pas l'honneur de les avoir vues... se renfrogna le brun.

- Hermione non plus si vous voulez savoir.

- Vraiment ? Comment... Je veux dire, en six ans de vie commune... s'étonna le Gryffondor.

- Je les dissimulais avec un sortilège... répondit Rogue. Elle savait parfaitement que j'avais été torturé à Azkaban, mais elle respectait mon silence.

- Et Miss Maya a brisé le tabou...

- Bizarrement, j'ai confiance en elle... Elle m'a révélé son secret elle aussi.

- Ah ? Qu'est-il ? À moins qu'elle vous ait interdit d'en parler ?

- Non, je ne pense pas... Elle est née quelques années après vous, en quatre-vingt-quatre... et elle portait la Marque des Ténèbres...

- Pardon ? Je croyais que ce n'était qu'une fois que Voldemort eut été tué ! s'exclama Harry en bondissant de surprise.

- Je le pensais aussi, mais apparemment non, soupira Rogue. Peut-être a-t-il mit en place ce sortilège sur ses premiers partisans, dans les premières années de son « règne » ... Je n'en suis pas un, ni Lucius, ajouta l'homme en devinant que Harry allait poser la question. Peu de ses premiers Mangemorts sont encore vivants... Il y avait Bellatrix Lestrange... Fenrir Greyback, et quelques autres qui sont désormais morts depuis longtemps. J'imagine que le père de Miss Maya en était un...

- Et Monsieur Barjow doit l'avoir aussi alors...

- Depuis sa naissance non, il est bien plus vieux que Miss Maya... Il a plus de soixante ans, comme moi... Je doute d'ailleurs qu'ils aient la même mère...

Harry baissa le museau, en proie à une intense réflexion. Au bout de quelques minutes il demanda :

- Puis-je voir vos cicatrices ?

Rogue, s'il s'était attendu à cette question, parut décontenancé par la demande. Il ne dit cependant rien et Harry insista un peu.

- Après tout... dit Rogue avec un mouvement d'épaules.

Il se tourna dos à Harry et laissa tomber sa chemise sur ses poignets. La réaction du Gryffondor fut moins violente que celle de Miss Maya et quand Rogue remit sa chemise, le brun soupira profondément.

- Griffes de Dragon... dit-il.

- Comment le savez-vous ? s'étonna Rogue en pivotant.

- J'ai étudié les Dragons pendant ma quatrième année, avant la tâche du Tournoi de Trois Sorciers... Je reconnaîtrais ces marques n'importe où... Qui... ?

Rogue soupira et s'assit à la table. Il posa ses coudes sur le plateau et dit :

- Lorsque j'ai été arrêté, en 1996, j'ai été jugé pour le meurtre de Dumbledore et condamné à la prison à perpétuité. Je n'étais pas ce qu'on appelle un « prisonnier de marque » comme Lucius Malefoy qui, à l'époque avait une cellule pour lui tout seul... Non, j'avais été jeté dans les bas-fonds de la prison, là où les paillasses sont les plus humides et moisies, là où crèvent de maladie tous ceux qui avaient tué de sang-froid comme moi...

- Mais c'était Dumbledore qui vous avait demandé de le faire ! s'offusqua aussitôt Harry.

- Oui, mais Dumbledore n'avait rien écrit sur son testament ! Jamais il n'a mentionné notre machination ! Je le regrette amèrement mais à mon avis, cela n'aurait rien changé à la situation... soupira Rogue.

Un silence s'installa et Harry renifla.

- Comment... Comment cela s'est-il passé ? demanda-t-il alors.

- Les cicatrices, vous parlez ?

Harry hocha la tête.

- Eh bien, si je me souviens bien, cela date d'un an après mon emprisonnement... À l'époque, les Sphinx avaient déjà été remplacés par de simples Aurors. Un jour, l'un d'eux a ramené un œuf de Dragon, un Boutefeu Chinois... Les plus pervers ont alors eut une idée pour dépeupler la prison...

- Ils ont envoyé les prisonniers dans la gamelle du Dragon ? dit Harry avec horreur.

Rogue hocha la tête.

- J'étais parmi ces condamnés à mort. Nous étions plus de deux cent à nous traîner dans la cour de la prison. Comme cela ne faisait qu'une semaine que le gardien avait ramené l'œuf, aucun de nous ne pensait avoir à faire à autre chose qu'un petit lézard cracheur de feu... Mais c'était sans penser à la magie... Le petit Dragon était devenu adulte... et il avait faim.

- Quelle horreur...

Rogue haussa brièvement les sourcils et reprit :

- Quand ils ont défait les chaînes du Dragon, nous nous sommes mis à courir dans tous les sens pour sauver notre misérable peau. Mais beaucoup d'entre nous n'avaient plus la force et ceux qui ont eut le malheur de trébucher ont terminé dans la gueule de l'animal... Je n'étais pas encore trop faible, moi, j'ai réussi à me cacher derrière un pilier, avec un autre prisonnier. Avec des hauts-de-cœur, nous avons entendu nos compagnons d'infortune mourir sous les griffes et les dents de l'animal enragé car affamé. Les trois quarts des « proies » ont fini dans l'estomac du Dragon. Nous n'étions plus qu'une cinquantaine à ne pas nous être fait manger... et le Dragon était rassasié, heureusement pour nous.

- Mais ?

- Mais les Aurors en voulaient encore... alors ils se sont mis à lancer des sortilèges sur le Dragon pour le réveiller. Un Stupéfix lui a frôlé l'œil... l'animal est devenu enragé. Il n'était pas vraiment gros, mais il avait une taille impressionnante pour un bébé d'une semaine et nous autres, sans baguette magique, nous n'avions que nos jambes pour nous sauver... Nous nous sommes mis à courir autour de la cour de la prison, j'entendais les paris des Aurors, c'était atroce... Un moment, j'ai eu le malheur de regarder derrière moi pour savoir ce que faisait l'animal... et je l'ai vu qui me prenait pour cible. Terrorisé, je me suis sauvé aussi vite que possible mais sa patte m'a abattu... et a tracé ces quatre sillons dans mon dos en me marchant littéralement dessus. J'ai eu les côtes cassées, toutes, de chaque côté de colonne vertébrale qui elle a survécu par miracle quand on voit où est placée la griffe centrale...

- Mais vous avez été soigné...

- Bien sûr ! cracha Rogue. Rien du tout ! Quand les Aurors ont vu que j'étais encore vivant, ces sadiques, au lieu de m'achever, m'ont jeté dans ma cellule sans soins aucuns. De plus, chaque matin, j'avais droit à un Doloris comme réveil... et à divers sortilèges au cours de la journée...

- J'imagine que sans soins vos plaies se sont infectées... dit Harry doucement.

- Elles ont pourri, en effet... J'ai eu de la fièvre et finalement, quelqu'un m'a soigné. Je ne sais pas qui, je ne sais pas quand, je ne sais pas combien de temps je suis resté dans cet état... et puis un jour... on a ouvert ma grille, j'ai senti une main douce sur mon épaule... j'ai ouvert les yeux... c'était Minerva qui avait réussi à obtenir une sortie de prison... Elle m'a ramené ici... la suite vous la connaissez j'imagine.

Harry hocha la tête. Il était perplexe. En temps normaux même les prisons soignaient leurs blessés ! Pourquoi alors Rogue avait-il passé autant de temps amoché de cette façon ? Il aurait pu en mourir ! Bien sûr... C'était le but...

- Merci, professeur... dit alors brun.

- De rien... Vous êtes la première personne après McGonagall à qui je raconte cette histoire...

- Miss Maya sera peut-être la prochaine ?

- Peut-être...

- Vous devriez aller dormir un peu, professeur, vous paraissez épuisé... dit alors Harry.

- Quelle heure est-il ?

- Dix-sept heures...

- Mes cours...

- Le professeur McGonagall les as assurés à votre place, répondit le Gryffondor. Allez vous reposer... Vous voulez que je reste un moment ?

Rogue secoua la tête.

- Très bien, dit Harry. Je viendrais vous chercher pour aller dîner... Merci encore de m'avoir fait confiance.

Le professeur eut un soupir puis Harry quitta la pièce et gagna le bureau de McGonagall au petit trot. Il entra presque sans frapper et la vieille sorcière ne fut pas surprise de le voir.

- Vous désertez votre charmant logeur ? dit-elle avec un sourire.

- Croyez-moi, il n'a plus rien de « charmant » ce soir... Il est complètement anéanti... et il m'a montré son secret vous savez...

- Ah... Il a bien fait.

- Hermione n'est pas au courant...

- Vraiment ? Pourtant...

- Elle sait qu'il a subi des choses à Azkaban mais il ne lui a jamais montré ses cicatrices, il les dissimulait sous un sortilège. Elles sont... monstrueuses...

- Oui... Je sais... Je l'ai obligé à les montrer à Pompom... Même si à présent elles sont saines et parfaitement cicatrisées, ce n'était pas le cas quand il est revenu... Pompom a passé des heures à retirer les chairs pourries afin qu'elles ne contaminent pas le reste de la peau. Severus est resté dans les vapes pendant plus d'une semaine après cela. Et pendant des jours il a porté un bandage serré autour du torse ainsi que son complet à col haut boutonné jusqu'en haut car la cicatrice centrale remonte jusqu'à la racine de ses cheveux, sur sa nuque. Je ne sais pas comment il a fait pour survivre pendant huit ans avec ces blessures...

- Et il... il n'y a rien à faire pour les faire disparaître ?

- Non. C'est une créature magique qui a fait ces cicatrices, la magie ne peut pas les faire disparaître. Au moins n'est-il pas défiguré...

Harry hocha la tête. Il regarda l'heure et soupira.

- Quelque chose vous tracasse, monsieur Potter ?

- Hein ? Oh non, non, pas du tout... Je me demandais juste si j'allais retrouver mon apparence humaine avant mon anniversaire...

- Nous sommes au moins de juin, votre anniversaire est fin juillet... Si Severus ne met pas la main sur la potion ou le sortilège qui vous aidera, j'ai crainte que vous n'ajoutiez une nouvelle année à votre calvaire...

Harry baissa la tête. McGonagall lui effleura le bras puis elle dit, innocemment :

- J'ai entendu Hagrid marmonner qu'il y avait trop de biches dans la Forêt Interdite...

Harry sentit l'eau lui venir à la bouche.

- Il y a longtemps que je n'en ai pas mangé...

- Alors aller vous amuser, Potter. Pendant que vous y êtes, ramenez-en une bien ronde, j'ai dans l'idée d'un petit repas privé avec les professeurs samedi soir...

Harry sourit largement puis il inclina la tête et quitta le bureau, direction la Forêt Interdite où il poussa, long et clair, un hurlement qui dit bondir les élèves et les professeurs occupés à leurs tâches de fin de journée.

- Potter... ! soupira McGonagall après avoir violemment tressaillit.

Elle secoua la tête et se remit à son travail.

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