Chapitre 36

McGonagall venait d'apprendre la nouvelle de ses contacts un peu partout au Ministère et quand Harry lui appris que le brouillard d'Azkaban avait disparu un temps largement suffisant pour qu'elle soit vue d'un Moldu, même de loin, la vieille sorcière lui révéla qu'une mutinerie avait eue lieue dans la prison de haute sécurité. Des sorciers apparemment plus puissants que les autres avaient réussi à briser l'enchantement les enfermant dans leur corps, avaient tué des Aurors, volé leurs baguettes magiques et libéré leurs compagnons de leurs enchantements avant d'essayer de détruire méthodiquement les murs de la prison à coup de bombes magiques.

En apprenant cela, Rogue avait blêmi. De douloureux souvenirs refirent surface au fur et à mesure que la vieille Directrice lisait les infos qu'elle recevait automatiquement sur son parchemin et il finit par quitter le bureau et s'enferma chez lui, haletant, le corps parcouru de frissons et de sueurs froides.

La mutinerie dans la prison fut réglée en quelques heures et le brouillard magique fut rétabli pour de bon, mais plus d'une centaine de prisonniers et d'Aurors avaient été tués. Un massif sortilège d'oubli fut jeté sur les Moldus vivant sur la côte et le calme revint rapidement. Ayant ses sources, McGonagall informa ses anciens élèves que la situation était de nouveau sous contrôle et quand elle mentionna un nom étrange, Harry demanda :

- La « Troupe » ? Qu'est-ce que c'est ?

- Un bataillon d'élite, répondit Malefoy. Ce sont des humanoïdes, dans ton genre, qui sont « sonnés » dès que quelque chose hors de contrôle sorcier se produit, comme cette mutinerie mais aussi des événements comme ce qu'il s'est passé en 1994, à la Coupe du Monde de Quidditch...

- Je ne savais pas que le Ministère avait une armée de ce genre... dit le brun, étonné.

- Depuis seulement quelques années mais ils ne font vraiment appel à la Troupe que lorsque des événements comme ceux d'aujourd'hui se produisent car ces Humanoïdes sont immunisés contre les sortilèges. La plupart du temps ce sont des sorciers qui ont eu un accident magique ou qui ont fusionné avec leur Animagi... Les professeurs Nuage, Rogue et Lorne avaient fait un cours spécial là-dessus, au début de l'arrivée de la Troupe. Ce cours avait été très instructif.

McGonagall soupira soudain et, après un silence, Harry demanda :

- Professeur, comment va-t-il ?

La vieille femme le regarda et secoua la tête.

- Pas bien, malheureusement. Ce sujet est encore très tabou chez lui, malgré les années... Il a été atrocement mutilé, autant physiquement que mentalement et ce sont des séquelles qu'il ne parviendra jamais à oublier...

Malefoy baissa le nez. Harry lui jeta un regard et demanda :

- Où est-il ?

- Chez lui... J'ai pris la peine de contacter Miss Barjow... répondit la vieille sorcière.

- Ah... Bien, j'y songeais justement... soupira Harry.

- Espérons juste que cela ne va pas faire empirer le mal...

- Je ne pense pas... Il y a quelque chose entre eux. Étonnement, il accepte même qu'elle le touche...

- C'est surprenant en effet... Bien, allez le voir si vous voulez.

- Je vais attendre Miss Maya...

McGonagall hocha la tête. Elle tourna ensuite les talons et Harry quitta son bureau. Il alla s'asseoir sur le perron du château, comme un chien de garde. Malefoy le rejoignit et joua un moment avec une mèche de poils.

- Je vais rentrer, Potter... dit-il alors. J'ai encore pas mal de choses à faire...

- Entendu...

Le blond descendit d'une marche et Harry soupira. Il le regarda un instant puis s'allongea sur le ventre, le nez sur les pattes, et Malefoy s'éloigna vers les grilles du domaine...

Miss Maya arriva vers quatorze heures trente. Harry l'accompagna aussitôt jusque chez Rogue, bien que la jeune femme se souvienne du chemin menant aux cachots.

- Il est là, dit le Gryffondor en voyant Rogue assit à la table de la salle à manger, le regard perdu dans les dessins du bois. Je vais sur mon tapis, appelez-moi si vous avez besoin de quelque chose...

Miss Maya hocha la tête. Harry se dirigea vers son tapis et s'y installa en soupirant. Il tira un livre mais une de ses oreilles resta tournée vers les deux sorciers.

Lentement, Maya lissa sa robe sur son ventre, nerveuse. Elle fit ensuite un pas et se lança.

- Professeur... C'est moi, Maya...

Rogue leva la tête.

- Miss Maya... dit -il d'une voix sourde. Que faites-vous ici ?

- Le professeur McGonagall m'a contactée... Que vous arrive-t-il ?

- Rien je... Ce n'est rien, ça va passer...

- J'ai eu vent de ce qui s'est passé à Azkaban aujourd'hui, tout le monde sorcier est au courant en fait... Vous avez revécu des scènes semblables, n'est-ce pas ?

Rogue posa une main sur son épaule et Miss Maya le regarda. Sans rien dire, dans le silence de la pièce, elle posa sa main sur celle de l'homme.

- Ça va aller... Ce ne sont que des mauvais souvenirs qui ont ressurgi... souffla-t-elle doucement.

- Vous ne savez pas... Vous ne savez pas ce que j'ai enduré... marmonna Rogue, presque en pleurnichant, ce qui ne lui ressemblait pas.

- Non, en effet, je ne sais pas... dites-le-moi, murmura Maya.

Rogue cligna des yeux. Il regarda la jeune femme puis secoua la tête et se remit à contempler le bois. De son ongle, il redessinait un nœud et la jeune femme repoussa la main sur l'épaule de l'homme et faufila ses doigts sous les cheveux noirs. Pour la seconde fois, ses doigts rencontrèrent la peau traumatisée d'une cicatrice et Rogue roula des épaules, comme pour chasser une douleur. Il baissa la tête et Miss Maya lui prit la nuque doucement et caressa la peau sous l'oreille de l'homme.

- Dites-moi ce qui s'est passé pendant votre emprisonnement à Azkaban, professeur... insista-t-elle. S'il vous plait...

Harry tendit l'oreille. Allait-il enfin savoir ce qu'il s'était passé là-bas pour que la simple évocation de la prison fasse trembler l'homme comme s'il était secoué par un tremblement de terre ?

Relevant la tête, Harry vit Miss Maya assise tout près de Rogue, une main sur sa nuque et l'autre posée sur son bras. Il vit la jeune femme glisser sa main libre dans celle de l'homme et un afflux de sentiments confus le secoua. Il secoua la tête en priant Miss Maya de baisser le volume de son Empathie... La jeune femme lui jeta un regard et le Gryffondor baissa la tête. Il se leva alors et quitta l'appartement, se sentant de trop.

Une fois le grand loup partit, Miss Maya serra sa main sur celle de Rogue et soudain, celui-ci se leva.

- Où allez-vous ? demanda la jeune femme.

Rogue soupira et, sans lâcher la main de la jeune sorcière, il l'entraîna dans les tréfonds de son appartement. Il poussa la porte de sa chambre et lâcha la main de la jeune femme.

- Vous voulez les voir... ces cicatrices ? demanda-t-il un peu rudement.

- Professeur... Ne... commença Maya en secouant la tête.

- Taisez-vous. Même mon ex-femme ne les a jamais vues...

- Alors non... Ne...

Rogue baissa la tête. Dos à la jeune femme, il retira son veston puis fit glisser sa chemise blanche et Miss Maya porta ses mains à sa bouche en voyant le dos de l'homme. Elle réprima un cri d'horreur et inspira plusieurs fois pour se calmer, ses yeux se remplissant de grosses larmes brûlantes.

- Par Merlin... dit-elle dans un souffle. C'est... Ce sont...

Lentement, elle tendit une main et l'approcha du dos labouré sur toute sa longueur de quatre cicatrices parallèles, profondes, boursouflées, brillantes. Elles couvraient la longueur totale du dos de l'homme, partant de ses épaules et se perdant sous la ceinture de son pantalon. La plus longue, la seconde en partant de l'épaule droite, commençait à la racine des cheveux de l'homme et longeait de très près la colonne vertébrale, et devait être visible lorsqu'il ne portait pas son costume de professeur à col haut ou les cheveux attachés.

- Mais... ? dit Miss Maya. Comment... ?

Rogue eut un violent frisson quand les doigts frais de la sorcière touchèrent sa peau. Ses mains se crispèrent sur sa chemise qu'il avait simplement laissée tomber sur ses reins, et la jeune femme dit :

- C'est... Qui a pu... ?

- Un Dragon... répondit Rogue.

- Un... Dragon ! Mais ?

Rogue se retourna alors. La jeune femme tremblait légèrement, ses yeux bleus exprimaient soit une horreur absolue soit la terreur pure, Rogue ne sut le déterminer. Remettant sa chemise sur ses épaules d'un mouvement rapide, il entoura la jeune femme de ses bras et eut l'impression d'enlacer une statue.

- Excusez-moi... dit-il contre les cheveux blonds. Je n'aurais pas dû...

Miss Maya sembla brusquement se détendre, les mains posées sur le torse maigre de l'homme.

- Si, dit-elle en saisissant les pans de la chemise entre ses doigts tremblants. Si, vous avez bien fait... Racontez-moi à présent...

Reculant, Rogue soupira. Il s'assit au bord du lit et Miss Maya s'agenouilla sur la carpette.

- Racontez-moi... répéta-t-elle.

Rogue la regarda. Son visage pâle, à peine marqué par les ans, sembla se radoucir. Tendant deux mains tremblantes, il les posa sur les joues de la jeune femme qui ferma les yeux. Levant ses propres mains, elle les posa sur les poignets blancs puis elle rouvrit les yeux.

- Moi aussi... J'ai une cicatrice... souffla-t-elle.

Rogue cligna des yeux. Miss Maya se releva et s'assit à sa droite. Tendant son bras droit, elle remonta la manche bleue de sa robe de sorcier puis la manche de son corsage gris clair. Rogue regarda le bras tendu puis la stupeur se peignit sur son visage et il regarda Miss Maya avec incrédulité.

- Vous... Vous aviez la Marque des Ténèbres ? dit -il d'une voix blanche.

Miss Maya hocha la tête.

- Je suis née avec... dit -elle. Mais pas mon frère...

- Mais alors... cette cicatrice ? Comment... ?

- Je l'ai... retirée de force.

- De... force ?

Les yeux de Rogue s'agrandirent sous la stupeur. Lentement, il prit le bras de la jeune femme dans ses mains et passa ses pouces sur la longue plaie traumatisée rosâtre qui partait du pli du coude et allait jusqu'au creux du poignet.

- Comment... ? dit Rogue, redoutant déjà la réponse.

Miss Maya baissa la tête.

- Un jour, je vivais chez mon frère... Après la mort de nos parents... J'étais très jeune, à peine dix ans... c'était en 1994, et j'ai vu cette Marque dans le journal... Mon père avait toujours été fier de l'exhiber, d'en parler avant que les Mangemorts ne viennent raser notre village... Plus tard, quand j'ai su à quoi elle était liée, je l'ai eue en horreur. J'ai demandé à mon frère de la retirer mais il ne savait pas comment. Il ne l'avait pas encore à l'époque, il n'était pas un Mangemort, ce n'est qu'après, une fois que je fus en sécurité à Poudlard, qu'il a servi le Lord, enfin son ombre... Comme il ne savait pas, je suis allée dans la cuisine et... il y avait ce grand couteau à viande posé sur la table...

Rogue sembla blêmir si c'était encore possible. Sa main gauche couvrit la cicatrice et Miss Maya ferma les yeux. Elle prit une inspiration et reprit la parole.

- J'ai taillé la peau... tout autour... J'ai cru mourir sous la douleur... Le sang coulait... beaucoup... Puis c'est devenu tout noir. Quand je suis revenue à moi, j'étais dans un lit confortable, sous de chaudes couvertures et j'entendais des voix non loin... C'était mon frère et Monsieur Beurk... C'était lui qui m'avait trouvée dans la cuisine, baignant dans mon sang...

- C'est lui qui...

Miss Maya hocha la tête.

- Profitant de mon évanouissement, il a terminé ce que j'avais commencé, il retiré les épaisseurs de peau dans lesquelles était imprimée la Marque des Ténèbres. Et puis m'a recousu le bras mais j'étais très mal en point. Mon frère n'a jamais voulu que j'aille à St-Mangouste, c'était trop risqué... J'ai mis des semaines à m'en remettre, je n'ai pas quitté le lit de Monsieur Beurk de tout ce temps... Il s'est occupé de moi, veillant à ce que je mange et à ce que la plaie soit toujours propre. Au bout de trois mois, j'avais assez de forces pour m'asseoir et manger toute seule.

- Ne pouvait-il pas user de Magie pour guérir la plaie ?

- Il a tenté... Mais la malédiction qui accompagne la Marque des enfants naissant avec a empêché tout traitement magique... J'ai souffert le martyr pendant des mois, je ne pouvais pas me servir de mon bras, ni de ma main...

- Est-ce la raison de votre maladresse ?

- Oui... Posez votre main dans la mienne.

Rogue s'exécuta. Il attendit quelques secondes et vit les doigts bouger de quelques centimètres. Brusquement, il saisit la main entre les siennes et embrassa les doigts.

- Vous avez été si courageuse... fit-il. Vous avez risqué votre vie pour ne plus être associée à Voldemort... Vous y avez laissé votre bras...

- Une partie, dit la jeune femme. Mais ce n'est rien comparé à ce que vous avez, vous...

La sorcière récupéra sa main et fit tourner Rogue dos à elle. Lentement, elle abaissa la chemise et passa ensuite ses doigts le long des larges estafilades rectilignes. Se penchant, elle déposa son front contre la nuque de l'homme puis noua ses bras autour de son torse.

- Vous devez avoir une grande confiance en moi pour me les avoir montrées... Je suis très touchée... Merci...

Fermant les yeux, Rogue saisit les mains de la jeune femme serrées sur son torse. Il les détacha et se retourna.

- Vous m'inspirez confiance... fit-il.

Miss Maya sourit puis elle fondit soudain dans les bras de l'homme et se mit à pleurer. Rogue l'entoura de ses bras et la berça de longues secondes dans le silence pesant de sa chambre.

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