Chapitre 34
Ses griffes cliquetant sur le plancher puis l'escalier en bois qui descendait à la cave, Harry suivit Miss Maya dans la pénombre. Rogue le talonnait sans toutefois marcher sur la cape brune qui balayait trois marches derrière le brun.
- Nous y sommes, dit Miss Maya en bas de l'escalier.
Harry manqua la percuter, se servant de ses grands bras pour se retenir au plafond.
- Tirez sur le cordon qui pend devant votre truffe, monsieur Potter, puisque que vous êtes là... dit Miss Maya avec un air amusé en se dévissant le cou, voyant la tête noire au-dessus de la sienne.
Harry saisit la cordelette entre ses dents et tira dessus. Une rangée de néons s'alluma aussitôt et éclaira une longue pièce au plafond de bois qui laissait filtrer quelques rais de lumière de la boutique juste au-dessus. L'endroit était envahi de dizaines et de dizaines de caisses en bois couvertes de poussière qui s'entassaient contre les murs de pierres.
- Soyez sages d'accord ? dit la jeune femme, taquine. Certains de ces livres ont plusieurs centaines d'années... et certains sont... un peu capricieux.
Harry hocha la tête. Il se souvenait de son aventure dans la Réserve de Poudlard, en première année... Il n'y était plus jamais retourné. Il dévala alors le reste des marches et Miss Maya fit demi-tour dans l'escalier et remonta auprès de Rogue.
- Je suis contente que vous soyez venu, professeur... souffla-t-elle quand elle fut à sa hauteur. Je ne vous vois pas souvent ces temps...
Rogue eut un léger mouvement de tête puis la jeune femme lui décocha un sourire et remonta dans la boutique. On entendit ses pas sur le plancher quand elle regagna son comptoir puis ce fut le silence.
- Venez voir, professeur... Ces caisses sont des mines d'or... dit alors Harry, ayant arraché le couvercle d'une des caisses.
- Montrez-moi ça ? répliqua l'homme en se ressaisissant.
Tous deux se débarrassèrent de leurs capes, l'air de la pièce étant étouffant, et, chacun cassé en deux dans une caisse, ils se mirent à fouiller les livres en prenant garde de n'en abîmer aucun.
- Holà... Bah dites-donc...
- Qu'avez-vous trouvé Potter ? demanda Rogue.
- Hum... Un ouvrage vantant les mérites de l'amour libre...
- Ah oui ?
- Il date de 1635...
- Les sorciers avaient déjà de telles idées à cette époque ? dit Rogue en plissant le nez.
- Hou... répondit le Gryffondor en feuilletant le bouquin. Hé bé...
Harry mit le livre sans-dessus-dessous et pencha la tête sur le côté.
- Potter, posez ce livre... marmonna Rogue, comme lassé.
- Hum, oui, pardon.
Le brun posa l'ouvrage dans une autre caisse et se remit à farfouiller dans celle devant lui.
- Tiens, tiens ! dit soudain Rogue en émergeant de sa caisse. Qu'avons-nous là ?
- Montrez ?
- Herbes Magiques, Brouets Enchantés et Décoctions Maléfiques, tout savoir sur la base des potions... lu Rogue.
- Cela ne nous concerne pas si ?
- Vous non mais moi oui, je ne sais plus quoi faire comme cours à mes élèves de Potions Avancées... Un peu de révision ne leur fera pas de mal.
Harry secoua la tête. Rogue jeta adroitement le livre sur sa cape posée sur une autre caisse puis retourna dans sa caisse mais ne trouva que d'autres anciens manuels scolaires. Il en récupéra deux autres sur les potions, prétextant qu'il avait besoin d'idées puis il alla ouvrir une autre caisse pendant qu'Harry escaladait un empilement.
- Potter... N'allez pas vous casser quelque chose sinon Minerva va me dévisser la tête...
- Le spectacle serait intéressant, mais rassurez-vous, ce corps de loup est peut-être gros et lourd mais j'ai un sens de l'équilibre très grand.
- Si vous le dites... soupira Rogue.
Au bout d'une heure, Miss Maya vint voir s'ils avançaient, leur apportant un pichet de vin sur un plateau et deux verres.
- Pas trouvé grand-chose, marmonna Harry depuis le fond d'une caisse.
Sa longue queue semblait chasser les mouches, comme un chien en train de creuser un trou, et la jeune femme se tourna vers Rogue qui, assit sur une caisse, semblait réfléchir. Elle lui apporta un verre rempli de liquide rouge et il la remercia d'un signe de tête.
- Vous me paraissez bien songeur... dit la jeune femme en penchant la tête sur le côté. Tout va bien ?
- Oui... Je pensais simplement à ce fameux tome onze... Nous avons ouvert une demi-douzaine de caisses sans rien trouver. Où sont vos caisses les plus anciennes ?
- Sous monsieur Potter... dit la jeune femme en montrant du menton l'empilage qui grinçait sous les grosses pattes postérieures d'Harry.
- C'est une mine d'or cette caisse ! s'exclama soudain le Gryffondor d'une voix étouffée. J'ai trouvé des centaines de magazines sur le Quidditch !
- Potter, je vous en prie... gronda Rogue.
La longue queue noire retomba au sol, comme quelqu'un qui laisse tomber, puis elle repartit de plus belle à ventiler et Rogue leva les yeux au plafond. Miss Maya sourit puis elle se tourna vers Rogue et posa une main dans son dos.
- Me les montrerez-vous un jour ? demanda-t-elle doucement.
- De quoi donc ? demanda Rogue en tournant la tête vers elle.
Miss Maya fit glisser ses doigts dans le col de la chemise de l'homme, sous ses cheveux noirs, et sentit sous ses doigts la peau rêche d'une cicatrice qui lui sembla plutôt imposante. Rogue eut un violent frisson et lui prit le poignet.
- Cessez, dit-il à voix basse.
Son ton n'était pas menaçant mais la jeune femme serra son poing. Elle se libéra d'un mouvement du poignet et soupira en s'accroupissant. Elle regarda Harry, toujours plongé dans sa caisse et soudain, elle sentit une caresse sur son bras. Levant la tête, elle vit que Rogue la regardait. Elle lui sourit et il ferma les yeux une seconde.
- Vous ressemblez vraiment un rayon de soleil, vous savez ? dit-il en évitant de la regarder.
- Est-ce un compliment, monsieur le sombre professeur ? demanda la jeune femme avec un sourire.
- Ça y ressemble ! s'exclama Harry depuis sa caisse.
Les deux adultes regardèrent vers l'arrière-train du loup noir – seule partie visible de son corps –, puis ils se mirent à rire doucement et Harry émergea, les oreilles dressées. Il regarda vers les deux sorciers et tira la langue.
- Miss Maya, la semaine prochaine, vous voulez venir passer un après-midi à Poudlard ? demanda-t-il, taquin. Ou plus ?
- Plus ? dit la jeune femme. Est-ce une invitation pour me voir plus souvent ? demanda-t-elle à Rogue.
- Demandez au sale cabot là-bas... grommela Rogue.
Harry jappa comme un chiot et Miss Maya se mit à rire. Elle se releva ensuite en époussetant sa robe.
- Il est plus de midi et demi, messieurs, n'avez-vous pas faim ? demanda-t-elle.
- Je pourrais avaler un Dragon entier ! s'exclama Harry.
Il se redressa alors brusquement, sa tête heurta durement le plafond avec un coup sourd et il piaula de douleur. Il recula d'un pas mais la caisse sur laquelle il était perché vacilla et Miss Maya poussa un cri strident.
- Attention !! s'exclama-t-elle en tendant le bras.
Il y eut alors un vacarme pas possible et un nuage de poussière envahi l'espace. Rogue et la jeune femme se mirent à tousser en plissant les yeux et Miss Maya agrippa la main de Rogue qui tira sa baguette magique. Il toussota une formule et la fumée fut aspirée par sa baguette. L'air redevint bientôt transparent et Miss Maya se précipita sur le tas de planches et de livres où gisait le Gryffondor.
- Monsieur Potter ! dit-elle, affolée. Monsieur Potter, tout va bien ? Vous n'avez rien ?
Affalé sur les caisses brisées et les livres, Harry éternua violemment. Il tendit une main et Miss Maya s'en saisit à deux mains pour le tirer. Elle eut un peu de mal mais le Gryffondor se remit sur ses pattes et se secoua violemment.
- Votre plafond est très dur, vous savez ? dit-il en se frottant le crâne.
- Potter... gronda Rogue. Vous n'avez pas abîmé de livres au moins ?
- Non. Mais j'ai trouvé celui que nous cherchons !
- Vraiment ?
Harry dégagea de sous sa queue une imposante reliure de cuir rouge, comme les autres livres de la série, et il le donna à Maya qui le donna à Rogue.
- Prenez-le, emportez-le chez vous, professeur, dit la libraire. Si vous voulez le reste de la série d'ailleurs, prenez-les, personne ne les achète ou ne vient les consulter...
- Si vous y tenez...
Coinçant le gros livre sous son bras, il se dirigea vers sa cape. Il en extirpa un sac en toile renforcée et glissa dedans les trois manuels scolaires et le gros livre. Il réduisit le tout et fourra le sac dans une poche de sa cape.
- Potter, rien de cassé ? demanda-t-il ensuite.
- Non, dit le brun en s'étirant.
- De noir vous êtes passé à gris, l'informa Miss Maya avec un sourire.
Harry haussa un sourcil puis, se posant sur ses quatre pattes, il s'ébroua de nouveau, envoyant de la poussière et des débris de bois de partout.
Impassible, Rogue tendit le bras devant Miss Maya et une écharde grosse comme le doigt rebondit sur sa manche. Les sourcils froncés de l'homme et sa mâchoire contractée informèrent aussitôt Harry qu'il était de mauvaise humeur à présent. Sans mot dire, le brun s'enroula dans sa cape de voyage et remonta dans la boutique, la queue au sol, comme un chien que l'on aurait corrigé.
- Vous êtes un maître impitoyable... soupira Maya en prenant le bras de l'homme dans ses mains.
- Potter n'est qu'un sale cabot désobéissant, grommela Rogue. Il a quarante-trois ans et il agit comme un enfant...
- C'est normal, répondit Maya. Enfin je suppose... Il a vécu seul pendant vingt-cinq ans, seul reclu dans un trou dans une falaise...
- Parce qu'il l'a bien voulu.
- Certes, mais c'était pour ne pas blesser les siens... Je le comprends, vous savez ?
- Mouais, répondit Rogue. Il redeviendra sérieux quand il redeviendra humain, j'en suis certain, alors même si son comportement m'agace, je le laisse faire...
Maya sourit doucement et Rogue, s'enroulant dans sa cape, soupira. Quand il leva les mains pour attacher la broche sur sa gorge, Maya posa une main sur son poignet droit.
Aussitôt, l'homme éloigna son bras et Maya serra les mâchoires.
- Je sais ce que vous cachez sous cette manche... Je ne la crains pas, dit-elle doucement.
- Moi je la maudis, répondit Rogue en serrant son poing.
La jeune femme baissa les yeux.
- Il fut une époque où la porter était un honneur... souffla-t-elle en serrant son propre poing.
- Cette époque est révolue, répondit Rogue sur un ton plus tranquille en se détournant. Venez, allons retrouver Potter.
La jeune femme eut un faible sourire puis le professeur la poussa doucement dans le dos en direction des escaliers. Il répara les caisses d'un coup de baguette magique en montant les marches et ce fut comme si personne n'avait jamais dérangé ces vieillards de la littérature sorcière.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top