Chapitre 32
- Rien, rien, rien, je ne trouve absolument rien... Bon sang !
Rogue abattit un gros grimoire sur un tas d'autres livres. Un nuage de poussière jaillit et Harry, dont l'odorat était bien plus aiguisé que celui des humains, éternua violemment, soufflant un nouveau nuage de poussière grise. Se frottant le museau dans le creux de son épaule, il ânonna :
- Vous en faites pas, professeur... On va bien finir par dénicher une vieille formule...
Rogue jeta un regard courroucé à son protégé. Il soupira ensuite et attrapa un autre livre, toujours tendu comme un arc.
Le mois de mai s'était écoulé sans que ni l'un ni l'autre ne trouve quoi que ce soit qui soit capable d'aider Harry à redevenir humain. C'était le trois juin, et dans deux jours aurait lieu l'anniversaire de Drago, le cinq.
À cette idée, Harry soupira longuement. Il n'avait absolument rien à lui offrir... Il voulait lui offrir quelque chose, n'importe quoi, mais que cela vienne de lui, mais il ne savait pas quoi et il avait complètement zappé cette information à cause des recherches.
- Professeur ? demanda le Gryffondor au bout d'un moment. Qu'est-ce que Drago voudrait pour son anniversaire à votre avis ?
En train de passer sa main devant le dos des livres alignés sur leur étagère, Rogue se figea brusquement. Il se tourna lentement vers le brun et fronça les sourcils.
- Quoi ? dit Harry.
- Rien... J'avais oublié que c'était bientôt son anniversaire...
- Vous aller lui acheter quelque chose ?
- Je suis son parrain, c'est de coutume il me semble... dit l'homme en plissant le nez.
- Qu'aime-t-il ?
- Ce qu'il aime ? Potter... soupira Rogue. Les livres, reprit-il en levant les yeux au plafond devant l'air déterminé du Gryffondor.
- Ça tombe bien, une amie à nous est libraire...
Rogue haussa les sourcils. Ses lèvres se pincèrent puis il dit :
- Demain c'est samedi... Est-ce qu'une excursion sur le Chemin de Traverse vous tente, monsieur Potter ?
Au tour de Harry de hausser les sourcils. Sa langue rose se pointa entre ses babines et Rogue soupira de nouveau. Miss Maya ne venait pas assez souvent au château au goût d'Harry qui avait toujours à l'esprit la « menace » de McGonagall. Mais le fait que Rogue veuille de lui-même se rendre dans la boutique de la jeune femme eut le don de le surprendre agréablement.
Soudain le brun eut un sursaut.
- Qu'y a-t-il ? demanda Rogue, étonné.
- Miss Maya...
- Oui ?
- Elle vend des livres...
- Et ?
- Elle en a des centaines dans sa boutique... et sûrement des très vieux...
Rogue haussa les sourcils. Soudain ses yeux sombres prirent une autre lueur.
- Vous pensez qu'il nous faudrait farfouiller parmi ses livres ? dit-il en s'approchant du Gryffondor. Il n'y a probablement rien de suffisamment ancien... Nous ne cherchons pas une potion ou un sortilège qui ait moins de cent ans, Potter... Connaissant Voldemort, soit il aura inventé ce sortilège qui vous a transféré ses pouvoirs, soit il l'aura recyclé en le prenant dans un livre probablement tombé en poussière maintenant...
- Cent ans ! s'exclama Harry. Vous plaisantez ?
- Potter, la Magie Noire est une science occulte qui existe depuis des milliers d'années mais il n'y a qu'une petite centaine d'années que les Sorciers se cachent... réellement. Les livres les plus intéressants sont probablement ceux écrits à cette époque, bien qu'il ne doit plus en rester beaucoup actuellement...
- Qui sait ? Il n'y a pas que dans les bibliothèques de Mangemorts que l'on trouve des livres de Magie Noire, la preuve...
Harry brandit un gros livre à la couverture noire abîmée puis il regarda l'enseigne inversée en fer forgé qui indiquait que tous les deux se trouvaient dans la Réserve de la Bibliothèque du collège. Rogue émit un grognement indistinct et ils continuèrent en silence leurs recherches jusqu'à tard dans la nuit.
Le lendemain samedi, Harry fut debout avant Rogue, ce qui le surprit. Le professeur était normalement le premier levé et il s'ingéniait à réveiller le Gryffondor sans aucune douceur et à grands renforts de l'odeur ignoble du café quand on a l'estomac vide.
L'appartement était plongé dans le noir. Dehors, par les étroites fenêtres haut placées qui donnaient sur les douves vides du château, le bout de ciel visible n'indiquait pas si le soleil était levé ou pas, et le silence dans le château indiquait, lui, qu'il devait être encore très tôt.
Se retournant sur son tapis, face à la cheminée mourante, Harry soupira. Un nuage de poussière s'éleva devant son museau et il pensa à Malefoy. Demain dimanche, il aurait quarante-quatre ans. Harry songea alors à son propre anniversaire. Allait-il le passer une fois de plus dans la peau de ce loup, de ce monstre, ou alors sur sous sa forme de naissance ?
Il espérait que Rogue et lui trouveraient rapidement comment le « soigner », mais depuis le mois de février, ils ne faisaient malheureusement que chou blanc dans toutes les recherches qu'ils effectuaient... Cela avait le don de les agacer tous les deux mais ils s'accrochaient. Voldemort avait forcément trouvé l'idée quelque part et ils finiraient par trouver où, eux aussi.
Se levant, Harry s'étira comme un vrai canidé. Sa longue queue se rabattit sur son dos puis il se hissa sur ses jambes et regarda l'heure sur la pendule posée sur la cheminée. Il était cinq heures et demie du matin. Pas étonnant que tout soit encore plongé dans le noir... ici tout du moins. Rogue ne serait pas debout avant trois bonnes heures, se permettant de se lever à huit heures le week-end, contre six heures la semaine.
Regardant vers le couloir noir qui menait au reste de l'appartement du professeur de Potions, Harry songea qu'il n'y avait encore jamais mis les pieds. Profitant du sommeil de son logeur, il décida de visiter rapidement.
En essayant de ne pas faire cliqueter ses griffes sur le sol de pierres, il s'aventura dans la bouche noire du couloir. Une torchère éteinte était accrochée au mur à droite, une autre un peu plus loin, sur le mur de gauche.
Avisant une porte entrouverte sur sa droite, Harry la poussa. Elle n'émit aucun gémissement et le Gryffondor découvrit une vraie salle de bains avec un lavabo et une douche dans un coin. Il y avait un siège de toilettes, une grande armoire en bois laqué brun et un bassin apparemment façonné à même les pierres du mur, dans l'autre coin en face de la porte. Le bassin était vide et tout était d'une extrême propreté, mêmes les serviettes de toilette qui pendaient paisiblement sur leurs barres près du lavabo.
Reculant, Harry regarda sur sa gauche. Il y avait une autre porte, elle aussi entrouverte. Lentement, il la poussa et tomba sur « l'antre de la bête », plus communément appelée la chambre du propriétaire des lieux.
Plongée dans la pénombre, la chambre était simple. Grande, carrée comme un cube, il y avait, s'appuyant contre le mur qui donnait sur le couloir, un immense lit à baldaquin qui aurait pu contenir quatre personnes sans aucuns problèmes. Harry se demanda si Hermione avait passé chaque nuit ici durant sa relation avec Rogue...
Secouant la tête, le Gryffondor s'attarda un peu pour regarder la décoration. Simple elle aussi, il y avait quatre tableaux au mur, des personnes ressemblant beaucoup à Rogue, toutes plongées dans un lourd sommeil, probablement des gens de sa famille ; il y avait aussi une bibliothèque lourdement munie – les livres privés du professeur –, s'appuyant contre une lourde armoire aux pieds griffus portant un blason tarabiscoté que Harry identifia, sans pourtant ne l'avoir jamais vu auparavant, comme le blason des Rogue.
Reportant son regard sur le lit, Harry distingua la longue forme oblongue qui s'y trouvait. Sous les couettes, Rogue dormait profondément, allongé sur le ventre, un bras sous l'oreiller. Soudain, le Gryffondor fut pris d'un sentiment de honte. Regarder ainsi quelqu'un qui dormait lui donna l'impression d'être un pervers, hors il n'avait pourtant rien à se reprocher... Nanti de son sentiment désagréable, le Gryffondor quitta la chambre et alla voir ce que cachait la porte sur la droite, au fond du couloir.
C'était une seconde chambre, mais vu la couche de poussière qui se trouvait le sol et les grands draps cachant sur les meubles, le brun sut sans peine que cette chambre n'avait ni été utilisée, ni visitée depuis plusieurs années.
Probablement la chambre d'Hermione... songea le Gryffondor.
Soupirant, il baissa la tête et referma soigneusement la porte. Il retourna dans le salon et s'assit dans le divan en prenant un livre, allumant une chandelle posée sur un guéridon juste à côté, attendant que son logeur émerge des bras de Morphée... ou de Maya...
Cette pensée fit sourire le Gryffondor mais il le rangea aussitôt en se rappelant la conversation qu'il avait eue avec McGonagall, trois semaines plus tôt.
« Vous avez présenté une femme à Severus. Si dans un mois elle ne passe au moins trois fois par semaine à Poudlard, voire plus, je chercherais le sort pour briser le lien qui unit les âmes de miss Granger et de Severus. »
Harry serra les mâchoires. Son âme était apparemment sœur avec celle de Malefoy, voilà pourquoi vingt-cinq ans de séparation n'avaient même pas entamés les sentiments qu'ils avaient l'un pour l'autre. Cependant, Harry se sentit comme douché en songeant à ce que sa meilleure amie et Rogue vivaient depuis leur propre séparation. Si leurs âmes étaient elles aussi sœurs, alors... alors cela signifiait que vivre ainsi était plutôt un enfer qu'un bonheur...
Embrouillé dans ses sentiments, Harry grogna sourdement. Cela eut pour raison de faire taire la voix qui ne cessait de piailler des choses dans sa tête sans pour autant qu'il arrive à comprendre quoi que ce soit. Grommelant, le gros loup retourna sur son tapis et finit par se rendormir.
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