Chapitre 31
- C'est à cette heure-ci que vous rentrez ?
- J'étais chez Drago, dit Harry en regardant McGonagall qui prenait l'air sur le parvis du château, les bras croisés sous sa poitrine. Vous saviez que son divorce a été accepté par son conseil de famille ?
- Vraiment ? C'est tellement rare ! dit la vieille sorcière, surprise.
- C'est ce que j'ai cru comprendre...
- Et... Comment s'y est-il pris pour annuler un mariage arrangé ?
- Oh il a simplement dénoncé sa femme.
- Dénoncé ? Ah, pour l'amant...
- Non pire. La petite Kezra... Ce n'est pas sa fille.
- Non ! C'est la fille de... Oh quelle horreur ! s'exclama McGonagall en portant une main à sa gorge, choquée. Oh Merlin...
Harry hocha la tête gravement.
- Drago m'a raconté que quand l'enfant est née, Segma lui a demandé de lui donner son nom, de la faire passer pour une Malefoy. Il a accepté pour éviter le scandale mais au fil du temps, Segma a profité de ce que son époux était gentil – trop gentil – pour tirer encore plus sur les rênes. Au final, elle invitait même son amant à passer la nuit sous le toit de Drago !
McGonagall haussa les sourcils puis secoua la tête.
- Atroce... dit-elle. Il a bien fait de la répudier.
- Elle est même bannie de la famille, elle n'a plus le droit de porter le nom des Malefoy ni de prétendre à aucun héritage, de même que sa fille lui a été retirée. Elle va désormais vivre avec Drago et Rodolphus, et Drago et moi avons fait une sélection de jeunes garçons pour un futur mariage arrangé.
La Directrice toisa Harry, les yeux plissés.
- Monsieur Malefoy et vous ? En quoi cela vous concerne-t-il ? dit-elle.
Le brun serra les mâchoires.
- En rien, je voulais simplement lui donner un coup de main, je n'avais rien de mieux à faire... répondit-il en évitant le regard acéré de son ancienne Directrice.
- Ah d'accord. Un instant j'ai cru que vous cherchiez à le reconquérir...
Harry eut un léger sourire qui n'étira que ses babines.
- Sérieusement, j'y pense, dit-il. Mais avec ce corps, je ne peux rien faire. Comme j'ignore pour combien de temps le professeur Rogue va en avoir pour trouver comment me « soigner », je vais continuer à me rapprocher de Drago. Je crois que de vous tous, c'est lui qui m'a le plus manqué...
- J'ai eu un bref récit de ce que vous avez raconté à vos amis, par les tableaux de mon bureau, et sincèrement, je n'ai pas été surprise que vous ayez « flirté » avec lui cette fameuse année.
- De mon point de vue c'était plus qu'un flirt, madame... J'avais une grande estime de lui mais même s'il ne me repoussait pas, je pense qu'il prenait tout cela pour un jeu.
McGonagall hocha la tête.
- Le fait que vous semblez tous les deux prêts à repartir comme il y a vingt-cinq ans m'étonne un peu par contre, dit-elle, les lèvres pincées. Il est parti si brusquement quand il s'est rendu compte quel danger vous étiez pour lui, pour nous et pour vous-même... Un compagnon qui me fait un tel coup n'espère pas me revoir avant de longues très longues décennies...
Harry haussa brièvement les épaules.
- Je sais bien que cela paraît étrange mais, il y a quelque chose entre nous. Ce n'est pas de l'amour, pas encore, disons qu'il y a une alchimie spéciale...
- Âmes Sœurs, dit McGonagall en hochant la tête. Voilà pourquoi après vingt-cinq ans d'isolement pour vous et vingt-trois ans de mariage pour lui, une vie bien remplie et deux enfants, vous soyez toujours attirés l'un par l'autre.
- Âmes Sœurs ? Je pensais que cela n'existait pas... s'étonna Harry.
- Oh si ! Et cela arrive plus souvent que vous ne le pensez. Regardez Lucius et Narcissa Malefoy...
- Ce sont des Âmes Sœurs ? Pourtant c'est un mariage arrangé...
- Oui mais leurs âmes ont trouvé en l'autre leur moitié. Parfois les âmes sœurs tombent très mal, un adulte et un enfant par exemple. Dans ces cas-là, l'enfant, fille ou garçon, voit en cette personne un grand-frère, une grande-sœur ou un père ou une mère de substitution. Il est très difficile de les séparer et souvent la magie est un moyen efficace mais alors la plupart du temps, les deux sont fortement bouleversés, même s'ils ne se reconnaissent plus en l'autre. Beaucoup de sorciers sont morts de dépression suite à cette séparation d'âmes sœurs.
- J'ai été séparé de Drago pendant vingt-cinq ans...
- Mais vous n'étiez pas mort...
- Non, c'est vrai. Se pourrait-il que pour Hermione et le professeur Rogue... ?
- C'est une hypothèse, l'amour qui les consume leur rend la vie impossible cependant car des âmes sœurs ne sont pas censées se séparer « d'un commun accord ». Soit ça passe, soit ça casse, comme disent les Moldus. Je songeais justement à eux au cours de la journée et je me suis donné un mois de plus.
Harry haussa les sourcils.
- Pour quoi faire ?
- Vous avez présenté une femme à Severus, dit McGonagall. Si dans un mois elle ne passe au moins trois fois par semaine à Poudlard, voire plus, je chercherais le sort pour briser le lien qui unit les âmes de miss Granger et de Severus.
Harry prit un air choqué, les oreilles dressées.
- Vous le feriez réellement ? fit-il.
- Oui. Rassurez-vous, si leurs âmes ne sont pas sœurs, ils ne sentiront rien.
- Et si... ?
- Le contraire ? Et bien le lien qui les unit sera brisé à jamais, ils ne perdront aucuns de leurs souvenirs communs mais ce qu'ils éprouvaient l'un envers l'autre sera très fortement amoindrit.
- Comme un... couple de divorcés.
- Exactement. Ils resteront amis, continuerons de veiller sur le fils qu'ils ont eu ensemble, mais c'est tout.
- C'est plutôt radical comme traitement... commenta le Gryffondor.
- Certes, mais à mon avis, c'est mieux ainsi. Il ne faut pas se laisser consumer par un amour déchu. Cela fait plus de mal que n'importe quoi d'autre.
- Ah ça...
McGonagall eut un demi-sourire. Elle posa une main sur la tête d'Harry puis elle se détourna et le Gryffondor se dirigea vers le Lac Noir.
Il était à peine midi et le soleil à la verticale chauffait déjà fort pour une mi-avril. Avisant l'eau claire du bord, Harry s'avança dedans jusqu'à avoir de l'eau jusqu'à mi-cuisses.
- Je ne suis pas certaine que votre attirail aime l'eau, monsieur...
Harry tourna la tête. Deux jeunes filles arborant le blason de Gryffondor sur la poitrine étaient assises à l'ombre d'un chêne, sur une couverture. Les livres ouverts sur leurs genoux signalaient qu'elles révisaient.
- Le cuir n'aime pas l'eau, reprit la fille avec un sourire.
Harry hocha la tête. Il se délesta de son attirail et les deux filles fermèrent leur livre et s'approchèrent.
- Je croyais que les loups n'aimaient pas non plus l'eau...
- Je ne suis pas un loup ordinaire, dit Harry.
Il jeta ses manchons de chevilles sur la berge. Les manchons de ses poignets, le fourreau de sa baguette magique et son plastron suivirent le même mouvement. Il ne garda que le long pagne ceignant ses reins puis il s'avança dans l'eau et finit par disparaître.
- A ton avis, combien de temps peu tenir un loup sous l'eau ? demanda l'une des deux filles.
- Plusieurs minutes je pense... répondit l'autre.
Elles regardèrent alors la surface de l'eau à peine ridée.
- J'ai faim, on va déjeuner ?
- Oui.
Les deux filles allèrent récupérer leur couverture puis retournèrent dans le château.
Pendant ce temps, sous l'eau, Harry nagea en suivant la pente douce du fond caillouteux. Il trancha les algues à l'aide de ses griffes et repéra au loin les édifices qui abritaient le village des Sirènes. Il évita soigneusement de s'en approcher et dit demi-tour pour revenir sur la berge. À quatre pattes, il se hissa sur le rebord pierreux et s'ébroua vivement.
- Hum, un bon coup de brosse s'impose, grogna une voix.
Harry leva la tête puis se redressa sur ses jambes en toisant Hagrid de quelques centimètres.
- Tu veux que je le fasse ? demanda le demi-géant.
- Si ça vous amuse, répondit Harry.
Il se dirigea vers une flaque de soleil sur l'herbe à peine verte et s'y affala sur le flanc, fatigué d'avoir nagé. Hagrid conjura un tabouret et une brosse et entreprit de peigner l'épaisse fourrure du Gryffondor.
- Je t'ai vu partir ce matin, tu es allé où ? demanda-t-il.
- Chez Malefoy...
- Ah ? Vous vous voyez tous les deux ?
- Oui mais ce n'est pas ce que vous croyez, Hagrid, répondit Harry.
Couché sur le ventre, le menton dans l'herbe, il soupira. Les dents en métal de la brosse lui faisaient du bien et il fut surpris par la douceur dont faisait preuve son ami.
- Vous savez, l'année où j'ai disparu, nous avions commencé quelque chose lui et moi... C'était plus qu'un flirt pour moi mais je pense qu'il le prenait comme un jeu... Quand je l'ai revu après vingt-cinq ans, alors que je n'avais pas encore décidé de revenir parmi les « vivants », j'ai cru que... je savais que je retrouvais quelque chose de perdu depuis longtemps... Comme une immense bouffée de joie...
- Âmes Sœurs, commenta Hagrid dans un soupir.
- C'est ce que McGonagall m'a dit tout à l'heure... Elle pense que nos âmes sont liées. Voilà pourquoi ni lui ni moi n'avons été étonnés quand la conversation a dérapé sur une possible relation entre nous deux... Ça avait l'air...
- Naturel ?
Harry hocha la tête en marmonnant.
- T'endors pas, grosse peluche, dit soudain Hagrid en riant. Tu es trempé, tu vas prendre froid !
Harry releva la tête, en appui sur ses coudes. Il sourit au demi-géant qui dit disparaître la brosse, le tabouret, et se leva.
- Il est l'heure de manger, tu viens ?
- Volontiers. Nager ça creuse.
Le demi-géant sourit et Harry se leva. Il s'ébroua violemment, envoyant de l'eau partout puis tous deux regagnèrent le château pour aller déjeuner.
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