Chapitre 27

- Salut Malefoy !

Harry se glissa par la fenêtre du bureau de Malefoy. Il se laissa souplement tomber sur le tapis et le blond le regarda de travers.

- Ça fait un moment que tu n'es pas venu me voir... dit-il en reportant son attention sur un document qu'il lisait.

- Je suis désolé, j'ai eu un petit différend à régler avec le professeur Rogue... répondit Harry, sentant un peu de ressentiment chez son ami.

- Hum, dit le blond. Et sinon, comment va-tu... depuis près d'un mois...

Harry serra les mâchoires. Malefoy était totalement dans le vrai. Ce dernier mois avait été chaotique pour le brun qui avait eu à gérer sa colère contre Rogue qui l'avait tenace.

- Je suis navré... dit-il en s'approchant. J'aurais dû t'envoyer une lettre mais je...

- Ne te bile pas, lui dit alors le Serpentard. Comment ça va ? répéta-t-il.

Harry soupira.

- Aussi bien qu'un loup qui commence sérieusement à avoir chaud... dit-il en s'ébrouant.

- Passe en mode été... suggéra le blond.

- Malefoy... Je suis un Loup des Montagnes, je n'ai pas de « mode été » comme tu dis. Ta fille est là ? demanda Harry.

- Non, avec sa mère en ville... Elles sont allées acheter des affaires pour la rentrée...

- Mais nous sommes au mois d'avril !

- Je sais mais cette pension est très réputée...

- Colle-la à Poudlard, tu verras, tu auras moins de problèmes, grogna Harry en s'asseyant sur le tapis.

- T'es d'une humeur... dit le blond en posant son menton dans sa main, le regardant par-dessus de petits lunettes rectangulaires qu'il retira aussitôt. T'es venu me voir pour quoi au fait ? Échapper au professeur Rogue ou me bouffer ?

- Un peu des deux... dit Harry en souriant bizarrement.

- Potter... soupira le Serpentard en comprenant l'allusion sur le dernier mot. Je suis marié...

- Et quoi ? Tu crois que ta femme s'en soucie quand elle retrouve son amant ?

Les mâchoires de Malefoy se serrèrent. Harry s'excusa aussitôt et s'approcha du bureau.

- Hum, dit-il en regardant l'entête des parchemins. Papiers de divorce ? Je croyais que les Malefoy ne divorçaient pas...

- Je brise le tabou, dit le blond. J'en ai plus qu'assez de nourrir cette mégère qui se permet maintenant d'amener son amant sous mon toit.

- Quoi ?

- Figure-toi que je l'ai vu un matin partir comme une fleur, en me saluant en plus ! J'avais l'impression d'être le gérant d'un bordel de luxe !

- Tu aurais dû le tuer tiens... gronda Harry en montrant les dents.

- Mais bien sûr... Quoique l'idée m'eût traversé l'esprit mais bon...

Malefoy soupira. Harry se détendit.

- Enfin... J'imagine que tu sais ce que tu fais, fit-il. À ta place, entre les foudres de ma famille et la honte d'une femme sans gêne, je n'aurais pas hésité longtemps. Si j'avais eu une femme aussi peu discrète que la tienne, je l'aurais répudiée dès le début.

- Ma fille risque de perdre son héritage, dit Malefoy.

- Seulement ta fille ? s'étonna Harry.

- Mon fils est un pur Malefoy, mes ancêtres l'ont reconnu comme l'un des leurs mais ma fille... dit Malefoy. Merde... grogna-t-il alors entre ses dents.

Son poing se serra sur le bureau et il baissa la tête.

- Kezra n'est pas ta fille, n'est-ce pas ? dit Harry doucement.

Malefoy ferma les yeux.

- Ma mère a réussi à convaincre notre conseil de famille que pour la santé mentale de cette enfant, elle devait rester vivre avec sa mère. Pour éviter tout scandale, j'ai donné mon nom à cette enfant et je l'aime comme ma fille, mais je ne suis pas son père...

- Qui...

Malefoy haussa un sourcil.

- Oh par le caleçon de Merlin, grogna le Gryffondor, soudain menaçant. Mais enfin Malefoy, qu'est-ce que tu attends ! Chasse cette femme de chez toi une bonne fois pour toutes ! Tu n'es pas un Moldu, tu ne te laisses pas marcher sur les pieds normalement ! Où est passé le sale gosse de riche qui prenait plaisir à me torturer quand nous étions enfants ?

Le blond baissa la tête. Soudain le Gryffondor tressaillit et se tourna vers la porte. Malefoy en fit autant.

- Bibliothèque, chuchota le Serpentard en montrant deux panneaux coulissants entrouverts.

Harry se faufila dans la pièce voisine et la seconde suivante, Segma Malefoy entrait dans le bureau, talonnée par son fils Rodolphus. Lui était bel et bien un pur Malefoy, il avait exactement la même tête que Drago à son âge, les même yeux bleus, mis à part ses cheveux noirs, comme Segma.

- Segma, que puis-je faire pour vous ? demanda Malefoy nonchalamment.

- C'est moi qui ai demandé à vous voir, père... dit Rodolphus.

- Je t'écoute... Vu la figure de ta mère, ce ne doit pas être quelque chose qui lui plait... Vas-y...

Rodolphus observa un moment sa mère, droite comme un i, les bras croisés et les yeux à mi-clos.

- Père, je voudrais continuer à aller à Poudlard en septembre... J'y suis bien, j'ai des amis... Pas comme à Durmstrang... dit le jeune homme.

- Voyez-vous cela, répondit Malefoy, un sourire en coin destiné à sa femme.

« Laisse-le y aller » dit Harry dans la tête du Serpentard.

Si ce dernier fut surprit, il ne le montra pas et ajouta :

- Et pourquoi donc ? Je n'avais pas l'intention de te renvoyer à Durmstrang de toute façon, mais donne-moi une bonne raison pour te réinscrire à Poudlard en septembre et non dans une pension en Suisse ?

Rodolphus dansa d'un pied sur l'autre.

- Père, je... je... hésita le jeune homme de quinze ans. Je...

- Parle ! s'exclama Segma en lui collant une claque dans le dos.

Le jeune homme sursauta et Drago fusilla sa femme de son regard de cristal.

- Alors, Rodolphus ? demanda-t-il.

- Père, je vous demande de me pardonner pour toutes les bêtises que j'ai faites ces dernières années... Je me rends compte que j'ai abusé...

- Ah ça... Oui, tu as abusé, tu es allé plus loin que n'importe quel élève rebelle qu'il m'eût été donné de voir, sauf peut-être les jumeaux Weasley, mais ils sont d'un autre niveau... répondit Malefoy. Cependant, c'est bien de t'excuser mon fils, mais cela n'efface en rien le mal que tu nous as fait à ta mère et moi...

Drago se leva de son fauteuil. Il contourna son bureau, se gardant de rester bien loin de Segma et reprit :

- Soit. En septembre, tu rentreras à Poudlard en cinquième année.

- Drago ! piailla Segma, choquée.

« Laisse-la dire... » lui souffla Harry, hésitant entre exploser de rire ou... exploser de rire.

- C'est mon fils, Madame, dit le Serpentard en fronçant les sourcils. Jusqu'à preuve du contraire je suis encore le chef de cette famille, c'est moi qui décide. Et à ce propos, non seulement Rodolphus ira à Poudlard, mais Kezra aussi.

- Mais... ?

« Divorce... » souffla encore Harry.

- Une autre chose encore, reprit le blond sans même faire de pause. Je veux que demain soir au plus tard vous ayez quitté cette maison. Je demande le divorce !

- QUOI ?? hurla Segma. Pour qui est-ce que vous vous prenez !! Vous n'avez aucun droit de demander une telle chose ! Le Conseil de Famille refusera !

- Je me fiche du Conseil de Famille ! répliqua Malefoy aussi vivement en donnant du poing sur le bureau.

- Le patriarche nous a bien prévenus, Drago, si nous venions à nous séparer, nos enfants seraient déshérités !

- Non, Segma. Rodolphus est un Malefoy, il ne risque absolument rien.

- Que...

Segma s'étrangla. Elle devint toute blanche et recula d'un pas mais Drago ne bougea pas un cil.

- Maman... ?

- Rodolphus... dit Drago.

- Non ! aboya Segma. Ne lui dites rien ! Vous aviez juré !

Malefoy fusilla la femme du regard, les sourcils froncés.

- Juré ? Et devant qui ?

- Moi ! Moi votre épouse !

Drago plissa les yeux. Sans cesser de regarder sa femme il dit :

- Fils, va faire un bagage, ta sœur et toi aller passer quelques jours chez grand-mère...

- Mais... ? commença Rodolphus.

- File !

Rodolphus ne se le fit pas dire deux fois. Segma s'appuya contre la porte, blanche comme un linge. Lentement, elle ânonna :

- Vous... Vous ne pouvez pas revenir sur votre parole... Nous nous sommes mariés pour le meilleur et pour le pire... Les Malefoy ne divorcent pas...

- Ils ne divorcent pas non, mais depuis dix ans Segma, depuis dix ans vous me trompez avec ce sorcier de bas étage ! Dix ans ! Vous avez même eu le culot de ramener l'enfant adultérine que vous avez eu avec lui sous mon toit ! Vous m'avez demandé de lui donner mon nom pour éviter un scandale ! Kezra n'est pas ma fille mais je ne vous laisserai jamais lui faire du mal ! Demain soir vous devrez être partie de votre plein gré sinon je vous jette dehors avec pertes et fracas et je me contre-fiche de ce que diront les gens ! Vous n'êtes qu'une traînée !

Sur ce, il tourna les talons et se dirigea vers la fenêtre, les bras croisés. Segma se redressa lentement, se refaisant un visage. Elle remit tranquillement sa longue veste cintrée en place puis quitta le bureau en fermant doucement la porte comme si de rien n'était. Harry revint alors dans le bureau et s'approcha de Malefoy qui s'effondra dans ses bras.

- Bravo vieux, dit le Gryffondor. Je ne te savais pas si courageux...

- Si tu n'avais pas été là je ne l'aurais pas fait...

Se redressant, Malefoy passa ses mains dans ses cheveux. Harry lui effleura la joue d'une griffe et le blond ferma les yeux.

- Va dire au professeur McGonagall d'envoyer deux lettres ici pour Rodolphus Malefoy et Kezra Malefoy, tu veux ? dit-il. Et remercie-la d'avoir acceptée mon fils ces derniers mois pour qu'il ne perdre rien... Tu lui donneras ça...

Le blond dit apparaître une bourse en cuir sur la table et la donna à Harry. Le brun la prit et hocha lentement la tête.

- Et que va-t-il se passer maintenant ? demanda-t-il. Je veux dire, pour Segma et toi ?

- Je vais affronter le Conseil de Famille... Mais avant, je dois confier mes enfants à ma mère.

- Je veillerais à ce qu'ils arrivent à bon port...

- Merci Potter...

Harry caressa de nouveau la joue du blond puis il transplana et Malefoy s'appuya contre la fenêtre en haletant. La dernière fois qu'il s'était senti aussi oppressé c'était vingt-six ans plus tôt, quand pesait sur lui l'assassinat de Dumbledore...

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