Chapitre 19
- Professeur Lorne, je vais sortir à Londres cet après-midi, pouvez-vous le signaler au professeur McGonagall et au professeur Rogue ?
La femme regarda l'immense loup noir en face d'elle puis inclina le menton. Ils se tenaient tous deux dans le couloir menant à la salle de classe de Rogue et s'étaient fortuitement croisés en ce samedi matin.
- Bien entendu mon cher, répondit Lorne avec un sourire. N'oubliez pas, lundi prochain, vous passez la journée avec moi. J'ai bien l'intention de vous étudier sous toutes les coutures.
- Entendu, professeur, dit Harry, les yeux souriants.
La femme tourna alors les talons puis le Gryffondor regagna la porte d'entrée et s'élança dans le parc à toute vitesse. Il passa les grilles, transplana et atterrit dans l'Allée des Embrumes en freinant, les griffes plantées dans la pierre du sol, faisant bondir une douzaine de personnes dans la foulée.
- Oh tiens donc, le Loup des Montagnes...
Harry regarda autour de lui puis il vit une silhouette décharnée dans l'ombre d'une enseigne effacée.
- Monsieur Barjow... dit -il en se relevant.
- Quel honneur... Comment me connaissez-vous ? demanda l'homme dégingandé.
- Qui ne vous connaît pas...
Barjow grimaça une sorte de rictus peu avenant.
- Que faites-vous donc dans l'Allée des Embrumes ?
- Je cherche quelqu'un... dit Harry. Passez une bonne journée, monsieur.
- Bien. Au revoir, donc.
Harry se rappela alors la première fois où il était tombé nez à nez avec Barjow, quand il furetait dans l'Allée des Embrumes pour habituer les sorciers à le voir dans le coin. C'était un matin de décembre, très tôt et l'homme était en train de dépoussiérer sommairement sa vitrine quand Harry avait tourné au coin de la rue et l'avait violemment bousculé. Barjow s'était cramponné au coin de sa devanture et avait copieusement couvert le Gryffondor d'insultes et d'injures en tous genres. Le brun avait alors tourné les talons et filé. Il n'avait jamais aimé cet homme et dorénavant, c'était réciproque, mais comme ils étaient tous deux des sorciers anglais, ils affichaient une entente cordiale en public.
Harry pivota et s'éloigna. Il sortit sur le Chemin de Traverse et, à peine avait-il mis le nez au soleil qu'une nuée d'enfant s'accrocha à sa fourrure en criant et rigolant.
- Monsieur le loup ! Monsieur le loup ! piaillèrent-t-il.
- Bonjour les enfants, dit Harry en se baissant. Salut toi, ajouta-t-il en reconnaissant la fille de Malefoy.
Le brun avait rencontré la fille de Malefoy, ne sachant pas au début que c'était elle, dans le parc du Chemin de Traverse, plusieurs semaines en arrière alors qu'il se baladait en mâchonnant un steak cru que Florian Fortarôme avait pris l'habitude de lui donner chaque jour., même si ce n'était pas le type de marchandise qu'il vendait dans sa boutique des glaces.
Regardant les autres enfants, le brun comprit que ce n'était là que des enfants de riches familles, trop jeunes pour aller Poudlard et trop bien pour fréquenter les écoles normales pour jeunes sorciers. Les gouvernantes les promenaient alors l'après-midi, entre les cours avec un Précepteur et le goûter.
- Je n'ai pas le temps de jouer aujourd'hui, dit Harry. Je cherche quelqu'un.
- Qui ? piailla une voix.
- Une jeune femme, blonde comme le soleil...
- Je la connais ! s'exclama une petite fille aux cheveux noirs coupés au carré.
Harry eut l'impression de voir Pansy Parkinson au même âge et la fillette dit :
- C'est Miss Maya, de la librairie !
- Sais-tu si elle est très maladroite ?
- Oh que oui ! s'exclamèrent les enfants en cœur.
- Elle ne peut pas faire un pas devant l'autre sans trébucher, ajouta Kezra, la fille de Drago Malefoy, en souriant.
Harry remarqua qu'elle avait le même sourire genre de sourire que son père, celui qui vous fait baisser vos barrières, sans doute pour mieux vous flouer par la suite. Une sourire d'enfant quoi...
- Vous m'avez grandement facilité la tâche les enfants, répondit alors Harry en se redressant. Merci.
- Vous avez le temps de jouer alors !
- Non, je suis désolé...
- Oooooohhh...
- Un autre jour. Promis.
Harry se détacha ensuite des enfants qui s'accrochaient à lui comme de la Glue Perpétuelle. Les gouvernantes rappelèrent leurs bambins respectifs et le brun s'éloigna vers le restaurant de Florian Fortarôme qui lui offrit son steak journalier.
- Monsieur le loup a un petit creux ?
Harry hocha la tête. Florian lui tendit la viande crue et le brun y planta ses griffes en disant :
- Savez-vous où je peux trouver une certaine Miss Maya ?
- La libraire ? Oui, au bout de la rue, vous tournez à gauche, c'est la boutique qui fait l'angle juste en face. Vous ne pouvez pas vous tromper, il y a un encrier et une plume animés en guise d'enseigne.
- D'accord. Merci Florian.
- De rien ! répondit le restaurateur, apparemment ravi de discuter aussi facilement avec cette énorme bête noire.
Tout en mâchonnant son steak, Harry longea la rue. Naturellement, les sorciers lui faisaient la place, non sans le regarder avec insistance. La rumeur qu'il y avait un Loup des Montagnes à moitié sorcier totalement inoffensif dans l'allée marchande sorcière la plus connue d'Angleterre avait vite fait le tour, pour le bonheur des commerçants qui voyaient leur nombre de visites augmenter avec tous ces sorciers qui souhaitaient voir le Loup.
Harry n'eut aucun mal à trouver la librairie-papeterie de Miss Maya. Avalant le reste de sa viande, il poussa la porte d'entrée qui tintinnabula joyeusement.
- Je viens ! s'exclama une voix venant du fond de la boutique.
Il y eut ensuite un grand vacarme puis une flopée de jurons et enfin une jeune femme blonde apparut en frottant sa robe.
- Qu'est-ce que ce sera pour... vous ? Oh, Merlin tout puissant...
La jeune femme venait de remarquer l'ombre gigantesque d'Harry sur le plancher poussiéreux. Lentement, elle leva les yeux et recula prestement au fond de la pièce. Son dos heurta une étagère et un gros grimoire glissa. Harry tendit le bras pour le saisir avant qu'il n'assomme la femme et, s'accroupissant, il demanda :
- Vous êtes Miss Maya ?
- O-oui...
- Je vous cherchais...
- Ha, ha, oui... Mais... P-Pourquoi...
Harry haussa un sourcil. Cette jeune femme sentait la peur à plein nez. Elle était terrifiée à la vue du loup gigantesque et le brun s'accroupit.
- N'ayez pas peur, je ne suis pas méchant... dit-il avec ce qui était pour lui, un sourire.
Son rictus devait cependant paraître bien autre chose aux yeux de la jeune femme qui pâlit de plus belle.
- Ah... Euh... Oui, je...
Maya déglutit. Elle s'éloigna d'un ou deux pas, tremblant comme une feuille, et demanda :
- V-Vous désirez quelque chose ?
- Oui, vous... dit Harry.
Maya eut un sursaut de terreur et elle glapit. Harry se donna des claques mentalement. Il baissa alors la tête et dit :
- Il y a longtemps que je vous ai repérée, Miss Maya, vous savez ?
- Re-Repérée... Mais pourquoi ?
- Parce que vous êtes jolie et célibataire.
- Je... Je... Ah, vous me terrifiez, je suis terrorisée par les animaux carnivores, je... Je vais tourner de l'œil, je...
Harry soupira. Il sortit sa baguette magique et l'agita vers la jeune femme qui se détendit aussitôt en soupirant.
- Vous vous sentez mieux ? demanda-t-il.
- O-Oui... Merci...
- Dites-moi maintenant, seriez-vous intéressée par un professeur de Poudlard ?
- De Poudlard ? Oh Merlin... Je ne connais personne qui... Et à quel niveau d'intéressement ?
- Moi si. Et vous devez le connaître forcément... le professeur Severus Rogue. Je lui cherche une amie...
- Quoi ? glapit Miss Maya. Oh non... non, non, non, non, monsieur le Loup...
Harry haussa un sourcil étonné puis les fronça.
- Pourquoi ? C'est un homme très vivable...
- Vous parlez ! C'est un Mangemort ! s'exclama Maya, sa peur soudain envolée.
Harry soupira profondément.
- Bien entendu... Tant pis, j'aurais essayé. Il va être déçu mais je trouverais bien une autre sorcière, ce n'est pas ce qui manque...
Harry pivota alors et se releva. Il se dirigea vers la porte et soudain, il entendit un couinement dans son dos.
- Plaît-il ? dit-il en se retournant.
- Vous... Vous n'êtes pas un vrai Loup des Montagnes, n'est-ce pas ?
Harry regarda par la vitrine. Il donna un coup de griffe sur le loquet de la porte puis retourna le panneau « Open/Closed » en le mettant sur « Closed ». Il regarda ensuite la jeune femme.
- Non, vous avez raison, je ne suis pas un vrai Loup des Montagnes... dit-il après plusieurs secondes de silence. Et si vous acceptez de venir avec moi avec Poudlard et de rencontrer le professeur Rogue, vous saurez tout, parole de sorcier.
Harry posa deux doigts sous ses yeux et Miss Maya tressaillit violemment. Elle déglutit. Elle était terrorisée malgré le sortilège d'apaisement et Harry le comprenait parfaitement. Il avait un peu foncé dans le tas et, s'accroupissant de nouveau, il s'excusa, les oreilles couchées en arrière.
- Ce... Ce n'est rien, bredouilla Miss Maya en retrouvant ses couleurs.
- Je sais que je suis impressionnant, dit Harry. Je suis navré de vous avoir bousculée...
Miss Maya sortit sa baguette magique et conjura une bouteille de Whisky qu'elle but au goulot de la bouteille. Harry la regarda faire, amusé.
- Ça va mieux ? demanda-t-il quand elle baissa la bouteille en avalant le liquide ambré avec une grimace.
Miss Maya hocha la tête précipitamment et la bouteille disparut. Le Gryffondor attendit encore quelques secondes que les battements affolés de son cœur se calment puis, quand il fut certain qu'elle n'allait plus faire de syncope, il dit :
- Le professeur Rogue va m'aider à redevenir normal et en échange, je lui ai promis de lui trouver une compagne. Votre visage m'est tout de suite venu à l'esprit...
- Je suis... touchée mais... Le professeur Rogue est un...
- Hum, oui... Un Mangemort. Je vois que malgré les années, cette haine est restée... Pourtant il a passé neuf ans en prison, il a été torturé par les gardiens pour ses fautes passées... J'estime qu'il a suffisamment payé. Pas vous ?
Restant immobile, Miss Maya murmura :
- Et pourquoi moi précisément ?
- Parce que vous êtes tout son contraire, répondit Harry. Vous êtes sensible et terriblement maladroite alors qu'il est inébranlable et prudent. Vous rayonnez comme le soleil alors qu'il est sombre et froid comme la roche... Miss Maya, Severus Rogue est un homme que je respecte profondément car il m'a sauvé la vie des dizaines de fois...
La jeune femme le fixa soudain dans les yeux. Elle fronça les sourcils puis dit :
- Mais... Qui êtes-vous ?
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