Chapitre 18

Fatigué de passer ses nuits dans l'humidité poussiéreuse de la Salle des Objets Perdus, Harry s'installa, dans un premier temps, dans le bureau de McGonagall, puis dans la Grande Salle, et enfin, il finit par élire domicile chez Rogue pour qui c'était plus simple quant à ses recherches, que s'il avait à toujours chercher le Gryffondor dans tout le château.


Ce matin-là, affalé sur un épais coussin, le Gryffondor dormait encore profondément quand les lumières du salon s'allumèrent. Il ouvrit un œil et vit Rogue se diriger vers la petite cuisine renfoncée dans un creux du mur.

- Debout, Potter, dit l'homme en se servant une tasse de café.

Harry roula sur le dos et soupira profondément.

- Levez-vous ou je vous vire de votre tapis ? D'ailleurs, vous ne pourriez pas dormir dans un lit, comme tout le monde ? Vous vous comportez comme un vrai sac à puces...

- Je vous remercie, grogna Harry en se redressant. Et dormir dans un lit avec une fourrure pareille, ce serait une torture, tant pour moi que pour les Elfes de Maison...

- Oh ne faites pas votre vexé. Allez, debout, il est l'heure. Vous n'avez pas faim ? Moi si. Ouste.

- Ça va, ça va...

Se levant, Harry se redressa de toute sa hauteur en s'étirant. Ses griffes touchèrent sans problèmes le plafond puis le brun sortit de l'appartement de Rogue en baissant la tête, l'homme sur les talons qui ferma soigneusement à clef la porte en poussant le brun dans le couloir.

- Regardez !

Harry tourna la tête. Il salua un groupe de filles d'un signe de tête et toutes semblèrent tomber en pâmoison devant lui. Elles se mirent à sourire niaisement et Rogue railla :

- Même transformé en bête à fourrure, vous faites fureur, Potter...

Harry lui jeta un grognement sourd et Rogue haussa un sourcil avant de se faufiler derrière une porte qui conduisait derrière la table des professeurs. Harry, lui continua sa marche, lentement, passa devant les grandes portes d'or encore fermées puis tourna à gauche et se glissa dans un couloir sombre et bas de plafond. Lorsqu'il arriva à hauteur d'un tableau représentant une nature morte, il chatouilla la poire dans le saladier et celle-ci se mit à glousser avant de se transformer en poignée tandis que le cadre devenait une porte en bois.

- Bonjour Harry Potter ! couina une voix aux pieds de Harry.

Harry s'abaissa pour être au plus près de l'Elfe et il dit :

- Bonjour, Liera, as-tu de quoi nourrir un tel corps ?

- Bien entendu Harry Potter ! couina l'Elfe. Certains élèves mangent plus que vous, Harry Potter !

Le Gryffondor haussa les sourcils d'étonnement – ce qui ne fit qu'agrandir ses yeux verts – puis il regarda l'Elfe amasser dans une caisse en bois diverses choses, allant du jambon entier à la bouteille de vin jusqu'à la moitié de fromage.

- Je te remercie, Liera, dit Harry en prenant la caisse sous un bras.

- Merci à vous Harry Potter !

Harry s'en alla alors et remonta tout le château pour aller manger sur les toits, endroit qu'il aimait particulièrement, même si ce jour-là, il ne faisait pas particulièrement beau.


- Ah, te voilà !

Harry regarda tout autour de lui en cherchant à qui s'adressait cette voix. Une odeur familière lui chatouilla alors la truffe et il montra les dents en un sourire.

- Ron ! Mais qu'est-ce que tu fiches ici ?

La tête rousse de Ron venait de jaillir par une fenêtre de toit par laquelle Harry s'était glissé pour atteindre les toits.

- Rogue m'a dit que tu mangeais toujours sur les toits. Pourquoi ?

- Avec le corps que j'ai, je me vois mal me faufiler sur un des bancs de la Grande Salle, dit Harry. Il reste du fromage, tu en veux ?

- Non merci.

- Monte donc ! Pourquoi es-tu venu à Poudlard ?

- Voir comment tu t'en sortais. Simplement.

- Oh Rogue essaie toutes sortes de mixtures sur mon sang... Il ne souhaite pas vraiment me transformer en « troll pustuleux à lunettes » a-t-il dit en début de semaine...

Ron rigola doucement puis il se faufila par le vasistas aussi souplement qu'un serpent malgré une musculature impressionnante et il vint s'asseoir en face d'Harry, le dos contre une gargouille qui se tortilla pour voir qui la dérangeait.

- Alors mon pote ? Comment ça va depuis une semaine ? demanda le rouquin.

- Cool, les élèves sont fous de moi... Surtout les filles...

- Avec un corps pareil... tu m'étonnes !

- Quand je serais redevenu humain, j'ignore si je plairais autant ! rigola Harry.

- Trouve-toi une fille qui ne t'aime pas pour ce que tu représentes mais pour ce que tu es. Annabelle est comme ça.

- Une fille ou un gars ! répliqua Harry.

- Ah, tu es des deux bords maintenant ? C'est nouveau ça, dit Ron en haussant les sourcils.

- Disons que ce que j'ai vécu avec Malefoy a été quelque chose de si... fort que je doute le retrouver ailleurs...

- Malefoy est marié, oups, dit Ron avec un sourire en biais.

- Ah ! Laisse-moi rire ! dit le Gryffondor dans un aboiement. Je n'ai pas eu l'impression qu'il aimait sa femme éperdument...

Ron rigola.

- Ouais non c'est sûr ! T'es sérieux quand tu penses à lui de cette façon ?

- On a été très proches, Ron... C'était très, très... chaud.

Ron grimaça et Harry tourna la tête. Il huma l'air et Ron demanda :

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Des ennuis...

- Ah ouais ? De quel genre ?

- Mangemorts.

- Tu n'es pas sérieux !

- Ils n'approchent pas du château, rassure-toi, dit Harry. Je sens la Magie Noire c'est tout...

- Tu peux sentir ça ?

- Avec la dose que j'ai dans les veines, je n'ai aucun problème pour détecter la Magie noir à plus de cinquante kilomètres à la ronde...

Ron dodelina de la tête puis haussa les épaules.

- A propos... dit -il. Comment est-ce que Rogue va s'y prendre pour t'en débarrasser ? Les pouvoirs de Voldemort sont stupéfiants et beaucoup aimeraient les étudier, mais ils sont atrocement dangereux...

Harry secoua lentement la tête en baissant le nez sur ses grosses pattes.

- J'ignore s'il y a un moyen de retirer sa magie à un sorcier, mis à part les potions Tue-Sorcier, mais... j'ai peur de perdre ma magie blanche en même temps...

- Une fois humain, tu serais prêt à garder la Magie Noire en toi ? demanda Ron.

- Tant qu'elle se tient tranquille... Et puis, mieux vaut que les pouvoirs de Lord Voldemort soit à l'abri ici plutôt que dans une bouteille qui pourrait se briser et contaminer le premier imbécile venu...

Harry posa une main sur son ventre en disant cela et Ron fronça les sourcils.

- Ils sont... ici ?

Harry serra ses griffes dans sa fourrure. Il soupira ensuite puis dit :

- C'est l'unique endroit qui ne craint rien...

- Vu comme ça... Mais bon. C'est quand même risqué.

- Je n'ai aucunement l'attention d'avoir un bébé si c'est ce que tu veux dire ! dit Harry en découvrant ses dents en un sourire un peu effrayant.

- Harry... soupira Ron en roulant des yeux.

Ils se mirent à rire tous les deux, le rire d'Harry ressemblant plus aux jappements d'un jeune chien qu'à un vrai rire. Quand ils se calmèrent, Harry huma de nouveau l'air puis il dit :

- On rentre ? Il va pleuvoir et... je n'aime pas être mouillé.

Ron haussa un sourcil puis il hocha la tête. Ils se faufilèrent tous les deux par le vasistas et Harry s'aida de ses griffes en les plantant dans la pierre si bien qu'il resta accroché au mur comme une araignée, la tête en bas.

- T'es un vrai gosse, Harry, dit Ron en le regardant.

La langue rose d'Harry passa entre ses canines et Ron soupira :

- Aller le loup araignée, viens donc.

Harry se laissa souplement tomber sur le sol puis suivit Ron sur ses deux jambes.

- Et sinon, dit le brun. Tu ne m'as toujours pas dit ce que tu faisais à Poudlard ?

- Rien de spécial, je suis simplement venu voir si Rogue ne t'avait pas encore empoisonné. Et dis-moi, tu vis où ?

- Chez Rogue justement, répondit le Gryffondor en écartant une tenture.

Ron y passa puis le brun le suivit en disant :

- J'ai un tapis à côté de la cheminée.

- Il pourrait au moins te donner un lit...

- C'est moi qui ne veux pas, répondit le brun. Tu sais, pendant vingt-cinq ans j'ai dormi roulé en boule dans un trou du mur de ma grotte sur les peaux des bêtes que je tuais... Difficile de changer des habitudes si bien ancrées.

- Je vois...

- Et puis ça m'amuse de jouer les cabots infernaux, jappa Harry. Je le rends dingue, ça m'éclate !

Ron rigola.

- Tu as vu son gamin, au fait ?

- Oui, il vient tous les deux soirs environ. C'est un beau gosse, il lui ressemble beaucoup. Hermione n'a pas fait les choses à moitié sur ce coup-là.

- Son dernier fils lui ressemble pas mal à elle aussi. Mais comme Lewis est brun aussi, c'est difficile de savoir de qui il tient le plus.

- Avec Jason, aucun souci ! Rien qu'en le regardant tu sais qui est son père, c'est troublant ! Et ta fille, elle ressemble à qui ?

- À Annabelle. Elle a ses yeux en amande et ses joues roses. Moi je crois que je lui ai apporté que ma mâchoire carrée et ma rousseur. Cela dit, ça lui fait un visage délicat. Chaque fois que je la vois j'ai envie de la croquer.

Harry sourit.

- J'aimerais bien la voir un jour...

- Ça viendra, Potter, ne désespérez pas.

Les deux garçons se tournèrent face au couloir et virent Rogue qui se tenait au beau milieu, les attendant apparemment.

- Bonjour, Monsieur Weasley...

- Professeur Rogue...

- Que se passe-t-il ? demanda Harry. Vous nous cherchiez ?

- Pas spécialement, mais puisque vous êtes là, je voulais vous signaler que je ne serais pas là ce soir...

- Oh, notre vieux professeur est de sortie ? railla Ron.

- Weasley je vous en prie... Et non je ne suis pas de « sortie » comme vous dit es, mais de visite à Azkaban. Je vais voir Lucius Malefoy... Comme tous les mois...

Il y eut un silence gêné et Harry demanda :

- Reconnaît-il quelqu'un ?

- Il reconnaît ma voix, répondit Rogue en haussant les épaules. Mais sinon non. Sa femme et son fils ne vont plus le voir depuis longtemps... Pauvre femme.

- J'ai entendu dire qu'elle s'est remariée, dit Ron.

- Oui mais ça n'a pas duré deux ans qu'ils étaient déjà séparés.

- Je croyais qu'on ne divorçait pas chez les Malefoy...

- Ais-je dis qu'ils avaient divorcé ? Non leur mariage a été annulé et elle est rentrée chez elle après avoir vécu six mois chez son fils à Londres. Et puis, d'où savez-vous que les Malefoy ne divorcent pas ?

- C'est Malefoy qui nous l'a dit, mercredi soir, dit Harry. Il a une relation très spéciale avec sa femme je trouve...

- Je trouve aussi, répondit Rogue. Mais ce ne sont pas nos affaires. Bonne journée, messieurs.

Il tourna alors les talons et Ron et Harry prirent la direction opposée. Au bout d'un moment, Ron demanda :

- Tu vas faire quoi tout seul ce soir ?

- Je ne sais pas encore... Ou si, je dois chercher comme remercier Rogue de m'aider.

- Ah ? Et tu as prévu quoi ? Des Gallions ?

- Jamais de la vie, je vais en avoir besoin ! répliqua Harry. Non, je vais lui trouver une compagne.

- Harry...

- Je suis sérieux...

- Qui voudra d'un Mangemort comme mari mis à part Hermione ?

- Ce n'était pas son mari je te rappelle... Et j'ai déjà une cible en vue.

- Ah ouais ?

- Oui, elle est blonde comme le soleil et très maladroite. Je l'ai vue à plusieurs reprises sur le Chemin de Traverse et dans l'Allée des Embrumes quand je passais mon temps là-bas, avant de m'installer ici, en décembre... Cette fille est mignonne comme tout mais qu'est-ce qu'elle est maladroite !

- Ça promet... Tu crois vraiment que Rogue a besoin d'une femme ?

- Plus que jamais. Le départ d'Hermione l'a complètement brisé.

- Tu te rends compte de l'âge qu'il a ?

- Soixante ans environ... Et alors ? Tu le trouve changé toi depuis qu'on a quitté Poudlard ?

- Non pas vraiment... admit Ron.

- Bon alors. L'âge ne compte pas chez les sorciers, nous vivons deux fois plus longtemps que les humains, ne l'oublie pas. Et puis elle m'a l'air très gentil.

- Tu es sûr que tu n'as pas craqué sur elle plutôt ?

- Sûr que non.

- Mouais. Et tu comptes la retrouver comment ? Faut t'aider ?

- J'ai une très bonne mémoire grâce aux pouvoirs de Voldemort en moi. J'ai son visage gravé dans ma tête je n'aurais aucun mal à la reconnaître et puis j'ai son odeur aussi.

- Son odeur ?

- L'odeur de son corps quoi, tout le monde en dégage une.

- Même toi, dit Ron en plissant le nez. Tu sens le cabot...

Harry haussa un sourcil. Il s'ébroua soudain en faisant bondir Ron puis il se mit à rire en disant :

- Je n'ai pas pris de bain depuis des années...

- Ta peau noire n'est peut-être pas due qu'à la Magie Noire en fin de compte...

- Je t'en prie !

Ron s'esclaffa puis soudain la cloche sonnant la recréation retentit et le rouquin dit :

- Je dois rentrer chez moi, j'ai promis à Annabelle de l'aider, nous avons du monde ce soir.

- Ok. Reviens vite, vous m'avez tous tellement manqué !

Ron eut un large sourire. Il étreignit solidement son meilleur ami, encore un peu perturbé par son retour, puis il tourna les talons en lançant un « Bonne journée ! » enthousiaste.

Harry agita sa grande main griffue puis il retomba sur ses quatre pattes et se dirigea vers les grandes portes d'entrée. Des centaines d'élèves le croisèrent comme s'il était l'un des leurs mais beaucoup d'autres le regardaient avec un peu de crainte mélangée à de la fascination. Deux filles passèrent même près de lui, de chaque côté, en laissant courir leurs mains sur son échine comme si elles caressaient pensivement un énorme chien.

- Monsieur ?

Harry baissa la tête. Son regard croisa celui d'une troisième année de Serdaigle qui frémit en croisant le regard vert.

- Je t'écoute, dit Harry en s'accroupissant.

Sa longue queue balaya le sol puis le jeune sorcier dit :

- Cela ne vous fait pas bizarre d'être un loup ?

- Non... Tu sais, quand on a vécu vingt-cinq ans dans la peau d'un monstre griffu et désarticulé, on s'habitue. Ça m'amuse plutôt d'être un canin... Je peux m'amuser comme jamais je ne me suis amusé, personne ne me dira rien.

- Vous faite le fou tout le temps, on dirait un chiot... Alors que vous êtes Harry Potter et que vous avez des graves blessures... psychologiques.

Harry tourna la tête vers le lac.

- Tu t'es déjà baigné dans le Lac Noir ? demanda-t-il.

- Non ! C'est interdit !

- Moi si. Pour la seconde tâche du Tournoi des Trois Sorciers... J'avais quatorze ans et quelqu'un avait embrouillé la Coupe de Feu pour qu'elle choisisse quatre champions au lieu de trois.

- C'était l'année où Voldemort est revenu à la vie, dit l'élève doucement. Vous souffrez encore ?

- Des fois il m'arrive de faire des cauchemars mais sinon non. Je suis relativement calme depuis quelques années. J'ai appris à canaliser mon énergie pour refouler ses pouvoirs afin qu'ils ne me gâchent pas plus la vie.

- Comment allez-vous rattraper toutes ces années perdues ?

Harry secoua la tête.

- Je l'ignore. Si je n'avais pas été contaminé, je serais marié et j'aurais une famille, mes enfants seraient à Poudlard, peut-être dans ta classe, qui sait...

Le Serdaigle baissa la tête.

- Excusez-moi d'avoir fait resurgir de mauvais souvenirs... dit -il doucement.

- Ce n'est rien, tu as le droit de savoir... Tout ceci n'est pas écrit dans les livres.

- Merci monsieur...

- Mais de rien, bonhomme.

Assit droit sur la première marche du perron, Harry soupira. Soudain on posa une main entre ses oreilles et il se hérissa.

- C'est moi, dit McGonagall en se postant près de lui. Tout va bien ? Vous ne vous ennuyez pas trop ?

- Non, non, j'admire ce que vous avez fait de l'école, Madame... Il y a tellement d'élèves...

- Mille quatre cent trente-deux exactement, répondit la Directrice. C'est quatre fois plus qu'à votre époque mais il faut dire que nous avons beaucoup de « rajoutés » ...

- Les élèves de Durmstrang je suppose. J'ai lu cela dans un journal volé. Ce n'est pas plus mal du reste. De toute façon, Durmstrang est une école dangereuse.

McGonagall hocha la tête et la cloche sonna. La vieille femme le gratifia d'une caresse sur la tête puis elle s'en alla et Harry regarda les élèves rentrer et se disperser dans le château pour rejoindre leurs salles de classe.

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