Chapitre 15

- Chers élèves, chers professeurs ! Un peu d'attention, s'il vous plait !

La voix de McGonagall s'élevant aussi tôt dans la Grande Salle étonna tout le monde. En temps normal, personne ne parlait aussi solennellement le matin au petit-déjeuner, chacun préférant se réveiller tranquillement face à un bon gros bol de café ou de thé bien fort.

- Que se passe-t-il ? demanda Hagrid à Sinistra, assise près de lui.

- Je l'ignore...

Le professeur d'Astronomie posa sa tartine au bord de son bol, en appui, et regarda McGonagall qui s'était levée de son fauteuil.

- Chers élèves, reprit-elle. J'ai une annonce à vous faire.

Les élèves se regardèrent les uns les autres, de même que les professeurs, chuchotant entre eux et McGonagall reprit :

- Hier soir, le professeur Rogue est venu m'annoncer la visite de quelqu'un que nous n'avons pas revu depuis de très nombreuses années...

« Voldemort » sauta de la nuée des chuchotements et un frisson parcouru la salle. La vieille Directrice ne se laissa pas démonter et reprit :

- Depuis vingt-cinq nous avions perdu sa trace... Disparu du jour au lendemain...

Il y eut de nouveau chuchotements puis la voix de McGonagall acheva :

- Harry Potter est de retour parmi les siens.

- Harry Potter ? Potter ? chuchota-t-on de tous côtés, même chez les professeurs. Il est vivant ?

- J'ignore pourquoi il est parti si brusquement, il y a vingt-cinq ans, ni pourquoi il s'est caché aussi longtemps, reprit McGonagall .J'imagine qu'il se tient quelque part autour de nous, prêt à se montrer, mais, chers élèves et professeurs, je vous demande de ne pas ébruiter sa présence hors du château, à qui que ce soit. Il n'y tient pas. Pourquoi, là encore, je ne sais pas. Mais retenez cette promesse.

Les élèves hochèrent la tête, puis les professeurs, trop choqués par la nouvelle. Certains n'avaient jamais vu ce nom ailleurs que dans les livres et encore moins vu Harry Potter en vrai. Il était quasiment une légende et un modèle pour les plus jeunes...

Depuis la longue table où il se trouvait, Rogue fit alors un signe de tête en direction du plafond. Toutes les têtes se tournèrent dans la même direction et il y eut alors des « oh ! » et des « ah ! » de toutes parts.

- Regardez ! Sur la Grande Porte ! s'exclama une Serdaigle en pointant un doigt dans la direction des immenses portes en or. C'est le Sinistros !

- Mais non, c'est un gros loup ! s'exclama un élève.

Harry se tenait en effet là-haut, debout sur ses quatre pattes, regardant la foule de petits sorciers abasourdis. Il était là depuis le début mais s'était dissimulé sous un sortilège de Désillusion.

- Potter... soupira Rogue.

Le regard d'émeraude du Gryffondor se braqua sur lui et soudain, le brun sauta souplement du haut des portes et atterrit tout aussi souplement au bout de l'allée centrale, comme si les quatre mètres le séparant du sol n'avaient été que la hauteur d'un vulgaire fauteuil...

- C'est un loup ! s'exclama un Gryffondor en bondissant de sa chaise.

Harry regarda autour de lui en couchant les oreilles, comme craintif. Soudain, il se mit à marcher, sur ses quatre pattes et il rejoignit McGonagall qui avait contourné la table des professeurs, une stupeur sans nom sur le visage.

- Po... Potter ? bafouilla-t-elle en descendant de l'estrade.

- Lui-même, répondit Harry d'une voix rocailleuse, grave et chaude. Heureux de vous revoir, professeur McGonagall.

- Mais... Mais... Nom d'un Dragon, professeur Rogue ! aboya-t-elle soudain en direction de Rogue qui eut un mouvement d'épaules dans son fauteuil. Qu'est-ce que cette mascarade ?

- Madame, intervint Harry. Il n'y est pour rien. Je vous expliquerai tout, mais plus tard.

Le brun se redressa alors sur ses jambes et McGonagall porta une main à son cœur. La bête au pelage noir et aux yeux d'émeraude qui se tenait devant elle faisait près de deux mètres de haut et son torse large n'était pas très attrayant tant il reflétait une puissance hors du commun.

Dans son dos, Harry entendit les élèves parler entre eux. Lorsqu'il se retourna, tout le monde se tut. Le brun s'assit alors sur son postérieur en restant droit, comme toutes les fois où il avait discuté avec Rogue, les jours précédents.

- Vous n'avez pas à avoir peur de moi, les enfants, dit-il lentement. Je suis inoffensif et cette apparence de loup que je me suis donnée cache des blessures bien plus affreuses dont j'ai décidé de vous épargner la vision... à tous.

Disant cela, il regarda Rogue et McGonagall tour à tour puis ajouta :

- Comme le professeur McGonagall vous l'a dit tout à l'heure, je ne souhaite pas que ma présence dans ce château soit révélée au Ministère et encore moins aux journaux. Je ne suis pas... présentable...

Le brun regarda Rogue qui lui fit un signe de tête puis il dit :

- Je vais m'installer dans ce château jusqu'à ce que je retrouve mon apparence d'origine. Comme je l'ai dit tout à l'heure, j'ai subi de très graves blessures il y a vingt-cinq ans, lors de mon affrontement contre Voldemort, et depuis je ne suis plus... regardable. Voilà pourquoi je me suis enfui sans rien dire à personne... pour éviter que mes proches souffrent de mon aspect. Même si pour vous, mon histoire ressemble plus à une légende, tant vous êtes jeunes, tous...

Dans le silence de la salle, un bras se leva. Harry tourna la tête et McGonagall fit signe à la jeune fille de parler. Elle avala sa salive bruyamment puis se leva.

- Quel genre de... blessures ? Des cicatrices ? demanda-t-elle d'une toute petite voix, les joues rouge vif.

- Si ce n'était que cela, dit Harry. Les cicatrices sont supportables, on s'y habitue. Non, je n'ai pas de cicatrices, enfin hormis celle qui a fait de moi le Garçon-qui-a-Survécu. Non, les enfants, les blessures que je cache sous cette apparence de loup sont dues à la Magie Noire. Lorsque j'ai abattu Voldemort, un sortilège, je pense, qu'il s'est infligé à lui-même, m'a contaminé. Ses immenses pouvoirs m'ont été transférés et mon corps ne l'a pas supporté. Il s'est transformé, de la même manière que celui de Voldemort, mais à côté de moi, lui était regardable...

Il y eut des murmures dans la salle. Harry perçu certains regards abasourdis, d'un air de dire « S'il trouve que Voldemort était regardable c'est que ça doit être grave ce qu'il a... »

Un silence passa puis McGonagall demanda :

- Où logez-vous monsieur Potter ?

- Dans la Salle sur Demande.

- Enfin je veux dire...

- Oh vous parlez d'avant ? Sur la côte, non loin d'ici. Je m'étais approprié une grotte à mi-falaise. J'ai des aptitudes hors du commun, de nouveaux pouvoirs que j'ai su apprivoiser avec le temps... À présent, je me sers aussi bien de la Magie Blanche que de la Magie Noire, elles cohabitent toutes les deux en moi.

McGonagall hocha la tête. Elle regarda ensuite les élèves puis elle signala à tous de filer en cours. Les professeurs se levèrent les uns après les autres, contournèrent la table et s'approchèrent de Harry qui resta sans bouger, posé sur son arrière-train, le dos droit et les bras croisés.

- C'est incroyable, monsieur Potter, dit Sinistra en approchant une main. Je peux ?

Harry ferma les yeux et ses oreilles se couchèrent en arrière quand la sorcière posa sa main sur sa tête. Elle la retira cependant rapidement, se souvenant que c'était un homme qu'elle avait devant elle et non un véritable loup.

- Hallucinant...

Harry tourna la tête et vit Hagrid. Dépassant tout le monde de plusieurs centimètres, Le professeur de Soins aux Créatures Magiques semblait bouche bée.

- Hagrid, reprenez-vous, grogna McGonagall.

- Vous savez ce que c'est comme loup ? demanda le professeur de sa voix rude. Un Loup des Montagnes ! Je ne connais personne qui en ai vu un vivant depuis des siècles !

- C'est Potter, persifla la Directrice, visiblement de méchante humeur.

- Mais c'est aussi un spécimen d'une race invisible, dit Rogue. Hagrid a raison. Potter, je suppose que vous avez choisi cette apparence...

- En fonction de ce que j'avais déjà comme... atouts... répondit le Gryffondor en montrant ses grandes mains griffues. Je serais bien devenu un Cerf, comme mon Patronus mais un herbivore avec des griffes pareilles, c'est moyen.

- J'imagine, dit Rogue en plissant le nez. Professeur Lorne...

- Oui ?

- Qu'en pensez-vous ?

Harry regarda ledit professeur et vit une femme blonde, grande, à la mâchoire carrée et au regard bleu saisissant. Il comprit qu'elle était le professeur de DCFM rien qu'au regard avide qu'elle posa sur lui mais il ne comprit pas très bien pourquoi il l'intéressait à ce point.

- C'est un spécimen impressionnant, dit-elle, les bras croisés. Un authentique spécimen, exactement comme ils sont décrits dans les livres par les rares personnes qui ont pu en voir un vivant. Madame la Directrice, me permettriez-vous de faire un cours sur les Loups des Montagnes dans la semaine ? Enfin si Monsieur Potter est d'accord bien entendu.

- Avec joie, dit Harry.

- Si Monsieur Potter est d'accord... grommela McGonagall.

Harry regarda la vieille femme. Sous sa mauvaise humeur elle cachait bien évidemment son soulagement de le voir revenir vivant, mais elle lui en voulait aussi très clairement.

Se promettant de lui parler tranquillement plus tard, Harry reporta son attention sur les autres professeurs. Soudain la cloche sonna et ils s'égaillèrent comme une volée de moineaux.

- J'ai faim, dit alors Harry à Rogue qui l'interrogeait du regard.

- Servez-vous, dit ce dernier en montrant les tables encore couvertes de victuailles.

- Vous savez, manger pendant vingt-cinq ans de la viande crue ou cuite, c'est lassant, répondit Harry. Je chassais moi-même mes repas quand je n'ai plus eu d'argent pour les acheter mais...

McGonagall marmotta quelque chose et Harry la regarde, étonné.

- Pourquoi êtes-vous aussi rude, Madame ? demanda soudain Harry. Vous m'en voulez pour quoi au juste ?

La vieille sorcière fronça les sourcils.

- Allons, vous ne vous en doutez pas ?

- Heu... dit soudain Rogue. J'ai un cours...

Il fila sans demander son reste et Harry fixa McGonagall de son regard vert. La vieille femme le regarda puis elle soupira soudain et décroisa les bras.

- Je vous en veux parce que vous nous avez abandonnés, Potter ! dit-elle. Nous aurions très probablement pu vous aider, mais vous avez préféré fuir comme un lâche...

- Je ne suis pas un lâche ! gronda Harry en montrant les dents. Le seul lâche que je connais est mort et enterré depuis vingt-cinq ans ! Cessez de dire cela. Si je suis parti, c'est pour vous protéger, vous, mes amis, ma famille ! Je n'avais aucune envie de vous imposer la vision de mon corps se transformant, déformé, abîmé, par la Magie Noire. De plus je suis devenu extrêmement violent quand le sortilège a pris possession de mon esprit. J'ai fait fuir un village entier de Moldus rien qu'avec mes cris de douleur ! Maintenant, ils pensent que ce village est maudit !

McGonagall pinça les lèvres. Harry baissa soudain la tête en soupirant puis il tendit une main vers la vieille sorcière en disant :

- Donnez-moi votre main, je vais vous montrer à quoi je ressemble sous cette apparence de loup...

McGonagall décroisa ses bras, surprise.

- Potter... Si vous ne...

- Vous cesserez peut-être de m'en vouloir, répliqua Harry pour la faire taire.

McGonagall ravala ce qu'elle allait dire puis, tremblante, elle tendit une main ridée et osseuse. Harry la prit délicatement entre ses griffes puis il ferma les yeux et transmit à la vieille femme la silhouette de son corps à contre-jour puis quelques images de ses mains griffues et déformées. (1)

Ce fut la Directrice qui brisa le contact en retirant sa main et Harry la regarda avec pitié.

- Vous...

- Je suis un monstre, Madame...

- C'est... C'est affreux... Cette peau noire et luisante... Et ce corps désarticulé...

- Vous comprenez pourquoi je n'avais aucune envie de que vous subissiez ça, tous ? Vous êtes la seule famille qu'il me reste... Vous, Poudlard, les Weasley... Je n'ai personne d'autre à part vous tous... et je n'avais aucune envie de vous faire fuir.

- Nous... Nous nous y serions habitués et...

- Non, dit Harry en secouant la tête. Au bout de vingt-cinq ans je ne me suis toujours pas habitué à me voir ainsi... Je suis un Monstre et rien n'y changera. Je suis venu ici pour demander de l'aide à Hermione mais comme elle est partie, je me suis rabattu sur le professeur Rogue qui est le plus proche de moi et le seul capable de m'aider... sans vous offenser, Madame, mais un professeur de Potions contre un professeur de Métamorphose, il n'y a pas photo.

- Je... Je comprends, dit la femme, encore secouée. Bien... Bien, allez... allez chasser ou... ou je ne sais quoi...

Harry fit un signe de tête puis il se releva sur ses jambes et marcha de sa démarche déhanchée jusqu'aux portes de la salle. Arrivé, il tourna à demi la tête et vit la vieille femme se laisser tomber sur une chaise en soupirant. Il baissa les yeux, conscient de l'avoir secouée, mais il quitta néanmoins la salle et traversa le hall d'entrée en quelques enjambées.

Arrivé aux Grandes Portes, il sortit sur le perron, regarda les élèves aller et venir, ceux allant chez Hagrid et ceux allant dans les Serres, puis il secoua la tête et se jeta en avant. Il partit ensuite à fond de train, sur ses quatre pattes, jusque dans la Forêt Interdite où il allait bien trouver un lapin à se mettre sous la dent.

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