Chapitre 14

McGonagall fut si surprise quand Rogue lui annonça, le soir même, qu'Harry vivait depuis deux mois dans la Salle sur Demande qu'elle dû s'asseoir et boire un verre de Whisky Pur Feu. Elle en vida même un second cul sec, par précaution.

- Il est... ici ? Mais... Pourquoi n'a-t-il rien dit, nom d'un Dragon ! bafouilla-t-elle, pâle.

- Il... Il est arrivé ici quelques semaines avant les vacances de Noël... hésita Rogue. Il voulait me parler mais il n'a pas réussi à m'atteindre avant les vacances...

- Nous sommes quasiment au mois de février, fit remarquer la vieille femme, les sourcils froncés. Qu'attend-t-il ? Et pourquoi vous avoir parlé à vous ? Vous ne pouvez pas vous sentir !

Rogue grimaça et haussa les épaules.

- Hé bien... Je suis le seul professeur, hormis vous, avec qui il est suffisamment proche pour que j'accepte de l'aider, répondit-il. De plus, de la façon dont il m'a... annoncé qu'il vivait à Poudlard, vous n'auriez pas aimé du tout... dit -il en plissant le nez.

Il avait eu une frousse bleue quand les grands bras velus s'étaient refermés sur lui et qu'une main s'était plaquée sur sa bouche pour l'empêcher de crier... Même après un mois et demi, il en frissonnait encore.

- Je vois... Bon, et que veut-il que je fasse ? demanda la vieille femme dans un soupir.

Rogue se redressa et noua ses mains dans son dos.

- Demain matin, vous annoncerez à tous les élèves et professeurs, lors du petit-déjeuner, que Potter est dans le château, dit-il, sérieux. Mais vous devrez faire promettre à tout le monde de ne rien dire à quelqu'un qui ne soit pas interne au château. Potter ne souhaite pas que le monde sorcier sache qu'il est de retour... pour le moment.

- Mais pourquoi Diable ! s'exclama McGonagall.

Ses longues mains ridées agrippèrent les bras de son fauteuil et Rogue fronça les sourcils. Il prit une inspiration puis dit :

- Vous verrez demain... Il se montrera à tous...

Les yeux de la vieille sorcière se plissèrent derrière ses lunettes carrées. Elle soupira ensuite profondément puis fit un geste du menton et Rogue tourna les talons, conscient qu'il ne lui fallait pas trop s'attarder, que la Directrice était plutôt de mauvaise humeur à présent.

En bas de l'escalier il croisa le professeur Nuage, le professeur d'Études des Moldus depuis la disparition de Charity Burbage, lors du règne de Voldemort.

- Professeur Nuage, je serais vous j'attendrai un peu avant d'aller voir la Directrice... lui souffla-t-il.

- Ah bon ? Pourquoi donc ? dit la sorcière en haussant les sourcils.

- Elle est disons... de mauvaise humeur...

Rogue agita une main molle.

- Oh je vois., lâcha alors Nuage en fronçant les sourcils. Que lui avez-vous encore fait ?

- Mais rien voyons... répondit Rogue, surpris. Pourquoi est-ce que tout le monde me soupçonne tout le temps dès que quelque chose ne va pas dans ce château ? C'est un monde quand même !

- Ne vous emportez pas voyons, j'ai simplement supposé cela parce que vous descendez de son bureau en me disant qu'elle est en colère, voilà tout. Vous devriez vous détendre, Severus, vous semblez à bout de nerfs...

Rogue marmonna quelque chose puis il retourna chez lui et s'y enferma pour le reste de la journée, n'ayant pas de cours cet après-midi.

Harry se trouvait dans la Salle des Objets Perdus. Roulé en boule, sa queue sur le museau, il réfléchissait. Cette apparence était confortable, il avait des sens extrêmement aiguisés, parfois un peu trop. Certes, au fil des années, il s'était habitué à son horrible apparence dégingandée, à sa force et sa souplesse, à ces griffes tranchantes comme des lames de rasoir... Tout cela allait terriblement lui manquer quand il serait redevenu un humain, à condition que Rogue parvienne à fabriquer une potion suffisamment puissante... quitte à avoir recours à la Magie Noire pour la renforcer.

Harry soupira. Son souffle chassa un nuage de poussière sur le sol. Soudain, ses oreilles frémirent et il releva la tête, écoutant, aux aguets.

- Potter, c'est moi... Où êtes-vous ?

- Ici, dit Harry en reconnaissant la voix de Rogue.

Il reconnut ensuite son pas si particulier puis l'homme en noir jaillit de derrière une étagère surchargée d'objets hétéroclites.

- Que se passe-t-il ? demanda le Gryffondor.

- J'ai dit à la Directrice que vous étiez ici... J'ai cru revenir cinquante ans plus tôt...

Rogue avisa une caisse et s'y laissa tomber en disant :

- Si demain vous ne vous pointez pas dans la Grande Salle, je vous écharpe de mes mains et je me fais une descente de lit avec votre peau, compris ?

Harry eut un roulement qui laissa penser qu'il riait puis, en appui sur les coudes, il leva une main en disant :

- Je vais avoir du mal à m'habituer à ne plus avoir ces redoutables armes...

- Rassurez-vous, vous n'êtes pas encore redevenu humain ! s'exclama Rogue en grimaçant.

- Ça va prendre du temps ? demanda Harry en le regardant.

- Hé bien... Étant donné que j'ai une image assez nette de ce à quoi vous ressemblez sans cette forme canine, il vaudrait mieux pour vous rester un loup tout le temps de la préparation du remède, quel qu'il soit... répondit le sombre professeur. Afin de ne pas faire mourir de frayeur les jeunes cœurs qui évoluent dans ce château... et les vieux aussi.

- Je suis navré de vous avoir fait peur, dit Harry. Cependant, n'hésitez pas à utiliser la Magie Noire si cela peut vous ouvrir d'autres voies. Faites tout ce que vous pourrez, je veux redevenir humain.

Rogue resta silencieux un moment. Il se gratta le nez brièvement puis dit :

- Il faudrait que j'aie accès à la bibliothèque de Lucius Malefoy et à celle du Lord... Elles sont une mine d'or en termes de livres sur la Magie Noire...

Harry se redressa, les oreilles dressées.

- Lucius Malefoy est... toujours vivant ? dit-il.

- Oui, dit Rogue. À Azkaban, depuis vingt ans.

- Chapeau...

- Ohn Azkaban n'est plus la même qu'avant vous savez... soupira rogue. C'est toujours une prison de haute sécurité mais ce sont des Aurors qui la gardent, il n'y a plus de Détraqueurs. Les prisonniers sont cependant enfermés dans leur propre corps par une potion que je trouve barbare...

Harry cligna des yeux puis il pencha la tête.

- Vous avez changé professeur, dit-il. Votre cœur est toujours aussi froid mais... il y a quelque chose que je n'arrive pas à saisir...

Rogue eut un rire bref puis répondit :

- Probablement parce que j'ai perdu la seule femme qui m'a un jour aimé alors que je suis... ce que je suis... dit-il. J'ai passé neuf ans à Azkaban pour avoir assassiné Dumbledore et j'ai assumé, même si cet assassinat était une demande de notre Directeur...

- Je l'ai su... dit Harry en baissant la tête. Si vous saviez à quel point je vous en ai voulu, monsieur... Je ne pensais pas pouvoir haïr quelqu'un aussi fort, mais chaque fois que je voyais votre nom quelque part j'avais envie de vous tuer...

Rogue rentra le menton.

- Rassurez-moi, ce n'est plus le cas ?

Harry retroussa babines.

- Vous ne seriez déjà plus qu'un tas d'os si c'était encore le cas...

Les griffes du brun cliquetèrent sur le sol de pierre et Rogue déglutit.

- Hem, dit-il en se raclant la gorge. Pour en revenir à votre retour à la normale... Je pense que cela risque de prendre des semaines, voire des mois... Vous êtes un cas totalement unique, personne n'a survécu aussi longtemps à un sortilège de Magie Noire de cette ampleur. Vous êtes vraiment un garçon hors du commun... Vous êtes un Maître-Sorcier... Vous avez en vous vos pouvoirs de sorcier blanc, ainsi que ceux du plus puissant Mage Noir que la Terre a porté... Ce n'est pas rien et je suis impressionné car vous avez toute votre tête. C'est un exploit.

Harry eut un reniflement étrange. Il regarda ailleurs puis Rogue se leva et dit :

- Demain matin, Potter. Essayez de ne pas faire hurler les élèves... Arrivez tranquillement. D'accord ?

- Oui, monsieur, dit Harry. J'ai l'impression que cela fait des siècles que je n'ai plus associé ces deux mots... ajouta-t-il doucement.

Rogue eut l'ombre d'un sourire puis il quitta la pièce surencombrée et Harry sentit son estomac se creuser. Il se leva et alla farfouiller dans les provisions qu'il avait faites la nuit passée en faisant une razzia dans les placards des cuisines.

A suivre...

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