Chapitre 11

Harry, affublé de son apparence de loup, avait passé le mois qui venait de s'écouler, à errer régulièrement dans le monde magique. D'abord c'était sur le Chemin de Traverse, dans l'Allée des Embrumes précisément. Il y fureta quelques jours, histoire que les gens s'habituent à sa présence puis il s'aventura sur le Chemin de Traverse et provoqua inévitablement des séries de regards surpris ou terrifiés.

Le premier à mettre un nom sur son apparence fut un vieux sorcier à la barbe noire en broussaille, un matin très tôt, alors que le brun venait d'apparaître près de Gringotts, comme à son habitude.

- Excusez-moi, monsieur...

Harry regarda autour de lui puis baissa la tête et vit le vieil homme.

- Je peux vous aider ? demanda-t-il le plus aimablement que sa gueule hérissée de dents le pouvait.

L'homme déglutit puis demanda :

- Pardonnez-moi de vous déranger mais... Vous êtes bien un Loup des Montagnes, non ?

Harry regarda l'homme de ses yeux verts sous son capuchon.

- Qu'est-ce qui vous le fait penser ? demanda-t-il.

- Hé bien... Votre grande taille, le fait que vous marchiez sur deux pattes, votre fourrure noire et votre façon de vous vêtir... Et aussi, vos yeux verts comme des émeraudes...

Harry cligna des yeux puis s'accroupi pour être à la hauteur de l'homme qui déglutit bruyamment.

- Alors vous avez vu juste, dit-il avec un sourire. Je suis bien un Loup des Montagnes.

L'autre bondit littéralement de joie.

- Merlin soit loué ! dit-il en levant les mains au ciel plombé. Vous venez d'illuminer ma journée, Messire Loup !

- M'en voilà ravi... dit Harry en souriant. Mais puis-je vous demander en quoi ?

- Vous ignorez la légende ?

Le sorcier haussa les sourcils, enthousiasme envolé.

- Une légende ? Sur les Loups de Montagnes ? demanda Harry. Non, je ne crois pas en avoir entendu parler...

Le sorcier hocha vivement la tête.

- Oui... Quiconque en voit un vivant est assuré d'avoir une grande chance dans les jours qui vont suivre ! Messire Loup, vous êtes mon sauveur ! Je vais aller jouer à la loterie et il se peut que vous me rendiez riche !

Harry baissa la tête.

- S'il n'y a que ça, dit-il, amusé.

- Je vous remercie !

L'autre s'inclina soudain puis tourna les talons et fila ventre à terre. Harry le regarda partir en souriant et discrètement, il lui jeta un sortilège de chance, histoire que la légende soit vraie au moins pour lui...

Secouant la tête, Harry retourna fureter dans la vaste allée marchande, ayant une grande préférence pour le parc où il pouvait grimper dans un arbre et voir sans être vu les sorciers aller et venir sans se douter de rien. Il glanait ainsi des infos sur les derniers faits divers et remettait ainsi à jour les entrées de sa base de données personnelle.

Harry avait patienté jusqu'au mois de décembre sans se manifester à nouveau auprès de Malefoy. Rentré du Chemin de Traverse et allongé au soleil au bord de sa caverne, il cherchait dans sa tête qui, à Poudlard notamment, pourrait l'aider à sortir de son cauchemar. Soudain, un nom lui sauta à l'esprit : Rogue...

Le Gryffondor pesa le pour et le contre pendant quelques secondes puis il chercha comment contacter le professeur de Potions sans qu'il ne prenne peur ou n'ameute tout le pays.

- Poudlard... dit le brun. Oui, voilà, je vais aller là-bas pour pouvoir parler à Rogue sans risquer d'être repéré... Et en plus j'aurais une nouvelle maison chauffée...

Décidé, il rassembla des affaires, les maigres choses auxquelles il tenait, puis il quitta sa grotte et transplana à Pré-au-Lard. Comme il faisait nuit noire, il n'eut aucun mal à se faufiler dans la Forêt Interdite puis le long des murs de Poudlard. Il se glissa ensuite rapidement jusqu'au seul passage secret dont il se souvenait et qui conduisait dans le château, et il s'y engouffra, plié en deux, silencieux, ne s'étonnant qu'à moitié d'avoir pu entrer aussi facilement sans qu'une alarme ne retentisse. Sans doute le château l'avait-il reconnu, ou bien les sortilèges n'avaient pas détecté d'intention malveillante chez lui.

Après vingt-cinq ans sans revenir à Poudlard, Harry s'étonna de la facilité avec laquelle les souvenirs lui revenaient. Il trouva le chemin de la Salle sur Demande en un rien de temps et lui ordonna de se montrer sous son aspect de Salle des Objets Perdus. Le Gryffondor décida que cet endroit serait désormais son chez-lui. Il déposa ses affaires dans un coin, se fit une sorte de nid avec des vieux draps et de vieux matelas trouvés un peu partout, et entreprit de retourner lentement au monde en furetant dans les couloirs, silencieusement, comme une ombre, s'abreuvant des chuchotements des tableaux.

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Le mois de décembre s'égrena lentement et Harry vit approcher, jour après jour, les vacances de Noël avec une certaine appréhension. Il était dans sa nouvelle maison depuis trois semaines et il n'avait encore pas trouvé le bon moment pour coincer Rogue. Celui-ci était soit avec un collègue, soit pressé, soit avec des élèves, soit en cours... jamais seul.

Agrippé au sommet du mur, sur une moulure, Harry, protégé par un sortilège de Désillusion, observait les allées et venues des élèves et des professeurs dans le grand hall d'entrée du collège. Il était là depuis plusieurs minutes et, lorsque la cloche retentit, le Gryffondor attendit que le hall fût entièrement vide pour descendre de son perchoir.

Depuis trois semaines, il avait revisité le collège de haut en bas, allant même dans les endroits où, élève, il n'avait jamais mis les pieds. Le dortoir de Gryffondor – qu'il n'avait vu que dehors, agrippé à une gargouille –, et la Bibliothèque, avaient fait remonter en lui de douloureux souvenirs ainsi que des visions de son passé, surtout avec Malefoy.

Ces retours en arrière n'avaient jamais été aussi fréquents que depuis qu'il s'était installé dans le collège et c'était normal, quelque part. Il avait vécu, au total, huit ans dans ce château et chaque salle, chaque couloir était imprégné d'un souvenir. Surtout la dernière année...

Sortant du château par une fenêtre, Harry se hissa le long de la muraille verticale en glissant ses griffes entre les pierres. Il atteignit le toit d'une tourelle, sauta sur le mur d'en face et continua de grimper, jusqu'à la minuscule tourelle qui abritait le bureau de feu Dumbledore, aujourd'hui McGonagall.

Le brun aimait beaucoup s'installer sur une gargouille où même carrément devant la fenêtre, assit sur le rebord. Soigneusement dissimulé sous son sortilège, il ne craignait rien sinon une simple impression d'être observé, de la part des gens qu'il regardait.

Mais Harry n'était pas sur ce toit, devant cette petite fenêtre à croisées aux carreaux sales, pour rien. Rogue se trouvait là, en face de McGonagall, et discutait avec elle. Une jeune femme se tenait près de Rogue, les bras croisés, et Harry eut un coup au cœur en reconnaissant Hermione malgré ses cheveux lissés et soigneusement tirés en arrière.

- Que tu es jolie, Hermignonne... chuchota le brun, ses grandes mains plaquées sur la vitre. Même avec ces petites rondeurs, tu es belle... Mais tu es ronde, c'est normal, tu as eu quatre enfants...

Harry baissa les yeux et se rencogna entre une gargouille et le mur.

- Des enfants... En aurais-je un jour ? Rien de moins sûr...

Déprimé, le brun redescendit par où il était arrivé et alla s'enfermer dans la Salle sur Demande. Il se roula en boule dans ses couvertures et rumina de sombres pensées jusqu'à tard dans la nuit.

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