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J'étais avec Sirius dans la salle commune. Comme à son habitude, il évitait tout contact tactile. Je ne sais pas quel était son problème. Ça fait deux ans qu'on est ensemble et depuis la rentrée, il évite de se trouver seul avec moi, comme s'il avait peur. Alors moi, je fais avec. Il n'a pas envie, il a peur, soit, mais là, on parle de Sirius, le gars qui a dû se taper l'école entière. Si quelqu'un devait avoir peur, c'est moi.

– Ça va, Moony ? – dit-il en me regardant, l'air inquiet.

– Ouais, super – dis-je glacialement.

– Je... ok... bon, non, pas ok. Qu'est-ce qu'il se passe ? J'ai fait quelque chose de mal ?

– Non... c'est moi... laisse tomber.

– Moony, tu es mon copain... tu dois tout me dire.

– Parce qu'on est ensemble maintenant ? – dis-je ironiquement.

– Bah oui, depuis deux ans... Qu'est-ce qu'il te prend, Remus ?

– C'est plutôt moi qui devrais te poser la question, tu ne crois pas ? Depuis la rentrée, tu m'évites, tu trouves une excuse à chaque fois qu'on est "que tous les deux" et tu me laisses comme un con. Merde, Sirius, la dernière fois, tu m'as dit que tu avais un devoir de métamorphose à terminer !

Sirius s'enfonça de plus en plus dans le canapé. Ses yeux se remplirent de larmes.

– Je... Rem...

– Sirius, si tu ne veux pas ou juste que tu en as marre de moi, dis-le.

Il me regarda, l'air interloqué.

– Non... je n'en ai pas marre de toi... jamais... c'est juste que...

– Ok... c'est bon. Si tu veux me le dire, tu me le diras. Mais la prochaine fois, dis-moi juste que tu ne veux pas. J'en ai marre que tu trouves des excuses bidon.

Il baissa la tête et je partis.

J'en avais marre. Marre de mentir. Marre de ne pas craquer quand Remus m'embrassait. Marre de sourire même quand j'aurais préféré crever.

– Paddy, qu'est-ce qu'il se passe ? J'ai vu Remus partir, l'air accablé, et j'ai même vu des larmes se former dans ses yeux.

– Je...

– Ah... tu l'évites ? – dit James.

Je fermai les yeux pour ne pas me laisser submerger. James balança son sac et s'assit à côté de moi.

– Écoute, faut vraiment que tu lui dises. Je ne comprends pas... pourquoi tu ne veux pas lui dire.

– Parce que... – dis-je avant de m'interrompre. J'avais promis à Rem de garder son secret.

– Parce que je ne veux pas le mêler à ça.

– Pff... comme dit le dicton, le mensonge prend l'ascenseur et la vérité prend l'escalier.

– Que veux-tu dire ?

– Je veux dire que Remus finira par l'apprendre.

Je marchais dans les couloirs, prêt à regagner la salle commune, quand j'entendis la voix de Regulus au loin et celle de Sirius. Je restai derrière le mur pour écouter.

– Alors, Sirius, comment l'a pris ton petit copain ? – lança Regulus avec moquerie.

– Qu'est-ce que tu veux, Reg...

– Savoir... qu'a dit ton petit copain quand il a vu l'état de ton dos ? Hein ? Le pauvre a dû partir en courant – fit-il d'un ton faussement désolé.

– Ne le mêle pas à ça. Ce n'est pas ma faute si nos parents sont tarés.

– Ne m'inclut pas dedans, veux-tu. Je n'ai rien demandé et père et mère sont fiers de moi. Au moins ils ont un fils qui tient la route.

Je sentis la rage monter. Comment pouvait-il dire ça ? Comment pouvait-il traiter Sirius de cette façon ? Mais... quelle est cette histoire de dos...

– Je... comment peux-tu... tous les coups, tous les sorts que je me suis pris dans la gueule pour te protéger quand tu étais petit, Reg... Reggie... tu es mon frère... je... s'il te plaît...

– Comme c'est mignon, Sirius qui supplie. Mais Siri... tous ces coups, tu les méritais... tu étais qu'un pauvre insolent.

– C'est faux... j'ai simplement défendu les sang-mêlé.

– C'est ce que je dis... tu étais et tu seras toujours qu'un pauvre insolent qui ne mérite personne.

– C'est faux ! J'ai des amis, j'ai Remus... je l'aime... il m'aime – dit-il d'une voix désespérée.

– Sirius... Sirius... Sirius... ne t'es-tu jamais dit que s'il restait près de toi, c'était par pitié ? Sirius... personne t'aime et personne ne t'aimera jamais.

Puis il partit.

Quand je regardai dans le couloir, Sirius n'était plus là.

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