CHAPITRE XVII
(version antérieure)
« Ramène-moi d'où je viens ! Maintenant ! hurlait Allan. »
Raphaël, lui, semblait impassible, aucune expression ne traversait son visage et quant à Jane, elle restait muette, observant les deux fantômes se crier dessus. Du moins, Allan criait, Raphaël paraissait plutôt calme, ou alors, il tentait de le rester. Elle n'avait jamais vu Allan dans un état pareil. Il semblait en colère, effrayé et triste. Comme s'il ne se sentait pas en sécurité, son teint était encore plus blafard, ses yeux montraient de la fatigue et des cernes noires entouraient ses yeux tout comme ceux de Jane. Ils se ressemblaient légèrement sauf que Allan était beaucoup plus atteint.
« Allan... je t'en prie calme toi, supplia Jane d'une petite voix. »
Il avait les yeux grands ouverts, il semblait totalement paniqué, il ne faisait que regarder partout autour de lui comme si quelque chose allait lui bondir dessus à tout moment.
« Que je me calme ? Tu rigoles j'espère ? Je ne suis pas chez moi ! Je veux rentrer chez moi !
— Tu ne rentreras pas chez toi, assura Raphaël d'une voix calme mais légèrement menaçante. »
Le poltergeist posa ses yeux sur lui, il haussa les sourcils et pouffa de rire, c'était bien entendu ironique.
« Oh ça non, je ne rentrerai pas... C'est sûr puisque tu vas me faucher ! Tu vas te nourrir de mon âme et tu vas aspirer toute ma puissance. Monstre !
— Tu n'en as plus vraiment, c'est inutile, rétorqua Raphaël sur le ton de la provocation.
— Pauvre con ! »
C'était sûrement le mot à ne pas dire, le visage de Raphaël se ferma, il fixa longuement Allan puis il pencha la tête sur le côté en s'approchant doucement de lui.
« Pauvre con ? répéta-t-il suivit d'un haussement de sourcil. »
Allan ne le lâchait pas du regard, le défiant littéralement, il était simplement en colère et frustré d'avoir été arraché à l'endroit où il résidait depuis longtemps maintenant. C'était comme une déchirure, un cœur brisé. Cette maison était tout pour lui, le seul souvenir qui lui restait de sa mère, de sa vie d'avant, la seule chose qui lui rappelait qui il avait été.
« Pauvre con ?! hurla le faucheur à présent.
— Vas te faire voir, vas-y tue-moi si t'en as envie, ça m'est égal, maintenant que je n'ai plus aucune raison de me battre... je n'ai plus rien à quoi je pourrais me rattacher.
— Allan ! s'exclama Jane. Tu m'as moi ! »
Raphaël se retourna pour voir la jeune fille et Allan reporta son attention sur elle, comme si entendre cela le surprenait. Elle s'avança alors vers lui, le regardant droit dans les yeux et ignorant le démon.
« Tu m'as aidée, tu m'as conseillée, tu m'as même remontée le moral... laisse moi faire la même chose pour toi, d'accord ? Tu n'es pas seul, on est là-dedans tous les deux, on a le même problème tous les deux. Et comme on dit : à deux on est plus fort.
— Bon, c'est bien mignon, j'aurais même sorti les violons si j'en avais mais c'est pas bientôt fini le mélodrame ? J'ai presque envie de chialer, intervint Raphaël, sarcastique. C'est d'un ennui...
— C'est de ta faute si on en est là ! cria Jane en le foudroyant du regard.
— De ma faute ? Tu veux rire ? C'est de ta faute et seulement de la tienne.
— Pourquoi tu n'as pas fait ton boulot ? Tu étais censé faucher mon âme, pourquoi tu ne l'as pas fait ? On n'en serait pas là sinon ! »
Raphaël releva légèrement le menton pour ne pas paraître faible, ses yeux brillaient... de rage ? Ou d'autre chose ? C'était impossible à savoir derrière toute cette noirceur.
« Je t'ai sauvé la vie et c'est comme ça que tu me remercies ? fulmina-t-il.
— Tu m'as menti ! Je te faisais confiance, j'ai même imploré ton aide !
— Et je suis venu. Et j'ai voulu t'aider.
— Pourquoi ?
— J'en ai aucune idée. Ne me pose pas une question à laquelle je ne peux pas répondre. »
Jane détourna le regard pour s'occuper de Allan qui s'était laissé tomber par terre, implorant qu'on le ramène chez lui. Elle s'accroupit à côté de lui et lui prit le bras. Il fallait qu'il s'en remette, il fallait qu'il se batte, il ne fallait pas qu'il abandonne. C'était sûrement la seule personne à qui elle pouvait réellement faire confiance, Raphaël n'était qu'un traître, un menteur et un manipulateur. Jamais plus elle ne lui ferait confiance. Pas après ce qu'il avait caché. Elle s'en faisait la promesse.
« Allan, relève-toi...
— C'est comme perdre une partie de soi... Cette maison, c'était moi. Maintenant qu'est-ce que je suis ?
— Je te promets que tu retourneras dans ta maison quand tout sera réglé.
— Rien ne sera jamais réglé Jane, c'est terminé, je te l'ai déjà dit. Que Raphaël nous aide ou pas, on mourra, pour de bon, tous les trois et rien ni personne ne pourra empêcher ça. Tu crois qu'il est assez puissant pour se défendre contre tout un tas de faucheurs ? Personne ne l'est. Il sombrera, avec nous et on sera mort définitivement. Peut-être pas aujourd'hui ni même demain, mais ça arrivera. Retourne voir ta famille, dis-leur au revoir une dernière fois, rattrape ce que tu n'as pas pu faire Jane... il sera bientôt trop tard. »
Jane pouvait sentir les larmes couler sur ses joues, lorsqu'elle pleurait, elle avait l'impression d'être encore vivante sauf qu'elle ne l'était plus, ce n'était qu'une illusion et rien de plus. Oui, elle n'avait pas pu dire au revoir à sa famille, c'était ce qui l'avait poussée à contacter Andrew et c'était sûrement pour ça que Raphaël l'avait suivi se cachant derrière une ombre effrayante.
Il y avait-il un paradis ?
Que se passait-il lorsqu'on se faisait faucher ?
« Je t'en prie Allan, commença Jane, la voix chancelante. On ne peut pas abandonner, pas maintenant...
— Dehors je ne suis rien.
— T'es le seul en qui j'ai confiance... »
Raphaël s'accroupit face à Allan, celui-ci releva la tête pour sonder le regard du démon.
« Je vais regretter ce que je vais faire, assura Raphaël.
— Ne le tue pas ! paniqua Jane. »
Raphaël lâcha un soupir d'exaspération.
« J'ai une proposition à te faire Allan, en fait, la proposition compte pour vous deux. »
Tous les deux le regardaient sans rien dire, attendant avec angoisse sa proposition qui n'allait sûrement pas s'avérer être réjouissante.
« Devenez comme moi ou mourrez.
— Pardon ? s'enquit Jane.
— Devenez des faucheurs. Seul, comme l'a dit Allan, je n'y arriverai pas, mais il suffit que vous soyez comme moi pour qu'on ait une chance de s'en sortir.
— On ? répéta-t-elle. »
Raphaël ignora et reporta son attention sur le poltergeist, son visage s'était déridé, ses yeux étaient soudainement remplis d'espoir.
D'un dernier espoir.
« Allan, tu ne vas pas accepter quand même ? s'inquiéta Jane.
— Est-ce qu'on a vraiment le choix, Jane ? C'est soit ça, soit je reste pathétique jusqu'à ma disparition. Tu veux qu'on se batte, pas vrai ?
— Pas de cette manière ! Pas en volant l'âme d'autres fantômes !
— Je suis désolé, Jane... »
Raphaël aida le poltergeist à se remettre debout. Jane se leva à son tour en les regardant tous les deux les yeux écarquillés, elle n'en croyait pas ses oreilles. Allan allait devenir comme Raphaël ? C'était impossible, elle devait être en train de rêver ! Était-il si désespéré que cela ?
« J'accepte, assura-t-il au démon. »
Raphaël semblait plutôt heureux de cette nouvelle, il se tourna ensuite vers Jane. Elle ne voulait pas devenir comme ça. Depuis le début elle ne voulait rien devenir et à présent, elle semblait obligée ! C'était de la folie.
« D'accord, acquiesça-t-elle à contre-cœur. »
Raphaël esquissa un léger sourire prêt à les transformer. Pour Jane, c'était un cauchemar interminable.
Et ce n'était que le début ...
Le livre étant édité, je ne peux y laisser qu'un extrait.
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