CHAPITRE XV
( version antérieure)
« On devrait rentrer ! s'exclama Jane. Allan pourra m'aider, lui.
— Un poltergeist ? T'es vraiment sûre de toi ?
— Parce qu'un démon c'est pas encore plus dangereux par hasard ? »
Raphaël s'arrêta, il se tourna vers elle et mit ses deux mains sur ses épaules pour pouvoir la regarder droit dans les yeux. Les choses s'accéléraient, Jane était incontrôlable, elle apparaissait et disparaissait, parfois elle était piégée dans de vieux souvenirs ou alors, elle revivait le jour de sa mort, en boucle, encore et encore, sans qu'elle ne puisse rien faire.
« Tu peux dire ce que tu veux, est-ce que Allan t'as réellement aidé jusque là ? Est-ce qu'il t'as sauvé ? Non. Moi oui. Deux foutues fois !
— Et alors ? Allan est juste coincé dans une maison, il ne peut pas faire grand chose mais, lui, il m'écoute, il me comprend et jamais il ne m'aurait forcé à changer d'endroit. C'est pire ici, je peux le ressentir. »
Les larmes commençaient déjà à noyer les yeux de la pauvre jeune fille. Elle était apeurée. Qu'allait-il se passer si elle disparaissait ? Elle allait être perdue à tout jamais ? Peut-être qu'en ayant rien choisi elle avait fait une erreur, en fait, c'était même sûr et maintenant, c'était presque impossible de revenir en arrière.
« D'accord, on va rentrer, lança Raphaël à contrecœur. »
Elle hocha simplement la tête.
Durant le trajet du retour, Jane fut comme absorbée par ses pensées, comme d'habitude, cette fois-ci elle avait voyagé dans un souvenir plus gaie, lorsqu'elle était enfant.
Elle était avec Andrew, ils jouaient tous les deux, ils s'entendaient à merveille, elle était déjà amoureuse de lui alors qu'elle était encore toute jeune. Pourquoi ne l'avait-il jamais remarqué ? Ou peut-être l'avait-il toujours su mais n'en avait rien à faire. Ils étaient très complices plus jeunes, ils se voyaient presque tous les jours lorsqu'il n'y avait pas école et quand ils y allaient, ils restaient ensemble. Elle se souvenait même que Andrew la protégeait souvent. Elle se sentait souvent en sécurité, puis lorsqu'ils s'éloignèrent, ce sentiment d'insécurité réapparut, un sentiment qu'elle détestait et même morte, elle le ressentait, pourtant Raphaël était à ses côtés mais ce n'était pas suffisant. Il était bien trop brutal, parfois méchant dans ses propos et puis... il ne pouvait pas faire grand chose pour la sauver. Raphaël n'était pas un être gentil qui aimait aider les gens. Raphaël était un démon égoïste.
« Jane, t'es là ? demanda ce dernier.
— Quoi ?
— J'étais en train de te parler.
— Excuse-moi je pensais à autre chose ...
— Ouais, j'ai remarqué, soupira-t-il. »
Ils étaient de retour, Jane se sentait presque soulagée de se savoir près de sa famille et de sa meilleure amie. Elle préférait les savoir proche d'elle plutôt que loin, c'était un sentiment réconfortant, qui la rassurait.
« Alors, tu veux vraiment aller voir ce Allan ?
— Oui !
— Les démons et les poltergeists ne sont pas vraiment amis...
— Allan est différent, il est gentil.
— Si tu le dis. »
On aurait presque dit que Raphaël redoutait de croiser Allan pour des raisons encore inconnues. Sur ces mots, elle l'emmena jusqu'à la maison du poltergeist. Il faisait nuit, aucunes lumières n'étaient allumées, il n'y avait même plus la voiture de la famille qui y habitait garée devant le garage. Ils restèrent plusieurs minutes sur la pelouse, attendant patiemment que Allan se montre, mais il n'apparaissait pas.
« Bon, on fait quoi exactement ? s'impatienta Raphaël.
— Il se montre toujours lorsque quelqu'un met le pied sur la pelouse...
— Apparemment, non.
— Ce n'est pas normal.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
— On aurait au moins dû l'apercevoir à une fenêtre, mais là, il n'y a rien... et la maison semble inhabitée.
— Les poltergeists font fuir les habitants.
— Je sais, mais il se serait montré quand-même.
— Alors entrons ! s'agaça le démon.
— Quoi ? T'es fou ? Ce n'est pas notre demeure, il faut qu'il nous accepte à l'intérieur ou il risquerait de se mettre en colère !
— Je sais comment marche un poltergeist, c'est le cousin du démon. Ne t'en fais pas, il peut rien contre moi, je suis beaucoup plus puissant. »
Jane soupira mais finalement, elle accepta. Elle s'inquiétait pour Allan, ce n'était, certes, pas un ami très proche mais il avait été gentil avec elle, il lui avait donné des conseils, il l'avait écoutée, il l'avait même renseignée. Allan était gentil et pas si malfaisant que cela, même si la dernière fois qu'elle l'avait vu, ses cernes étaient beaucoup plus présentes, ses joues plus creuses, en fait il était plus effrayant qu'au début, un peu comme Jane à présent, comme si Allan aussi disparaissait, seulement il n'avait rien dit à ce propos.
Raphaël s'avança jusqu'à la grande porte d'entrée, Jane restait derrière lui, légèrement effrayée à l'idée que Allan ne les attaque. Ils passèrent à travers la porte, pour cela, Raphaël avait dû tenir le bras de Jane et ainsi, lui permettre de le suivre. Plus elle devenait faible, moins elle était capable de faire des choses de fantômes. Il faisait sombre dans la maison, seul le clair de lune éclairait légèrement les pièces. Ils avançaient doucement, se méfiant au moindre petit bruit suspect, mais c'était une vieille maison, le bois craquait, c'était normal. En tout cas, cela ressemblait parfaitement à une maison hantée.
Une fois le rez-de-chaussée inspecté, ils montèrent les escaliers toujours aussi prudemment, même si Raphaël ne semblait pas du tout effrayé. Il était plutôt à l'aise, comme s'il était intouchable. Lorsqu'ils entrèrent dans la chambre qui appartenait au petit Benji, ils purent l'apercevoir. Allan était assis dans un coin de la pièce, les jambes repliées contre sa poitrine, il chuchotait des choses à lui-même, c'en était même incompréhensible.
« Allan ? demanda Jane d'une petite voix. »
Il releva la tête brusquement, regardant autour de lui.
« Ne vous approchez pas, qui que vous soyez ! »
Raphaël jeta un regard perplexe à Jane. Cette dernière s'avança alors doucement vers le poltergeist, son visage était d'un teint cadavérique, ses joues étaient encore plus creuses que la dernière fois, ses yeux étaient entourés de noir, il faisait peur à voir et il semblait aussi effrayé, voir même désespéré.
« C'est moi, c'est Jane... tu te souviens de moi ? »
Allan posa ses yeux sur elle.
« Qu'est-ce que tu fais là ? Vas-t-en.
— Je ... non, tu as besoin d'aide.
— C'est fini pour moi, c'est fini, je n'étais pas assez fort. Ils vont m'avoir.
— Ils ? intervint Raphaël. »
Allan tourna la tête vers lui. Il se leva difficilement en s'appuyant contre le mur, fixant Raphaël d'un regard apeuré.
« Un... un... un... pourquoi tu l'as ramené ? C'est pour me tuer, c'est ça ?!
— Quoi ? Non, pas du tout ! Raphaël est gentil !
— Elle voulait dire Sam, rectifia Raphaël, légèrement mal à l'aise. »
Jane leva les yeux au ciel. C'était bizarre de voir Allan dans cet état, lorsqu'elle l'avait rencontré, il semblait confiant et à présent, il était si différent...
« Raphaël ? répéta Allan. Le Raphaël ? »
Jane fronça les sourcils, se questionnant. Elle se tourna alors vers le démon, son visage avait changé, il s'était totalement fermé, il fixait Allan comme s'il avait dit quelque chose qu'il ne fallait pas et qu'il s'apprêtait à lui sauter à la gorge.
« Qu'est-ce qu'il veut dire ? s'enquit Jane.
— Je m'appelle Sam, pas Raphaël.
— Pourquoi aurait-elle mentionné ce nom alors ? quémanda Allan. »
Elle les regardait tous les deux, Raphaël ne lâchait pas des yeux Allan qui semblait affreusement affaibli. Pourquoi cette hostilité soudaine ? Pourquoi ce regard assassin ? La façon dont l'avait dit Allan était étrange, comme si finalement, Raphaël avait fait parlé de lui. Pas en bien, c'était certain.
« Elle s'est trompée, rétorqua le démon.
— Non, je... qu'est-ce qu'il se passe à la fin ! s'énerva Jane.
— Est-ce que c'est vraiment Raphaël que j'ai devant moi ? demanda Allan. Tu viens pour me tuer, c'est ça ? J'en étais sûr... je ne peux pas échapper à tous les faucheurs.
— Mais de quoi tu parles Allan ? Raphaël est avec moi, pourquoi il te tuerait ? Et ce n'est pas un...
— Parce que c'est ce qu'il fait ! hurla le poltergeist. »
Ce qu'il fait ? Qu'est-ce qu'il voulait dire ? Est-ce que Raphaël tuait les autres fantômes ? Pour quelle raison ? Elle se retourna alors vers Raphaël, son regard était plus noir que jamais, il semblait vouloir tuer le petit poltergeist, mais Jane n'allait pas le laisser faire. Il était hors de question qu'il s'en prenne à Allan.
« Qu'est-ce qu'il veut dire ? questionna-t-elle.
— Il dit n'importe quoi, il a perdu la boule, ça se voit ! Son faucheur n'est pas loin !
— Alors quand on perd la tête, c'est que le faucheur à nos trousses est tout prêt ?
— Oui... soupira Allan.
— Quoi ?! Et tu ne me l'as pas dit ?! s'exclama-t-elle en fusillant du regard le démon.
— Jane... commença Raphaël.
— C'est son boulot, Jane, intervint Allan. »
Elle commençait à se perdre, elle ne comprenait plus rien, en revanche, son sentiment d'insécurité se fit ressentir, plus fort, plus présent. Il lui avait menti, finalement ce n'était pas si surprenant que cela, les démons mentent sans arrêt.
« Son ... son boulot ? répéta-t-elle.
— Jane... répéta Raphaël.
— Oh non, tais toi ! Tu voulais me livrer à mon faucheur, c'est ça ? C'est ça ton foutu travail ? Et pourquoi Allan te connait ? Dis-moi ce que tu fais réellement ! s'exclama-t-elle. »
Cette fois-ci, le démon daigna poser ses yeux sur elle, de si beaux yeux bleus, renfermant les ténèbres, elle n'arrivait même pas à savoir s'il était triste qu'elle ait finalement découvert son petit jeu ou s'il n'en avait strictement rien à faire. Il était impassible, sans sentiments, il lui avait dit : il ne ressentait rien.
« Réponds-moi ! cria-t-elle. Qu'est-ce que tu fais réellement ?!
— Je fauche des âmes. »
Elle le considéra quelques instants sans réagir, il n'y avait jamais eu de faucheur à ses trousses, il n'y avait eu que Raphaël.
« Tu comptais prendre mon âme ?
— Jane...
— Mais réponds-moi !
— Oui, avoua-t-il. »
Elle ne put retenir ses larmes qui lui roulèrent sur les joues, de fausses larmes évidemment, elle était morte. Ce n'était qu'une illusion.
Elle était morte et blessée à présent.
Et dire qu'elle commençait à l'apprécier, elle avait cru qu'il l'aimait bien aussi, elle avait cru qu'il tenait à elle, mais finalement il ne faisait que son boulot. Voilà pourquoi Allan avait eu peur de lui.
« Mais alors... l'ombre que je voyais... »
Raphaël claqua des doigts et une ombre apparut, Jane eut un mouvement de recul en la voyant, cette ombre l'effrayait. Quand le démon rebaissa son bras, la chose disparut.
« C'était moi, assura-t-il.
— Pourquoi tu m'as fait croire que tu me sauvais alors ? Pourquoi... tu m'as fait croire des choses ?
— J'en sais rien.
— Tu es réellement un démon ?
— C'est compliqué.
— Et ce que j'ai vu... ta... ta mort, c'était la vraie ?
— Oui, je me suis réellement fait assassiné il y a bien longtemps, j'ai vengé ma mort bien entendu. J'ai tué ces pourritures, ils n'allaient pas s'en tirer comme ça, rétorqua-t-il.
— Tu en as fais quoi ?
— Ça ne te regarde pas.
— Tu comptes faire quoi de mon âme ?
— Il va se nourrir avec, intervint Allan.
— Toi, ne t'immisces pas là-dedans ! s'exclama Raphaël. »
Se nourrir ? C'était un vrai cauchemar cette fois, elle s'était fait avoir. Il l'avait manipulé. Il avait joué avec elle tout simplement pour prendre encore plus son temps. Voilà pourquoi elle devenait de plus en plus faible, il se nourrissait ! C'était un être vicieux.
Dès qu'un faucheur est prêt d'un fantôme, il aspire ses pouvoirs. C'est pourquoi, les fantômes les plus fragiles perdent rapidement la tête et sont fauchés par la suite.
« Allan, partons d'ici, vite. »
Jane prit le bras du poltergeist et ils sortirent de la pièce, Raphaël les suivit.
« Tu fais la plus grosse erreur de ta vie Jane. Ils vont venir te chercher. Toi et ton ami le poltergeist.
— Tant que je suis loin de toi, ça me va !
— Ils se nourriront de ton âme !
— Je ne peux pas te faire confiance !
— Ils me recherchent aussi figure toi ! Pourquoi tu crois que les faucheurs au lycée voulaient notre peau ? Il y a bien longtemps que ton âme aurait dû être fauchée, mais je ne l'ai pas fait.
— Je ne peux pas te croire... tes intentions sont mauvaises, je le sais.
— Tu mourras dans ce cas.
— Je suis déjà morte ! »
Elle descendit les escaliers en aidant Allan à marcher, une fois en bas elle rassembla toute l'énergie qu'elle avait pour ouvrir la porte, par chance, elle réussit. Ils sortirent mais Allan se figea, elle le tira alors par le bras.
«Non, je ne peux pas ! Je ne peux pas quitter cette maison ! »
Derrière eux, Raphaël descendait les escaliers.
« Je t'en prie Allan, il faut qu'on parte ! Je sais que tu le peux ! Tu n'es pas obligé d'être un poltergeist, en fait, tu peux être un fantôme, comme moi ! Fais moi confiance, tu peux sortir d'ici ! Tu peux être libre.
— Je ne peux pas ! JE NE PEUX PAS ! »
Il semblait complètement effrayé à l'idée de quitter cette maison. Lorsque Jane releva la tête, les trois faucheurs du lycée se tenaient de l'autre côté de la rue.
« OK, on rentre ! On rentre ! hurla-t-elle en retournant dans la maison. »
La porte se referma toute seule, c'était Raphaël qui l'avait fait.
« Allez vous cacher, ordonna-t-il. »
Elle le regarda quelques instants, toujours aussi méfiante.
« Allez ! s'exclama-t-il. »
Il était leur seule chance, alors ils gravirent les marches à toute vitesse.
« Allan, dis-moi que cette maison à des passages secrets, de bonnes cachettes...
— Les murs.
— Quoi ?
— On peut se cacher dans les murs, va dans la chambre au fond du couloir. »
Elle exécuta ce qu'il lui dit de faire, en effet, s'ils ouvraient la penderie et qu'ils allaient jusqu'au fond, un trou leur permettait d'entrer dans les murs, ce qu'ils firent. Ils avancèrent jusqu'à se retrouver loin du trou, les cloisons étaient assez larges. Jane s'assit et Allan fit de même.
« On va se faire faucher, ce soir, assura Allan.
— Non, on va s'en sortir...
— C'est terminé, Jane. »
En vous remerciant d'avoir lu !
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