Le sommeil offre plus de répit que la réalité. (10)

Une fois encore, je me réveille en me sentant endolorie. D'ordinaire, je peine toujours à m'endormir mais là, le sommeil me fauche sans arrêt, Morphée doit avoir envie de me consoler.

Je me redresse une fois encore, il fait toujours assez sombre. Seulement, ce n'est plus parce que je suis dans un coffre clos. Certes, je suis toujours dans ce même endroit froid et inconfortable, mais ses portes sont à présent grandes ouvertes et je suis dépourvue de toute entrave. Le véhicule semble être dans un endroit obscur, ce qui explique que je n'y vois pas grand chose.

En descendant lentement du van, je frotte mes poignets, qui sont un peu douloureux car la corde qui les liait auparavant avait été trop fortement serrée.

— Eh-oh, crié-je dans l'espace, où seul l'écho de ma voix finit par me répondre.

Quand j'avance de quelques pas, les petits talons de mes bottines résonnent dans l'espace vide. La pièce n'est pas très grande et elle est entourée de murs en pierres. Je suis encore moins rassurée dans ce lieu digne d'un film d'horreur alors je fais demi-tour et retourne dans le véhicule jusqu'à m'adosser contre le tas de couvertures qui s'y trouve. Je pense qu'au fond, j'ai encore un petit espoir que ce soit un simple cauchemar ou même une blague de mauvais goût. Je sais qu'il y a extrêmement peu de risques : qui ferait une chose pareille ?

J'ai comme l'envie de prolonger un peu plus longtemps l'illusion que tout est normal, qu'un détraqué ne m'a pas vraiment enlever pour je ne sais quelle raison. Faisant encore plus semblant que je ne vais pas être tuée de ses mains, comme il l'a lui-même avoué.

Rien n'existe, rien n'est vrai. Fiévreuse et tremblante, je replonge dans un sommeil qui, je l'espère, mènera à de meilleurs horizons.

C'est évidemment sans compter mon réveil, un de plus, quelques instants plus tard. Cette fois, je suis tirée des bras d'une Morphée libératrice par ma propre volonté et ce pour une simple raison : j'ai bien trop dormi, je suis incapable de trouver le sommeil davantage. Pourtant, j'essaye pendant une vingtaine de minutes mais rien y fait.

Alors je m'étire, me retourne, frotte mes yeux et fixe le plafond du van dans lequel je suis toujours.
Alors je ne rêve vraiment pas, c'est bien réel.

Seulement alors, je sens des picotements dans mes yeux et je peine à garder la force de ne pas les faire couler. J'inspire mais je sens mon souffle trembler car une boule est venue se loger dans ma gorge. Je déglutis mais elle ne disparaît pas. Au contraire, elle ne cesse de croître.

— Enfin réveillée ? demande une voix que j'ai appris à reconnaître.

Je n'ai pas besoin de me lever pour savoir qu'il est là, ce chanteur de groupe de rock. Je n'ai même pas le courage de me lever. Ce n'est pas que je n'ai pas peur de lui, que je ne suis pas terrorisée par la situation, mais je n'en ai tout simplement pas la force.

— Tu dors depuis des heures, tu veux bien te lever ?

Ma tête pivote pour croiser son regard mais je mets un peu de temps à parfaitement m'habituer à l'obscurité, encore à moitié présente. Finalement, j'aime la noirceur des lieux, qui me rappelle mon sommeil. Cela me donne l'impression de ne pas y être vraiment. Je me force à sortir de ma léthargie et me lève sur un coude, avant qu'il ne dérape et que je m'écroule contre les couvertures, immobile. Je me sens faible, fragile et je n'ai plus envie de faire d'effort.

— Pas la force.

Je lui réponds cela en sachant que c'est faux. Je suis capable de me réveiller, de marcher et de converser convenablement. Seulement, je n'en ai pas la moindre envie. Pourquoi m'acharner à faire des efforts... pour lui rendre la tâche plus évidente encore ? Je ris à l'intérieur de ma tête, je ne le laisserai pas s'en tirer sans aucune difficulté.

Je ne suis pas très rebelle, je ne l'ai jamais été. Mais je suis encore moins quelqu'un de résigné. Je veux lui rendre la vie difficile. Plus il aura besoin de moi et plus je me montrerai ingrate. Mais pour cela, je dois d'abord comprendre la raison de ma présence ici. Je dois savoir à quoi rime cette vaste blague. Pourquoi me tuer ? Pourquoi attendre ma majorité pour le faire ? Pourquoi me demander si je suis vierge ?

Trop de questions tournent dans mon esprit et je ne l'ai pas vu s'approcher de moi. Mais à présent, il se penche et son corps forme une ombre obscure qui me couvre le visage. Je le fixe sans réagir et il ne fait toujours aucun mouvement pour avancer davantage. Il se contente de m'observer tout comme je le fais avec lui, ce qui serait plus facile s'il y avait un peu plus de lumière.

— Je vais devoir te porter jusque là-bas ? demande-t-il, l'air un peu agacé par ma conduite de mollusque amorphe.

Là-bas où, exactement ?

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