Commencer par la première étape. (29)


Dès le lendemain, nous avons une méthode qui tient à peu près la route, à condition que je sois capable de jouer la comédie. Comme je suis celle en qui Thomas a le plus confiance, je me dois de jouer ce rôle.

Il n'est heureusement pas compliqué. Simplement, les filles doivent tenter d'ouvrir la trappe, en alliant leur force, et de trouver un moyen de la bloquer de manière à laisser une interstice d'au moins quelques centimètres comme ouverture.

Là se joue mon rôle. Soit Thomas ne remarque pas ce détail, ce qui est impossible avec les caméras qui montrent clairement les filles s'engouffrer dans le couloir. Soit, ce qui risque fortement d'arriver, il le remarque auquel cas je dois l'amener sur une fausse piste.

La matinée passe et sur l'écran de surveillance, Thomas est absent. Les lieux sont éclairés uniquement par les rais de lumière provenant des fenêtres que je ne peux voir. Cette opportunité nous oblige à tenter le tout pour le tout et les filles s'attèlent déjà à lever la trappe en métal. Le plus embêtant, c'est de trouver le moyen de la laisser ouverte, d'en bloquer l'ouverture sans que l'objet risque d'en tomber. Il faut aussi quelque chose qui soit le plus discret possible.

Et nous avons l'objet parfait, la poignée ronde de la porte de la salle de bain que j'ai cassée lors de mon premier jour. Nous avons dû démonter le mécanisme avec difficulté mais sa couleur grise sera la plus discrète contre le métal de la trappe. De plus, comme ils sont dans presque la même matière, la poignée tiendra probablement facilement dans l'ouverture sans se briser.

— C'est fait, marmonne Fany, au fond du couloir.— À toi de jouer, Layland, murmure Sophia.

Je me tiens devant l'ouverture et hausse un sourcil interrogateur. Je dois paraître dépitée et circonspecte sans trop avoir l'air de forcer non plus.

Je croise les bras et naturellement, ma tête vient se pencher.

— Mais qu'est-ce que vous fichez ? je m'écrie suffisamment fort pour que le micro allumé puisse capter ma voix. Vous savez bien qu'on ne peut pas sortir par là, je vous l'ai dit ! Retournez dans la salle, ne restez pas vers cette maudite porte, ça ne sert à rien.

Interdites, les quatre filles qui se tiennent dans le gouffre en ressortent, l'air morose. Je dois avouer qu'elles jouent bien mieux la comédie que moi. À partir de là, il nous faut attendre.

Nous avons décidé ensemble que Sophia sera chargée d'observer Thomas taper le code sur le clavier mécanique. Avec sa peau foncée et ses vêtements sombres, elle est plus à même de se confondre dans l'obscurité du couloir. C'est pour cette raison qu'elle passe son temps enfermée dans la salle de bain. Avec un petit miroir, elle s'entraîne à reconnaître les chiffres écrits sur la feuille de papier sur le mur.

Juliette est avec elle et fait semblant de taper des séries de neuf chiffres, pour tester sa réactivité. Le plus important n'est pas de voir les chiffres mais de bien connaître leur emplacement, puisqu'ils sont disposés en miroir. Sans compter évidemment de parvenir à les mémoriser.

Il en faut au moins sept pour améliorer nos chances de trouver ce maudit code. Même avec sept chiffres, il faudrait pas moins de quatre-vingt-dix-neuf combinaisons possibles. Ce serait compliqué sans être impossible. Par contre, chaque chiffre en moins ferait augmenter le nombre de codes à tester de manière exponentielle.

Le plan comporte plusieurs étapes et nous avons prévu plusieurs cas différents, au cas où les choses tourneraient mal. Une fois le code en notre possession, nous devrons attendre le retour de Thomas dans notre cellule, afin de lui soutirer la clef de la porte en métal qui ouvre sur le garage. Les filles promettent de lui laisser la vie sauve, mais je ne peux me fier à leur simple parole. Si quelqu'un doit s'en prendre à lui, ce sera moi.

Seulement, une journée passe, puis deux, mais il ne réapparaît pas avec la troisième. Il reste quatre jours avant la pleine lune, si j'ai bien compté. D'ici peu, Thomas voudra que je lui donne le prénom d'une des jeunes femmes.

Alors quand Fany l'aperçoit enfin entrer dans la maison, des sacs vastes dans les bras, la joie est à son comble. Chacune peut sentir des frissons sur ses bras et ses jambes trembler. Quand il repartira, Sophia devra le suivre discrètement dans le couloir et se camoufler dans l'ouverture pour tenter de percer le code chiffré. Cette perspective me fait vibrer et donne de l'espoir à chacune de nous. Si on dit que l'espoir fait vivre, dans notre cas, l'exemple est d'autant plus vrai.

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