Len

Ma mère était... Elle était toujours souriante. Elle aidait toujours celui dans le besoin. Elle riait beaucoup, je crois ne l'avoir jamais vu pleurer d'une quelconque peine. C'est sur que sans elle, la famille est bien triste désormais. Moi en dépression et mon père en deuil, sans oublier ma tante, et bien.. Elle non plus n'est pas très heureuse ces derniers temps. 

Il respira fortement de manière à, ne serait-ce que de frêles secondes, réfréner les larmes.

- C'était le béton de la famille. Même si cette expression n'est pas très poétique. Il rit. Il aimait rire en pleurant. C'était ma mère... La femme de mon père. C'était quelqu'un. Elle ne pouvait pas mourir...

C'était fini, l'horrible désarroi infini le submergeait, tant bien qu'il ne se contrôlait plus. Ses mains grattaient sa peau, passaient et repassaient dans ses cheveux, chassaient la détresse.

- Un monde sans elle ne peut pas exister... Pourquoi ?..

- Mais il existe.

- Quoi ?..

- Il existe ce monde, où elle est morte.

Il attrapa un spasme, et s'agrippa au volant, bouleversé. Il ne pouvait toujours pas digérer la réalité, en quelque sorte coincé entre le lit de mort et la pierre tombale. Étrange phénomène.

- C'est... Je sais, cracha-t-il, vexé.

- Alors pourquoi pleurer encore ?

- C'est ma mère ! S'indigna Kuro, goutte de larmes et pluie virevoltèrent dans son élan. C'était celle qui me donnait autant d'amour qu'elle le pouvait, elle me donnait le sourire et confiance en moi.. Maintenant qu'elle n'est plus là.. Comment suis-je sensé faire ?...

- On peut sourire sans avoir de mère.

Quelque peu renfermé, je luttais, portes rouillées, mécanisme débranché, parler m'était plus accessible, même dans ses moments hasardeux.

Si je pouvais agir et me comporter comme n'importe quel humain, être autre chose que maladif, c'était grâce à lui. Mais aussi à Léa. À Rose. À Karl. À tout ceux qui avaient peuplé ma vie depuis mes premiers défauts. Tous, sauf ma mère.

- Je..Je ne comprends pas, où veux-tu en venir ?..

Il sécha peu à peu ses larmes. Pour une fois, nous ne fuyions plus.

- Je..Eum..Et bien.. C'est...

Je repris mon souffle. Je savais lui parler. Je savais où je voulais en venir. Il fallait juste avoir confiance. Autant en lui, qu'en moi.

- Je n'ai pas de mère, moi non plus. Et Meiko, d'après ta description, ne semble pas vraiment être une mère. Pourtant... je baissai les yeux, je souris. Je veux sourire avec tout le monde. Et ma mère n'est pas responsable de ça. Oh que non. Tu dois juste.. Trouver une nouvelle source de bonheur. Et même si celle-ci meurt, il faudra en retrouver une autre. Je pense- Non, je sais, que c'est pour cela que l'on vit.

Il me fixa de ses deux grands yeux bouleversés, bouche bée face à ce discours si sage de ma part. Moi qui ne parlais que pour blesser et faire fuir les gens, j'expliquais l'importance de vivre. Alors qu'un mois auparavant je me calmais aux tentatives de suicide imaginaires. C'était étrange, ces changements.
Léa avait certainement raison : Nous étions des phénomènes paranormaux.

Je souris à Kuro. Il put sourire à son tour.

- Tu sais qui est ma mère maintenant... Il détourna le regard, honteux. À quel point elle est importante.

- Je pourrais voir des photos ?

- D-Des photos ?

Son étonnement était inattendu. Si un membre de la famille est important, il y a forcément des photos. C'était pour moi une logique inévitable.

- Oui. Pour poser un visage sur une description. C'est plus simple pour moi. Et.. Comment s'appelait-t-elle ?

- ... Violine. Elle s'appelait Violine.

- Ok.

On se regarda, hagards, pas encore pris dans le filet de la légèreté nébuleuse.
C'était vaste, flou. Comme souvent.

Ses cheveux bouclaient avec la pluie, le nez et les joues rouges, les vêtements encore trempés dans une eau désormais tiède, grâce à la louange du chauffage. Il était agréable à regarder comme ça.

Kuro brisa le merveilleux silence.

- Et.. Et toi ta mère ? Comment elle est ?

- Je ne sais pas. Elle a l'air gentille, mais pitoyable. Je crois. Je ne suis plus trop sûr de mes définitions à vrai dire. Je ne me souviens de rien d'elle. Peut être juste de sa voix.

- Ah ouais. Mais.. Tu vas la rencontrer, non ?

- Oui, je vais le faire. Surtout pour toi, mais je vais le faire.

- Merci. Un immense sourire ourla ses lèvres.

Il se rapprocha, lentement, prenant soin de ne pas rater son approche, avant de chuchoter :

- Je t'aime.

* * *

De : Kuro
À : Len

Quoiiiii ?! Mais C'est inadmissible ! À quel point sa perversion a prit le dessus !

De : Len
À : Kuro

C'est Léa, elle a toujours été comme ça. Son dernier délire était Maxence et Karim. Pour leur complicité exemplaire.

De : Kuro
À : Len

C'est tellement étrange ! Argh, s'imaginer n'importe quel garçon nu avec un autre et aimer ça ! Et tu appelles ça comment ?

De : Len
À : Kuro

YAOI. Personnellement je ne trouvais pas ça d'une particularité marquante. Je pensais même que c'était ainsi chez les gays.

De : Kuro
À : Len

Je vais regarder ça sur Google.
Non, je ne crois pas. Enfin.. On est gays ?

De : Len
À : Kuro

Je ne sais pas. On le saurait non ? Comme nous savons si nous sommes un homme, une femme, ou un non-binaire.

De : Kuro
À : Len

Oh mon Godness j'ai vu un monde de bite d'un niveau de porno BDSM.

De : Len
À : Kuro

BDSM ? Léa m'en a déjà parlé.

De : Kuro
À : Len

Je ne sais pas. Ça me semblait simple avant, d'estimer ce qu'était être gay. Maintenant..
J'ai l'impression de perdre tout ce en quoi je croyais.

BDSM ? Ce n'est rien. Juste de la bêtise.

De : Len
À : Kuro

Je connais cet impression.

Si être gay se résume aux garçons des yaoi, je ne pense pas être ainsi. Je ne pense même pas être un petit ami. Et peut être pas tout à fait humain.

D'accord ^^'

De : Kuro
À : Len

Je pense que nous avons de mauvais points communs.

Ça ne se résume pas à ça. Je pense même que ce n'est jamais ça. Ou peut être pour certains cas très spéciaux.

Tu es humain voyons ! Quelle étrange manière de penser !

De : Len
À : Kuro

Je pense aussi.

Je ne sais pas. Je n'ai pas de propre avis sur le monde.

Peu importe.

De : Kuro
À : Len

Revoyons-nous, avant que le lycée reprenne.

De : Len
À : Kuro

Où ?

De : Kuro
À : Len

Tu ne luttes même pas ? 😮Tu ne cherches pas d'excuses ? Étonnant de toi.

De : Len
À : Kuro

Il y a un air de changement ces derniers temps. Je pense l'avoir respiré [°*°]

De : Kuro
À : Len

C'est ça. Comment peut-on changer 10 ans de maladie ?

De : Len
À : Kuro

L'espoir.

De : Kuro
À : Len

So dark.

De : Len
À : Kuro

Je t'emmerde bâtard.

De : Kuro
À : Len

Je sais, comme tout le monde. Et moi je vous aime. Je suis un bisounours incompris.

De : Len
À : Kuro

Bien sûr -__-

De : Kuro
À : Len

Je veux ces smileys 😍

Nous nous étions vu deux jours suivants la conversation. Je dus choisir le lieu du rendez-vous, et, sans imagination, je choisis un cimetière.
Il se trouvait qu'au même moment les médias parlaient d'une célébrité morte.

Kuro, après quelques moqueries sur les gothiques, accepta ce lieu atypique et me retrouva en milieu d'après midi devant la maison.
Meiko travaillait, et Rose ne faisait que m'encourager à avoir une relation amoureuse avec lui.
Quel curieux entourage.

- Si messieurs veut bien.

Il ouvrit la portière depuis le siège conducteur, une grande joie dessinée au visage.

- Débile.

Je m'installai, dans une abrupte démarche habituel.

- De quoi parlerons-nous cette fois-ci ? Quels secrets seront mis à coeur ouvert ? Questionna Kuro, d'un ton volontairement dramatique et ironique.

- Pourquoi tourner ça au ridicule ? Ça fait des mois que tu me poses des questions, et lorsque je daigne enfin à répondre tu te moques.

Il laissa un blanc avant de répondre, embarrassé :

- C'est juste pour cacher le fait que.. Je suis très heureux.. Et touché.

- Et bien dis-le. C'est beaucoup plus simple ainsi.

Il hocha la tête, pivoine, le regard porté sur la route.

- Espèce de sentimental.

Il se tourna, outré, la chaleur bien plus marqué sur sa face, sous mon rire encore engourdi. C'était bon de se sentir vivant. Humain.

J'étais peut être bien capable de changer après tout. Capable de vivre sous mes propres règles, mes propres émotions.

Capable d'être moi.

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