Chapitre 59
Soen était allongé dans son lit, dans sa chambre. La soirée avait été riche en rebondissements et en émotions.
Après être rentrés à Paris, Neven et Soen étaient retournés chez celui-ci. Ils avaient trouvé sa mère dévastée dans le salon. En voyant son fils aîné rentrer, elle l'avait immédiatement attrapé et étreint. Ses larmes avaient totalement trempé son tee-shirt. Soen l'avait doucement serrée contre lui en retour.
Quand Elea s'était reculée, elle avait de nouveau fondu en larmes et Soen avait compris pourquoi.
Ethan.
Attristé, Soen lui raconta alors l'appel qu'il avait reçu quelques heures auparavant. Ce numéro inconnu qui n'était autre que Personne. En évoquant son nom, les larmes d'Elea avait redoublées. Elle s'était excusée un bon nombre de fois auprès de son fils. Elle lui avait répété à quel point elle s'en voulait de ne rien avoir remarqué. Elle se sentait impardonnable et elle comprendrait que Soen puisse la détester. Mais il lui avait pardonnée. Car il ne lui en avait jamais voulu.
Après l'interview, peu après qu'Elea et Ethan soient rentrés chez eux, l'adolescent était ressorti. Alerté par cette émission en directe, Sezer avait fait de rapides recherches. Évidemment, il ne mit pas longtemps à trouver l'adresse des Richards. Avoir un nom connu n'était pas toujours une bonne chose.
Sezer était donc venu dans le quartier avec sa vieille automobile. Le soir était déjà tombé et quand Ethan fut à portée de vue, il s'était arrêté et l'avait abordé. Méfiant, Ethan avait reconnu assez rapidement son père. Il ne l'avait pas vu beaucoup de fois, mais son visage l'avait marqué. Il n'avait pas eu le temps de réagir et Sezer l'avait embarqué et emmené avec lui. Peu après, il avait appelé Soen...
Le chanteur, secoué par Neven, avait directement pris la route pour son domicile. Il avait envoyé un message à sa mère en la prévenant qu'il rentrait et d'appeler la police pour signaler la disparition d'Ethan. Elea était totalement tombée des nues en une seule journée.
Et ce n'était pas tout.
Ils s'étaient assis tous les trois - Soen, Neven et Elea - dans le canapé. Ils avaient parlé de l'enfance du chanteur qui avait enfin tout raconté à sa mère. Elle avait beaucoup pleuré de nouveau. Ce fut là que Soen s'adressa à Neven. Il savait peut-être qui l'avait trahi. Et la réponse ne se fit pas attendre.
James Parker.
Parce que c'était toujours Parker. Neven leur expliqua que durant l'interview, lorsqu'il était dans les coulisses, il l'avait entendu raconter à un membre du staff qu'il allait faire éclater une vérité suite à ce qu'il avait entendu « chez lui ». Soen avait tout de suite compris que Parker les avait espionnés lorsqu'il avait tout avoué à Neven. Soen avait soupiré et avait parlé du manque d'intimité, même à la maison.
Elea s'était alors levée, énervée. Elle avait saisit son téléphone avant de s'exclamer : « il va m'entendre celui-là ! ». Soen et Neven avaient échangé un regard étonné - Elea ne s'énervait jamais - avant de pouffer de rire. Ils avaient alors pu assister à la rupture de sa mère et son « beau-père » en direct. Elea lui avait reproché de s'être servi d'elle et d'avoir profité de sa gentillesse. À la plus grande surprise de Soen, elle lui avait dit d'aller se faire foutre et avait raccroché. Il n'avait jamais vu sa mère dans cet état. Au moins, cela avait permis de mettre un terme à cette relation.
Soen cessa de repenser à ces événements quand Neven s'allongea près de lui.
- Alors ? souffla-t-il.
Son assistant secoua la tête.
- Ils n'ont toujours aucune nouvelle d'Ethan...
- J'ai peur...
Neven se redressa pour embrasser doucement son petit ami.
- Ne t'en fais pas, les policiers sont sur le coup. Ils vont le retrouver, d'accord ?
Soen hocha lentement la tête, peu convaincu. S'il arrivait quelque chose à son petit frère, il retournerait ciel et terre s'il le fallait, mais il le ferait payer à Sezer. Il était hors de question à ses yeux que son acte reste impuni.
***
Quelques jours étaient passés depuis la disparition d'Ethan. Soen ne sortait plus de chez lui, il était totalement anéanti. Il se sentait tellement mal pour son petit frère. Il n'arrivait pas à croire qu'il n'avait pas réussi à le protéger. La police faisait son possible pour le retrouver.
Deux coups furent frappés contre la porte de sa chambre. La tête enfoncée dans son coussin, il marmonna un « entrez ». Il se redressa à peine et vit Faël, Alanis et Maëva entrer. Ils s'approchèrent et s'installèrent sur au bout du lit de Soen. Ce dernier décida de s'asseoir à son tour. Il regarda ses amis tour à tour, avant de les prendre dans ses bras. Ils restèrent ainsi durant de longues minutes. Soen finit par se reculer.
- Je suis désolé de ne pas vous avoir répondu à vos messages et vos appels... souffla-t-il.
Son regard était perdu dans le vide. Soen était tout simplement perdu.
- Pourquoi tu ne nous as jamais parlé de ce qui t'était arrivé ? demanda Faël sur le même ton.
- C'était inutile. Tu crois que quelqu'un m'aurait cru ?
- Nous oui, intervint Maëva.
Soen émit un rire sans joie. Il la regarda.
- Et qu'aurait eu la parole de quatre enfants dans un tribunal face à un homme d'une trentaine d'années qui est en capacité de se défendre ?
Maëva ne répondit rien. Elle savait pertinemment qu'il avait raison.
- J'ai juste envie de me tailler les veines de nouveau pour échapper à la pression médiatique et à la disparition d'Ethan.
Soen ne vit pas la claque arriver. Choqué, il releva la tête vers Faël dont les yeux avaient laissé couler de nombreuses larmes, trop longtemps retenues. Il baissa la main avant d'éclater :
- Je ne veux plus jamais t'entendre dire ça, est-ce que c'est bien compris ?! hurla-t-il. Tu ne peux pas imaginer un seul instant la peine et la douleur que j'ai ressentie le jour où je t'ai trouvé baignant dans ton sang ! Cette image me hante chaque nuit ! Les jours où je n'y pense pas sont plus rares que ceux où je t'y revois ! Je ne supporterai jamais une deuxième tentative de suicide. Jamais. Je préfère moi-même y passer que de te voir toi succomber. Putain, Soen ! J'essaye de rester fort pour toi, de ne pas pleurer, mais on ne peut pas dire que tu y mettes du tiens ! Je te déteste ! Tu m'entends ?! Je te hais de nous faire autant de mal !
Soen regardait son meilleur ami, bouche bée. Faël ne lui avait jamais adressé la parole de cette manière. Il avait toujours été là pour lui, à le soutenir et à l'aider. Soen se sentait idiot. Evidemment, Faël avait aussi des sentiments. Il ne pouvait pas supporter tant de choses seul. A cause de lui, il vivait avec un fardeau sur la conscience. Celui d'avoir vu son ami d'enfance au bord de la mort.
Soen tira sur le poignet de Faël pour le rapprocher de lui. Il essuya ses larmes et il le prit dans ses bras.
- Pardonne-moi, Fa... Sans toi, je ne sais pas où j'en serai aujourd'hui... Merci...
Faël ne lui répondit pas. Il se contenta de l'étreindre plus fermement, sous les regards touchés de Maëva et d'Alanis.
« Je suis bousillé. » - Soen
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top