Chapitre 43
Soen enfila un jogging ample et une grosse veste bien chaude par-dessus son tee-shirt. Dehors, la lune commençait déjà son ascension dans le ciel nocturne. Il remonta sa fermeture éclair et sortit de sa chambre. Ethan était assis dans le canapé du salon, pendu à son téléphone.
- Que fais-tu ? lui demanda Soen.
- Je discute avec une fille de ma classe.
Soen haussa les sourcils. Tout en glissant son propre portable dans sa poche, il reprit :
- Comment s'appelle-t-elle ?
- Yona.
Soen regarda le sourire d'Ethan s'agrandir un peu. Cela lui faisait plaisir de voir que tous ses ennuis semblaient être derrière lui. Depuis son entrée au lycée, Ethan ne se faisait plus harceler. Il arrivait même à se faire de nouveaux amis ce qui était une grande première pour lui, après Carl.
Soen enfila ses chaussures tandis qu'Ethan relevait enfin les yeux vers lui. Il afficha une moue triste.
- Tu as de la chance d'aller faire de l'urbex. C'est l'un de mes rêves ! soupira-t-il.
- Tu en feras, ne t'inquiète pas.
Soen le salua et quitta l'appartement.
En bas de chez lui, le garçon grimpa à l'arrière de la superbe Audi TT que Faël avait finalement achetée. Il n'avait pas su résister.
Soen salua Faël, Maëva et Alanis qu'il n'avait pas vus depuis plusieurs jours maintenant. Le manque s'en était légèrement fait ressentir. Désormais, ils passaient la plupart de leurs journées fourrés ensemble. Leurs jours de congés se faisaient rares, ils cumulaient tous les rendez-vous, en plus des concerts et des nouvelles dates ajoutées au fil des semaines. Pour une fois, cela n'avait pas été dû aux ordres de Parker, mais de ceux de son supérieur. Ce qui n'était pas pour déplaire à leur manager qui amassait encore plus d'argent...
Le rythme était moins éreintant qu'au début de leur carrière. Malgré la fatigue apparente des membres du groupe, ils continuaient d'assurer tout ce qu'ils devaient faire, et ce, avec plaisir. Ils faisaient tout pour satisfaire leurs nombreux fans. Ils ne pouvaient plus sortir sans le moindre déguisement au risque de devoir signer tout un tas d'autographes durant des heures. Quand ils étaient pressés, cela devenait un peu plus compliqué.
Assis à côté d'Alanis, Soen l'écouta parler avec attention de sa copine. Il était content pour lui de le savoir si heureux. C'était très différent de Maëva qui refusait toutes les avances de ces célèbres acteurs et mannequins.
Ils ne tardèrent pas à arriver au bout du lotissement de Neven après une quinzaine de minutes. Soen ne savait pas pourquoi il ne voulait pas qu'ils voient sa maison. Ce n'était pas un mauvais quartier ici. Certes ce n'était pas le plus riche, mais il était loin d'être le pire. Soen savait de quoi il parlait...
Neven claqua la portière derrière lui, un grand sourire aux lèvres.
- Salut ! s'exclama-t-il.
Faël, Alanis et Maëva lui répondirent. Soen se contenta d'un ridicule sourire en le regardant. Il était coincé entre lui et Alanis. Ils se mirent à discuter tous les quatre, laissant Soen seul à la contemplation de ses mains. Il les écoutait sans trop savoir quoi dire. Comme d'habitude, il était à sa place, mais ne s'y sentait pas. Plus le temps passait, plus Soen trouvait que ses amis avançaient dans la vie alors que lui restait au même point. Il était bloqué car son passé l'empêchait de s'épanouir.
Une main se posa sur la sienne. Soen sursauta, perdu dans ses pensées, et tourna avec lenteur sa tête vers Neven. Il lui souriait gentiment.
- Nous sommes arrivés.
Soen regarda par la vitre et aperçut un petit bâtiment spécialisé dans l'urbex. Leur session serait encadrée par deux professionnels pour éviter le moindre accident. Parker n'avait pas vraiment été d'accord pour que ses précieuses petites stars fassent de l'exploration urbaine. Il trouvait cela trop dangereux. Il avait donc accepté à la condition qu'ils soient accompagnés. Aucun des cinq jeunes adultes ne savaient encore ce qu'ils allaient faire comme exploration. Ils étaient aussi excités que terrifiés.
Soen et Neven descendirent de la voiture que Faël s'empressa de verrouiller. Ils rejoignirent l'intérieur du bâtiment en frissonnant. L'air était frais dehors et le fait que la lune soit pleine dans le ciel ne les mettait pas vraiment à l'aise.
- Bonsoir ! s'exclama Faël.
Il passa une main dans ses cheveux dans un geste nonchalant, tout en adressant un clin d'œil à une femme qui était certainement une professionnelle de l'exploration urbaine. Elle avait les sourcils froncés et s'adressa froidement à Faël :
- Mettez-vous ici, dit-elle en indiquant un banc, nous allons vous préparer.
Puis elle s'en alla, laissant Faël scotché. Alanis rit et lui flanqua une grande claque dans le dos.
- Je suis né pour voir ce jour arriver, pouffa-t-il.
- Ferme-là, rétorqua Faël en rougissant, pas un mot sur ce qui vient de se passer.
- Tu as peur de ce que tes chères admiratrices peuvent penser de toi en sachant que tu viens de te prendre un vent monumental ? renchérit Maëva, hilare.
Faël enfonça les mains dans les poches de son jogging, le visage plus que cramoisi. Neven regardait Maëva et Alanis embêter leur compère avec un amusement non feint. Soen, quant à lui, ne leur prêtait pas un regard. Il contemplait les différentes affiches exposées sur les murs. Nombre d'entre elles étaient des photos des personnes ayant participées à des sessions d'urbex. D'autres étaient les différentes propositions de lieux possibles – comme des catacombes, des cimetières, manoirs ou hôpitaux abandonnés, etc.
- J'espère que nous allons faire celui.
Faël posa son doigt sur l'image d'un affreux hôpital qui devait avoir été laissé à l'abandon depuis plusieurs années déjà. Soen regarda son meilleur ami sans rien dire. Faël affichait un sourire en coin.
- Alanis vient de me dire qu'il avait horreur des hôpitaux, c'est le meilleur moyen de concocter ma vengeance.
Il se frotta les mains d'un air sadique. Soen secoua la tête, moitié dépité, moitié amusé. Si Faël savait...
Deux hommes ne tardèrent pas à les rejoindre, au plus grand soulagement de Faël. Il n'aurait pas aimé avoir de nouveau affaire avec la femme qui lui avait mis la honte juste avant. Les deux professionnels se ressemblaient beaucoup – ils devaient être frères. L'un paraissait cependant plus âgé – certainement la trentaine – et l'autre avait encore un visage plus enfantin. Il ne devait pas avoir plus de vingt-cinq ans. Ils avaient les mêmes yeux marron, la même barbe fine et le même visage rond. Le plus vieux avait d'épais cheveux châtains, tandis que ceux de son frère était plus longs, bouclés et bruns.
- Bonsoir, je m'appelle Edward, se présenta le premier, et voici mon frère, William. Nous allons vous guider durant votre session d'exploration urbaine. En avez-vous déjà fait ?
Tous secouèrent la tête.
- Je vais vous expliquer de quoi il s'agit, poursuivit William en souriant, Ed, va nous chercher des casques s'il te plaît.
Edward acquiesça et s'éloigna dans une pièce adjacente. William leur sourit.
- L'urbex consiste à l'exploration d'un lieu, la plupart du temps abandonné. Je ne sais pas si vous avez regardé quelque peu autour de vous les différents sites disponibles. Nous pouvons aller dans des bâtiments abandonnés ou dans des endroits classiques comme des cimetières. Les catacombes de Paris restent tout de même l'un des lieux le plus impressionnant à voir. Peu importe là où nous irons, nous serons équipés de lampes frontales et de lampes torches, ainsi qu'un sac rempli d'eau et, si besoin, de nourriture. Avez-vous des questions ?
- Une seule, intervint Faël, que faisons-nous si nous restons coincés ?
- Personne n'est encore revenu pour nous le dire, rit William.
Faël pâlit en comprenant le sens de ses paroles. Il lâcha un juron dans un murmure, alors qu'Alanis se fichait de lui pour la énième fois. Edward revint avec le nécessaire. Il les observa tous.
- Vous avez bien fait de vous habiller avec de simples vêtements. En fonction de là où nous allons, vous auriez été gênés avec des habits trop serrés. Quel lieu souhaitez-vous visiter ?
Immédiatement, Faël leva l'une de ses mains comme s'il était encore à l'école.
- Le nouvel hôpital ! s'écria-t-il.
Soen croisa le regard profondément amusé d'Alanis en entendant leur ami. Faël indiqua l'affiche qu'il avait vue tout à l'heure. L'image du bâtiment abandonné faisait froid dans le dos... En lettres rouges capitales était indiqué « NOUVEAU LIEU D'URBEX ».
- Très bien. Avant de vous équiper, nous aimerions savoir quelque chose, reprit Edward.
- Accepteriez-vous d'être filmés en direct tout au long de la session ?
« Je suis confiant. » - Soen
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