Chapitre 2


- Alors ?

- J'ai lu et relu le contrat pas moins d'une dizaine de fois... et cela me semble vraiment correct.


Soen releva la tête de son téléphone pour regarder Alanis, l'air mi-blasé, mi-agacé. Il était allongé sur le ventre, sur le lit de Maëva, aux côtés de celle-ci. Alanis et Faël étaient assis par terre, devant eux. Ils avaient eu leur rendez-vous avec James Parker il y avait deux jours de cela et ils s'étaient réunis seulement aujourd'hui pour en discuter.


- Je continue de penser que les choses ne sont pas censées se passer ainsi, marmonna Soen.

- Vois le bon côté des choses, dit Maëva, si on signe ce contrat, on pourra se produire sur de vraies scènes et pas uniquement dans de minuscules cafés pouvant accueillir à peine trois clients.


Soen se contenta de hausser les épaules. Il se replongea avec désintérêt dans son téléphone. Il prêtait tout de même une oreille attentive à ce que disaient ses amis.


- Vous croyez vraiment qu'on pourra devenir des rocks stars grâce à Parker ? questionna Faël, légèrement suspicieux.

- Il n'y a pas de raison... Même si je continue de croire qu'il faudrait demander à Amédéo, répondit Maëva.


L'ombre d'un rictus fleurit sur les lèvres de Soen. Amédéo était un de leurs amis. C'était un type vraiment intelligent et bourré de gentillesse. Soen ne l'avait jamais avoué à quiconque : il avait trouvé Amédéo à son goût au moment où il avait posé les yeux sur lui. C'était d'ailleurs grâce à son nouvel ami que Soen avait assumé sa vraie sexualité auprès de ses proches. Il aimait les hommes. C'était ainsi et personne ne pouvait jamais changer celui qu'il était. Même s'il ne le revendiquait pas, il en était fier. Du moins, à sa façon...


- Tu l'as appelé ? poursuivit Maëva.

- Oui, il y a quelques minutes, acquiesça Alanis en consultant son téléphone, il ne devrait plus tarder. Il n'habite pas loin de chez toi après tout.


Maëva hocha la tête. Soen lui jeta un petit regard. Il la trouvait vraiment jolie. Elle était brune aux yeux noisette, même si par moment il se demandait s'ils n'étaient pas violets. Elle avait un style à elle qui lui allait à la perfection. D'ailleurs, celui de Soen s'en rapprochait beaucoup. Un peu rock, agrémenté d'une touche classe. Il tourna la tête vers Faël et Alanis. Eux aussi étaient bien habillés avec leur look propre. Légèrement hipster sur les bords, mais avec beaucoup de noir. Ils avaient tous leur touche d'originalité qui les différenciait.

La porte s'ouvrit tout à coup en grand. Soen releva lentement la tête et son expression froide devint neutre. Amédéo se tenait dans l'encadrement, l'air joyeux. Ses yeux marron balayèrent la pièce. Il leva une main en l'air.


- Salut, les gars ! s'exclama-t-il en entrant complètement dans la chambre.


Il referma la porte derrière lui et s'avança pour serrer la main d'Alanis et celle de Faël. Il fit la bise à Maëva, avant de déposer ses lèvres sur la douce joue de Soen, qui ne put retenir un léger frémissement. Ses longs cils caressèrent ses pommettes, alors qu'il relevait les yeux vers Amédéo. Ce dernier le regardait déjà. Soen eut du mal à tourner la tête. Néanmoins, il n'eut pas vraiment le choix que de le faire pour se concentrer sur ce que disait Faël :


- Lis ça, Amed, lui dit-il en lui tendant le contrat.

- Fais voir ça au futur pro ! rit Amédéo.


Soen le regarda saisir la feuille entre ses longs doigts fins. Il frissonna agréablement. Soen baissa la tête, passant légèrement sa langue sur ses lèvres pour les humidifier, avant de poser son front contre la couverture. Il ferma les yeux. L'entièreté de son visage le brûlait. Ses mains se glissèrent entre son corps et le matelas pour jouer avec les cordons de son sweat-shirt. La présence d'Amédéo le rendait nerveux.


- Les gars, sourit-il.


Soen sentit son cœur se réchauffer, le visage toujours plongé dans la couette. Il appréciait ce surnom avec lequel Amédéo les qualifiait.


- Signez ce papier et vous deviendrez riches ! s'excita-t-il en sautillant sur place. Je vous jure que ce James Parker sait y faire.


Il siffla longuement.


- Ouais, vous allez gagner pas mal d'argent par jour quand votre affaire aura bien démarrée.

- Comment tu sais que ce ne sont pas des mensonges ? interrogea Alanis.


Amédéo lui fit un clin d'œil.


- On est professionnel ou on ne l'est pas, répondit-il, amusé.


Alanis lui tira la langue et Amédéo lui répondit avec la même puérilité.

Les quatre amis continuèrent de discuter de tout et de rien. Soen les écoutait silencieusement. Il se concentrait sur sa respiration. C'était l'une des solutions qu'il avait trouvé pour réussir à calmer les pics de nervosité qui le rongeaient.

Tout à coup, Soen sentit un poids s'écraser lourdement sur son dos. Il lâcha un grognement à peine audible, alors que son corps devenait aussi tendu qu'un arc. Une main se glissa dans sa nuque pour la caresser. Il sentit ensuite une paire de lèvres y déposer un baiser. Soen frissonna malgré lui et Amédéo se redressa.


- Soen et moi allons fumer, prévint-il, nous reviendrons après.


Il se releva et tira Soen par le bras. Celui-ci grogna encore et se dégagea. Il fourra son portable dans sa poche et sortit de la chambre à la suite de son ami, qui referma la porte derrière eux. Ils descendirent les escaliers et traversèrent toute la maison pour rejoindre le jardin. Ils s'assirent sur le bord de la terrasse.

Soen prit son paquet de cigarettes dans sa poche pour en attraper une et en tendre une autre à Amédéo.


- Tu es content que votre groupe démarre enfin ? le questionna-t-il.


Soen ne lui répondit que par un bruit de gorge à peine audible. Il amena sa clope entre ses lèvres et l'alluma, faisant de même avec celle d'Amédéo.


- Merci.


Soen hocha la tête, tandis qu'Amédéo souriait. Il passa son bras autour des épaules de Soen pour le rapprocher de lui, faisant tressaillir ce dernier.


- On restera autant en contact qu'avant ? poursuivit Amédéo.

- Oui.


Amédéo sourit et déposa un baiser sur la joue de Soen qui contracta sa mâchoire. Le bras d'Amédéo se resserra autour de son corps, tout comme la nervosité qui le gagnait.


- Dis-moi, Soen... Est-ce que ça fait longtemps que je te plais ?


Les pupilles de Soen se fixèrent sur un brin d'herbe, dans la pelouse. Elles se dilatèrent à cause de la soudaine inquiétude qu'il ressentait. Son cœur se mit à tambouriner dans sa poitrine, tandis que son sang pulsait dans ses veines. Il avait toujours eu peur qu'Amédéo ne se rende compte de l'attirance qu'il avait pour lui. Il n'avait pas l'habitude de dévoiler ses sentiments, aussi peu importants soient-il, même s'il s'agissait de l'un de ses plus proches amis. Pourtant, jamais il n'aurait cru devoir lui révéler ce qu'il pensait de lui.

Aussi, Soen décida de feindre l'indifférence.


- Je ne vois pas de quoi tu parles, répondit-il sans ciller.


Cependant, son agitation intérieure venait de le trahir puisque sa jambe gauche se mit à tressauter. Ses doigts resserrèrent les plis de son slim.

Amédéo rit un peu. Il réussit à attraper le menton de Soen pour tourner sa tête vers lui.


- Je te connais, gloussa Amédéo, tu as beau faire comme si tout t'était indifférent, tes gestes incontrôlés parlent pour toi.


Soen se dégagea de la poigne d'Amédéo pour regarder ailleurs. Il soupira.


- Tu dirais quoi si, là tout de suite, j'embrassais tes lèvres ? reprit Amédéo.


Soen tira plusieurs fois sur sa cigarette, à défaut de la laisser se consumer seule. Il jetait des petits regards à Amédéo, sans jamais le fixer trop longtemps. Il ne voulait pas répondre à cette question.

Amédéo perdit patience. Il jeta sa clope et celle de Soen par terre, n'oubliant pas de les écraser du bout de son pied, et se saisit de nouveau du visage de son ami pour l'embrasser. Soen se laissa étrangement faire, les yeux fermés.

Depuis le temps qu'il attendait ça...




« Je suis épris. » - Soen

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