Chapitre 14
Soen s'éloigna du plateau télévisé, la gorge sèche, pour rejoindre les loges. Il n'avait pas interprété une, mais quatre chansons. Il n'avait pas eu le temps de véritablement préparer son organe, aussi la chose qu'il désirait le plus à cet instant n'était autre qu'un grand verre d'eau fraîche.
- T... tenez.
Soen baissa la tête. Son regard acier tomba immédiatement dans celui, noisette, de son vis-à-vis. C'était Neven, s'il avait bien retenu son nom - le nouvel assistant du groupe. Il lui tendait une bouteille d'eau. Soen continua de le fixer, sans aucune émotion sur le visage. Finalement, il tendit la main et ses doigts s'enroulèrent autour de la bouteille. Il frôla alors ceux de Neven. Une douce chaleur se propagea dans l'estomac de Soen, tandis que le bout de ses doigts semblait être parcouru d'une petite décharge électrique.
Soen amena vivement son bras en arrière, surpris, amenant la bouteille avec lui. Toutefois, celle-ci lui échappa étant donné que Neven l'avait également agrippée, la renversant sur le sol.
Soen se racla la gorge avant de se redresser un peu plus. Il surplombait totalement Neven de part sa grande taille.
- Nous sommes nous déjà vus quelque part ? demanda Soen de sa lente voix grave.
Un éclat traversa le regard de Neven, qui se baissa pour minimiser les dégâts - la bouteille s'était ouverte dans sa chute et avait renversé de l'eau partout.
- Non, je ne pense pas, répondit-il finalement.
Soen le regarda de haut, quand Neven releva la tête pour pouvoir le regarder.
- Je veux que tu m'apportes une nouvelle bouteille pour la prochaine fois où nous nous verrons, quémanda Soen, l'air impérieux. Et cette fois, tu tacheras de ne pas la renverser.
Le chanteur s'éloigna pour retrouver ses amis. Cependant, il ne trouva qu'Alanis, pendu à son téléphone. Soen n'eut pas le temps d'entendre ce qu'ils se disaient, puisque le garçon raccrocha et se tourna vers lui.
- Alors, cette interview ?
Soen roula des yeux tout en croisant ses bras sur son torse.
- Barbant.
Alanis pouffa.
- Si je ne te connaissais pas, je t'aurais pris pour une putain de diva, lança-t-il, amusé.
Soen n'eut pas le temps de répliquer ; Faël et Maëva revenaient vers eux. Ils semblaient apporter une bonne nouvelle à en juger par leur mine enjouée.
- Parker a changé notre programme de la journée, commença Faël en passant son bras autour des épaules de Soen, on a un shooting photo cet après-midi et ensuite nous prenons l'avion pour Nantes. J'en avais marre de Paris !
Soen repoussa son meilleur ami, qui râla pour la forme. Cette annonce était loin de le réjouir...
***
- Trop fort le jet privé !
Soen remonta ses lunettes de soleil sur son nez, tout en suivant du regard la direction que montrait Maëva. En effet, il s'agissait bien d'un avion personnel avec le logo de leur maison de disque. Soen haussa les sourcils. C'était une grande première.
Les quatre amis montèrent à l'intérieur du jet. Faël et Maëva gardaient précieusement leur instrument avec eux. Tout comme Alanis qui ne se séparait pas de ses baguettes. Ils étaient retournés chez eux, après leur shooting, récupérer leurs affaires. Leurs sacs étaient portés par Neven qui se traînait derrière eux. Porter cinq bagages en même temps n'était pas une mince affaire.
Arrivé à l'intérieur du jet, Soen retira ses lunettes et fut surpris de découvrir à quel point cela était spacieux et luxueux. Il y avait huit fauteuils, quatre de part et d'autre du centre de l'appareil. Vers le fond, il y avait deux pièces menant très certainement à une chambre et aux toilettes. L'avant de l'appareil était réservé au cockpit. Cependant, juste devant se trouvait un espace pour manger, avec une table fixée au sol et un mini-frigo.
Soen se rendit immédiatement dans l'ilot de gauche, à côté du hublot. Ses amis le suivirent, tandis que Neven - qui s'était débarrassé des sacs - s'asseyait de l'autre côté, sur le siège côté allé, dos au cockpit. Parker se planta alors face à eux.
- J'ai été prévenu à la dernière minute que vous feriez un concert au Zénith de Nantes. Il aura lieu dans deux jours. Demain vous irez procéder aux balances. Des questions ?
- Comment des places ont pu être vendu si nous-mêmes n'avons pas été prévenus ? demanda Faël, étonné.
- Il suffit d'avoir quelques contacts importants et le tour est joué, répondit Parker avec un sourire suffisant, les places se sont vendues comme une traînée de poudre. En quelques heures tout était complet. Vous allez jouer vos chansons devant neuf milles personnes ! Cela vous changera de vos ridicules petits concerts.
- Nous avons déjà joué devant des milliers de personnes, rétorqua Maëva.
- Seulement deux milles. Il s'agit du véritable commencement de votre carrière !
Soen roula des yeux, se retenant de lui dire que deux milles était déjà un nombre énorme.
- Profitez de votre petite heure de vol, termina Parker en se dirigeant vers les pièces du fond. Arrivés à Nantes, vous pourrez profiter de votre après-midi et de votre soirée. J'ai réservé l'étage d'un hôtel pour la nuit.
Leur manager s'en alla pour de bon.
Soen regarda à travers le hublot ; ils avaient déjà décollé. Il récupéra son téléphone pour envoyer un message à Elea et Ethan via une application. Il allait récupérer ses écouteurs, quand la voix d'Alanis s'éleva. Il était assis à côté de lui. Faël se trouvait en face de Soen et Maëva près de ce dernier.
- Alors Neven, pourquoi avoir voulu devenir l'assistant d'un groupe comme le nôtre ?
Le garçon fut surpris qu'on s'adresse à lui. Surtout que quatre paires d'yeux étaient braquées sur lui.
- Pour payer mes études, souffla Neven, mal à l'aise. Je voudrais aller dans une grande école d'arts, mais mes parents n'ont pas assez d'argent pour me l'offrir. Et on m'a également refusé une bourse...
- Oh, je vois.
Soen l'observa de loin. Neven semblait être son total opposé. Petit, peu musclé, naïf, enfantin, timide, réservé. Tout du moins, c'était l'image qu'il renvoyait.
- C'est mon meilleur ami qui m'a inscrit pour devenir votre assistant, reprit Neven en souriant, je suis fan de votre groupe.
Ses joues s'étaient teintées d'une adorable couleur rouge et il avait baissé la tête.
- Tu es adorable ! complimenta Maëva en riant.
Soen décida qu'il en avait assez entendu. Il enfonça ses écouteurs dans ses oreilles, avant de lancer sa musique et de mettre le son à fond.
« Je suis blasé. » -Soen
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