Chapitre 11


Soen rejoignit Faël, Alanis et Maëva d'un pas vif. Ses sourcils étaient froncés sous l'énervement. Il leur présenta l'affiche.


- Depuis quand sommes-nous censés donner un concert dans deux jours ? grogna-t-il.


Faël et Maëva regardèrent l'affiche.


- Peut-être que Parker a oublié de nous prévenir, grimaça Alanis en haussant les épaules.


Soen insulta leur manager. Il le détestait vraiment.

Soen fulminait tellement qu'il tremblait de tout son corps. Sa jambe gauche avait recommencé à tressauter sous la colère. Si l'engouement qui l'avait pris en voyant l'affiche avait été aussi vite remplacé, c'était uniquement dû au fait qu'ils n'aient pas été prévenus plus tôt. Soen n'était pas prêt ! Il avait l'impression d'avoir oublié toutes ses chansons.

Sentant la crise de panique monter, Faël entraîna Soen à l'écart. Celui-ci respirait difficilement. Faël lui attrapa la main pour qu'il la pose sur sa poitrine, au niveau de son cœur.


- Hé, respire. Qu'est-ce qui t'arrive ? s'inquiéta Faël.


Soen avala deux goulées d'air, avant de réussir à articuler :


- Je ne... sais pas. J'étais content quand... j'ai vu l'affiche. Et je crois que j'ai réalisé...


Il ferma fortement les yeux, faisant danser quelques étoiles derrière ses paupières closes. Soen amena ses mains de chaque côté de sa tête, en tentant de ralentir son souffle bien trop rapide. Il recula pour que son dos touche le mur derrière lui, avant de s'y laisser glisser jusqu'à être assis.

Faël s'accroupit près de lui, une main posée sur le mur pour ne pas perdre l'équilibre. Cela avait beau ne pas être la première crise d'angoisse de Soen, ça n'en restait pas moins impressionnant. Il ne savait jamais vraiment quoi faire.


- Tu veux que j'appelle ta mère ? Ou quelqu'un d'autre ? demanda Faël.

- E... Ethan et... une clope.


Faël pouffa malgré lui. Soen récupéra le téléphone que lui tendait son ami. Ce n'était pas le sien, mais Faël avait appris à connaître par cœur le numéro de ses proches. Soen attendit que la tonalité cesse, tout en récupérant la cigarette que lui tendait Faël - il l'avait récupérée dans son sac. Elle était allumée. D'une main tremblante, Soen l'amena entre ses lèvres. La douce brûlure procurée par la nicotine lui permis d'adoucir le feu de problèmes qui consumait son être.


- Allô ?

- Ethan.


Soen recracha la fumée de sa cigarette par les lèvres, sous le regard réprobateur de Faël. Néanmoins, il restait silencieux.


- Soen ? Il y a un problème ?

- Je voulais juste m'assurer que tu allais bien.


Les battements de cœur et la respiration de Soen s'étaient tous deux calmés à l'entente de cette voix si familière. Il n'arrivait pas à comprendre comment son petit frère pouvait avoir un tel effet sur lui.


- Tu n'es pas censé être en cours ? reprit Soen.

- Non, maman m'emmène chez le médecin pour examiner à nouveau ma cheville.


Soen grimaça. Il posa sa main sur son genou, regardant sa cigarette se consumer entre ses doigts. Heureusement, la neige n'avait pas tenue la nuit dernière même si quelques flocons continuaient de descendre du ciel.


- Je te laisse, je suis en train d'exploser le forfait de Faël. A ce soir, p'tit frère.

- A ce soir ! Je t'aime, Soen.

- Hm.


Soen raccrocha, puis redonna son portable à Faël - il le rangea. Soen continua de fumer tranquillement, dans le plus grand des calmes. Une fois qu'il eut terminé, il envoya son mégot sur le sol et l'écrasa du bout de sa chaussure.


- Merci, dit Soen au bout de quelques minutes.

- C'est normal, mon pote.


Soen le regarda. Faël affichait un sourire sincère. Il se redressa et aida Soen à faire de même. Celui-ci secoua la tête pour chasser toute la neige qui avait atterrie dans ses cheveux. En regardant autour de lui, Soen remarqua que le paysage était presque devenu totalement blanc. Il haussa les sourcils, surpris. Il était impressionné par le fait qu'autant de flocons aient pu tomber en l'espace de plusieurs minutes.

Soen et Faël échangèrent un regard, ce dernier affichait un sourire en coin. Ils avaient eu la même idée.

Comme deux grands enfants, Soen et Faël partirent en courant en direction du parc pour jouer dans la neige. La promesse que Soen avait faite à sa mère lui avait échappé. Il avait promis de faire des efforts et de ne plus sécher les cours, mais pour le moment c'était peine perdue.


***


Soen était en train de fredonner l'une de ses chansons, tandis que Maëva accordait sa basse. Ils étaient tous les deux dans la même loge. Alanis et Faël ne devraient pas tarder à les rejoindre. Alanis devait sûrement s'occuper de la batterie, déjà installée sur la petite scène du café. Faël, quant à lui, était tout simplement porté disparu depuis une heure. Il avait envoyé un message à Soen pour lui dire qu'il serait à l'heure au concert. C'était tout.

Soen récupéra un stylo qui traînait sur la coiffeuse, dans la loge miteuse. Elle était minuscule et ils pouvaient à peine entrer à deux. Heureusement qu'Alanis et Faël n'étaient pas encore là !


- Tu es prêt ? questionna Maëva.

- Je crois, marmonna Soen.


Ses sourcils étaient plissés sous la concentration. Armé de son crayon de bois, il raya une phrase pour la remplacer par une autre. Il corrigea quelques mots ci-et-là qui ne lui plaisaient pas. Ils ne joueraient pas cette chanson ce soir. Cependant, il était focalisé dessus.

Quelques coups furent donnés contre la porte. Immédiatement, Soen et Maëva relevèrent la tête.


- Le concert va commencer.


Puis des bruits de pas résonnèrent de l'autre côté de la porte, dans le couloir vide, signe que la personne s'éloignait. Soen roula des yeux. Parker n'avait même pas un mot gentil à leur dire avant leur première parution sur scène, aussi petite soit-elle. Il trouvait d'ailleurs cela bizarre qu'il ait fait le déplacement juste pour les voir.

Arrivé sur scène, Soen vit qu'Alanis et Faël étaient déjà là. Les quatre amis se placèrent face au public, assis tranquillement à de petites tables en train de siroter une boisson, voire pour certains de manger un bout. Soen parcouru la salle du regard. Ils ne devaient pas être plus d'une vingtaine.

Le cœur de Soen fit une pirouette dans sa cage thoracique en voyant que sa mère et son petit frère étaient présents. Cela lui réchauffa doucement la poitrine. Il se tourna vers Faël qui lui adressa un signe du pouce, accompagné d'un sourire. Soen lui en était reconnaissant.

Quand les premiers accords résonnèrent dans le café, Soen se mit à chanter et oublia tout. Il ne se concentra que sur ses mots.




« Je suis prêt. » -Soen

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