Une année en chiffres

Je vous vois venir, bande de petits malins : l'année n'est pas finie, ce n'est pas le moment de faire le point annuel !

C'est vrai, l'année n'est pas finie, mais comme vous le savez, je suis devenu un auteur indépendant il y a quelques temps déjà donc, pas besoin d'attendre décembre pour avoir une année de chiffres derrière moi. Et en ce moment, je fais le bilan sur tout un tas de trucs, donc ça m'a semblé être un bon moment pour faire le point sur ce sujet aussi.

Avant de parler chiffres et donc d'être précis et cartésien, je vais commencer par mon ressenti sur cette dernière année. Et concrètement, ce n'est pas folichon.

Il y a eu du bon, voire du très bon. J'ai fait une réimpression en début d'année de Pentacle (mon roman sur les dragons et les éléments) et j'ai tout écoulé, du coup j'ai refait une commande hier. J'ai participé à 28 événements sur les douze derniers mois, soit en gros un weekend sur deux j'étais en vadrouille pour rencontrer les lecteurs. C'est cool. Ça l'est d'autant plus que 95% des gens que je rencontre sont de nouveaux lecteurs et donc mon lectorat grandit. Les 5% restant sont des récidivistes et quand certains viennent de loin pour me prendre un tome 2 ou un autre livre tout en me précisant qu'ils ont adoré leur lecture précédente, c'est trop bien. Il y a peu de mots, en réalité pour décrire cette sensation. J'échoue systématiquement à retranscrire ce qui se passe dans ma tête. La plupart du temps, d'ailleurs, en face à face avec mes lecteurs, je ne peux pas dire grand-chose d'intelligent à part « merci, ça fait trop plaisir ». ^^ ;

Autre bonne nouvelle, j'ai pu sortir deux tomes de Chronicles cette année. Ce projet qui « traine » depuis deux décennies a finalement vu le jour au format papier. Ça non plus, ce n'est pas rien. D'ailleurs, « L'éveil » n'a eu que des bons retours un peu partout sur le net, c'est génial. J'ai aussi travaillé avec une agence de presse qui a fait un super boulot pour Caïn et c'était une excellente expérience !

Comme vous le voyez, il y a des bons côtés. En revanche, les mauvais côtés de cette année, s'ils ne sont pas forcément nombreux, sont vraiment impactant.

Le premier et principal est que je n'ai pas réussi à être rentable cette année. Avec l'approche de la fin du chômage (prévu normalement pour décembre), j'ai dû me résoudre à reprendre un travail à mi-temps. Ça a été un coup dur, soyons honnêtes...

Ensuite, il y a cette impression général (partagée avec d'autres auteurs d'ailleurs) qu'en ce moment il est de plus en plus difficile de vendre des livres. Un peu comme si les lecteurs se faisaient de plus en plus rares. Avec un peu de réflexion, on en vient vite à la conclusion qu'il y a trop de livres pour un nombre de lecteurs au moins constant, voire en léger déclin et que donc, en effet, il devient difficile de vendre. Mais cela se traduit surtout par des gros salons difficiles à rentabiliser. Pour l'exemple, des salons comme la 25e heure du livre au Mans ont été des catastrophes financières pour moi et certains de mes collègues. Les 3 derniers gros salons que j'ai faits ont été tous négatifs alors que l'année précédente ils avaient été non seulement positifs, mais lucratifs...

Dernier point, je n'arrive toujours pas à vendre mes livres en ligne. Je ne parle pas de problème technique, mais bien du fait de trouver des lecteurs qui achètent mes livres sur Amazon, Fnac, ou ailleurs qu'en salon en fait...

Alors oui, les points négatifs sont essentiellement tournés vers l'argent, mais c'est un peu ce qui nous fait vivre, du coup, ça reste important.

Mais entrons dans le détail un peu pour voir...

Cette année 2019, j'ai donc participé à 23 salons à ce jour. En termes de frais, et selon la distance des salons, il faut compter l'essence, le péage, la nourriture, l'hôtel et les frais d'inscription aux salons. Tous ne sont pas payant, évidemment, tous ne sont pas loin non plus et ne nécessitent donc pas forcément une nuit d'hôtel ou le péage. Mais au total sur l'année, ces frais représentent tout de même presque 3 000 €. Ce n'est pas rien. Sachant que pour vendre mes livres, il faut que je les imprime d'abord et que ça aussi ce sont des frais qui s'ajoutent. Mais j'y reviendrai.

Restons sur les frais imputables directement aux salons et vous constaterez que finalement, ce n'est pas si terrible. Il y a une raison toute simple : cette année, j'ai essayé au maximum de réduire les frais. Cela veut dire que plutôt que de partir le vendredi soir tranquillement et de dormir à l'hôtel, je prenais plutôt la route à 6h du matin. Ça veut dire aussi que lorsque j'avais le choix entre un salon loin et un Cultura plus proche, je choisissais toujours le Cultura qui demande moins d'investissement. Avec tout ça, on arrive à une moyenne par salon aux alentours de 130€ ce qui est déjà un bon prix. Avec la moyenne de mes prix de vente, il faut donc que je vende 10 livres par événement. C'est raisonnable et pourtant pas toujours atteignable. Si j'ai la chance de n'avoir fait aucun événement avec 0 vente cette année, il m'arrive en revanche régulièrement de faire moins de 10. Soit parce qu'il s'agit d'un petit salon, soit parce que c'est pas le bon jour à la librairie et les visiteurs ne viennent pas, ou soit parce que « c'est la faute à pas de chance » ^^

Bref. Cette année, j'ai vendu 237 livres en salon soit une moyenne de 10 (ouf !) et puisque mon Best Seller se trouve être aussi mon livre le plus cher, mon bilan salon est positif avec des bénéfices à hauteur de 985€ sur l'année. (Je suis vraiment hyper transparent en fait ^^) Vous comprenez du coup assez facilement pourquoi je ne peux pas encore vivre de mes ventes. Si je ramène ça au mois, j'ai un salaire (avant impôts) de 82€ même pas de quoi payer une semaine de courses... oups !

Évidemment, je ne compte pas les ventes en librairies ni en ligne. Rééquilibrons donc la balance en intégrant ces chiffres-là. J'ai vendu 8 livres à des libraires et 48 sur Amazon ! Ce qui nous fait un total de 175 € (c'est ma prime de noël !!)

On continue avec les chiffres un peu ? D'un autre côté c'était le titre de ce chapitre alors je ne vous laisse pas le choix ;)

En 2019, j'ai eu la chance de participer à des rencontres scolaires, en marge d'un salon. C'était rémunéré et cela ajoute un peu plus de 700€ aux bénéfices de l'année.

Passons aux dépenses. Elles sont variées et nombreuses au-delà des salons. Il a fallu des roll-up, des flyers et des marques pages, pour faire de la pub en salon. Il m'a fallut imprimer des livres, que ce soit les réimpressions de Pentacle, ou les premières impressions des deux tomes de Chronicles. Il a fallu aussi payer les correcteurs et les graphistes qui ont bossés sur ces livres. Je parlais d'une agence de presse pour Caïn, il a fallu la rémunérer aussi. Enfin, j'ai fait un peu de publicité sur Facebook et il a fallu que je verse ses droits d'auteur à l'illustrateur de Pentacle. Ce qui fait un total de dépenses de 4 978€ sur l'année.

Une petite addition/soustraction vous confirmera donc que 2019 est une année négative en termes de revenus.

Voilà...

Bon, on pourrait croire que je veux vous faire pitié, ce n'est pas le cas.

Évidemment, je suis déçu parce que j'espérais arriver à l'équilibre cette année et c'est un échec (cuisant). L'important est surtout de vous montrer un peu l'envers du décor. Si certains auteurs indépendants clament effectivement que c'est difficile et que sans un autre boulot, il est impossible de s'en sortir, la plupart ne parleront que des bons côtés. J'ai entamé cette série d'articles dans le but d'être transparent sur les réalités du métier et donc, ces chiffres en sont une concrétisation.

Il est bon de rappeler aussi que c'est mon choix d'être indépendant. J'aurai pu me contenter d'envoyer mes textes à des maisons d'édition et les laisser gérer financièrement.

Ceci étant dit, nous pouvons finir sur une note un peu positive, j'ai quelques bonnes nouvelles en stock que je devrais pouvoir annoncer bientôt (j'attends des confirmations pour ça). Donc cette année décevante financièrement n'est pas du tout la fin de mon parcours. Je ne baisse pas les bras (au contraire) et je ne compte pas arrêter d'écrire. Après tout, je gère une petite entreprise et rares sont celles qui sont rentables immédiatement ;)

Il va quand même falloir que j'arrête de perdre de l'argent ^^ ;

J'espère qu'à défaut de vous avoir plu, cet article vous a intéressé. N'hésitez pas à commenter.

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