Des pleurs résonnent dans la maison, encore une fois... Encore une nuit où notre petit Camille réclame le biberon à deux ou trois heures du matin.

« - Vas-y.

- Non vas-y toi. J'y suis déjà allé hier, c'est ton tour. »

Léandre se plaint pour la énième fois depuis la naissance de notre bébé mais ne se défile pas. Il se lève en titubant, aussi fatigué que moi, et quitte la chambre pendant que je me rendors.

Camille, c'était le nom de mon père. Je suis contente que Léandre ait accepté qu'on le nomme ainsi.

~

Encore une nuit où nous avons vraiment mal dormi... Mais je sais que pour Coralie c'est la grossesse qui a été le plus difficile, alors je ne peux pas vraiment trop me plaindre... Mais je me plains quand-même, ça me fait du bien.

« - T'es vraiment chiant comme gosse tu sais ça ? Mais on t'aime quand-même.

- Ne dis pas "chiant" devant lui, après il va le répéter.

- Ça va, il n'a que trois mois.

- Mais même ! »

Je souffle puis continue de jouer avec mon p'tit gars jusqu'à ce que notre baby-sitter arrive.

~

« - Merci Ophélie, tu nous sauves la vie encore une fois. S'il y a le moindre problème tu nous appelles.

- Évidemment. »

Je m'occupe ensuite du petit monstre toute la matinée puis je profite de sa sieste de l'après-midi pour travailler.
Je trouve que j'ai de la chance de pouvoir faire du télétravail.
Une fois qu'ils sont rentrés, ils me paient puis m'offrent un café et on discute de nos boulots respectifs mais surtout du petit monstre qui s'amuse à ramper à quatre pattes dans toute la maison.
Avec le temps on s'est beaucoup rapprochés tous les trois, on est devenus amis malgré notre différence d'âge. J'ai tout juste 30 ans tandis que Coralie approche la quarantaine.

« - Et ça va, tu ne manques de rien ?

- Non j'aime bien mon appart', il est bien assez grand pour moi seule. Mais l'époque où j'invitais un garçon, parfois une fille, dans mon lit, me manque un peu. »

On se met à rire puis ils me demandent si c'est parce que je n'ai pas le temps. Je leur réponds que c'est surtout parce que maintenant je sais quel genre de relation je veux, ou plutôt j'ai besoin, et que c'est difficile de trouver un.e partenaire étant sur la même longueur d'onde.

« - Le sexe qu'on peut qualifier de "conventionnel" ne me correspond pas et je n'arrive plus à éprouver du plaisir dans ça. Je sais ce que je veux à présent, je sais ce dont j'ai besoin, mais avec qui pratiquer ? À qui demander ? Et puis, vous me connaissez bien maintenant, vous savez que les relations longue durée ne m'intéressent pas non plus.

- C'est vrai que c'est compliqué. »

Les deux tourtereaux se regardent puis se sourient, un sourire énigmatique qu'ils sont les seuls à comprendre. Puis Léandre m'observe de nouveau et me sourit aussi, un sourire sincère et réconfortant.

« - Ne t'inquiètes pas, je suis sûr que tu trouveras. Peut-être même que cette personne viendra à toi.

- Souvent les choses arrivent quand on s'y attend le moins. »

Mouais... Peut-être qu'ils ont raison, mais pour le moment autant me concentrer sur mon travail, je ne veux pas devenir dépressive à cause de mes besoins sexuels et de cette frustration permanente causée par des rêves toujours plus érotiques... J'ai vraiment besoin de trouver quelqu'un avec qui "jouer", quelqu'un de respectueux, de patient, qui reste à l'écoute de mes caprices - car je peux être très capricieuse - et qui n'a pas peur des défis. Quelqu'un avec qui s'amuser pendant quelques temps, le temps pour moi de tester de nouvelles choses. Cela doit bien exister... Du moins je l'espère.

FIN