8 | À trois

La sonnette de l'entrée retentit et je comprends alors mieux ce qui se passe... J'ouvre la porte et vois Éthan, tout sourire, amenant avec lui un bouquet de fleurs.

« - T'as eu peur n'est-ce pas ?

- J'avoue que je ne comprenais pas que tu raccroches ainsi.

- Mais maintenant tu comprends ? »

Il me tend ensuite le bouquet et je lui dit pour blaguer que sans les fleurs je ne lui aurais peut-être pas pardonné.
Il prend alors un air faussement outré et fait mine de partir.

« - T'es arrivé tôt.

- Comme je sais que la cuisine et toi ce n'est pas une grande histoire d'amour, je me suis dit que j'allais te donner un petit coup de main.

- Je ne sais pas si je dois trouver ça gentil, ou vraiment très méchant.

- Un peu les deux. »

Je prends alors un torchon et le tape à l'épaule. Il se met à rire puis je lui demande de m'écouter sérieusement.

« - Qu'y a-t-il ?

- J'aimerais vous faire rencontrer, toi et Léandre. Tu serais d'accord ?

- Évidemment.

- Ça ne te gêne pas ?

- C'est ton maître pas le mien. C'est surtout toi qui risque de te sentir gênée, non ?

- C'est pas faux...

- Et j'imagine que tu l'as invité pour ce midi.

- Comment tu...

- Tu viens d'installer trois assiettes sur la table. »

En effet, je ne suis pas très perspicace par rapport à lui...

« - Désolé, ça s'est fait vraiment au dernier moment. Mais j'aurais dû attendre. Je me suis un peu emballée.

- C'est normal de s'emballer quand on est heureux. Et honnêtement ça ne me gêne pas que ce soit si tôt, juste j'aurais aimé être au courant avant.

- Je comprends, désolé.

- Allez arrêtes de t'excuser et dépêchons-nous de nous y mettre. Sinon le pauvre Léandre va arriver sans que rien ne soit prêt. »

~

Au bout d'une demi-heure de travail, nous avons enfin terminé. Et c'est alors que la sonnette retentit.

« - Pile au bon moment.

- T'as vu, il est doué. »

Éthan comprend très vite le sous-entendu et lève les yeux au ciel.

« - Bonjour !

- Bonjour Coralie, bonjour Éthan. »

Ils se serrent la main et un silence de mort vient s'installer. Je suis alors toute gênée et je prie pour que ce dîner se passe bien.

« - Je vous en prie, asseyez-vous tous les deux. Je vais chercher les entrées. »

Je me dépêche de retirer mon tablier et prends les trois verrines telle une serveuse dans un restaurant.

Je pars ensuite chercher la bouteille de vin blanc et demande à Léandre s'il en veut.

« - Avec plaisir. »

Je m'applique à la tâche puis sers également Éthan puis moi-même.
Une fois assise, mon maître pose sa main sur ma cuisse. J'essaie de faire comme si de rien n'était devant Éthan, mais la chaleur monte d'un coup.
Léandre remonte ensuite doucement sa main vers mon entrejambe avec discrétion. Aaah... Il faut absolument que je trouve quelque chose à dire sinon je vais gémir.

« - Bon, je vous souhaite un bon appétit ! Ah mais avant il faut que je vous... te dise ce que c'est. »

Je deviens alors, je le sais, encore plus rouge. C'est si gênant de le vouvoyer devant Éthan et je pense que mon maître l'a compris. Il ne dit rien et me laisse continuer.

« - C'est une verrine de saumon avec de fines tranches de concombre et un peu de sauce blanche faite maison, le tout agrémenté de graines de sésame et de tournesol.

- On dirait une vraie cheffe cuisto.

- C'est surtout Éthan qu'il faut remercier. C'est lui qui m'a appris à faire d'aussi belles choses avec des ingrédients vraiment simples. »

Je sens Léandre se crisper, sa main se serrant un peu plus sur ma cuisse et son regard fuyant me le prouvent. Même sa mâchoire se contracte.

« - Oui enfin, c'est surtout à ma compagne que reviennent les compliments. Avant je ne savais pas cuisiner et maintenant c'est un jeu d'enfant.

- Votre compagne ?

- Oui, Estelle. C'est pour moi la plus belle femme au monde, autant extérieurement qu'intérieurement. Bon même si Coralie t'es pas mal non plus, ne t'inquiètes pas. Mais tu ne peux pas rivaliser, désolé. »

Je me mets à rire et Léandre se détend, il retire même sa main de ma cuisse pour commencer à manger.

« - Est-ce qu'on peut se tutoyer ?

- Évidemment. »

C'était mon maître qui avait posé la question et j'en suis tout autant surprise qu'heureuse.

« - En tout cas, c'est vraiment un délice.

- Merci beaucoup. »

Son compliment me fait vraiment chaud au cœur.

~

Le repas s'est passé sans problème, les deux hommes ont continué à discuter de tout et rien. J'ai même découvert quelques facettes de la vie de Léandre et il en a découvert aussi de mon côté comme le fait que j'avais été serveuse plus jeune pour payer mes études.

Alors qu'on termine le dessert, le téléphone d'Éthan se met à sonner.

« - Je reviens. »

Il nous laisse alors seuls et mon maître en profite pour remettre sa main vers mon entrejambe avant de la caresser.

« - J'espère que tu n'as pas mis de culotte. »

Oh zut... J'avais oublié cette partie-là du contrat. En même temps c'est la première fois qu'on se revoit depuis sa signature.

« - Pardon Monsieur je... j'ai oublié.

- Tu as conscience que tu seras punie après ?

- Oui Monsieur. »

Éthan revient et Léandre se remet normalement sur sa chaise comme si de rien n'était. Alors que moi, j'ai vraiment très chaud.

« - C'était Éden. Il t'envoie le bonjour d'ailleurs. »

Je le remercie tandis que Léandre lui demande qui est cet Éden.

« - Ah oui, c'est vrai que je t'ai parlé d'Estelle et de ma fille pendant le dîner mais peu d'Éden... Eh bien, c'est mon compagnon. »

Léandre semble complètement perdu et sa tête me donne envie de rire mais je me retiens, ce ne serait vraiment pas respectueux.

« - Je ne comprends pas.

- Je suis en trouple. »

Léandre comprend mieux alors la situation mais semble tout de même perturbé.

« - J'avais déjà entendu parlé de ça mais je ne savais pas que c'était vraiment possible. Enfin je veux dire que je n'avais encore jamais rencontré personne qui soit en couple à trois.

- Je comprends, après peut-être que t'en as rencontré sans le savoir. Tout ce qui sort un peu des normes de la société sont des sujets plutôt tabous. Et je pense que tu peux facilement comprendre ça. »

Je parie qu'il parle de notre relation Ds et Monsieur l'a compris aussi.

« - Peut-être que tu ne comprends pas le fait qu'on puisse aimer réellement deux personnes, être en couple avec elles et fonder une vraie famille. Mais de mon côté j'ai du mal aussi à comprendre qu'on puisse ressentir du plaisir dans la douleur ou aimer être dominé. Le plus important ce n'est pas de comprendre, c'est d'accepter qu'on est tous différents et que le mot "normal" n'est souvent que subjectif.

- Bien dit. »

Je crois que ce dîner n'aurait jamais pu se passer aussi bien.

« - J'ai juste une question... Vous vous dîtes vraiment tout entre vous ? »

Éthan se met à rire pendant que je lui explique.

« - Disons qu'on s'est beaucoup confié l'un à l'autre. Mais je ne parle jamais de détails, c'est seulement dans les grandes lignes. »

Je m'approche ensuite de son oreille avant de chuchoter.

« - Il sait juste quel lien on a et ça s'arrête là. »

Il hoche la tête et semble ne pas y voir de problème.
Après je peux comprendre qu'il ne veuille pas que je parle en détail de ce qu'on fait, peut-être que, pour lui aussi, la domination est encore un sujet un peu tabou... Qu'il n'assume peut-être pas aux yeux de ceux qui ne font partie de cet univers. Et, si c'est le cas, j'aimerais bien savoir un jour pourquoi.

Ou alors il aime juste garder vos moments intimes secrets. Ne pas vouloir exposer sa vie sexuelle ne veut pas dire qu'on ne l'assume pas.

Tu as sans doute raison encore une fois... Je suis du même avis que lui alors.

~

Une fois le dessert terminé, Éthan se lève puis m'embrasse la joue avant de serrer la main à Léandre.

« - Ce fut un plaisir, à bientôt et bonne journée à vous deux.

- Merci, à toi aussi.

- Merci. »

À peine a-t-il fermé la porte que mon maître se tourne vers moi. Je baisse alors instantanément les yeux.

« - Déshabille-toi.

- Qu... Là, tout de suite ?

- À ton avis ? »

Je me dépêche d'obéir tandis qu'il sort un objet de son sac : un collier.

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