3 | Belle et désirée
Plus le temps passe et plus je commence vraiment à douter de sa venue.
Bon, il est vrai que nous n'avons pas fixé d'heure, mais je pensais qu'elle viendrait directement après son travail et je sais que la bibliothèque est déjà fermée depuis plus d'une heure. Et j'habite à vingt minutes en voiture...
Arrête de te prendre la tête, c'est que ce n'était toujours pas la bonne ! T'en trouveras une soumise un jour, une avec laquelle ça va vraiment durer, mais peut-être pas pour le moment, c'est tout.
Oui... Mais ma patience a ses limites.
Et puis même, même si on n'est pas sur la même longueur d'onde, juste une soirée passée avec quelqu'un m'aurait fait du bien.
Mais c'est alors que soudain, la sonnette de mon appartement retentit.
Je me dépêche d'aller ouvrir et suis surpris par la tenue qu'elle porte.
La voilà ton explication à son retard...
Je ne m'attendais pas à ce qu'elle s'apprête autant... Elle m'avait l'air timide et peu sûre d'elle.
Je suis agréablement surpris.
« - Bonsoir.
- Bonsoir, entre je t'en prie.
- Oh, on se tutoie ?
- Si ça ne te gêne pas. Mais tu peux me vouvoyer si tu préfères... »
Elle semble hésiter quelques secondes avant de me répondre.
« - Je n'aime pas tutoyer les personnes dont je ne connais pas le prénom. »
~
Menteuse, c'est surtout que ça te plaît de le vouvoyer, coquine.
Arrête ma conscience, ce n'est pas le moment de jouer à ça... Et je le connais à peine ce type, comment pourrais-je avoir déjà envie d'une telle relation avec lui ? Restons correctes.
« - Essaie de deviner.
- Je vous demande pardon ?
- Tu me poses les questions que tu veux et je ne te réponds que par oui ou non. »
C'est un joueur... J'aime bien.
« - Combien de lettres dans votre prénom ?
- Je ne peux pas répondre par oui ou non là. Il faut respecter les règles. Un café ?
- Plutôt du thé. Est-ce qu'il y a un E ?
- Non. Thé noir ça te va ?
- Oui merci. Est-ce que ça commence par une consonne ?
- Oui. Du sucre ?
- Un seul oui, merci. »
Je continue ensuite de réfléchir tout en le regardant préparer mon thé. Sa cuisine est assez petite et regorge principalement de boissons en tout genre pour préparer des cocktails... Sûrement à cause de son métier. Je m'attendais d'ailleurs à ce qu'il me prépare non pas un café ou un thé mais plutôt une de ses spécialités... Peut-être la prochaine fois.
Oh, tu comptes déjà le revoir ?
Je suis toute aussi surprise que toi mais oui, je pense, en tout cas il me plaît beaucoup, dans tous les sens du terme...
Il y en a un que tu n'as pas testé encore.
Oh arrête, pas le premier soir !
Voyant que je suis perdue dans mes pensées, il s'approche et s'assoit à côté de moi.
« - Comme tu es, me semble-t-il, perdue, je vais t'accorder un indice.
- Je vous écoute.
- Mon prénom a le même nombre de lettres que le tiens. »
Je souris, m'attendant à un indice bien plus simple.
« - Un prénom à sept lettres commençant par une consonne et ne contenant pas de E... Je suis loin de trouver.
- Je n'ai jamais dit qu'il n'y avait pas de E.
- Mais, je vous ai demandé si...
- Si il y avait UN E, or je n'en ai pas qu'un.
- Vous jouez sur les mots.
- C'est pour t'embêter, et ça semble marcher. »
Je lève les yeux au ciel, commençant à en avoir marre de son petit jeu. Je pense d'ailleurs qu'il a ressenti mon impatience
Il se lève ensuite pour m'apporter mon thé.
« - Merci.
- Avec plaisir. En tout cas Coralie est un très joli nom. »
Il me nargue et ça m'amuse autant que ça m'exaspère.
« - Vous ne comptez pas me donner votre prénom, c'est ça ?
- Pour être franc, j'aime bien que tu me vouvoie.
- Ce n'est pas équitable si vous ne le faites pas non plus.
- Je n'aime pas vouvoyer les personnes dont je connais le prénom. »
Je pousse un petit rire nerveux malgré moi... Ce qui le fait réellement rire. Un rire d'ailleurs très agréable.
« - Vous devez me prendre pour une folle d'avoir accepté directement un tel rendez-vous, aussi précipité.
- Et moi d'un pervers d'avoir demandé un rendez-vous aussi précipité et directement chez moi.
- Je l'ai cherché un peu aussi... Mais c'est juste que j'en ai marre de perdre mon temps, je veux profiter de la vie, et puis parfois elle peut être plus courte qu'on ne le pense... »
Bravo... Tu gâches l'ambiance.
« - Pardon, je ne sais pas pourquoi j'ai dis ça, laissez tomber. »
Je tente de sourire comme je le peux et fais mine de boire mon thé, sachant très bien que ma tasse est déjà vide.
« - Je ne suis pas très patient non plus.
- Pour ce qui est de donner votre prénom par contre ça ne vous gêne pas d'attendre.
- C'est vrai ! Il y a certaines choses pour lesquelles j'ai appris à être patient, car certaines réactions peuvent être très drôles. »
Il me regarde avec un petit sourire en coin et je lève de nouveau les yeux au ciel. Si Diego était là il m'aurait déjà mis une fessée pour ce comportement.
« - Je ne suis pas très patiente pour certaines choses mais avec moi il vaut mieux l'être.
- Comment ça ?
- Je ne suis pas facile à vivre.
- Avoir peu de confiance en soi n'est pas quelque chose de grave.
- Ce n'est pas vraiment un problème de confiance en moi, mais plutôt de peur.
- Peur de quoi ?
- De m'attacher puis perdre les personnes que j'aime. »
Il pose sa main délicatement dans mon dos et caresse légèrement, tentant de me réconforter et j'apprécie ce geste tendre.
« - Tu veux en parler ? »
Je me reprends, il est hors de question de me mettre à pleurer là devant lui. Je veux juste profiter.
« - Non. Je ne veux pas gâcher cette soirée.
- Tu ne gâches rien. »
Nous nous regardons quelques instants dans les yeux sans vraiment savoir quoi faire. Mon regard s'attarde quelques instants sur ses lèvres et je mords les miennes comme pour m'empêcher de ressentir une telle envie, une envie de les embrasser.
« - Ne mords pas tes lèvres ainsi.
- Et... pourquoi donc ?
- Car ça me donne juste envie de les mordre à mon tour. »
Ça y est, c'est dit. Je suis enfin sûre qu'on fait le même effet à l'autre.
« - Qu'est-ce que vous attendez ?
- Ton accord. »
Je le regarde de nouveau dans les yeux puis viens pincer de nouveau ma lèvre inférieure entre mes dents.
Il me prend alors contre lui et m'embrasse puis me mord la lèvre. Je pousse malgré moi un petit gémissement qui le fait grogner légèrement.
La chaleur monte, nos cœurs battent de plus en plus vite et nos mains se font clairement baladeuses.
Toi qui disais "pas le premier soir"... Je te félicite.
Honnêtement, en cet instant, je m'en fous royalement. Je me laisse juste porter par ce que je ressens, me sentant enfin vivre de nouveau.
Il se lève ensuite et me prend la main pour m'emmener dans sa chambre. Là il commence à me déshabiller et je fais de même pour lui tout en dévorant des yeux son corps non sans rougir légèrement.
« - T'aimes ce que tu vois ?
- Oui.
- Moi aussi. »
On se retrouve alors nus l'un contre l'autre à s'embrasser et se caresser.
La seule chose que je porte encore est mon épais bracelet doré qu'il tente d'ailleurs de retirer.
« - Non... Je veux le garder.
- D'accord. »
Il me pousse ensuite doucement sur le lit et je m'y allonge. Il se met au-dessus de moi et continue de m'embrasser la bouche, puis le cou, les seins, et enfin plus bas... Mais il n'y dépose qu'un simple baiser puis se lève et revient avec un préservatif qu'il enfile.
Ses doigts entrent ensuite lentement en moi tandis que sa bouche repart dans mon cou et en suce la peau. Mes gémissements s'intensifient et je profite de ce moment pour caresser ses cheveux bruns, si doux, puis son torse plutôt musclé et enfin son dos.
Il se redresse ensuite et retire ses doigts puis positionne son sexe à l'entrée du miens.
« - Toujours partante ? »
Je souris puis hoche la tête.
« - Oui... Toujours... Ah ! »
Il entre alors d'un coup, cette fois sans perdre de temps.
Il se penche ensuite vers mon visage tout en me donnant des coups de reins assez forts.
Ça m'avait manqué...
Son nez frôle le miens pendant quelques secondes avant de m'embrasser de nouveau, étouffant alors mes gémissements et mes cris de plaisir.
Nos doigts s'enlacent et je positionne mes mains comme par habitude de chaque côté de ma tête mais il n'y exerce aucune réelle pression.
J'aurais pourtant bien aimé me sentir dominée enfin de nouveau. Mais peut-être qu'il n'aime pas ça au fond, peut-être qu'il aime juste baiser sans rien de plus... Nous aurions dû en parler avant de le faire, de ce que nous voulons vraiment chacun.
Mais je ne regrette pas pour autant ce moment, cela me fait du bien même si après peut-être qu'il n'y aura rien de plus, au moins je me serais sentie vivante et désirée pendant quelques instants.
Sa bouche quitte ensuite la mienne et je peux enfin crier comme j'en ai envie, comme j'en ai besoin, face à tout ce plaisir qu'il me procure. Mais c'est alors que je sens que je vais jouir, déjà. Je tente de me retenir mais il accélère la cadence ce qui ne m'aide pas et, au contraire, me fait juste jouir plus rapidement.
Une fois mon cri de délivrance poussé, toutes mes forces me quittent et il s'arrête, se retire, et jette le préservatif dans une poubelle pas loin.
« - Déjà ? »
Il sourit, se moque, mais moi ça ne me fait pas rire.
« - Désolé.
- Pourquoi est-ce que tu t'excuses ? Ce n'est pas grave.
- Mais normalement je tiens plus longtemps, j'ai juste perdu l'habitude. Ça faisait longtemps, un peu trop d'ailleurs.
- Que tu n'avais pas joui ?
- Tout...
- Oh, mais, si longtemps que ça ? »
J'hoche la tête et il s'allonge à côté de moi.
« - Tu veux en parler ?
- On ne se connait pas.
- Parfois il est plus simple de se confier à un inconnu. Et ça tombe bien car je suis un inconnu qui garde bien les secrets. »
Je souris et lui donne un léger coup d'épaule qui le fait rire.
« - Disons que pendant quelques années - trois ans pour être exacte - j'ai été dans une relation très... fusionnelle avec quelqu'un mais... il est parti, ça fait cinq ans maintenant. Et depuis je n'ai pas eu d'autres rapports, sauf quelques-uns par moi-même.
- Quoi ? Cinq ans... Pendant cinq ans tu n'as rien fait avec quelqu'un d'autre. Je suis l'heureux élu alors ! D'ailleurs tu as quel âge exactement ?
- J'ai 32 ans. Et vous ?
- Devine.
- Décidément, vous aimez un peu trop les devinettes... Je dirais à peu prêt comme moi, peut-être un peu plus.
- J'en ai 29.
- Vraiment ? Pardon de vous avoir vieilli.
- Ce n'est pas grave. On me dit souvent que je fais plus vieux que mon âge.
- C'est peut-être à cause de votre barbe de trois jours.
- Si je la rase entièrement on m'en donne 20.
- Vous exagérez. Mais j'aimerais quand même bien voir ça un jour ! »
Il prend un air faussement blessé et me tourne la tête.
« - Mais ne boudez pas... On dirait un gamin. »
Il se retourne alors d'un coup et me pince la côte, me faisant crier de surprise et rire.
Je tente ensuite de lui en faire aussi mais il ne bouge pas d'un pouce.
« - Désolé, mais je ne crains pas autant les chatouilles, même pas du tout.
- Ça vous arrive d'être sérieux ?
- Quand il le faut oui.
- Prouvez-le moi.
- Tu es magnifique. »
Je me mets à rire et il prend alors un air légèrement sévère tout en me regardant dans les yeux.
« - Qu'est-ce que tu veux réellement ? »
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