25 | Nouvelle vie

Cette femme, pour moi, était comme immortelle. Malgré son vieil âge, sa solitude et ses problèmes de santé, elle n'arrêtait pas de faire des blagues et de garder le sourire en toute circonstance. C'était le rayon de Soleil du café.

Beaucoup d'habitués m'ont demandé si je me sentais mieux et très rapidement m'ont également demandé si j'avais des nouvelles de Janine. Tous ont été vraiment surpris, même attristés. C'était une grande bavarde qui arrivait à faire rire n'importe qui. Depuis, l'ambiance est bien moins joyeuse au travail.

De son côté, Coralie s'est remise de son décès. Elle a même obtenu un poste dans un musée, un travail qui lui correspond bien mieux que celui de serveuse.
Au début cela a été dur pour nous deux, surtout quand on a été appelé par son notaire et qu'il nous a expliqué qu'elle avait décidé de tout nous léguer. Maison, argent, mobilier, vêtements... Absolument tout. Seule sa vieille voiture de collection qui appartenait à son mari a été donnée à son voisin.

"Mais elle est folle !" fut notre première réaction. Puis nous nous sommes souvenus qu'elle n'avait plus de famille.

Nous avons ensuite aidé son voisin à organiser l'enterrement, en invitant les quelques habitués du café avec qui elle aimait discuter. Tous sont venus, j'en ai pleuré.
Luck aussi est venu, en tant qu'ancien habitué il la connaissait aussi et l'appréciait comme tout le monde.

Maintenant nous nous sommes mis d'accord avec Coralie pour faire moitié-moitié avec l'argent et le garder de côté pour soi, si besoin. Pour ce qui est de la maison, c'est un peu plus délicat car il faut déjà parler de ce qu'il s'est passé à l'hôpital...

Je m'assois donc à côté d'elle et lui apporte son thé. Elle vient tous les jours après le travail me voir à mon appartement pour discuter et s'assurer que je me sens vraiment mieux. Elle refuse que ce soit moi qui fasse le trajet jusqu'à chez elle pour l'instant, elle est convaincue que reprendre le travail si tôt doit déjà être très fatiguant.
En soit, elle n'a pas tort. Mais même notre relation sexuelle a été mise sur pause. Enfin, en tout cas, pas pour très longtemps je l'espère...

« - Coralie ?

- Oui ?

- Maintenant qu'on a fait notre deuil, que ça va mieux, il faudrait qu'on parle sérieusement de nous deux.

- Effectivement... Écoute je... je pensais vraiment ce que je t'ai dit, je t'aime, mais j'ai si peur.

- Mais peur de quoi ?

- Tu le sais très bien. »

Je la prends dans mes bras.

« - Ce n'est pas en ayant peur de la mort que tu vas l'empêcher d'arriver. Tout ce que tu vas réussir à faire c'est de t'empêcher de vivre pleinement le moment présent, tu comprends ?

- Oui.

- Tu continues à aller voir ta psy ?

- Oui et ça me fait du bien. Elle m'a même sorti une phrase dans le même style que ce que tu viens de dire, une citation de je-sais-plus-qui. »

Je souris, je suis heureux. Heureux de cette discussion et de sentir que malgré sa peur toujours présente, elle semble moins stressée, moins apeurée et donc plus libre de laisser son cœur s'exprimer. Plus libre de profiter.

« - Alors si tu m'aimes et que je t'aime, on est censé faire quoi ?

- Se mettre ensemble j'imagine.

- T'en as envie ?

- Pas toi Coralie ? »

Elle me regarde dans les yeux puis se met à sourire.

« - Si, j'en ai très envie, Léandre. »

On s'embrasse puis je la sers de nouveau dans mes bras, plus heureux que jamais.

« - Mais... Pour ce qui est de notre relation BDSM...

- Pour moi ça ne change rien, sexuellement tu restes ma soumise, enfin si tu en as envie.

- Oui, j'en ai envie. Mais en dehors de nos séances je peux te tutoyer vu que tu es mon compagnon.

- Évidemment.

- Je peux même te donner des surnoms ?

- Tant que ce n'est pas humiliant.

- Mon amour ? »

Oh... J'adore. Une douce chaleur m'enveloppe et je souris comme un débile.

« - "Mon amour" c'est très bien.

- Et mon p'tit sucre ?

- Oh non !! »

Elle éclate de rire et moi aussi, voyant bien qu'elle a fait exprès pour m'embêter.

« - Oh putain qu'est-ce que je t'aime. »

Elle rit de plus belle et me lance un "Oh moi aussi !" avant de revenir dans mes bras.

« - Léandre, si Janine nous voyait, tu penses qu'elle dirait quoi ?

- Je pense qu'elle dirait "Ah c'est pas trop tôt !" et serait très heureuse.

- Je l'imagine très bien dire ça en effet. Et d'ailleurs pour sa maison, on en fait quoi ?

- Justement, j'ai peut-être une idée. »

~

En quelques mois nous avons réussi à vendre son appartement et ma maison reste encore en vente. Nous nous sommes installés ensemble, Léandre et moi, dans notre nouvelle demeure.
C'est vraiment une nouvelle vie qui commence.

La maison de Janine est spacieuse et chaleureuse. On s'est malheureusement séparés de beaucoup de ses meubles pour installer les nôtres, il faut bien qu'on se sente un minimum chez nous.
On a également retiré la tapisserie de toutes les pièces pour peindre à notre guise. On s'est d'ailleurs pas mal bataillé pour la couleur des murs et la décoration de chaque pièce. Un vrai petit couple...

On a ensuite fait comme nos amis, on a organisé une pendaison de crémaillère et on a invité le voisin.

J'ai beaucoup discuté avec Ophélie et on s'entend plutôt bien. J'ai vite compris que ses intentions n'étaient pas mauvaises et qu'elle voit Léandre uniquement comme un ami. Je crois même que je commence à l'apprécier... Peut-être que je vais bientôt la considérer comme mon amie aussi.

« - Alors la prochaine étape les tourtereaux, c'est quoi ? »

Estelle nous dévisage en attendant notre réponse.

Je regarde Léandre et il me lance un petit regard malicieux avant de répondre honnêtement à notre invitée.

« - Inaugurer cette maison comme il se doit. »

Tout le monde se met à rire et je rougis de gêne. Cela fait des semaines que nous n'avons pas eu de relation sexuelle, pourtant ce n'est pas l'envie qui manque. Mais on voulait absolument finir les travaux avant d'enfin se reposer et emménager vraiment ensemble.
Ce soir sera notre première nuit ici.

~

Quand tout le monde est parti, Léandre, ou plutôt devrais-je dire en cet instant Monsieur, s'est avancé vers moi en tenant mon collier dans sa main.

« - Prête ?

- Je n'attends que ça Monsieur. »

Il me sourit puis m'embrasse tendrement puis plus sauvagement avant de se mettre derrière moi pour me mettre mon collier.

Il me déshabille ensuite lentement tout en déposant des baisers sur chaque membre de mon corps tout en s'attardant sur mon entrejambe.
Un petit gémissement m'échappe tandis qu'il reste accroupi devant moi en jouant maintenant avec sa langue.

Il se redresse ensuite et se déshabille à son tour puis m'ordonne de me mettre à genoux.
Je comprends très vite ce qu'il souhaite et commence à prendre son sexe dans ma main avant de l'enfoncer dans ma bouche.

« - Oh oui... Ça m'avait manqué. »

J'ai envie de sourire à sa remarque mais je continue les allers-retours en m'appliquant le plus possible. Sa main se dépose sur ma tête et y exerce une légère pression, m'obligeant à aller plus loin.

Il se retire ensuite et m'aide à me redresser puis il m'embrasse avec passion et empressement. Sa main se balade sur mes fesses et l'autre sur un de mes seins qu'il presse sans ménagement. Je couine, gémis, le supplie intérieurement de me prendre rapidement.

Et comme s'il lisait dans mes pensées, il me fait m'asseoir sur le plan de travail de la cuisine et enfile un préservatif avant d'entrer en moi.

« - T'es tellement mouillée que ça glisse parfaitement en toi. Mon sexe t'avais tant manqué que ça ?

- Vous ne pouvez pas imaginer à quel point. »

Il sourit puis commence ses vas-et-vient de plus en plus rapides. Je crie et laisse le plaisir m'emporter dans une extase profonde. Mon corps ne m'appartient plus, c'est mon maître qui le possède, encore et toujours, qui le domine et cela me donne tant de plaisir...

Mais alors que je sens que je vais jouir, il se retire et me fait descendre.
Mes yeux ont du mal à s'ouvrir et je reste collée à lui, le suppliant de continuer, la frustration étant bien trop intense.

« - Oh non pitié...

- Tais-toi et suis-moi. »

Il m'emmène vers la chambre où trône le grand lit en bois en plein milieu. Un lit que nous avons acheté, bien évidemment. Il était hors de question pour nous de garder un lit dans lequel une personne était décédée, et encore moins d'y faire quoique ce soit.

Je m'allonge dessus et il se positionne au-dessus de moi et attrape mes poignets pour les attacher au lit avec les menottes en cuir.
Il rentre ensuite de nouveau son sexe dans le miens, sans effort, et reprends ses vas-et-vient.

Mes cris et ses gémissements résonnent en harmonie dans toute la maison. Il ne cesse de me fixer et quand enfin je décide de le regarder aussi dans les yeux, je ne peux plus dévier mon regard.
Il est si beau, je l'aime tellement... Mon cœur s'affole davantage et une autre sorte de chaleur m'envahit, une sensation indescriptible que j'ai besoin d'exprimer.

« - Je t'aime. »

Il se penche rapidement vers moi et m'embrasse, étouffant alors mes cris de plaisir.

« - Moi aussi je t'aime ma belle. »

À peine quelques secondes après je jouis puis lui aussi. Il s'arrête alors et pose sa tête sur ma poitrine, prenant une pause pour reprendre son souffle.
Je suis toujours attachée mais essoufflée aussi, je ne dis rien et profite simplement de ce qu'il vient de se passer ainsi que de la sensation de son corps sur le mien.

Il se redresse ensuite et jette le préservatif puis il me détache et s'allonge à mes côtés.

« - Tu crois que le voisin a entendu ? »

Il se met à rire tout en me caressant la tête.

« - T'as crié tellement fort que c'est le quartier entier qui a dû t'entendre. Mais ne t'inquiètes pas, la prochaine fois je te bâillonne.

- J'ai hâte.

- Ça ne m'étonne pas. Et tu as hâte de quoi d'autre ?

- Certaines choses...

- Dis-moi.

- Sûr ?

- C'est un ordre.

- Eh bien... Enfin si vous en avez envie... Refaire l'amour ensemble.

- J'en ai envie, mon amour. »

Oh... Je fonds... Je fonds d'amour pour cet homme incroyable.

T'es vraiment amoureuse toi...

Oh que oui... Et pas qu'un peu.

« - Et y a-t-il autre chose que t'aimerais qu'on fasse ensemble ? Que ce soit sexuel ou autre ? »

Oui... Mais pas tout de suite...

« - Pas pour le moment. Je veux juste profiter de l'instant.

- D'accord. »

Nous restons un bon moment blottis l'un contre l'autre puis Féline vient nous rejoindre en miaulant.
Elle s'est vite habituée à sa nouvelle demeure et commence déjà à reprendre ses vieilles habitudes comme quémander de la nourriture à toute heure et en toute circonstance, tout comme en cet instant.

« - Je m'en occupe. »

Je ronchonne un peu en le voyant se lever et quitter le lit mais en même temps je ne veux pas laisser ma petite chatte adorée mourir de faim.
Et puis il faut dire que Léandre sait très bien s'occuper d'elle...

Je repense ensuite à notre discussion précédente et me pose pas mal de questions.
Ce que j'aimerais ensuite, un jour, c'est avoir un enfant. Et j'espère qu'il en aura envie aussi.

Léandre revient ensuite et se rallonge sur le lit puis il m'embrasse.

« - Ça te dit qu'on regarde un film ?

- Oh avec plaisir. »

Et c'est ainsi que nous avons terminé notre soirée dans le salon devant un DVD, comme deux petits vieux.

Il est assis sur le canapé et moi allongée, ma tête sur ses cuisses. Il me caresse les cheveux et je suis à deux doigts de m'endormir.
Un pur instant de bonheur.

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