12 | Mort
Éthan m'a appelé ce matin mais je n'ai pas eu la force de répondre.
J'ai fait ensuite les cents pas dans le salon tout en réfléchissant à voix haute. Féline quant à elle, m'a d'abord regardé fixement avant de réclamer ses croquettes.
J'ai continué pendant un moment avant de m'allonger sur le canapé, épuisée par mes propres pensées et mes allers-retours incessants.
Arrête ça ou tu vas devenir vraiment folle.
Peut-être qu'en devenant folle je souffrirai moins.
Ou peut-être que ce sera pire...
Effectivement...
Féline s'allonge ensuite contre mon ventre tout en ronronnant. Cela m'apaise et je m'endors enfin.
~
Je sonne une première fois, puis une deuxième, mais rien. Aucune réponse.
Ma journée de boulot fut assez difficile et le fait de savoir que Coralie ne m'a pas répondu de la journée m'exaspère. Je n'ai pas besoin de ça en ce moment.
Je recommence une dernière fois et la porte s'ouvre enfin.
Mais ce n'est pas Coralie qui m'ouvre, mais une petite fille de 9 ou 10 ans.
« - Bonsoir.
- Bonsoir euh... Est-ce que Coralie est là ?
- C'est quoi ton nom ?
- Léandre. Je m'appelle Léandre.
- Papa ! C'est Léandre il dit. »
Le papa en question arrive et je reconnais immédiatement Éthan.
« - Viens entre. Nous on va partir.
- Déjà ?
- Oui Éléa, déjà. Il faut laisser Coralie se reposer, et ce monsieur veillera sur elle. Toi par contre t'as ton professeur qui t'attends.
- Ouiii... Le piano, le piano, le piano ! Tu sais, moi, j'arrive à jouer le début de Au clair de la lune. »
Je me tourne vers elle, comprenant que c'est à moi qu'elle parle. Elle m'adresse un immense sourire me montrant alors toutes ses dents, ou plutôt ce qu'il en reste...
La petite souris a dû souvent passer.
« - Tiens, voici mon numéro. Tiens-moi au courant de son état. Et vraiment ne la quitte pas des yeux. Malheureusement je ne peux pas rester, mais dis-lui que je viendrai le plus souvent possible, que j'ai déjà appelé à son boulot et que je leur ai dit qu'elle était malade.
- D'accord mais... Qu'est-ce qu'elle a ?
- Je préfère que ce soit elle qui t'en parle. »
Il se dépêche ensuite de partir pour s'occuper de sa fille qui, elle, est bien la seule à garder le sourire.
Parfois j'aimerais redevenir ce gamin naïf qui pleurait uniquement quand il se faisait mal ou perdait son doudou préféré, où rien n'avait d'importance à ses yeux à part passer du temps avec ses amis et rigoler avec ses parents.
Je me dirige ensuite vers la chambre de Coralie, vraiment très inquiet, et la voit allongée dans son lit, en pyjama et totalement endormie.
Une boîte de mouchoirs vide est positionnée à côté d'elle et une tonne de mouchoirs usagés remplissent sa petite poubelle.
Je décide alors de faire un peu le ménage en jetant la boîte puis en vidant sa poubelle.
Je donne également quelques croquettes à Féline qui se met d'ailleurs à se frotter à mes jambes, comme pour me remercier.
Je m'allonge ensuite à côté de Coralie et pose le dos de ma main doucement sur son front, mais elle n'a pas l'air d'avoir de la fièvre.
Pourquoi ne m'a-t-elle rien dit ?
Pourquoi avoir fait exprès d'ignorer mes messages aujourd'hui ? J'aurais pu rester avec elle et l'aider... Cela aurait peut-être évité cette situation où elle a pleuré pendant des heures seule.
À moins que ce ne soit de ma faute... Mais qu'aurais-je fait de mal ?
Au bout de quelques minutes je commence à m'endormir mais je suis très vite réveillé en sentant Coralie bouger à côté de moi.
Je tourne ma tête vers elle et voit qu'elle se réveille doucement.
« - Éthan ?
- Non Éthan est parti il y a peu de temps.
- Monsieur ?
- Oui. Mais aujourd'hui tu me tutoies.
- D'accord. »
Elle ouvre ensuite les yeux puis j'entends son ventre gargouiller ce qui me fait sourire.
« - Ne vous... Ne te moque pas.
- Je ne me moque pas.
- Menteur... »
Puis un deuxième gargouillement perce à nouveau le silence et je ne peux m'empêcher cette fois de rire.
« - J'ai juste faim.
- Ça tombe bien, je n'ai pas encore mangé non plus. Tu veux que je prépare quoi ?
- Ce que tu veux.
- Bon alors je fouille dans les placards et je fais avec ce que je trouve, ça te va ?
- Oui Monsieur.
- Léandre.
- Oui Monsieur Léandre. »
Elle se met à rire et je me jette sur elle pour lui faire des chatouilles ce qui la fait crier et rire.
Elle tente de se débattre mais j'attrape rapidement ses poignets pour les plaquer contre le matelas.
~
Oh non... Il n'a pas fait ça ?!
Et si...
Mon cœur s'emballe alors instantanément, l'excitation monte et nos regards se croisent avant qu'il ne se penche pour m'embrasser. J'ai l'impression que nous sommes comme deux aimants, incapables de se tenir à distance et de ne pas avoir d'activité sexuelle, même dans ce genre de situation.
Ma langue entre en contact avec la sienne et son genou se positionne entre mes cuisses puis remonte jusqu'à mon sexe, exerçant alors une certaine pression qui me donne envie de m'y frotter. Il m'excite tellement... Et je me sens si bien là.
Mais Léandre finit par reculer puis il se redresse.
« - Reste allongée et repose-toi. »
J'hoche la tête et il me sourit puis s'en va. Féline arrive ensuite et monte sur mon ventre avant de s'y coucher.
« - Heureusement que je suis bien entourée... Qu'est-ce que je ferai sans toi, sans Éthan et sans Léandre ? Vous êtes vraiment les amours de ma vie. »
La petite chatte se met à ronronner sous mes caresses ce qui m'apaise instantanément. Je me sens vraiment mieux.
Et puis le plus dur reste à venir...
~
« - À table Madame. »
Coralie commence à se redresser sur son lit mais je ne lui laisse pas le temps de se lever complètement que je l'attrape pour la porter dans mes bras, telle une petite princesse. Elle se met alors à rire et ne veut plus me lâcher.
« - Votre carrosse est arrivé à destination, veuillez descendre pour commencer le festin préparé spécialement pour vous.
- Oh mais que de gentillesse !
- Mais je suis la gentillesse incarnée.
- Mouais. Sexuellement parlant pas toujours... Sadique ! »
~
Je ne l'imaginais pas aussi gentleman, je trouve ça très drôle et plutôt mignon.
Je commence ensuite à goûter ses lasagnes avant de gober chaque bouchée. J'ai tellement faim que je n'arrive pas à déguster, à prendre mon temps... Et puis c'est si bon !
« - T'as pas mangé depuis combien de temps ? »
Il a posé cette question sur le ton de l'humour mais je sais que la réponse ne va pas lui plaire.
« - 24 heures. »
C'est-à-dire depuis qu'on a mangé ensemble hier soir...
Il me dévisage un moment avant de poser sa fourchette et de poser ses mains sur mes genoux.
« - Pourquoi ?
- Je n'avais pas faim.
- Mais pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe ? »
Je détourne le regard, ayant assez honte de la situation.
Il s'occupe de moi comme si j'étais malade alors que je n'arrive juste pas à vivre dans le présent. Le passé me rattrape toujours et je commence à en avoir marre mais je n'arrive pas à faire autrement.
« - Parle-moi Coralie, dis-moi ce qui te fait si mal. Je pourrais peut-être t'aider. Et puis même si je ne peux pas au moins ça te fera du bien d'en parler.
- C'est une longue histoire. »
Il regarde sa montre puis me fixe de nouveau.
« - Il me reste 11h de temps libre avant de reprendre le boulot demain matin. Et faire exceptionnellement une nuit blanche ne me dérange pas. »
Je souris malgré moi, comprenant qu'il ne lâchera pas l'affaire. Et d'un côté, je suis heureuse qu'il s'inquiète autant. Il n'est pourtant pas obligé de faire tout ça mais le fait de savoir qu'il tient autant à moi alors qu'on se connait depuis peu de temps me fait du bien.
« - Je n'ai donc pas le choix.
- Si... Mais ce serait dommage de ne pas profiter de ce moment pour faire quelque chose qui pourrait te soulager.
- Je sais... Mais c'est pas facile.
- Oui et c'est pour ça que t'es pas obligé de tout me dire.
- C'est surtout que je ne sais pas par où commencer.
- Le commencement ? »
Il arrive à me faire rire très simplement, et ça me fait du bien.
« - Je t'avais parlé un peu de Diego, mon ancien maître.
- Oui je me souviens. Trois ans de relation qui s'est terminée il y a cinq ans.
- C'est ça... Sauf qu'en réalité le contrat n'a jamais été réellement rompu par l'un de nous.
- Comment ça ?
- Diego est mort. »
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top