1 | Bibliothèque

Ma tasse de chocolat chaud dans les mains, je savoure cet instant de répis où seuls le calme et le silence règnent dans la bibliothèque.
Les gamins turbulents sont repartis en cours, me laissant enfin souffler et laisser reposer mes pauvres oreilles.

Moi qui pensait que travailler dans un tel endroit m'apporterait joie et épanouissement, je me rends alors compte que, finalement, quel que soit le lieu, on n'est jamais réellement serein. Même chez soi. Il suffit de voisins bruyants, de démarcheurs, de facteurs se trompant d'adresse, et on est vite agacé et irrité.

Depuis qu'Il est parti, j'ai d'abord désespéré, extrêmement... Et maintenant que je reprends enfin ma vie en main petit à petit, je ne rêve que de douceur et de tranquillité et même ça, même dans mon lieu de travail étant cette gigantesque bibliothèque, on ne peut me l'offrir.

« - Coralie, tu peux partir, t'as finis ta journée il me semble. »

Ma très charmante et "gentille" collègue me presse pendant que je lui explique qu'il y a une personne qui semble venir dans notre direction, sûrement pour un renseignement.

« - C'est bon, je m'en occupe. T'es pas la seule à avoir une langue pour parler aux gens. »

Toujours aussi cordiale... Je ne pensais pas qu'un mois après notre "dispute" elle resterait aussi froide.
L'histoire est simple... Un homme est arrivé une fois et cherchait un livre, je l'ai orienté, conseillé, et il m'a simplement souri. J'ai appris ensuite que c'était son rencard de la veille et qu'elle en était tombée amoureuse au premier regard. Elle m'a piqué une crise de jalousie et m'a fait toute une scène devant tout le monde, croyant que je le draguais.

C'est une chance qu'elle n'ait pas été virée. J'ai été sûrement trop gentille à l'avoir couverte devant le conservateur... Mais je ne voulais pas m'attirer d'autres problèmes, ce n'est pas d'une pire ennemie dont j'ai besoin en ce moment.

~

Avant de rentrer chez moi, je fais un petit détour au bar histoire de me détendre un peu.

Le barman prend ma commande puis se met à me faire la discussion, très sympathique d'ailleurs, ce qui me change les idées. Il arrive même à me faire rire.
Puis, au moment de payer, je sors la carte de visite de la bibliothèque au lieu de ma carte de crédit.

« - C'est un abonnement à la bibliothèque municipale ?

- Pas exactement... Disons que je travaille là-bas.

- D'accord, intéressant... »

Je ne relève pas son commentaire et paye avant de partir en vitesse pendant que du monde est en train d'arriver. Le bruit de la foule étant une des choses que je supporte le moins.

~

« - Féliiiine, mon amoouuuur ! »

La jeune chatte vient se frotter à moi pendant que je la couvre de caresses. Qu'est-ce que je l'aime !
Sans elle, j'aurais continué à me foutre en l'air... Après ma tentative ratée, j'avais d'abord pensé aux médocs, puis à l'alcool, et finalement cette chatte est arrivée dans ma vie, elle est entrée chez moi par ma fenêtre laissée ouverte et n'a jamais voulu repartir. Elle était maigre, mal nourrie, sûrement abandonnée et j'ai donc pris la décision de l'adopter. L'une des meilleures décisions de ma vie car c'est en prenant plaisir à m'occuper d'elle que j'ai repris plaisir à m'occuper de moi, à sortir, à travailler de nouveau... En bref, à vivre !

La jeune chatte à la robe écailles de tortue continue de ronronner avant de se diriger vers sa gamelle de croquettes, vide.

« - D'accord, j'ai compris. Laisse-moi me déchausser avant. »

Elle me répond par un simple miaulement puis s'assoit tout en me fixant.

« - Impatiente. »

Puis, à peine ai-je remplie sa gamelle qu'elle se jette sur elle.

« - Du calme l'affamée, je vais pas te les piquer. »

Rien qu'à m'imaginer y goûter j'ai envie de vomir...

J'attends ensuite qu'elle finisse puis la porte pour l'emmener sur sa balance. Je vérifie régulièrement son poids pour être sûre qu'elle n'en prenne pas trop, surtout que le sport est loin d'être sa passion, même les souris elle ne leur cours plus que rarement après... De plus elle a tout le temps faim ! C'est peut-être normal chez les chats de manger si souvent, et puis elle n'a pas eu ce privilège dans sa jeunesse vu son état quand je l'ai trouvé... Mais ce n'est pas une raison pour la laisser s'empiffrer et prendre trop de poids et risquer des problèmes de santé, c'est hors de question, je tiens trop à elle.

« - Ça y est, c'est fini. Je te rends ta liberté, petite sauvage. »

Féline se dirige alors de nouveau vers sa gamelle, vide, et se met à miauler.

« - Tu te fiches de moi ? »

~

Ce n'est pas la première fois que je franchis les portes de cet endroit, et pourtant j'en ai comme l'impression... Mais comment cela se fait-il que je n'ai pas remarqué cette femme avant ? Je venais pourtant si souvent.

Je me promène dans les allées, m'arrêtant quelques fois pour prendre un livre et lire le résumé avant de le reposer. Me remettre à la lecture ne me ferait d'ailleurs pas de mal.

« - Bonjour Monsieur, puis-je vous aider ? »

Une jeune femme se tient debout à côté de moi, elle semble ranger quelques bouquins. Je n'avais même pas fait attention à elle.

« - Euh oui, je cherche quelqu'un.

- Un auteur ?

- Ah non je ne cherche pas un livre.

- Que venez-vous faire là alors ? »

Elle prend un air sévère et semble prête à me mettre à la porte. Je garde cependant mon calme.

« - Je cherche juste une femme qui travaille ici. »

Elle forme à nouveau un sourire forcé mais qui se veut aimable et croise les bras sur sa poitrine tout en s'approchant.

« - Et... Quel est le nom de cette demoiselle ? »

Son nom... Je me triture l'esprit pour m'en rappeler. Je me souviens de notre discussion, de son rire... Mais à aucun moment nous nous sommes échangés nos prénoms. Et puis d'ailleurs, si ça se trouve, je ne lui ai pas fait le même effet... Peut-être qu'elle ne va même pas me reconnaître.

Quel idiot, qu'est-ce que tu pensais faire en venant là ?

Ma foi, je n'en sais fichtre rien !

Pendant ce temps, la blonde en face de moi ne s'arrête pas d'avancer lentement dans ma direction, adoptant une démarche qui se veut, sans aucun doute, sexy et aguichante. Mais honnêtement, je n'ai pas de temps à perdre avec ce genre de comportement, les femmes faciles ça ne m'intéresse pas.

Tu juges un peu vite.

Je ne juge que ce que je vois.

Elle a le droit de vouloir draguer, ça ne fait pas forcément d'elle une femme facile.

Oui... Tu as peut-être raison au fond ma conscience.
Mais de toute façon ce n'est pas elle qui m'intéresse.

« - Pardon de vous avoir dérangé, au revoir. »

Je file en vitesse, déçu et un peu sur les nerfs... Non mais franchement, à quoi je pensais ?

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