Chapitre 14


Attention SPOILER pour ceux qui n'ont pas lu les Chroniques de Bane !

Alec se tenait en haut des marches qui menaient aux cellules de l'Institut. Appuyé contre le mur, il écoutait ce que Maryse et Magnus se disaient, sans toutefois se montrer . Il ne se sentait pas encore capable d'affronter sa mère. Il ne comprenait même pas pourquoi le sorcier était descendu lui parler. Mais bon, quand il avait un truc en tête, rien ne pouvait le faire changer d'avis. Alec était cependant inquiet. Sa mère était peut-être derrière des barreaux, sans stèle ni armes, mais il ne pouvait s'empêcher d'avoir peur pour Magnus. Il avait failli le perdre à cause d'elle, alors quitte à se montrer trop protecteur, il surveillait de loin que tout se passait bien . Au fur et à mesure de la conversation entre sa mère et Magnus, il était passé par diverses émotions : inquiétude, colère, tristesse. Le jeune homme était perdu. Sa mère allait être jugée dans quelques jours et compte tenu de son passé dans le Cercle, il savait qu'elle allait être bannie, ce qui aboutissait à une condamnation à mort. Une partie de lui pensait qu'elle l'avait mérité mais une autre lui disait que c'était sa mère, et celle de Max et Izzy. Max ne comprendrait pas, il était trop jeune, et puis comment lui expliquer qu'il ne pourra plus voir sa mère parce qu'elle a essayé de tuer le petit ami de son frère ? Alec était persuadé que son petit frère le détesterait, l'accuserait d'avoir choisi Magnus plutôt que sa mère, que sa famille. Il n'en dormait pas la nuit, et cela commençait à se voir sur son visage. Il avait les traits tirés et des cernes commençaient à apparaître sous ses yeux. De plus, Jace était de retour mais l'Inquisitrice l'accusait de trahison. Il devait passer le voir dans la journée. Enfin, il se rendait compte que depuis qu'il avait avoué à Magnus que Catarina avait été dans l'obligation de lui raconter l'histoire de sa famille, le sorcier l'évitait. Il s'était contenté de lui répondre « Ah... ben au moins maintenant tu sais » et s'était refermé comme une huître. Depuis, ils n'échangeaient que des banalités et se voyaient très peu. Alec devait d'un côté se préparer à affronter le procès de sa mère, et de l'autre préparer la défense de son parabataï face à l'Inquisitrice. Ah et oui, il devait aussi supporter les lamentations de Jace sur le fait que Clary n'était toujours pas venue le voir. Il n'avait cessé de lui répéter que Jocelyn s'y opposait, cela ne semblait pas entrer dans le crâne de son meilleur ami. Alec devait également s'occuper de sœur qui restait cloîtrée dans sa chambre à maudire sa mère et supporter Clary qui se lamentait de ne pouvoir voir Jace. Simon, lui, affrontait la colère de Raphaël depuis qu'ils avaient libéré Camille. Brillante idée au passage... mais bon un deal était un deal. Bref, la situation était encore plus compliquée qu'avant. Il aurait bien aimé que le sorcier se confie à lui, mais il avait vite compris qu'il valait mieux oublier l'idée. Pourtant, une phrase que sa mère prononça à Magnus l'emmena à la conclusion qu'il était pourtant temps qu'ils aient une discussion. « Je me fiche du monde dans lequel vous voulez vivre, et je me fiche de votre saleté de môme » ça voulait dire quoi ça ?! Le sorcier remonta et ne parût pas surpris de trouver Alec.

- Alexander... on ne t'as jamais dit que c'était mal poli d'écouter les conversations des gens ? Lui demanda t-il en souriant.

- C'est vrai ?

- Qu'est-ce qui est vrai ?

- Ce qu'elle a dit ! Que tu te fichais de son môme !

- Mon dieu... sur tout ce que tu as entendu de cette conversation, tu n'as retenu que ça ?Sérieusement Alec ?

- Réponds à ma question !

- Et tu veux savoir quoi exactement ?

- Si tu as vraiment dit ça, depuis combien de temps tu connais ma mère, tout quoi !

- Très bien ! Comme apparemment tu n'as pas l'intention de me lâcher avec ça, alors viens, suis moi, allons parler ailleurs !

Magnus ouvrit un portail, prit la main d'Alec et l'entraîna à l'intérieur. Ils atterrirent sur l'herbe du parc de Central Park, encore humide de la rosée du matin. Magnus s'adossa à un arbre, les bras croisés et ne semblait pas vouloir commencer à engager la conversation, son regard fixant un point imaginaire derrière Alec.

- Tu m'as emmené ici pour qu'on se regarde dans le blanc des yeux ou tu comptes enfin me raconter ton histoire avec ma... avec Maryse ?

Le sorcier soupira et tourna la tête vers son jeune amant.

- Oui, c'était la vérité...

- De quoi ?

- Tu m'as demandé si j'avais vraiment dit à ta mère que je me fichais d'elle et de son enfant... et la réponse est oui.

- Sympa...

- C'était il y a 16 ans...

- Oui t'inquiète j'avais compris qu'il s'agissait de moi et pas de Max !lui répondit Alec d'un ton sarcastique.

- Alec...

- Et donc pourquoi tu lui as dit ça ?

- Alec...

- Par l'Ange Magnus dis le moi ou je te jure qu'on va avoir un sérieux problème entre nous ! Et puis pourquoi on parle de ça en plein milieu de Central Park ?!

- J'attends Catarina...

- Pardon ?

Alec pensait avoir mal entendu. Alors comme ça le sorcier le faisait venir ici, pas pour discuter, mais pour attendre son amie.

- T'avais pas besoin de moi pour ça !

Alec tourna les talons et se détourna du sorcier. Il était presque arrivé à la sortie du parc, quand il sentit quelqu'un lui attraper la main. Il n'eut pas besoin de se retourner pour savoir de qui il s'agissait.

- Magnus sérieux... je suis pas d'humeur pour jouer au chat et à la souris avec toi !

- Hum ça me donne des idées... lui susurra t-il à l'oreille.

- Arrête ! J'ai pas du tout la tête à ça là tu vois ! En plus tout le monde nous regarde !

Magnus regarda autour de lui : étant donné l'heure matinale, le parc était à moitié désert, et le peu de passants qui s'y trouvaient, ne leur prêtaient pas la moindre attention.

- Oui... je vois ça...

Il s'écarta du jeune homme et le força à lui faire face.

- Arrête de râler 5 minutes... je donne un truc à Catarina et je suis tout à toi , promis !

- Et tu dois lui donner quoi ?

- Ça...

Le sorcier fit apparaître un livre avec d'étranges écritures sur la couverture, qu'Alec n'arriva pas à identifier.

- Un livre ?

- Oui mais pas n'importe quel livre ! C'est un livre très ancien sur la magie médicinale. C'est pour la remercier de m'avoir sauvé la vie !

- Oh...

Il n'eut pas le temps d'en dire plus, Catarina s'avançait vers eux. La jeune femme usait d'un charme pour faire disparaître sa peau bleue aux yeux des passants. Elle salua les deux hommes. Magnus l'entraîna à part et lui donna le livre. Ils échangèrent quelques mots et après avoir serré le sorcier dans ses bras, la jeune femme s'en alla. Magnus retrouva Alec et lui prit la main.

- On rentre ?

- Oui...

Appartement de Magnus

Ils avaient marché pour aller jusqu'à l'appartement du sorcier. Pendant tout le trajet, Alec avait gardé le silence, mais à peine la porte du loft fermée, il s'était tourné vers son amant et lui avait demandé assez agressivement :

- Tu vas m'expliquer maintenant ?!

- Je vois que tu as retrouvé ta voix...

- Arrête de changer de sujet, s'il te plaît !

- Je ne comprends pas...

- Tu comprends pas quoi ?

- Ton intérêt pour cette histoire ! T'avais quoi à l'époque ? 2 ans ?! Ça n'avait rien à voir avec toi !

- Tu m'as vu quand j'étais enfant ?

- Non la première fois que je t'ai vu c'était au pandémonium !

- Ok et Maryse tu la connais depuis combien de temps ?

- 16 ans...

- 16 ans... d'accord et vous vous êtes rencontrés comment ?

Alec remarqua l'éclair de souffrance qui éclaira les yeux de son amant. Celui-ci lui tourna le dos, les yeux rivés sur la baie vitrée de la terrasse.

- Un petit garçon loup-garou avait débarqué chez moi, paniqué. Le cercle avait pris en otage sa famille... Quand je suis arrivé, les membres du Cercle les encerclaient... Tes parents en faisaient partie !

- Alors tu savais ? Tu savais qu'ils faisaient partie du cercle et tu ne m'as rien dit ?!

Magnus se tourna vers lui, furieux.

- Et je devais te le dire quand exactement ? Entre tes préparatifs de mariage ou au moment du procès de ta sœur peut-être ?

- Chez toi, après avoir soigné Luke, on a passé la soirée ensemble, je me suis confié à toi ! Tu aurais pu me le dire à ce moment-là !

- Je n'en voyais pas l'intérêt !

- Pas l'intérêt ? Pas l'intérêt ? Je vais te le dire moi l'intérêt! Ça m'aurait évité de passer pour l'abruti dont le petit ami connaît plus de choses sur sa vie et sa famille, que lui ! Hurla le jeune homme.

- Alec...

- Tu me caches quoi encore hein ?!

- Tu veux savoir la fin de cette histoire oui ou non ?

- Oui !

- Alors calme-toi !

Le chasseur d'ombres s'assit sur le fauteuil, la tête dans les mains.

- Bien... quand je suis arrivé, je suis tombé sur le Cercle qui s'apprêtait à assassiner une meute de loups- garous pour rien. J'avais appelé les chasseurs d'ombres qui dirigeaient l'Institut à l'époque, les Whitelaw... Tes parents et leurs chers amis du Cercle, les ont assassinés. Certains, n'étaient pas plus âgés que toi... C'était un bain de sang. Une petite loup garou a été torturée par Valentin... elle en a perdu la vue... Ce n'était qu'une enfant mais... ils étaient tous prêt à la tuer pour servir la cause! Ils n'étaient pas à leur premier massacre. Valentin et ses sbires ont massacré les miens pendant des mois avant que l'Enclave n'ouvre les yeux...

Alec releva la tête. Il pouvait lire la souffrance que ce souvenir provoquait chez Magnus. Il s'en voulait d'avoir été si dur avec lui. Se relevant, il voulut lui prendre la main mais le sorcier s'écarta.

- J'ai demandé à ta mère qu'elle était la raison de ce massacre... Elle m'a alors répondu qu'elle le faisait pour t'offrir une meilleure vie. Comprends moi, chaque jour j'apprenais que les miens étaient massacrés pour rien, enfants comme adultes , alors à ce moment là, je me fichais de ce qu'elle souhaitait, ou du monde dans lequel vivrait son fils... la seule chose que je voulais en cet instant c'était la voir morte ! Elle, ton père, et tous ceux qui faisaient partie du cercle. Cela doit te sembler cruel mais... je ne veux pas te mentir. Plus tard, après l'Insurrection, j'ai appris que tes parents avaient été pardonnés par l'Enclave et qu'on leur avait donné la direction de l'Institut de New York... Eux qui avaient assassiné froidement les Whitelaw... Bien sûr personne ne m'avait cru à l'époque, l'Enclave avait préféré accuser les loups garous ! Je savais que je serais emmené à recroiser la route de ta famille maintenant qu'ils dirigeaient l'Institut ! Mais c'est sur toi que je suis tombé... et la suite de l'histoire, tu la connais!

- Tu es tombé amoureux du fils de ceux que tu hais...murmura Alec.

- Oui.. et comme Maryse le dit si bien... quelle ironie quand on pense qu'aujourd'hui je pourrais mourir pour l'enfant dont je me fichais du sort à l'époque...

Une larme coula sur la joue du sorcier, très vite essuyée par le pouce du chasseur d'ombres, qui s'était rapproché de lui. Il déposa tendrement un baiser sur ses lèvres. Puis, plongeant son regard dans celui de son amant, il posa la question qu'il mourrait d'envie de poser depuis la fin du récit du sorcier.

- Aurais-tu préféré tomber amoureux de quelqu'un d'autre que moi ? Regrettes-tu de m'aimer ?

Magnus sentit une nouvelle larme glisser le long de sa joue. Il l'aimait Alec plus que tout au monde mais...

- Il aurait été plus facile de te détester...

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