J'ouvre lentement les yeux, papillonnant un peu de ma merveilleuse nuit de sommeil avant de les refermer. Je soupire de bien être sentant la douce chaleur qui caresse ma peau sous mes draps et couvertures, puis me retourne afin de trouver une place encore meilleure. De ce fait, je glisse un bras sous la nuque, l'autre tire les couvertures au ras de mon cou et je replie mes jambes jusqu'à mon torse, enfonçant ensuite ma tête dans l'oreiller, me calant. Ahhh ... Je suis bien là.

Un sourire se dessine naturellement en repensant à mes allées et venues dans cette rue pour me rendre à l'association. Ce gamin m'intrigue vraiment ... enfin, de base il ne m'intrigue pas, mais de voir ses réactions me font bien rire. Du coup je me suis intéressé à lui. C'est dommage que je ne le vois pas à chacune de mes traversés dans cette rue – que je prends tout de même, mec bizard ou non dans les parages – Je me demande ce qu'il peut bien faire ... Maintenant que j'y pense, je ne l'avais jamais vu dans le coin. Je veux dire, dans les rues ou en ville. Il a sûrement déménagé il y a peu. Pourtant, vu comment je vadrouille de commerce en commerce pour trouver un job qui me convient – ou un job tout court – j'aurais dû le croiser au moins une fois.

Je sais pas ... Il ne sort peut-être que tard, ou très tôt, ne voulant pas être entouré de beaucoup de monde. C'est possible vu comment il réagit en me voyant passé dans sa rue. Il a sûrement la phobie des gens, ou de la grosse foule. Ce qui expliquerait aussi le pourquoi que son père – si je ne me trompe pas – ne voulais pas que je passe par leur rue.

Mais ce qui est sur, c'est qu'il aime bien prendre l'air ! Il ne serait pas perché à sa fenêtre sinon ! Tiens, d'ailleurs, il me semble qu'il le fait uniquement les après-midi. Le fait-il à heure régulière ? La première fois que je l'ai vu, il était 14 h passé car j'avais quitté l'appartement à 14 h pour faire quelque course le jour de mon déménagement. La deuxième fois, soit il y a maintenant deux jours quand je suis allé à l'association, je l'ai vu en revenant de mon premier aller et retours. Je me souviens avoir vu son père sortir un peu avant 14 h et lorsque je suis repassé pour rentrer, il était 14 h passé. Il serait pas sa fenêtre à partir de 14 h ? Il faudra que je j'aille voir si c'est bien ça, ou si c'est un hasard ! Et pour en être sûr, je me rendrais discrètement dans sa rue un peu avant afin de voir si c'est bien le cas, ou juste une coïncidence.

Par contre, j'ai remarqué qu'il regardait toujours dans la direction de la sortie de sa rue donnant sur le centre-ville, là où un monde inimaginable ne cesse de passer. Il fixe toujours ce point, d'un regard neutre et son visage reste sans expression, du moins, jusqu'à ce que je passe par là.

En tout cas, comme je l'ai dit un peu plus tôt, deux jours ce sont passé, et ma remise de diplôme est déjà demain. Je vais devoir porter un uniforme spécial pour ce jour. Vous savez, l'espèce de robe bleu marine, presque noir avec son petit chapeau carré où flotte un pompon bien chiant ! Voilà, ce truc bien ridicule ! Enfin, c'est juste pour quelques heures alors ça ira. Et puis, je ne serais pas le seul habillé ainsi car tout le monde le sera, mes amis inclus. D'ailleurs, j'ai hâte de les revoir, avant que nos chemins se séparent ... Dit comme ça, ça fait dramatique, mais c'est le cas. Mes trois amis et moi risquons de ne plus tellement nous voir par la suite car chacun va commencer sa vie. Mais on se donnera des rendez-vous dès qu'on le pourra ! Une belle amitié, ça ne se perd pas !

Bon, je ne sais pas quelle heure il est, mais il va falloir que je bouge mon joli fessier ! Je m'assieds dans mon lit, prenant mon portable afin de regarder l'heure, mais constate que j'ai un message de chacun de mes amis sur notre conversation de groupe – appelé au passage « les fous ».

Alien : Yo les mecs ! Prés pour demain ?

Swagi : Nope, pas envie de porter une robe de grand-mère ...

Alien : Tu t'en fous, tu te fondras dans la masse de toute façon mdr

Horseland : Yo ! What's up ? Je suis au taquet pour demain moi ! J'ai hâte de vous voir les gars !

Alien : La même !

Swagi : Ne viens pas en retard cette fois. C'est quelque chose d'important quand même.

Alien : Tkt, je vais m'arranger pour que mon lit ne me fasse pas de l'œil ;)

Horseland : Pour l'instant, je suis sûr que c'est le lit de Jimin qui lui fait de l'œil XD

Je souris comme un con en lisant leur message ... En même temps, ils le sont ! Je décide de leur répondre rapidement.

Moi : Slt les gars ! Moi aussi j'ai hâte de vous voir demain ! Et non, il ne me fait plus de l'œil ! Je viens de me lever ^^

Je n'ai même pas besoin d'attendre que je vois Tae – Alias l'Alien dans la conversation – écrire.

Alien : Ah, mais on avait pas totalement tort ! T'es conscient de l'heure qu'il est crétin ?

J'arque un sourcil à sa réponse, et regarde l'heure affiché en haut de mon portable. 11 h ... Merde ! J'ai un rendez-vous dans un café pour un entretien d'embauche dans 20 minutes !

Moi : Fuck ! Je vous laisse les gars, je vais être en retard à mon entretien d'embauche ! À demain les gars !

Je balance ensuite mon portable de l'autre côté de mon lit et me lève rapidement – un peu trop vite d'ailleurs, car ma tête tourne légèrement et de petits points noirs apparaissent devant mes yeux. Je stoppe tout mouvement quelque seconde, avant de reprendre ma course lorsque ma vue redevient parfaitement normal. Je prends sur mon bureau les vêtements que j'avais – heureusement – préparé la veille et me dirige rapidement dans la salle de bain.

C'est après avoir prit une douche rapide, de m'être brossé les dents et de m'être habillé de façon convenable, que je suis arrivé avec 10 minutes de retard ... Pourtant, je suis passé par la petite rue du gamin – qui d'ailleurs n'étais pas à sa fenêtre, mais là n'est pas le problème pour l'instant. Lorsque la patronne m'a vu, je me suis présenté et me suis excusé de nombreuse fois pour mon retard. Heureusement, elle ne l'a pas mal pris et m'a même souri en disant, je cite « Un retard peut être toléré, tant que ce n'est pas répété régulièrement ».

Je me suis donc rendu avec elle dans son bureau, et elle n'a même pas regardé mon CV et ma lettre de motivation. J'ai seulement eu droit à des questions en tout genre, passant du personnel au professionnel. C'est une personne vraiment gentille et qui semble avoir la main sur le cœur. Elle ne se soucie pas de tout ce qui est administratif et fait à sa façon, vivant au jour le jour. Pour être honnête, j'étais un peu stressé ce qui m'a valu d'être droit comme un piquet sur ma chaise tout le long de notre conversation, jusqu'à ce qu'elle me dise sa décision finale.

– Bien, tu es libre quand ? Me demande-t-elle, souriant.

– Heu ...

Je ne savais pas quoi dire. J'étais pris ? Elle remarque mon léger malaise et reprend en rigolant.

– Oui mon grand, tu es pris !

À cette nouvelle, un grand sourire se forme sur mes lèvres, formant des croissants de lune au niveau de mes yeux. C'est donc des plus heureux que je lui réponds que je suis libre à partir d'aujourd'hui, sauf demain à cause de ma remise de diplôme.

Après avoir salué mon patron, je sors du petit café, plus souriant que jamais. J'ai enfin trouvé un boulot et qui est assez bien payé en plus ! J'ai quand même cherché pendant une semaine et autant dire que les refus que je subissais commençait sérieusement à me taper sur le système. J'avais vu hier cette annonce qui était affiché sur la façade du café. Ils recherchaient un barista et je me suis tout de suite proposé, mais malheureusement, la patronne n'était pas là, d'où mon rendez-vous pris aujourd'hui. Aussi, de ce que j'ai comprit, je travaillerais à partir de midi, jusqu'au soir, avec un trou de deux heures, et sûrement le matin, mais j'en serais plus lors de mon premier jour.

Maintenant, je retourne chez moi pour manger car ... J'ai la dalle du siècle là ! Il est midi passé, et j'ai pas mangé ce matin puisque j'étais en retard. J'ai trop faim. C'est donc en courant que je me rends chez moi, passant encore et toujours par la fameuse rue où ce gamin ne se montre encore pas. Ce qui me rappelle ma théorie de ce matin. Il faut que je me dépêche de rentrer et de manger afin d'être prés bien avant 14 h histoire de me retrouver dans sa rue plus tôt et de ne pas louper quand il ouvrira sa fenêtre. Si ça se trouve, je vais attendre toute l'après-midi comme un con pour rien, car je me suis fait de fausse idées ... On verra bien.