Chapitre 9

Louis:

Mardi 11 Septembre 2018:

Absolument tout m'énerve aujourd'hui. La main de ma prof de philo sur mon épaule comme si j'étais un putain de dépressif, prêt à s'ouvrir les veines dans sa classe. Anna et sa satanée gentillesse, qui continue d'essayer d'être mon amie. Noah et ses foutus sourires de merde, que j'ai envie de lui faire ravaler. Cette pétasse de mon cours d'histoire qui est venu me voir pour me dire que si j'avais besoin de quoi que ce soit, elle était là.

Qu'ils allent tous se faire foutre putain ! Personne n'a jamais été là pour moi. Mme Sawer n'a jamais fait attention à moi depuis deux ans. Anna devrait aller voir ses autres amis et me laisser tranquille. L'autre pétasse ne m'a jamais adressé la parole en deux ans. Et Noah, il devrait aller faire chier quelqu'un d'autre.

Je claque la porte de la salle avec un peu trop de violence et jette mon sac par terre. Je veux que cette journée de merde se termine. Je m'agrippe un bureau et le pousse avec toute la haine que j'éprouve.

Je viens toujours trouver refuge dans une salle de classe vide le midi. Personne n'est là pour me dévisager. Personne n'est là pour remarquer que je ne mange rien. Et surtout personne n'est là pour m'emmerder.

Je fais des aller-retour dans la salle en tirant sur mes cheveux. Je n'arriverais pas à me calmer. Je ne sais pas d'où me vient cette boule de colère mais elle ne va pas tarder à exploser. Elle me brûle de l'intérieur.

La porte s'ouvre et se referme derrière moi. Je fais volte face prêts à incendier la personne qui ose me déranger. Je me fige quelques instants en voyant Noah appuyé contre le mur. Je le fusille du regard. Il n'est pas obligé de me suivre de partout, merde !

- Qu'est-ce que tu veux ? je lâche sèchement, en serrant les dents.

- Venir te voir.

- Et bien c'est bon, tu m'as vu, tu peux repartir.

Ses yeux surpris me font souffler d'exaspération. Il s'avance vers moi, mais d'un coup d'oeil, je lui fait comprendre que ce n'est même pas la peine d'essayer. Il sort de son sac un sandwich qu'il me tend. C'est une blague ? Je lui fait tant pitié que ça ? J'ai bien vu son manège au restaurant mercredi dernier, à constamment regarder ce que je mangeais.

- Louis, insiste-t-il en agitant le pain devant lui.

Ma mâchoire se crispe et je serre les poings contre mes hanches. Je ne boufferais pas son putain de truc ! Je ne lui ai rien demandé. Un autre regard noir dans sa direction. Ce qui n'a pas l'air de le perturber. Il reste là debout à m'observer comme si il tentait de lire en moi. Ce qui m'agace encore plus.

- D'accord très bien, se résigne-t-il en rangeant la nourriture.

- Laisse-moi tranquille, je siffle.

Hors de question que je desserre les dents. Noah ne me lâche pas des yeux mais au moins, il a perdu son sourire de malheur. Il n'a pas l'air décidé à partir. Je ne veux pas de lui ici, pas quand j'ai cette colère en moi qui ne demande qu'à sortir.

- Noah sors, je gronde en haussant le ton.

- Non, tranche-t-il.

Je tape du pied comme un enfant. Je vais péter un câble, réellement. Des larmes de rage me brouille la vue. Il faut que je tape dans quelque chose. Je frotte mon visage avec mes mains en lui tournant le dos.

- Ok très bien, souffle la voix de Noah.

Juste au moment où je crois qu'il va enfin se casser, ses doigts  s'enroule sur mon avant bras.

- Qu'est-ce que tu fais ? je lui hurle en lui faisant face.

Il ne me répond pas et me tire pour que je le suive. J'ai beau lutter, forcer sur mes pieds pour rester sur place, mon corps bascule contre le sien. Bien évidement, je n'ai pas la même force que lui.

- Lâche-moi ! je continue de crier en tentant de me libérer de son emprise mais en vain.

- Non, tu vas venir avec moi.

Je me débats et essaye d'enlever sa main mais sa prise est plus forte. Il nous fait traverser le couloir, où plusieurs élèves se retournent sur notre passage. Génial, il ne manquait plus que ça ! Je le déteste ! Je ne suis pas son chien pour me faire trainer de la sorte derrière lui.

- Noah !

Il ne m'écoute pas et nous guide à l'extérieur du lycée, en direction du terrain de foot. Il nous conduis jusqu'au milieu de la pelouse. À ce moment-là, il enlève enfin sa main. Je me masse le bras en le tuant du regard.

- C'est quoi ton putain de problème ? je lui crache au visage alors que lui reste impassible devant moi.

- Et toi, qu'est-ce que tu as aujourd'hui ?

Pour toute réponse, je croise les bras sur ma poitrine en boudant. Je ne lui dois rien, aucune explication. Il ne me connait pas, je n'ai pas à me justifier devant lui.

- Bouge pas, m'ordonne-t-il et j'ai presque envie de rire.

Il se prend pour qui à me donner des ordres ? Je ne suis pas son foutu larbin ! Je le vois aller chercher un filet avec des ballons dedans et revenir. Qu'est-ce qu'il fou avec ça ? Il les sort et les place devant moi, en ligne.

- Quand je suis énervé, je viens ici et je décharge ma colère en shootant dans les ballons, me dit-il en revenant à mes côtés.

- Et alors ? je grogne.

- C'est ce que tu vas faire aujourd'hui, me rétorque-t-il comme si c'était normal.

- Non.

- Si je te montre.

Il frappe dans la première balle en hurlant, ce qui me fait sursauter. Il se place derrière un autre ballon et reproduit le même geste.

- Ça m'énerve que le mec qui me plait soit aussi malheureux et que je sois si impuissant pour lui, hurle-t-il en tapant une troisième fois.

Je ne relève pas sa phrase. Noah va chercher les ballons qu'il a envoyé dans les cages et les remets dans la même position.

- À ton tour, à chaque fois, avant de taper tu dois exprimer une des raisons pour lesquelles tu es en colère, m'explique-t-il.

Je ne bouge pas de place, la balle à mes pieds. Je ne sais pas jouer au foot et son truc est complètement débile. Pourtant Noah m'encourage en me disant que cela va m'aider à tout extérioriser et que je me sentirais mieux après. Il ne comprend pas que je n'irais jamais mieux.

Je vais faire ce qu'il me demande, comme ça, après j'aurais la paix. Je prends de l'élan avec ma jambe en pensant à tout ce que j'ai sûr le coeur.

- Je suis en colère contre mes parents qui agissent comme si je n'étais plus là, je crie en shootant.

Je me déplace vers le deuxième et fais la même chose.

- Je suis en colère que mon frère soit tombé malade, il ne méritait pas ça, c'est injuste, encore une fois mon pieds rencontre la balle avec force et l'envoie au fond de la cage.

Je reprend mon souffle et laisse les larmes couler. Alors je continue, incapable de m'arrêter.

- Il est partit et c'est putain de douloureux, tout le temps à chaque secondes.

Je tremble de partout. J'aperçois à peine Noah remettre mon défouloir en place,  que je reprends mon activité.

- Alors oui je suis en colère, c'est mon frère et on me l'a pris, je crie et je suis déjà prêts à frapper une nouvelle fois. Je ne veux pas vivre sans lui, j'en suis incapable alors oui, je refuse que tu fasse partit de ma vie parce que je n'ai pas le droit d'être heureux. Et je me sens coupable de tout ce que tu me fais ressentir.

Je hurle de frustration. Je hurle ma peine. Je hurle ma douleur. Tout y passe. Je ne sais même plus ce que je dis. Je crois que je parle de ma famille qui a éclaté en milles morceaux. Du fait que je suis incapable de jouer du violoncelle depuis qu'Hugo m'a annoncé son cancer alors que j'avais mon instrument dans les mains.

- Continue Louis ! m'ordonne Noah en criant lui aussi.

- Je hais tous ses regards sur moi, ils me jugent tous ! Personne ne peux comprendre, c'est mon frère putain !

J'attrape le dernier ballon entre mes mains et le jette par terre, plus loin, de toute mes forces. Ça fait tellement de bien ! Je veux exploser, tout laisser sortir.

- Je ne suis plus capable de rien faire ! Je n'arrive même plus à regarder mon violoncelle. Je n'arrive plus à manger sans vomir. Parfois, j'ai l'impression que je n'ai pas le droit d'être en vie alors que Hugo... Hugo, sa vie à lui, lui a été arrachée.

Epuisé, je me laisse tomber sur l'herbe, mes sanglots me submergeant. Noah s'assoit à mes côtés et me prend directement dans ses bras. Je me sens un peu soulagé. Cette boule de feu à l'intérieur de mon corps a pu sortir. Mon souffle est rapide. Mon coeur bat la chamade.

- Tu vas mieux ? s'inquiète Noah en caressant mes cheveux.

- Je crois, je lui réponds tout bas. Ça m'a fait du bien.

- C'était le but. Tu as le droit d'être en colère Louis mais il ne faut surtout pas que tu la laisse avoir le dessus sur toi, enchaine-t-il tendrement.

Je hoche la tête peu convaincu. Il y a des jours où je ressens cette haine et je ne peux rien y faire. L'odeur de Noah m'apaise, bien malgré moi. J'ai été horrible avec lui mais il est quand même là en train de m'aider. Comme il me l'a promis. J'ai besoin de lui confier ce qu'il pèse encore sur mon coeur.

- Quand Hugo m'a annoncé qu'il était malade, j'étais en train de jouer et depuis j'associe mon violoncelle à ce moment et je ne parviens plus à jouer une seule note. Je ne l'ai même pas retouché depuis ce jour-là.

- C'est ce que j'ai cru comprendre, prends ton temps Louis. Lorsque tu te sentira prêts, tu rejoueras mais pas de tout suite.

- Il me manque tellement, je souffle en pleurant dans le cou de Noah.

- Je sais.

Je me laisse aller dans ses bras. J'étais tellement dans un état second que je ne sais plus ce que je lui ai dis. Je m'agrippe à lui comme si ma vie en dépendait et quelque part c'est un peu vrai. Noah est mon attache. Celui qui me permet de rester en vie.

- Ne me laisse pas tomber Noah, je l'implore en murmurant.

- Jamais, je serais toujours là pour toi.

Comment en si peu de temps quelqu'un peu devenir aussi important ? Noah pose sa tête contre la mienne, en déposant un baiser sur ma tempe. Je veux qu'il continue. J'aime sentir ses lèvres sur ma peau. J'ai beau lutter de toute mes forces, je me sens bien avec lui. Et je me hais pour ça.

- Je sais que tu ne veux pas entendre ça Louis mais il le faut, commence-t-il en encerclant ma taille de son autre bras. Je suis persuadé que ton frère veut le meilleur pour toi.

Je ne réponds pas, parce que j'en suis incapable. Je sais que Noah a raison. Hugo me l'a déjà dit. Mes pleurs parlent pour moi. Je niche un peu plus profondément ma tête dans le creux de sa nuque.

Je me remémore ce qu'il a dit lui aussi, avant de taper dans le ballon. Il a avoué que je lui plaisais. Noah mérite quelqu'un qui puisse le rendre heureux et je ne peux pas être cette personne. Egoïstement, je refuse de le voir avec un autre mec.

Pause. Noah est gay ? Vu sa carrure et sa beauté, il pourrait avoir n'importe qui. Bizarrement c'est moi qu'il a choisi et je ne veux pas le faire partir. Je sais que Noah contribuera à mon bonheur. Je ne sais plus quoi penser, ni quoi faire.

Doucement je me redresse et plante mon regard dans le sien. Je prends mon courage à deux mains et dépose mes lèvres sur les siennes. Un baiser tendre et rapide qui ravive la flemme dans mon coeur. Je me recule presque aussi vite.

- Tu me plais aussi Noah mais laisse-moi le temps de me reconstruire. Attends-moi.

MlleLovegood

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top