Chapitre 8

Noah:

Mercredi 5 Septembre 2018:

Je nous ai choisi un petit restaurant tranquille sans trop de monde, pour que Louis puisse se sentir à l'aise. Nous nous sommes installé à une table de deux à l'écart des autres clients.

Nous lisons la carte et je ne peux pas m'empêcher d'observer Louis à la dérobée. Il fronce les sourcils lorsqu'il est concentré, le bout de sa langue sort légèrement de ses lèvres. Bordel, que ça me tord l'estomac. Il est adorable, mignon et sexy sans trop en faire. Tout ce que j'aime. Je secoue la tête pour chasser mes pensées peu raisonnable.

Le serveur arrive pour prendre notre commande. C'est à mon tour de froncer les sourcils en entendant Louis demander juste un plat de pâtes. Vu l'état de son corps trop maigre, même si il tente de le camoufler dans des fringues trop larges, je devine qu'il ne mange pas beaucoup.

J'attends que l'employé parte pour me consacrer pleinement à l'homme assis en face de moi. Je fonds comme neige au soleil devant lui, encore plus après aujourd'hui.

- Ça va ? je le questionne pour m'assurer qu'il est bien avec moi, le but n'est pas de le forcer à l'être si il n'en a pas envie.

Il hoche timidement la tête. Je vois ses lèvres bouger brièvement mais retombe vite. Le fait qu'il ait tenté de me sourire, me ravis et me suffit. Il pose ses mains sur ses genoux et se dandine sur sa chaise. Il est quand même gêné alors je vais tout faire pour le détendre.

- Si tu es d'accord, j'aimerais qu'on fasse plus connaissance tous les deux, je lui propose en souriant, parce que sa simple vu me fait cet effet.

- D'accord, répond-t-il dans un seul souffle à voix basse.

Le son de sa voix me déclenche à chaque fois des frissons partout dans le corps. J'aime l'entendre et j'aime encore plus le fait qu'il se sente assez en confiance avec moi pour parler. Bien sûr il est toujours timide et peu assuré mais nous avançons doucement, à notre rythme.

- T'as un copain ? je demande de but en blanc, c'est la première chose que je veux savoir.

Il me regarde avec des yeux exorbités et choqués. Il bafouille quelques mots incompréhensible avant de secouer la tête de gauche à droite. Parfait. Cette réponse me convient, un peu trop d'ailleurs. Il baisse la tête et je vois des rougeurs apparaitre sur ses joues et sur la basse de son cou. Exactement ce que je disais, adorable.

- Heu... commence-t-il avant de se racler la gorge, comment tu sais que... je suis... gay ?

Les bases sont fixées. Inconsciemment il a répondu à la question que je me pose depuis notre rencontre. Il arrive de plus en plus à faire des phrases sans trop bégayer et je suis fière de ça.

- On me l'a dit, je lui informe joyeusement.

Nouveau hochement de tête. Malgré que j'ai appris beaucoup de chose sur lui, par les autres, je veux qu'il me les dissent de lui-même. D'une main tremblante, il prend son verre de coca pour en boire une gorgée. Je ne peux pas m'empêcher de fixer ses lèvres prendre la paille entre elles. Il faut que je me reprenne. Ne pas le brusquer.

- Je dois t'avouer que c'est la première fois que je fais ça, emmener quelqu'un au resto, je lui apprends ne le lâchant pas du regard.

- Pourquoi maintenant ? Et... pourquoi... moi ? enchaine-t-il en reposant son verre, il fuit mon regard.

- Je pense que tu connais déjà la réponse, je réplique en me faisant violence pour ne pas attraper sa main qu'il a plaqué contre la table.

Cette fois son visage prend carrément une teinte couleur tomate. Je ressens une certaine satisfaction de le voir réagir aussi facilement à mes remarques. Aaron a raison putain, je suis déjà accro. Personne jusqu'à maintenant, n'a encore réussi à m'attiser autant d'intérêt que lui.

- Qu'est-ce que tu veux...savoir ? finit-il par dire, toujours avec sa petite voix qui me fait fondre.

- Tout. Ce que tu aime, qui tu es.

Il hausse les épaules, l'air de me dire qu'il n'y a rien d'interessant à savoir. Je ne suis pas d'accord. N'y tenant plus, j'effleure le dos de sa main. Je le sens réagir à mon toucher. Frisson, tremblement. Bordel, j'aime ça.

Louis plante son regard dans le mien, une lueur de détermination traverse ses yeux. Mes poils s'irisent et une chair de poule apparait sur mes bras.

- Tu peux me demander ce que tu veux, j'essaye de cacher ma surprise à l'entendre me parler avec tant de conviction sans aucune hésitation, mais pas sur mon frère.

La fin de sa phrase se termine dans un murmure mais j'ai parfaitement entendu. Ses pupilles marron se remplissent de tristesse à l'évocation de son frère. Je n'allais pas faire ça, parce que je sais que c'est un sujet sensible. Il n'est pas prêt à se livrer et je respect ça. Je ne veux surtout pas lui faire de la peine.

- Ce n'était pas mon intention, je le rassure en perdant légèrement mon ton joyeux de le voir dans cet état.

- Alors tu peux...me poser tes questions, enchaine-t-il la voix cassée.

- Qu'est-ce que tu fais en dehors du lycée ?

- Rien.

Sa réponse est simple. Pourtant je sais qu'il pratique du violon, chose qu'il ne fait plus alors. C'est dommage, j'aimerais l'entendre jouer. Je veux lui redonner goût à la vie. Je n'ai pas le temps de lui demander autre chose car le serveur arrive avec nos plats.

Louis triture ses pâtes sans jamais en mettre une dans sa bouche. Il les regarde comme si elles le dégoutaient. Visiblement il n'apprécie plus la bouffe, pourtant il doit reprendre du poids.

- Tu ne mange pas ? je le questionne innocemment, comme si je n'avais pas compris son manège.

- Si, souffle-t-il avant de faire glisser un spaghetti dans sa bouche.

Il met beaucoup de temps pour mâcher. Putain, depuis quand il n'a pas pris de vrai repas ? Je vais arranger tout ça. Si il le faut, je l'emmènerais tous les soirs au resto. Au moins, je serais sûr qu'il mange.

Après plusieurs secondes, interminables pour moi, il avale. Son expression de visage me montre clairement qu'il ne prend aucun plaisir. C'est presque une torture pour lui d'enfourner une autre bouchée. Si ce n'était pas pour sa santé, j'aurais mis fin à son clavaire depuis longtemps, parce que le voir comme ça, me brise le coeur.

- Et toi..., tu fais du foot alors ? me demande-t-il et je l'entends marmonner un vague « idiot comme phrase » qui me fait sourire.

Je ne suis pas dupe. Il me pose la question pour détourner mon attention. Il doit sentir mon regard le scruter depuis le début du repas. Je décide de jouer le jeux.

- Oui, je suis attaquant. D'ailleurs mon numéro de maillot est le 15, je lui apprends avec un clin d'oeil en espérant qu'il comprenne pourquoi je lui dis ça.

Je sais qu'il a capté car des points rouge ré-apparaissent sur son visage. Décidément putain d'adorable. Je dois faire preuve de beaucoup de self contrôle pour ne pas lui sauter dessus et l'embrasser. C'est encore trop tôt, il va prendre peur et s'enfuir en courant à coup sûr. Je dois me montrer patient et l'aider, jusqu'à ce qu'il se sente prêt.

- Je connais Aryn et Logan, me dit-il sans oser me regarder en face.

- Ah oui ? je m'exclame surpris.

- Oui, ils sont... meilleurs amis avec Hayden...un ami à moi.

- Oh, oui bien sûr, je vois qui c'est.

Qui ne connais pas Hayden Spence d'ailleurs ? Le Hulk du lycée qui s'est marié à 18 ans avec un mec. Perso pour moi, c'est une légende. Je crois que c'est un peu grâce à lui que les gay du lycée sont respectés. Il a fait tomber tous les clichés.

Je suis légèrement déçus d'apprendre que j'aurais pu connaitre Louis depuis l'année dernière. Après l'accident d'Aryn, lors des matchs, il venait souvent avec ses amis. Cela veut dire que j'ai aperçu plusieurs fois Louis de loin, sans jamais vraiment le voir. Quel perte de temps !

- Autre chose ? continue-t-il et je vois qu'il n'a mangé même pas la moitié de son assiette.

- Oui. Tout ce que je t'ai dis depuis une semaine est vrai, je n'ai pas menti. Alors j'aimerais si tu es d'accord, qu'on sorte de temps en temps tous les deux, faire des activités.

Je replace mes couverts pour occuper mes mains tremblantes par le stresse. J'ai l'impression de lui proposer un rencard. Je ne veux pas qu'il le traduise de la sorte. C'est juste dans le but de l'aider.

- Je sais pas Noah, je...

- Je ne veux pas te forcer la main.

Mon coeur tambourine un peu trop fort dans ma poitrine. Mon prénom sonne tellement bien dans sa bouche. Il semble sérieusement réfléchir à ma question. Son expression change plusieurs fois.

Nous sommes une nouvelle fois coupés par le serveur qui vient récupérer nos plats. Louis lui donne son assiette, en baissant les yeux honteux. Nous allons y aller pas à pas. Vu sa dénutrition, je sais que ça aussi, ça doit être fait lentement.

Une fois de nouveau seuls, je scrute Louis qui tord ses doigts entre eux. Il expire longuement.

- J'ai peur que tu joue avec moi, finit-il par lâcher en détournant les yeux.

- Non ! je m'exclame vivement, un poil vexé qu'il pense cela de moi.

- Comprends-moi, est-ce que c'est parce que je te fais pitié ? enchaine-t-il et où sont passé ses bégaiements bordel ? Il est déconcertant.

- Absolument pas Louis, je... je sais pas pourquoi mais j'ai envie d'être là pour toi et je t'assure que je ne joue pas avec toi.

Il acquiesce, je vois sa lèvre inférieur tressauter mais il la prend vite entre ses dents. Ce n'est absolument pas le moment de le trouver sexy. Putain d'hormones !

- Tu me le promets ? me demande-t-il timidement, il a besoin d'être rassuré.

- Je te le promets.

- D'accord, alors quoi comme sortie ? réplique-t-il et mon sourire est revenu, plus rayonnant encore, il a accepté ma proposition.

- Je vais réfléchir et je te le dirais.

Il secoue la tête avec un air désespéré. Je lui prend la main et fait glisser mes doigts le long des siens. J'ai besoin de son contacte. Il regard nos mains enlacées avant de me jeter un coup d'oeil.

- Je veux avoir confiance en toi, souffle-t-il et mon sang afflue un peu trop fort.

- Tu peux avoir confiance en moi.

Louis exerce une pression autour de mes doigts. Je ne te lâcherais pas.

Le serveur apporte mon dessert, bien sur Louis n'en a pas voulu. Je le sens perdu dans ses pensées. Tout ceci doit être déroutant pour lui. Je vais lui laisser le temps de s'adapter à ma présence.

Refusant de partir et de le ramener tout de suite, je décide de marcher un peu avec lui. J'adore Londres la nuit. C'est plein de vie et magnifique avec toutes ses lumières. Par moment Louis se colle à moi, quand il y a trop de monde. Pour le rassurer, je passe un bras autour de ses épaules, de manière à le garder contre moi.

Malheureusement, il commence à se faire tard et nous avons cours demain. Nous sommes obligés de retourner à ma voiture. Le trajet du retour se fait dans le silence. Comme à l'allée, il n'y a rien de gênant, au contraire, il est apaisant.

Je prends le chemin de sa rue et finit par arriver devant son allée. Je coupe le moteur et me tourne vers lui avant qu'il ne descende.

- J'ai passé une super soirée, je lui avoue en touchant sa joue.

- Moi aussi.

Sa réponse me fait sourire. J'aurais aimé qu'il se livre plus à moi ce soir mais Louis est quelqu'un de réservé. Nous avons tout de même fait un énorme pas dans notre relation.

Il se détache dans un soupire, que je n'arrive pas à traduire, puis il ouvre la portière. Avant de la refermer il se penche vers moi.

- N'oublie pas ta promesse Noah, me dit-il dans un murmure.

- Jamais.

Je le regarde rentrer chez lui et attends qu'il est fermé sa porte pour redémarrer. Je vais prendre soin de lui, comme personne.

Est-ce que c'est possible de ressentir tout ça pour quelqu'un en si peu de temps ? Toutes ses sensations qu'il me déclenche, je n'ai jamais vécu ça avec mes conquêtes. Louis est tellement plus que ça. Putain, j'aurais aimé le rencontrer dans d'autres circonstances, pour d'autres raisons.

MlleLovegood

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