Chapitre 7
Louis:
Mercredi 5 Septembre:
Je me sens rassuré dans la chaleur de ses bras. Son odeur m'enivre et m'apaise, à tel point que je la respire à plein nez. L'une de ses mains me caresse le dos, son passage me brûle la peau, même à travers mon pull. Les doigts de son autre main, font des aller-retour dans mes cheveux. Je me sens bien. Je ferme les yeux pour profiter au maximum de toutes ses sensations.
Et puis la réalité me rattrape. Je me retire d'un seul coup, de son étreinte. Je baisse les yeux et les ferme pour retenir mes larmes. Je n'aime pas me laisser aller de la sorte.
- E...excuse...moi, je bégaye honteux en jouant avec le bas de mon pull.
- Ce n'est pas grave Louis, ne t'inquiète pas, me répond-t-il d'une voix douce en effleurant ma joue du bout des doigts.
Je frisonne malgré moi à ce contacte. Ce que je ressens lorsque je suis avec lui m'effraye. Je ne veux pas ressentir cette plénitude lorsqu'il me prend dans ses bras. Une larme s'échappe de ma paupière face à tant de douceur dans ces gestes. Je sens ses mains se poser sur mes joues et les caresser tendrement. Je me retiens d'éclater une nouvelle fois en sanglots devant lui.
J'ai promis à Hugo de faire un effort, de plus m'ouvrir aux autres. Seulement c'est plus facile à dire qu'à faire. Noah me chamboule. Je suis bouleversé par sa présence. Pourtant je rejette ce sentiment. Je ne me sens pas prêt pour tout ce qu'il peut m'apporter. Il me fait peur.
- Louis, m'appelle-t-il tendrement et mon coeur loupe un battement.
Je n'ose pas le regarder en face. J'ai l'impression qu'il peut lire en moi comme dans un livre ouvert. Je n'aime pas ça non plus. Il est rentré dans ma vie il y a seulement deux jours. Je ne veux pas que ses sourires aient une significations pour moi. Je ne veux pas que sa gentillesse me fasse baisser ma garde. Je ne veux pas que sa peau me déclenche ses fourmillement dans mon corps.
- Tu sais ce qu'on va faire ? me demande-t-il mais il n'attend pas ma réponse pour enchainer. Ce soir je t'emmène au resto.
Je relève des yeux exorbités sur son visage. Un sourire radieux a pris possession de ses lèvres. Qu'est-ce qu'il vient de me dire ? Je ne peux pas sortir manger avec lui. Presque plus rien ne passe et surtout ne reste dans mon estomac. Je ne veux pas qu'il voit ça et qu'il pense que je me laisse dépérir.
- Je ne te laisse pas le choix, je t'embarque ! s'exclame-t-il en rigolant sans pour autant me lâcher.
- Heu...je... ce n'est...
Je ne parviens pas à finir ma phrase. Je mords légèrement ma lèvre inférieur et je vois ses yeux loucher dessus. Je sens mes joues rougir et je détourne le regard.
- Parfait, je passerais te chercher vers 19h, enchaine-t-il.
- D'a...d'accord, je me surprends moi-même à répondre.
Cette fois, c'est un sourire satisfait qui prend place sur son visage. Après un dernier effleurement sur mes joues, il retire ses mains pour récupérer son portable dans la poche de son jeans. Il pianote dessus et me le tend.
- Donne-moi ton numéro, m'ordonne-t-il gentiment.
Timidement je prends l'objet entre mes mains. Il a déjà crée une fiche avec mon prénom, il ne manque plus que mon numéro. Si je lui donne, cela veut dire que notre relation va prendre un autre tournant.
Son sourire et ses yeux pétillants finissent par me décider. Je note mon numéro et lui redonne son portable. Il appuie sur une touche, la sonnerie de mon propre téléphone me fait sursauter.
- Comme ça, tu as le mien aussi, me dit-il malicieusement.
- C'était... juste pour... véri...fier si je t'ai...donné le bon... nu...méro, je lui réponds tant bien que mal, la tête baissé et les joues rouges.
Noah explose de rire. Ce son fait battre mon coeur un peu plus vite, il m'emporte ailleurs. Je relève la tête en sentant le bout d'un de ses doigts caresser ma pommette. Je mentirais si je disais que Noah n'est pas beau. Il est magnifique. Il a constamment ce visage heureux et je l'envie.
- C'est pas faux, réplique-t-il en passant son pouce sous mes yeux, comme pour effacer mes immenses et horribles cernes.
Si je pourrais, je lui sourirais à mon tour mais je n'y parviens pas. Mes muscles n'ont plus l'habitude d'effectuer ce geste. J'apprécie son toucher. Je ne suis pas assez courageux pour me fondre à nouveau dans ses bras. Alors je reste immobile, jouant avec mes mains.
- Je ne veux pas te mettre mal à l'aise Louis, commence-t-il et je fronce les sourcils d'incompréhension alors il se reprend. Ce que je veux dire par là, c'est que tu peux avoir confiance en moi.
J'ai peur de comprendre ce qu'il veut dire. Est-ce qu'il fait référence à mes bégaiements ? C'est encore trop tôt pour avoir confiance en lui. Je le connais à peine. Il va devoir me le prouver. Tout de fois, je hoche la tête parce que je vais faire un effort, pour lui et pour moi. Il m'a assuré que je ne serais plus seul, qu'il serait là pour moi. Quelque part, je lui fais déjà confiance parce que je crois en ses paroles.
- Donc à partir d'aujourd'hui, je vais prendre soin de toi Louis Hamilton, tu as ma parole ! s'exclame-t-il et il dépose un baisser sur mon front.
Je ne sais pas si c'est sa phrase, le façon dont mon nom sort de sa bouche ou ses lèvres sur ma peau, qui me fait trembler. Peut-être une combinaison des trois. Machinalement je serre son tee-shirt entre mes doigts pour le garder près de moi. Le contacte humain m'avait manqué et celui de Noah m'apporte un grand réconfort. Peut-être un peu trop grand d'ailleurs.
Je déteste être en incohérence avec moi-même. Noah à cet effet sur moi, il contrarie tout ce que je ressens. Hugo serait quoi faire lui, il aurait pu me donner des conseils. Je ferme les yeux pour chasser ses images de ma tête. Je refuse de craquer une nouvelle fois devant Noah.
Depuis que je l'ai rencontré, je n'ai plus de fierté. Il m'a vu plus souvent en train de pleurer, qu'autre chose. Je parais si faible à côté de lui, pas qu'à cause de notre différence de taille. Mes bégaiements me foutent assez la honte comme ça. Je dois travailler dessus parce que je ne vais pas supporter longtemps d'être si ridicule.
- Louis ça va ? me demande Noah en passant une main dans mes cheveux, inconsciemment je me penche contre ses doigts.
Mon regard et le sien rentrent en contacte. Ses yeux sont scintillent de joie et reflètent toute la sincérité dont il fait preuve. Ils brillent si fort, que je fonds comme neige au soleil. Je dois lui paraitre tellement moche, tellement banal. Je n'ai pas cette lueur, je suis terne, sans vie.
Un point important de la liste de Hugo m'apparait mais je ne pourrais jamais le réaliser.
4. Aie confiance en toi.
Ma vue se brouille de larmes et le regard de Noah change complètement. Il écarquille les yeux et une mine inquiète déforme ses traits. Il serre sa prise autour de mon visage.
- Louis, murmure Noah en me basculant doucement contre son torse et ma tête reprend sa place dans sa nuque.
Il recommence ses caresse et automatiquement, cela bloque mes larmes. Je ne les ferais pas sortir. Tout comme je ne lui dirais pas que j'ai besoin de lui et que ce qui me fait peur, c'est de le voir partir. Le voir m'abandonner.
Timidement je passe mes bras autour de sa taille et raffermis ma prise. Noah embrasse ma joue et un long frisson parcours mon épiderme.
- On remettra l'interview à plus tard, me dit-il à voix basse comme si il avait peur de briser ce moment.
Je hoche la tête dans son cou. Je n'avais aucune envie de la faire de toute façon. Je n'ai d'ailleurs pas compris pourquoi en faire une si tôt dans l'année. La sonnerie nous indiquant la fin de la pause déjeuner, nous fait sursauter tous les deux. Faisant éclater notre bulle de bien être, par la même occasion.
C'est dans une dernière étreinte et un dernier baiser sur mon front que Noah part pour son prochain court. Il se retourne vers moi en marchant, me lançant un sourire réconfortant. Incapable de lui rendre, je lui fais un léger signe de la main. Complètement débile !
****
Assis sur les marches de mes escaliers je regarde Flor, ma chienne, s'amuser dehors. Je pose mon menton sur mes genoux, remontés contre mon torse. Je suis stressé par rapport à ce soir. Noah ne devrait pas tarder à arriver.
En rentrant du lycée, je suis passé voir Hugo. J'avais besoin de lui parler d'aujourd'hui. J'ai pris conscience de beaucoup de chose, je refuse juste de les admettre mais je vais travailler dessus. J'ai fait une autre promesse à Hugo et je vais tout faire pour la respecter.
Je vais laisser Noah rentrer dans vie. Je suis toujours effrayé de ce qu'il peut faire mais je vais lui donner sa chance. Je serais encore plus mal de le laisser partir. C'est l'une des rares choses que je suis capable d'avouer. J'ai la désagréable sensation que sa présence va me devenir vital pour avancer.
Flor revient et s'assoit en face de moi. Elle pose son museau sur mon avant-bras. Elle aussi, je l'ai complètement délaissé. Elle est en manque d'affection tout comme moi. Je lui caresse ses poils, elle couine de contentement.
Au son d'une voiture, nous tournons tous les deux la tête vers l'entrée de la maison. Noah se gare devant chez moi. Flor court vers le portail en jappant. Ce n'est pas une chienne méchante, elle ne lui fera rien, juste le sentir. C'est ce qu'elle fait d'ailleurs, lorsqu'il pousse la porte en ferraille.
Flor lui tourne autour, j'entends Noah rire de là où je suis. Il avance jusqu'à moi sans me lâcher du regard. Mon labrador le suivant de près.
- Très beau chien, me dit-il en s'assoit à côté de moi.
- Elle... je me racle la gorge et souffle un bon coup. S'appelle Flor.
Je suis fière d'avoir pu sortir une phrase entière, même si elle était courte. Noah semble lui aussi surpris mais il se reprend vite et m'envoie un sourire éclatant. Comme à son habitude.
Flor vient quémander des caresses, ce que Noah lui accorde rapidement. Cette scène m'attendris légèrement mais bien sûr je ne montre rien.
- Elle est génial, souffle-t-il alors que Flor essaye de lui lécher le visage.
- Oui.
- On y va ? Si on ne veut pas manger trop tard il va falloir qu'on parte, me propose-t-il.
J'acquiesce en me levant. Je fais rentrer Flor dans la maison puis verrouille la porte d'entrée. Je suis Noah jusqu'à sa voiture. Il m'ouvre la portière du côté passager. En plus de ça, il est gentleman. J'aimerais pouvoir lui trouver un défaut.
Je m'installe sur le siège et Noah fait le tour de la voiture pour se mettre derrière le volant. Son foutu sourire ne l'a pas quitté depuis sont arrivé. Il démarre et nous roulons tranquillement, dans le silence. Ce n'est pas pesant, sa proximité me fait du bien.
Je le laisse me guider dans une destination inconnue. Je ne lui demande même pas où est-ce qu'il nous emmène. C'est la première fois que je vais manger dans un restaurant en tête à tête avec un autre mec. Nous n'avons jamais fait ça avec Matt.
- Je suis sûr que ça va te plaire, me dit-il en tournant la tête vers moi.
Je pourrais presque sourire de l'ironie de la situation. Je pense à mon ex et Noah choisit ce moment précis pour me parler. Comme un signe pour me rappeler que je suis là avec lui.
Je ne sais pas ce que je suis censé faire pendant ce repas. Si seulement Hugo avait été là pour me le dire. Je suis sûr qu'il aurait approuvé Noah. Il m'aurait probablement conseillé de rester naturel, de poser des questions sur la vie de Noah pour montrer que je m'intéresse à lui.
Je retiens un soupire, je ne veux pas inquiéter mon vis à vis, ni gâcher la soirée par mon humeur morose. Je ne peux pas m'empêcher d'éprouver une part de culpabilité. Je sors et m'apprête à passer la soirée en compagnie d'un mec qui me fait ressentir toutes sortes d'émotions. C'est trop tôt.
Je n'ai pas le droit de me sentir bien alors que je viens de perdre mon frère. Je n'ai pas le droit de reprendre un semblant de vie, pas sans lui.
MlleLovegood
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top