Chapitre 31

Louis:

Vendredi 9 Novembre 2018:

            Je bois une longue gorgée d'eau. Parlé autant m'a donné soif. Aujourd'hui je suis de retour pour mes séances avec le Docteur Magnin. J'ai tellement de chose à lui raconter, alors j'ai commencé par lui parler d'Anna. Je suis si content d'avoir retrouvé mon amie que ça fait plus d'une demi-heure que nous discutons d'elle. C'est la première fois, depuis le début de mes séances, que je ne parle pas de Noah tout de suite. C'est également grâce à ma meilleure amie que j'ai eu le courage d'aller rendre visite à ma mère. Elle me soutient, elle aussi, d'une façon différente de Noah, forcement mais elle est là et c'est tout ce qui compte.

-  Nous avons plein de projets pour le journal avec Anna, je continue enthousiaste et la psychiatre sourit. Nous voulons l'améliorer et que chacun puisse s'exprimer librement.

-  C'est très bien Louis, c'est un beau projet, me complimente-t-elle.

            C'est ce que j'apprécie dans les méthode de mon médecin, elle ne me force pas. Je m'exprime à mon rythme, sur les sujets que je veux. C'est exactement ce dont j'avais besoin. Ces deux rendez-vous dans la semaine, me font un bien fou et me sont primordial. Je ne suis pas prêts de les arrêter et si je dois venir pendant des années, je viendrais pendant des années. Parce que je n'irais jamais bien à cent pour-cent.

-  Être occupé comme ça, me permet de moins penser, j'enchaine.

-  Comment tu te positionne par rapport à ça ? me demande-t-elle.

-  Mieux. J'arrive à faire des choses sans culpabiliser, parce que je sais que c'est ce qu'Hugo veut pour moi, que je sois bien dans ma vie. Ce n'est pas une fausse excuse pour alléger ma conscience.

-  Et il n'y a pas de quoi, réplique-t-elle. Tu as déjà fais un grand pas en acceptant le fait que tu as le droit de continuer ta vie.

-  C'est toujours dur de me dire que je ne peux plus partager tout ça avec mon grand-frère.

            Je sais que j'aurais constamment cette pensée, toute au long de ma vie. Parler face à une pierre tombale, n'est certainement pas la même chose que d'avoir la personne en face de soi. La déchirure est encore bien présente, certes moins à vif qu'il y a cinq mois, mais elle est toujours ouverte et douloureuse.

            Je secoue mentalement la tête. Je ne dois pas retomber dans mes vieux démons alors que ces derniers temps, j'ai fait des efforts considérable. Je dois revenir sur le positif. Ma meilleure-amie, maman et Noah.

            D'ailleurs le Docteur Magnin était ravie d'apprendre que j'ai rendu visite à ma mère et elle m'a félicité pour ce grand pas. Elle a apprécié mon initiative. Par contre, nous ne pouvons pas parler de l'état de ma mère, ni de son suivi, à cause du secret professionnel et je respecte ça.

            La seule chose que je n'arrive pas à faire, c'est contacter Jain et lui demander des explications. Je crains que cette confrontation fasse éclater la bulle que j'ai réussi à me créer. C'est trop tôt pour moi et j'attends d'être vraiment en mesure de supporter ce que Jain me dira.

-  Il y a un dernier point, je commence en me redressant. Nous avons encore le temps ?

-  Tout le temps dont tu as besoin, me rassure le docteur.

-  Depuis ces quelques jours, je n'arrête pas de penser à un truc. Et je...je ne peux pas le faire sans Noah.

-  Est-ce que tu te sens prêts pour ce truc ? me demande-t-elle en mimant des guillemets sur le dernier mot.

-  Je crois et puis c'est une chose qu'Hugo m'a demandé de faire.

            Anna et mes parents m'en ont aussi parlé. Je veux faire cette surprise à mon petit-ami, qui je sais, attends cela également. Il ne me l'a pas clairement dit mais je vois ses regards qui en disent long. Quand je fais part de mon souhait à ma psy, ces yeux pétillent et un sourire franc étirent ses lèvres. Elle me donne tout son appui.

******

Mardi 13 Novembre 2018:

            La cloche sonne la fin du cours. Je range mes cahiers de littérature dans mon sac. Je ne me presse pas à aller en pause déjeuner, Noah doit aller voir le coach pour sa punition. Malgré que l'équipe m'intègre, je ne suis pas à l'aise pour manger avec eux sans mon petit-ami.

-  Louis, j'aimerais te parler si tu as cinq minutes, me demande Mme Rey, ma prof de littérature.

-  Heu... oui, bien sûr.

            J'ai une montée de stresse. Est-ce que c'est pour le club ? Non d'habitude elle me fait ses remarques pendant nos heures de réunion spéciales. Mes mains tremblent et heureusement que je suis assis, sinon mes jambes auraient cédées. Ma prof tire une chaise et s'installe en face de moi. Je mords le bout de ma langue. Je déteste me retrouver dans ce genre de situation, ça m'angoisse et m'oppresse.

-  Tu as entendu les retours sur le journal d'hier ? me questionne-t-elle.

-  Non, pas vraiment, je réponds en haussant les épaules. Je ne m'en suis pas vraiment occupé.

-  Ils sont excellent Louis. Tous les professeurs ont été bluffé par ton article et surtout tes photos originales sur l'équipe de foot. Ils te félicitent et moi aussi d'ailleurs. Je suis extrêmement fière.

            Une boule se forme dans ma gorge et je sens des larmes perler au coin de mes yeux. Ce qu'elle vient de me dire me touche au plus profond. C'est le premier article que j'arrive à écrire avec autant de passion depuis des mois et surtout c'est le premier que je ne peux pas faire lire à Hugo. Il était important pour moi, et en plus, il concernait Noah. Le compliment que me fait Mme Rey me prouve qu'Hugo avait raison de croire en moi et en mes capacités.

-  Est-ce que tu as déjà commencé à réfléchir à ce que tu veux faire l'année prochaine ? enchaine ma prof, en voyant que je n'arrivais pas à lui répondre.

-  Non, pas encore.

-  Tu es vraiment doué pour l'écriture, ce serait dommage que tu arrête. Tu aimerais faire des études de journalisme ?

            Je prends réellement le temps d'approfondir cette question. Je suis conscient que je vais devoir choisir rapidement mes études supérieurs. C'est une chose qui me paraissait complètement irréaliste, quelques mois en arrière. Mon avenir était passé en second plan. Cette idée me trotte dans la tête, et elle s'est renforcée depuis que Noah m'a parlé du métier de sa mère.

-  C'est vrai que le journalisme m'intéresse, je réponds. Beaucoup plus que tout le reste.

-  Si tu veux, je peux te passer les brochures des facultés de l'université de Londres, pour que tu puisse te renseigner, me propose-t-elle gentiment et je hoche positivement la tête.

-  Merci Madame Rey.

-  Tu sais Louis, nous voyons tous les efforts que tu fais, réplique-t-elle.

            Je lui souris, timidement certes mais c'est tout de même un sourire sincère. En ce moment, j'ai l'impression que mes profs me regardent moins avec pitié, ou c'est juste un effet parce que je suis moins en colère contre le monde entier.

-  J'essaye, je réponds dans un murmure.

-  Ils se voient. Continue sur ce chemin Louis, m'encourage-t-elle.

            C'est le coeur léger que je pars rejoindre Noah. La conversation avec Mme Rey m'a soulagé et m'a redonné confiance en moi pour la suite. Elle m'a proposé un nouvel article pour le journal de la semaine prochaine et je ne pouvais pas refusé, d'autant plus en sachant le sujet.

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Vendredi 16 Novembre 2018:

            Muni de mon appareil photo -pendu autour du cou- de mon carnet et de mon stylos, je m'installe sur les gradins. Ça a été une vrai mission de venir jusqu'au terrain et de trouver ma place assise, sans me faire repérer par un membre de l'équipe. Officiellement je suis là pour prendre des notes sur le match, en tant que journaliste. Officieusement, je suis venu soutenir mon petit-ami. Je ne lui ai pas dit que je devais faire un article retraçant le match, qui se joue à domicile. Je tiens à lui faire la surprise.

            Anna doit me rejoindre. En étant honnête, je suis excité d'être là. D'une parce que je sais que cela fera plaisir à Noah et de deux, de passer une soirée avec ma meilleure amie. Comme nous le faisions avant. Je jette sans cesse des coups d'oeil vers les escaliers qui mènent aux gradins.

            Mes yeux s'écarquillent en apercevant Dani, assis plus loin. Qu'est-ce qu'il fait là tout seul ? C'est étrange. Je me lève pour aller le saluer. Il a l'air de se geler.

-  Dani, je l'appelle ce qui le fait sursauter et il tourne la tête vers moi.

            Il semble surpris de me voir mais il se reprend vite. La seconde d'après, je suis dans ses bras, profitant de son étreinte chaleureuse.

-  Qu'est-ce que tu fais là ? me demande-t-il étonné.

-  Oh heu... Hayden ne vous a rien dit ? je réplique embarrassé.

-  Non, pourquoi ?

            Dani me relâche et s'éloigne un peu de mon corps. Je le vois me détailler de la tête aux pieds. Je ne l'avais pas revu depuis l'enterrement d'Hugo et je lutte de toutes mes forces pour ne pas repenser à ce jour-là, pas ce soir, pas maintenant. Je sens mes joues rougir. L'évocation de Noah me déclenche des fourmillements et fait s'affoler mon coeur.

-  En fait...heu...je...mon... mon copain fait partit de l'équipe, je réussis enfin à dire.

-  Je ne sais pas que tu avais quelqu'un. C'est super vraiment, me félicite-t-il en souriant de toutes ses dents.

-  Oui Noah, l'un des deux capitaines, je lui apprends.

-  Ah oui, Chad m'a parlé de lui !

-  Chad ? Comme l'ancien capitaine ? je le questionne.

-  Oui c'est...On sort ensemble. C'est une longue histoire, réplique-t-il en voyant ma mine abasourdie.

            Peu de temps après, Logan et Aryn arrivent à leur tour. Comme leur ami avant eux, ils me serrent dans leurs bras. Dani me présente Chad, je ne me suis toujours pas remis de cette nouvelle. Je le rencontre enfin, Noah m'a tellement parlé de son ancien coéquipier. Je suis content de les revoir. C'est vrai que j'ai gardé contacte avec Hayden et son mari mais pas trop avec les autres. Pourtant, ils ont tous été présent pour moi.

            Le match va bientôt commencer, je dois retourner à ma place, où Anna m'attend. Je souris à ma meilleure amie en m'asseyant.

            Mon coeur bondi dans ma poitrine, lorsque les joueurs entrent sur le terrain et que je repaire Noah. Je lui envoie des ondes positives et de la force, comme il le fait constamment avec moi. Je stresse pour les joueurs en entendant le coup de sifflet qui lance la première partie du match. Mon regard ne lâche pas mon copain mais le travail me rattrape vite et c'est après vingt minutes, que j'ouvre enfin mon calepin pour prendre des notes.

-  Je le fais si tu veux, me propose Anna et elle est obligé de parler fort pour que je l'entende.

-  C'est bon, merci, je la rassure.

-  Comme ça, tu peux te concentrer uniquement sur ton copain. Il a l'air en forme d'ailleurs !

             Touché par sa proposition, je lui fait passer mon carnet et mon stylo. Mes yeux se reposent tout de suite sur Noah. Effectivement, il est à fond dans le match. Mon coeur manque un battement à chacune de ses actions. Comme tout le monde présent pour soutenir l'équipe, je saute de joie au premier but, marqué par mon copain ! Je n'ai qu'une envie, c'est de le rejoindre.

            Je prends sur moi et attends la fin du match pour quitter les gradins. J'ai du me retenir comme un fou pour ne pas aller aux vestiaires pendant la mi-temps. Je voulais tellement aller féliciter Noah pour son but.

            Je salue Anna et les garçons, avant d'aller me placer devant la sortie des vestiaires. Plusieurs joueurs commencent à partirent. Mon sang pulse dans mes veines, tant je suis anxieux de sa réaction. Enfin, je l'aperçois.

-  Quel match Monsieur Brown, je lui lance et il relève la tête.

            Un énorme sourire apparait sur son visage et il court pour me soulever dans les airs et me presser contre lui.

-  Mon ange, souffle-t-il contre ma peau. Tu étais là ?

-  Oui, tu étais parfait. Je voulais te faire la surprise, je réponds en m'accrochant à lui, comme une moule à son rocher.

-  C'est très réussi. Si tu savais comme ça me fait plaisir de savoir que tu étais là tout le long et que tu m'ai vu.

-  J'ai une autre surprise pour toi, je lui dis.

            Il m'embrasse à pleine bouche. Je reste dans ses bras, le temps de traverser le parking. Je lui demande si nous pouvons aller chez moi, ce qui l'étonne bien sûr, mais mon autre surprise s'y trouve.

MlleLovegood 

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