Noah:

Lundi 22 Octobre 2018:

J'ouvre la porte tout en poussant ma valise à l'intérieur de chez moi. J'entends déjà mes soeurs se disputer le programme télé et mon père essayer de les tempérer. Je laisse mes affaires contre le mur, je les monterai plus tard dans ma chambre. Du bruit me parvient de la cuisine, mon sourire se fait plus grand en voyant ma mère préparer des gâteaux. Comme mes parents sont en vacance cette semaine, Lorraine ne travaille pas.

- Salut maman, je lui lance en la rejoignant.

- Oh Noah, je ne t'ai pas entendu rentrer. Alors comment c'était ? me demande-t-elle en souriant.

- Encore mieux que ce que j'avais prévu.

Et je pèse mes mots. Louis était si différent pendant ces quelques jours. Il a même laissé échapper un petit rire. Ses yeux rayonnaient. Il a apprécié notre séjour et c'est tout ce qui compte. Je l'ai senti détendu et presque heureux, surtout lorsqu'il a vu où je l'emmenais. Ça m'a brisé le coeur de le déposer devant chez lui, tout à l'heure. J'aurais voulu rester avec lui toute la journée.

- Ton copain était content ? m'interroge maman.

- Oui. Il avait besoin de ça.

Ma mère hoche la tête, ravis. Avant d'organiser notre voyage à Edimbourg, je me suis rendu compte que je ne pouvais plus mentir à mes parents. Je devais leur dire la vérité, pourquoi j'avais besoin qu'il débloque de l'argent sur mon compte et surtout pourquoi je voulais partir en Ecosse, avec un garçon qu'ils ne connaissaient pas.

J'ai pris sur moi et leur ai demandé une réunion familiale. Je ne risquais pas un refus de leur part, mais ce n'est jamais un moment très agréable. Mes soeurs étant déjà au courant, j'ai juste demandé à mes parents et à Lorraine d'être présents. Nous nous sommes assis tous les quatre autour de la table, dans la salle à manger. Et je me suis lancé, en leur demandant de ne pas m'interrompre tant que je n'avais pas fini.

J'ai commencé par leur parler de ma sexualité, puis de Louis. Sa situation familiale, la perte de son frère. J'ai finis par leur expliquer les bien faits de ce week-end pour mon petit-ami et pour notre couple.

À la fin de mon annonce, ma mère a souri de façon moqueuse, en m'avouant qu'elle était déjà au courant. En effet, cet été, elle a vu un garçon sortir de ma chambre, tôt un matin alors qu'elle partait au travail.

- Nous t'aimons Noah, et rien ne pourra jamais changer ça, a dit mon père, ce qui m'a ému. Tu n'as pas à t'inquiéter mon fils. Et puis je te rappelle que mon associé, qui est mon meilleur ami et ton parrain, est en couple avec un homme depuis dix ans.

Après il a fallu que je dise à mon père que Franc était déjà au courant pour moi. L'année dernière, j'ai fini en pleure dans les bras de mon parrain. Je l'ai supplié de ne dire à mes parents, que je le ferais quand je m'en sentirais capable.

Une tape sur mon bras me ramène à la réalité. Mon père se tient à ma droite, un sourire aux lèvres.

- Dis donc t'étais partis loin dans tes pensées, me taquine-t-il en riant.

- Noaaah ! raisonne la voix de Jade derrière moi, avant qu'elle s'échoue sur mon dos.

- Vous avez fini de vous battre avec Claire ? lui demande mon père.

- Votre fille est réellement insupportable, lance-t-elle de façon théâtrale en parlant fort pour que Claire l'entende.

- Je t'ai entendu la rouquine ! cri notre soeur depuis le salon.

Je vois mon père lever les yeux au ciel et ma mère pousser un long soupire. Je suis pratiquement sûr qu'à cet instant précis, ils regrettent d'avoir pris une semaine de vacance pour la passer avec nous.

Claire débarque peu de temps après. Je n'ai même pas le temps d'envoyer un message à Louis que mes soeurs me casse la tête pour que je leur donne les souvenirs que j'ai acheté. Je n'aurais jamais du leur promettre d'en ramener. 

Je fais la distribution des cadeaux, pendant que nous dégustons les cookies de maman. Comme demandé, j'ai pris un pull à l'effigie de l'Écosse à mes deux soeurs, bordeaux pour Jade et bleu pour Claire. J'ai pris un whisky local pour mon père et une veste en cachemire pour ma mère. J'ai également ramené un plaid aux couleurs et motifs locaux, ainsi qu'un magnets pour notre frigo. Pour Lorraine, je lui ai pris un foulard en cachemire, que je lui donnerai lundi prochain.

Tout ce petit bazar m'a couté une petite fortune mais en voyant mes soeurs et ma mère lorsqu'elles se pavanent avec leurs hauts neufs, et mon père ranger sa bouteille dans son placard à alcool, mon porte-portefeuille s'en porte mieux.

- En fait Nono, Louis vient toujours avec nous pour ma représentation ? me demande Jade, alors qu'elle m'aide à monter mes affaires dans ma chambre.

- Oui, il me l'a reconfirmé tout à l'heure, je lui réponds en souriant.

- Génial ! s'exclame-t-elle ravit.

Je dépose ma valise sur mon lit, Jade sur mes talons. Elle me questionne sur tout ce que nous avons vu et visité à Edimbourg. Elle regarde les photos sur mon portable, calée contre mes oreillers.

- Vous êtes tellement mignon, s'extasie-t-elle et je devine qu'elle est tombée sur les selfies de Louis et moi. Il a l'air d'aller mieux, rien à voir avec la première fois où je l'ai vu.

- Tu trouve aussi ? je lui demande en redressant la tête surpris d'un tel constant venant de ma soeur cadette.

- Oui, son expression est beaucoup plus joyeuse. C'est bien.

Je souris à Jade. Elle a toujours été plus mature pour son âge, elle a un coeur énorme et du moment où elle n'a pas de raison de ne pas le faire, elle apprécie tout le monde.

- Lorraine et moi, nous trouvons que tu es beaucoup plus heureux depuis que tu es avec Louis, continue Jade d'une voix attendrie, qui me donne envie de la serrer contre moi. Claire aussi en a conscience mais c'est Claire, elle est trop sur sa personne pour te le dire.

- Tu es la meilleure Jadou. Je t'aime, je lui réponds, trop ému pour lui dire autre chose.

Ma soeur m'aide à défaire ma valise et tout ranger. Je n'arrête pas de jeter des coups d'oeil à mes portable, mais je n'ai toujours aucune nouvelle de mon copain. Je n'aime pas trop ça. Ne tenant plus, je récupère mon téléphone et lui envoie un message pour savoir si tout va bien.

La réponse met plusieurs minutes à arriver.

<Louis>
« Oui, désolé je n'ai pas eu
le temps de t'envoyer un sms.
Ma mère s'est de nouveau faite
hospitaliser pour son traitement.
Je parlais avec mon père de
la façon dont nous pourrions l'aider. »

<Moi>
« Mon ange, je suis désolé.
Tu veux que je vienne  ? »

<Louis>
« C'est gentil Noah mais ça va.
Je vais rester avec mon père,
je crois qu'il a besoin de moi.
Même si tu n'es pas
physiquement là avec moi, je
me sens fort en pensant à toi.
Tu me rends fort.
Ps: Le programme n'a pas changé,
je viens toujours avec vous samedi. »

<Moi>
« Je t'aime. »

Comme pour ma soeur tout à l'heure, je ne sais pas quoi dire d'autre, tant mon coeur bat la chamade. Louis a le don de sortir des phrases ou des mots qui me déstabilise.    

Des coups tapés contre ma porte de chambre, nous font sursauter Jade et moi.

- C'est moi, hurle la voix d'Aaron avant que ma porte s'ouvre sur mon meilleur ami.

Ce n'était pas prévu qu'il vienne aujourd'hui. C'est bizarre et je fronce les sourcils pendant qu'il salue Jade.

- Qu'est-ce que tu fais là ? je le questionne en refermant ma valise pour la ranger dans mon armoire.

- Faut que je te parle, m'annonce-t-il sérieusement, ce qui m'inquiète.

- Ouuh, ça à l'air grave. Je vais vous laisser, nous dit Jade tout en se levant.

Ma soeur sort de ma chambre et Aaron s'assoit au bord de mon lit, tandis que je m'installe sur ma chaise de bureau. Mon meilleur ami n'a pas l'air dans son état normal. Il ne sourit pas comme à son habitude. Depuis le dernier match, il n'est pas en forme et ma petite réflexion de la dernière fois sur Ethan, n'a pas arrangé l'affaire.

- Qu'est-ce qu'il se passe Aaron ?

- J'aimerais... non en fait j'ai besoin de te parler de ce que tu m'as dis en cours l'autre jour, me dit-il d'une voix timide.

Je ne suis pas sans coeur. Étant donné que j'ai remarqué le malaise d'Aaron en parlant d'Ethan, je n'ai pas insisté. J'ai laissé couler mais pas oublié. Je connais le fonctionnement de mon meilleur ami. Dès qu'il a un souci en tête, il faut lui laisser le temps de le digérer, qu'il trouve une solution pour y faire face. L'assaillir de question ne sert à rien. Par contre, je n'aime pas vraiment entendre sa gorge nouée lorsqu'il s'exprime.

- Je t'écoute, je lui dis en tentant un sourire réconfortant.

- Quand tu m'as enfin avoué pour ta bisexualité, on s'est promis que dorénavant, on se disait tout, enchaine-t-il incertain en gardant la tête baissée sur ses pieds et je hoche la tête en guise de réponse. Je suis paumé Noah, je comprends pas ce qui m'arrive putain.

Je me redresse en entendant les pleurs dans sa voix. Je m'approche de lui mais me fige en voyant des larmes dévaler ses joues. Les fois où j'ai vu Aaron pleurer peuvent se compter sur les doigts d'une main.

- Je sais que dernièrement, je me suis comporté comme un connard envers toi et Louis. Je suis sincèrement désolé Nono, continu-t-il en se frottant le visage et je reste complètement désarmé.

- Et tu sais que je ne t'en veux plus, je parviens enfin à lui répondre. Tu as fais des efforts pour accepter mon couple et c'est tout ce qui compte.

Je m'accroupi face à Aaron et pose une main sur son épaule. Je ne sais pas trop quoi faire d'autre. Autant avec Louis, ça me vient naturellement, autant là, je suis désemparé. Pourtant c'est mon meilleur ami, je devrais savoir quoi faire mais non. Je crois que cette situation ne s'est jamais produite dans notre amitié. En règle général, les rôles sont inversés.

- Quand tu m'as parlé d'Ethan, reprend-t-il. Je ne t'ai pas vraiment donné d'explication après. Je n'étais pas prêts à le faire mais aujourd'hui c'est le cas. J'ai besoin de t'en parler.

Je le laisse reprendre son souffle et une grande inspiration. Ne surtout pas le brusquer. Sur ce point, il ressemble à Louis, que ce soit l'un ou l'autre, il faut les laisser avancer à leur rythme. Peut-être que c'est pour cela que j'ai réussi à comprendre et à soutenir mon copain dès le départ. J'avais déjà de l'expérience.

- Je ne voulais pas te faire paniquer en te disant ça, je réplique prudemment.

- Mais t'avais raison. Au début c'était juste un mec comme un autre. Un gars doué au foot que j'avais envie de prendre sous mon aile, c'est tout.

- Qu'es-ce qui c'est passé ensuite ? je lui demande vu qu'il restait silencieux.

- Ensuite, nous avons parlé lui et moi. Son innocence et sa pureté m'ont touché. Je ne sais pas quand ça c'est produit mais mon coeur a commencé à s'affoler lorsqu'on parlait ou que j'étais avec lui. J'ai constamment envie d'être avec lui ou de le prendre dans mes bras. J'ai jamais été attiré par un mec avant lui. Ce n'est pas une attirance physique mais plus mental tu vois.

- Aaron calme-toi, je lui ordonne gentiment. Ce que je vais te dire est surement cliché mais je ne crois pas qu'on tombe amoureux d'un sexe mais d'une personne. Et peut-être que Ethan a juste tout ce que tu recherche chez quelqu'un.

Il hoche la tête plusieurs fois de suite pour assimiler ce que je viens de lui dire. Malgré tout, une larme solitaire s'échappe de son oeil et mon coeur se serre.

- Ça me fais flipper d'avoir des sentiments pour un autre mec, parce que clairement j'en ai. Maintenant je sais ce que tu as ressenti pendant toutes ses années, me dit-il en essayant de rigoler.

- Justement, pour l'avoir vécu, je peux t'affirmer que tu te sentiras beaucoup mieux en l'acceptant.

- Tu sais Nono, je ne t'ai jamais jugé. Alors je ne veux pas qu'en te disant tout ça tu pense le contraire. C'est juste que...ça fait drôle de...

- De découvrir une nouvelle facette de soi, je termine à sa place. Quelque chose que tu n'imaginais pas être.

Aaron acquiesce. Je le comprends tellement. J'ai eu les mêmes questionnements lorsque j'ai découvert aimer également le corps des hommes.

- Tu sais quoi ? me lance-t-il mais il n'attends pas ma réponse avant de continuer. Grâce à toi, j'ai quand même beaucoup moins de mal à prendre la chose.

- Tu veux tenter un truc avec lui ? je l'interroge.

Il hausse les épaules et je devine que pour l'instant c'est trop tôt. Il vient à peine de se faire à l'idée qu'il apprécie un mec. Aaron tombe très rarement amoureux, donc ce Ethan doit être exceptionnel pour l'avoir faire craquer. Je vais suivre cette affaire de prêt et quand mon meilleur ami aura complètement accepté ses sentiments, je vais lui en faire baver. Simple retour de manivelle !

MlleLovegood