Chapitre 2
Noah:
Lundi 3 Septembre 2018.
Où est ce satané réveil ? Il me casse les oreilles depuis cinq bonnes minutes. Je mets enfin la main sur mon portable pour couper ce bruit incessant. Je pousse un soupire de soulagement. Je rabats la couverture sur ma tête. J'ai encore besoin de sommeil.
Personne n'est pressé de retourner au lycée après les vacances d'été. Plus qu'un an à jouer les sportifs. Plus qu'un an à devoir cacher ma vrai nature. Plus qu'un an à prétendre apprécier des gens que j'ai juste envie de frapper.
Alors que j'allais me rendormir, une masse me tombe dessus.
- Il faut te lever Nono ! hurle la voix de ma petite soeur Jade.
- Fiche-moi la paix et laisse moi dormir encore un peu, je lui grogne.
Bien sûr, ma peste de soeur en décide autrement. Elle saute sur mon lit en me secouant dans tous les sens. J'aime mes deux soeurs mais pas le matin, et encore moins avec ce genre de réveil.
Résigné, j'enlève ma couette. Le visage de Jade apparait devant moi. Un sourire innocent étire ses lèvres. Ses iris verte pétillent de joie. Bon, je ne peux pas l'envoyer balader lorsqu'elle aborde cette moue.
Une dernière tape sur ma jambe et elle se lève, m'envoyant ses cheveux roux en pleine tête.
- C'est bon Lorraine, il est réveillé ! crie-t-elle en sortant de ma chambre.
Je sors difficilement de la chaleur de mes draps. Je vais directement prendre une douche. Je pousse un soupire d'exaspération en voyant la tonne de cheveux dans le siphon. Le bonheur de vivre avec une majorité de femmes. Je me lave rapidement, j'ai beaucoup trop faim pour flâner sous l'eau.
Je m'habille simplement. Merci Seigneur ! Je ne suis pas dans un lycée où l'on doit porter l'uniforme en terminal. Au grand damne de mon autre autre petite soeur Claire, qui doit le porter. Je compatis envers elle, sincèrement, j'ai vécu ce calvaire pendant onze ans !
Je coiffe mes cheveux brun un peu n'importe comment. J'entends d'ici, Aaron me dire que j'ai une chance énorme de ne pas avoir besoin de faire d'effort. D'après mon meilleur ami, Aaron, j'ai le physique typique du footballeur, et tombeur de ses dames. Dommage que j'en ai rien à foutre.
Je dévale les escaliers à vive allure. Je sens d'ici la bonne odeur du petit-déjeuner. Mes soeurs sont déjà installées, tandis que Lorraine, notre gouvernante, fait la vaisselle.
- Il est enfin là, préviens Jade en me voyant arriver.
- Oui, grâce à un réveil tout en douceur, je lui réplique et elle me tire la langue.
- Mange bien Noah, m'ordonne Lorraine.
- C'est beaucoup trop bon pour en laisser.
J'appuie ma phrase en lui embrassant le front. Je connais cette femme depuis que je suis gosse. Du plus loin que je me souvienne, elle s'est toujours occupée de nous. Lorraine a presque soixante ans. C'est plus une grand-mère, qu'une employé. Elle fait partie de la famille. Je la vois plus souvent que mes parents.
Ma mère est journaliste. Elle présente le journal du soir, donc elle passe ces journées dans son bureau. Mon père est agent immobilier. Il est directeur de l'une des plus grosse boite de Londres. C'est donc Lorraine qui nous a pratiquement élevé.
Je m'assois à côté de Claire et attaque mon assiette. Ma soeur se plaint, une fois encore, de l'horrible uniforme bleu qu'elle doit porter. Elle rentre en seconde.
- Nono, dis-moi qu'on va au lycée en voiture ? Je n'ai aucune envie de prendre le bus le jour de la rentrée, surtout que Clarissa va y être, et que je ne tiens vraiment pas à ce qu'elle passe tout le trajet à me parler de son mec, déblatère-t-elle à une vitesse folle.
J'ai à peine retenu tout ce qu'elle m'a dit. Les filles de quinze ans et leurs problèmes. Je perds complètement le fil quand Jade crie à l'injustice. Elle, elle doit prendre le bus scolaire pour aller au collège. Nous ne sommes pas dans un établissement qui accueil les collégiens et les lycéens ensemble. Seulement les cycles à partir de la troisième. L'école de Jade n'est pas du tout sur notre chemin.
- Les filles pitié, je râle lourdement.
- Ce n'est pas juste, se plaint Jade en croisant les bras sur sa poitrine pour montrer son mécontentement.
- La vie est injuste ma puce.
J'ai le droit à un grognement d'indignation. Claire la nargue avec un mouvement de sourcil et un sourire provocateur. Chose qu'elle arrête vite sous mon regard noir. Je suppose que j'entretiens avec mes soeurs, toutes bonnes relations fraternelles comme il se doit. On se taquine la plupart du temps mais personne ne touche à mes soeurs.
- Ça va être l'heure, nous informe Lorraine.
On débarrasse tous les trois la table, en mettant la vaisselle sale dans l'évier. La nourriture au frigo et dans le placard.
Avant de monter dans ma voiture, Claire et moi embrassons Jade. Nous sommes à peine installé que ma soeur met déjà sa musique, qui me casse les oreilles. Comme depuis que j'ai le permis, je passe chercher Aaron, pour le conduire au lycée.
Je me gare devant son allée et lui envoie un message pour le prévenir que je suis devant chez lui. Mon meilleur ami ne met pas longtemps à arriver. Aaron est aussi grand que moi. Un corps bien entretenu dû au sport. Des cheveux blond coupé court. Même si il est plutôt pas mal physiquement, il n'est pas mon genre. Le stéréotype du footballeur n'est pas style.
Claire se ré-installe correctement sur le siège, prend une posture droite. Qu'est-ce qu'elle fait ? Je la vois se recoiffer discrètement.
- Pas touche, je lui glisse en murmurant.
Elle n'a pas le temps de me répondre, puisque Aaron ouvre la porte au même moment. Il jette son sac sur la banquette arrière.
- Salut ! s'exclame-t-il trop joyeusement pour un jour de rentrée.
- T'as l'air de bien trop bonne humeur, je lui réponds.
- C'est notre dernière année mec après on se casse de là ! Bien sûr que je suis heureux.
Je secoue la tête, du Aaron tout cracher. Ma soeur et mon meilleur ami partent dans une discussion que j'écoute d'une oreille. Je crois que l'un comme l'autre n'ont pas compris le sens « on ne touche pas à ma soeur ou a mon meilleur ami ». Ils se draguent carrément sous mon nez.
Je trouve une place sur le parking du lycée. On sort tous les trois de la voiture. Claire nous quitte avec un signe de la main. Elle veut bien que je lui serve de taxi mais après il ne faut surtout pas qu'on la voit avec son grand-frère. Sauf quand des mecs l'abordent parce que je suis co-capitaine de l'équipe de foot. Là, elle sait qu'on est dans la même école. Ah les petites soeurs, de vrai mystère.
- Dis donc mec, t'as entendus parler du gars qui est décédé d'une leucémie cet été ? me demande Aaron alors qu'on traverse la cour.
- Non, pourquoi ?
- C'est mon frère qui m'en a parlé, il était à la fac avec lui depuis un an. D'ailleurs son petit frère est au lycée avec nous, ça craint grave, m'apprend-t-il.
- Carrément putain, c'est horrible.
- Ouais, ça a beaucoup secoué Charlie.
Je n'imagine même pas ce que ce gars doit vivre. La perte d'un membre de sa famille, surtout aussi proche, doit être épouvantable. Je ne m'en remettrais jamais si je perdais l'une de mes soeurs.
Certains membre de l'équipe nous rejoignent. Ils commencent déjà à nous parler des prochains entrainements. Aaron et moi avons été promus au rand de capitaine l'année dernière. Le coach et l'ancien à ce poste, nous ont choisis pour notre esprit de groupe et notre déterminations. D'après les anciens joueurs, partis à la fac, nous avons toutes les qualités pour être de bon chefs.
Ce rôle est super sur le terrain mais en dehors, c'est pesant. On doit se farcir tous les gars. Ils pensent que comme nous sommes une équipe, nous devons passer notre temps ensemble. Nous devons nous coltiner les filles en manquent et les gens populaire. Parce que ça fait bien de trainer avec des footballeurs.
Un peu plus, et on se croirait presque dans un cliché américain. Pour être honnête, je n'aime pas beaucoup ça. Je refuse d'être mis dans une case. J'ai été témoin de ce que l'effet de groupe peut faire et je ne veux pas que cela se reproduise cette année. Tout le monde doit être libre de pouvoir faire ce qu'il veut. Mon statut au sein de l'équipe change tout.
Je m'éclipse du groupe pour rejoindre mon casier où je dépose ma veste. Cette année j'ai fait le choix pour mes matières principal pour mon examen. Math, science et anglais.
- Chad ne nous avait pas parlé des inconvénients d'être capitaine, souffle Aaron à mes côtés.
- Arrête, je sais que tu adore être le centre de l'attention, je réplique amusé.
- C'est pas faux. L'avantage c'est que c'est nous qui allons dicter les lois maintenant, commence-t-il.
- Où tu veux en venir ?
- Personne ne viendra t'emmerder si, tu sais... tes petites aventures de cet été s'ébruitent, continue-t-il de façon malicieuse.
Je vois très bien ce qu'il insinue. Depuis que j'ai assumé avoir également une attirance pour la gente masculine, disons que j'ai exploré ce côté là. Rien de bien sérieux, juste de quoi m'amuser et occuper mes journées. Je ne suis pas un Marie couche-toi là. Je suis seulement un mec de dix-sept ans qui s'est libéré d'un poids. Je regrette qu'une seule chose, ne pas avoir osé avant.
- Je n'ai plus rien à cacher, je finis par répondre avec un sourire.
- Encore heureux ! Mais bon mec, désolé de te dire que tu ne pourra jamais faire mieux qu'Aryn et Logan, rigole-t-il.
Oh ça non ! Personne ne peut égaler ces deux là. C'est grâce à eux que j'ai réalisé que je n'ai pas à avoir honte de qui je suis. On se rappelle tous de ce fameux soir où Aryn a été blessé et surtout de la réaction de Logan. Quelque part, j'envie leur relation. Je veux vivre la même un jour.
- Oh merde putain, ta sangsue arrive, me préviens Aaron à voix basse.
Je tourne la tête vers la direction que me montre mon meilleur ami. Fait chier ! Brittany s'avance vers nous. J'ai un peu oublié cette fille durant ces deux mois passés. C'est à ce moment précis que je regrette d'avoir été un mouton l'année dernière. J'avais tellement peur que les autres découvrent mon secret, que j'ai fait un peu n'importe quoi. Comme coucher avec Brittany, plusieurs fois.
- On se retrouve en cours, je lance à Aaron avant de partir le plus vite possible.
Je traverse le couloir à grande enjambée. J'entends la voix criarde de la blonde m'appeler. Quand je parlais de stéréotype, Brittany en fait partie. Elle se croit aux Etats-Unis. Fille riche, qui pense que tout lui est permis. Elle cherche à être la plus populaire.
J'ouvre en catastrophe la porte des toilettes, ses talons claquent le sol derrière moi. Je souffle de soulagement, de lui avoir échappé.
Je sursaute en entendant des pleurs. Je fais volte face et ce que je vois me pétrifie sur place.
Un garçon est replié sur lui-même, son corps penche d'avant en arrière si vite que ça m'en donnerais presque le mal de mer. Sa respiration est plus que saccadée et entre-coupée. Ses sanglots me brise le coeur. Je crois qu'il fait une crise de panique ou un truc du genre.
Qu'est-ce que je dois faire ? Je réfléchis vite à une solution, tout en posant une main dans son dos.
- Hey, tu m'entends ? ma question est tellement stupide qu'elle me donne envie de me frapper contre le mur.
D'un seul coup, un épisode Grey's Anatomy me revient en mémoire. Je me jette par terre et prend le garçon dans mes bras.
Je le serre de toute mes forces et place sa tête contre mon coeur. Je croise les doigts pour qu'il puise caler sa respiration sur les battement de mon organe vital. Je lui frotte le dos pour l'aider à se calmer. Mon tee-shirt est inondé de larmes.
Petit à petit, je sens ses tremblements réduire et j'entends son souffle revenir à la normal. Je remercie Claire de m'avoir forcer à regarder sa série stupide avec elle. Elle m'a bien servi aujourd'hui.
Le garçon saute pour s'extraire de mes bras. Il relève doucement la tête vers moi. Son visage me pince le coeur. Il est baigné de larmes, il donne l'impression d'avoir pleuré en non-stop. Depuis quand ce gars n'a pas dormi ? Est-ce qu'il mange au moins ? Il parait vraiment trop maigre. Je lui souris pour le mettre à l'aise. Je ne veux pas lui faire peur.
- Noah, je lui annonce pour me présenter.
Il ne me répond pas et me dévisage longuement. Je ne peux pas le laisser comme ça. Mon Dieu, on dirait qu'il porte toute la misère du monde sur ses épaules.
- Je voulais t'aider, ta crise avait l'air assez importante, je lui dis d'une voix douce, pour ne pas le faire fuir.
Ses yeux pourraient me tuer sur place. Je n'ai jamais vu des pupilles aussi vide, sans rien à l'intérieur. Est-ce que ce serait lui le gars qui a perdu son frère ? Pour des raisons évidentes, je ne lui poserais pas la question.
Ce garçon, réveil quelque chose en moi. Il a écrit en énorme sur son front : « Aidez-moi ou je vais m'effondrer ». Je ne sais pas pourquoi mais je me surprends à vouloir être cette personne. Son malheur me frappe de plein fouet. Ce n'est pas de la pitié mais de la compassion.
Je n'ai pas le temps de rajouter quoi que ce soit, qu'il se lève et part en titubant.
- Attends, je tente de crier en me relevant prêts à le suivre.
Mais c'est trop tard, il a déjà disparu. Je n'arrive pas à le voir parmi la foule d'étudiant. Je ne sais même pas comment il s'appelle mais une chose est sûr, nous allons nous revoir. Je ne laisserais pas tomber.
MlleLovegood
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