Chapitre 15

Louis:

Dimanche 30 Septembre 2018:

Deux semaines. J'ai tenu deux semaines avant de craquer. Il y a des jours où rien ne va et aujourd'hui en ait un. Pendant ces quinze derniers jours, Noah ne m'a pas lâché, à part pendant ces entrainements. Mais ce week-end, il avait son premier match amicale, leur équipe est enfin complète. Je ne pas supporte de me retrouver seul pendant deux jours. Mon petit-ami m'envoie de nombreux messages et m'appelle dès qu'il avait le temps. Je ne peux pu lui dire que je suis au fond du gouffre. J'ai de nouveau fumé ce matin, chose que je n'ai pas refait depuis que je suis avec Noah.

Je suis assis en tailleur sur mon lit depuis des heures. Le regard fixé sur la liste de Hugo. Les larmes coulent sur mes joues. Je n'arrive pas à arrêter de pleurer. Je me sens si seul. C'est pour cela que je ne voulais pas m'attacher à Noah. Sans absence est insupportable. Je pourrais appeler Hayden et Gabriel mais je ne veux pas les déranger. Je ne les ai pas vu depuis le début du mois. Ils prennent de mes nouvelles et ils ont essayé de me faire sortir mais j'ai refusé à chaque fois. Surtout depuis l'arrivée de Noah dans ma vie. Je passe mon temps libre avec lui.

Le bruit de la porte d'entrée me fait sursauter. Peu de temps après Flor se met à aboyer, heureuse. Mon coeur bat plus vite. L'un de mes parents est rentré. Je ne les ai pas vu depuis des semaines. Je ne sais même pas où ils étaient pendant tout ce temps. Je crois que l'on s'évitait tous. Je ne sors pas de ma chambre. Je n'ai aucune envie de les voir. Ils m'ont laissé tomber alors que j'avais besoin d'eux.

J'entends des bruits de pas dans les escaliers. J'ai peur. Je ne veux pas qu'ils viennent me voir. Je soupire de soulagement, lorsqu'une autre porte claque. Pour être honnête, je ressens une pointe de déception, en constatant qu'ils ne cherchent pas à savoir comment je vais. Je ravale mes larmes. Hugo doit être tellement dépité de nous voir comme ça. Il m'a demandé de garder notre famille unis.

5: Ne laisse pas tomber papa et maman

Pour mon frère, je me lève de mon lit, les jambes engourdies. Je m'essuie les joues et le visage. Je pousse un long soupire et me donne du courage pour sortir de ma chambre. Je perçois de l'agitation dans le bureau de mon père. Je toque à la porte avant de l'ouvrir. Papa est derrière son ordinateur. Des tonnes de feuilles sont éparpillées sur la table et par terre. Mon géniteur relève la tête, ahuri, vers moi. Son visage est cerné, je trouve qu'il a maigri, ses joues sont creusées, sa barbe est mal rasée. Il me fait pitié.

- Louis, me dit-il surpris.

- Tu étais où pendant un mois ? je le questionne contrarié sans prendre de pincettes.

- J'étais à un séminaire à Cardiff, m'apprend-t-il après s'être raclé la gorge, gêné.

- Et maman ? j'enchaîne les dents serrées.

- Heu... Je ne sais pas, répond-t-il hésitant.

Je ferme les poings et les yeux pour contrôler ma colère. Donc il se barre un mois dans une autre ville sans penser à me prévenir. Quand vont-ils comprendre que j'ai besoin de mes parents ? Je n'ai que dix-sept ans. Moi aussi, je suis détruit par la mort de Hugo. Ils ont encore des responsabilités. Ce n'est pas moi, qui les ai laissé tomber, ce sont eux qui m'ont oublié.

- Et moi, vous y avez pensé ? je lui demande en plantant mes yeux dans les  siens.

Papa fui mon regard et tente de remettre en ordre ses papiers. Je ne lâcherais pas l'affaire, quitte à appuyer là, où ça fait mal. J'ai accumulé trop de rancoeur, de peine et de rage. Je dois leur dire, comment je me sens.

- Papa, j'insiste en haussant le ton. Je suis là, j'existe.

- Nous le savons...commence-t-il la voix tremblante.

- Vraiment ? je le coupe en hurlant. Vous le savez ? Alors pourquoi vous vous barrez un mois sans me laisser aucune nouvelles ?

Il sursaute de sa chaise. Il finis par me regarder mais pour me supplier silencieusement d'arrêter, de ne pas continuer sur cette voie-là. J'ignore sa demande.

- Papa, je te parle, je cris pour le faire réagir puisqu'il reste muet.

- Je suis désolé Louis, en ce moment nous avons la tête ailleurs...

- Et moi alors ? J'avais besoin de vous mais vous m'avez laissé tomber. Moi aussi j'ai perdu Hugo et moi aussi je suis malheureux mais vous devez comprendre, même si c'est dur, que vous avez toujours un deuxième fils.

Je n'arrive pas à retenir mes larmes. Mon père est complètement démuni, il n'a aucune réaction. Je secoue la tête et ressort de son bureau. Je descends les escaliers en furie et attrape ma chienne, au passage, avant de sortir de la maison. Je rejoins le petit parc, près de chez moi. Je cours, Flor à mes côtés.

Il n'y a plus de discussion possible avec mes parents. Ils sont tellement à la ramasse. Je sais la peine qu'ils ressentent. Leur enfant, la chair de leur chair, est décédé. Ils sont anéantis. J'aurais juste souhaité qu'ils agissent différemment avec moi. J'aimerais pouvoir pleurer dans leurs bras. Avant nous étions soudés. Notre famille a volé en éclat et je ne sais pas si je vais pouvoir arranger ça. La blessures est trop profondes.

J'ai couru pendant au moins une heure, avant de rentrer chez moi. Je quitte mes chaussures à l'entrée. Flor part en jappant vers la cuisine. Je tente de la rattraper mais je me fige en voyant ma mère assise à table, une tasse devant elle.

- Maman, je souffle et elle relève la tête vers moi.

Elle me lance un sourire triste, tout en se levant et en marchant dans ma direction. Je reste tétanisé lorsqu'elle me sert contre elle. Je comprends mieux sa réaction, en voyant papa arriver à son tour. Il a du l'appeler après notre « conversation ». Maman se recule et me prend la main pour me conduire au salon. Nous nous asseyons tous les trois sur le canapé. Papa à ma gauche et maman à ma droite.

- J'ai réfléchi à ce que tu m'as dis, commence papa alors que je baisse la tête, gêné.

- Nous sommes désolé de t'avoir abandonné Louis, enchaîne maman en posant sa main sur mon bras.

- Je vous en veux, je leur avoue.

- Si je n'étais pas là ce dernier mois, reprend maman avec hésitation, c'est parce que je me suis fait hospitalisé dans une clinique psychiatrique.

J'ouvre la bouche mais aucun son ne sort. Je la regarde ébahi et choqué. Une larme coule sur sa joue. Je n'étais au courant de rien. Après la mort de Hugo, maman était à la ramasse. Elle agissait comme un automate, un vrai zombie. Elle passait son temps à pleurer et à regarder par la fenêtre, debout dans la cuisine. Je ne la juge pas, loin de là. Je ne comprends que trop bien son état et sa peine. Je faisais et fais toujours, la même chose. La gorge nouée, je lui demande des explications. Je me doute que cela doit être dur pour elle de revenir là-dessus mais j'ai besoin de savoir.

- Je n'arrivais pas à reprendre le dessus. La perte son enfant, c'est comme si on t'arrachait une part de toi-même. Je me sentais mourir moi aussi, pourtant je sais que je ne le devais pas. Tu étais là, ainsi que ton père. Et je te demande pardon Louis mais il y a des jours où ça ne suffisait plus.

Maman pleure et pour la première fois depuis trois mois, je vois réellement sa souffrance. Avant, elle était juste vide, sans aucune émotions, un fantôme. Là, elle laisse tout sortir. Papa, lui c'est différent. Il s'est enfermé dans son bureau. Je l'ai à peine vu en trois mois. Il se cachait.

- J'ai gardé contacte avec la psychologue de Hugo, enchaine maman. C'est elle, qui m'a parlé d'un séjour en hôpital pour voir si cela pourrait m'aider. Je n'avais plus rien à perdre alors j'ai accepté, continue maman en serrant fort ma main dans la sienne.

- Pourquoi ne pas me l'avoir dis ? Tu sais comment je me suis senti ? je lui demande, en pleurant moi aussi.

- Je ne voulais pas te faire souffrir encore plus. C'est malheureux à dire mais je ne pensais plus à rien d'autre que la perte de ton frère. Plus rien d'autre n'avait d'importance.

Je hoche la tête parce que je vois ce qu'elle veut dire. Je ne peux pas lui en vouloir pour cela. J'éprouvais la même chose avant l'arrivée de Noah. J'apprécie ses efforts, elle parle avec moi, m'explique son ressenti. Nous avons besoin de ça, pour commencer à nous reconstruire.

- Moi aussi je souffre, tout le temps et j'avais juste besoin de votre soutien, je lui dis à mon tour.

- Je sais et je suis sincèrement désolé que ton père et moi, n'avons pas pu te soutenir comme nous aurions dû, me répond maman.

- Nous nous sommes tous les trois isolés pour appréhender notre douleur, réplique papa.

Chacun gère son deuil à sa façon. C'est pour ça, que je culpabilise d'avoir dis cela à papa tout à l'heure et de lui avoir hurlé dessus. Je me montre parfois égoïste et j'oublie qu'eux, on perdu leur fils ainé.

- Papa m'a raconté, ce que tu lui as dis cette après-midi, lâche maman et je baisse la tête honteux.

- Tu as eu parfaitement raison, me rassure papa.

- J'ai appris beaucoup de chose pendant mon séjour. Nous devons être là, les uns pour les autres. Ne plus nous éloigner tous les trois. On doit retrouver un équilibre malgré la douleur et le manque qui sera toujours là.

Maman a changé. Avec ses paroles, j'ai l'impression qu'elle accepte sa souffrance. Elle n'a pas fait son deuil, parce que je me doute qu'on puisse réellement accepter la mort de son enfant. Mais elle veut avancer. Je la trouve incroyablement forte d'avoir fait ce chemin et de s'être reprise en main.

- Je pense que nous devrions tous aller voir le Docteur Magnin, pour que l'on puisse extérioriser ce qu'on pense, propose maman.

J'acquiesce parce que je sais qu'elle a raison. Papa, accepte lui aussi et nous prends tous les deux, maman et moi, dans ses bras. Je pleure contre l'épaule de mon géniteur. Au bout d'un moment, je me redresse et mes parents me demandent de leur parler de ma vie au lycée. Si tout se passe bien. Sans aucune hésitation, je leur parle de Noah, que c'est grâce à lui si j'arrive à avancer et qu'il m'aide énormément. Ils ne relèvent pas l'annonce de mon homosexualité. Au contraire, ils me soutiennent et semblent heureux pour moi. Bien sûr papa me parle du club de journaliste.

- Je vais essayer de faire à manger, annonce maman en se levant.

Son intention me touche, cela fait des semaines qu'elle n'a pas fait ça pour nous. Papa et moi la suivons. On s'assoit autour de la table. Avant de mettre les pâtes dans la casseroles, maman se tourne vers moi.

- Papa et moi, allons nous rattraper Louis, pour t'avoir laisser tomber. Nous avons encore un long chemin à faire et je crains que nous n'allions jamais vraiment bien mais pour Hugo, nous devons essayer, dit-elle.

- D'accord, je souffle ému.

Son séjour, à l'air de lui avoir fait un bien fou. Je ne sais pas si c'est juste un masque ou pas qu'elle aborde mais je me sens un peu mieux, de la voir si confiante. Elle a pris conscience qu'elle avait encore un rôle de mère et d'épouse à accomplir. Toute la rancoeur que j'éprouvais à leurs égards, c'est envolé, à la seconde où ma mère m'a prise dans ses bras.

Je sais qu'il est temps, après avoir refusé pendant des mois et des mois, d'aller voir un psy. D'accepter de l'aide d'un professionnel. Noah ne pourra pas porter à lui tout seul, sur ses épaules, tous ce que je ressens. Il y a des choses que je n'ose pas dire à mon petit-copain, pour ne pas l'inquiéter. De plus, ce n'est pas son rôle. Et pour aller mieux, je dois me faire aider. Je veux être bien dans ma peau et dans ma tête pour être l'homme que Noah mérite.

Je sais que c'est ce que voudrait Hugo aussi. Accepter de vouloir aller mieux, ne veut pas dire oublier mon frère. C'est ce que j'avais peur au début mais ma mère, m'a prouvé le contraire aujourd'hui. Par contre, je sais que je ne serais pas capable d'accepter la mort de mon frère et encore moins sa maladie mais je veux apprendre à vivre avec. Apprendre à gérer ma colère, ma peine. Si j'ai le droit d'être heureux en étant avec Noah. J'ai plein de questions et j'ai besoin que quelqu'un extérieur à ma vie, me réponde.

MlleLovegood

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