Chapitre 10
Noah:
Samedi 15 Septembre 2018:
C'est bien la première fois que je me fais autant chier à une soirée. Je ne suis pas du tout dans l'ambiance, malgré la musique plutôt pas mal et l'alcool qui coule à flot. Pour la première fois, je réalise à quel point tout ceci est superficiel, sans intérêt. J'aimerais être ailleurs, avec une autre personne, au lieu d'être entouré de gens que je supporte à peine.
Je n'ai même pas bu une seul goutte. Je tourne mon portable entre mes doigts, attendant l'arrivé d'un message. Il ne répond plus depuis dix minutes.
En fermant les yeux, je revois son visage près du mien, ses lèvres sur les miennes. Je ressens encore toutes les sensations. Le baiser a beau avoir été court, il a été intense. Magnifique et je veux recommencer.
- Noah ! hurle une voix stridente qui me fait mal aux oreilles.
Je rouvre les yeux et à mon plus grand malheur Brittany se tient devant moi. Elle a l'air déjà bien assez amoché. Elle marche à peine droit, son verre se renverse par terre lorsqu'elle avance. Son maquillage a coulé, son teint laisse voir qu'elle a trop bu, ses fringues ne ressemble plus à rien. Comment j'ai pu trouver cette fille attirante ?
- Qu'est-ce que tu fais ici tout seul dans ton coin ? enchaine-t-elle en ricanant bêtement.
Je soupire pour lui montrer qu'elle me dérange. Justement, si je me suis écarté de cette foule, ce n'est pas pour que quelqu'un vienne me faire chier et encore moins Brittany. Je l'ignore en regardant mon téléphone une énième fois. Toujours rien. Je commence à m'inquiéter, Louis ne me donne plus signe de vie. Je relis nos dernier message.
<Moi>
Tu es sûr que tu ne veux pas venir ?
<Louis>
Absolument
<Moi>
Qu'est-ce que tu vas faire ?
<Louis>
Rester chez moi.
<Moi>
J'aimerais être avec toi
<Louis>
Noah...
<Moi>
J'aime pas te savoir seul
<Louis>
Arrête de t'inquiéter pour moi
<Moi>
Impossible
Envoyé à 00h12
< Louis ?>
00h20
< Là je m'inquiète, tu ne réponds plus...>
00h23
< ???>
00h26
Depuis, plus rien. J'angoisse sérieusement. J'ai essayé de l'appeler mais je n'ai obtenu aucune réponse. Je suis en train de devenir dingue, littéralement et si Brittany ne dégage pas vite, ça va être pire.
- Tu m'écoute Noah ? crie la blonde en s'appuyant sur mon torse et en accentuant sur la prononciation de mon prénom.
- Lâche-moi, je la préviens en retirant ses mains de sur mon corps.
Elle ricane et replace ses mains sur mon tee-shirt en les faisant glisser jusqu'à mon ventre. Elle va même jusqu'à se trémousser contre moi. Bordel de merde ! Je la repousse avec, cette fois-ci, plus de force. Hors de question qu'elle pose ses mains sur moi. Il y a encore trois mois j'aurais sauté sur l'occasion mais plus aujourd'hui. Beaucoup de choses ont changé depuis.
D'une parce qu'elle me dégoute vraiment. Je n'arrive même plus à la regarder et à avoir envie d'elle. De deux, Louis m'a demandé de l'attendre et je compte bien tenir ma promesse. Il est important pour moi. Je le veux alors je vais tout faire pour être à la hauteur et ne pas le décevoir. Il mérite que je me batte pour lui.
- Qu'est-ce qui t'arrive en ce moment Noah ? Tu ne m'appelle même plus pour que l'on passe du bon temps ensemble, me reproche-t-elle en tentant de se recoller contre moi mais je l'en empêche.
- Parce que je n'en ai plus envie, je souffle agacé.
- Tu me manque, laisse-toi aller ce soir.
- Non, je m'exclame durement.
J'attrape ces bras et la fais reculer avec force. Ce n'est pas très correct comme comportement, mais je ne vois pas d'autre moyen pour qu'elle me foute la paix.
- C'est quoi ton problème sérieux Noah ? Tu as rencontré quelqu'un ? continue-t-elle en s'énervant.
- Oui.
Je préfère couper court à la conversation maintenant. Je m'éloigne d'elle en l'entendant m'appeler et me lancer un vague « elle n'en saura rien ». Je secoue la tête en soupirant. Cette fille n'a aucune âme. Elle me sort tellement par les yeux, que je suis prêts à me retourner pour lui crier que ce n'est pas elle mais il. Mais je ne fais rien.
Je me fond dans la masse d'élèves pour que Britanny ne me retrouve pas. Par contre, j'aimerais bien mettre la main sur mes amis. Je dois rentrer et retrouver Louis pour m'assurer qu'il va bien.
Je traverse le salon et retrouve Aaron adossé contre la baie vitrée, une fille collée contre lui. Génial... Il ne voudra jamais partir. Sans aucun scrupule, j'arrive jusqu'à lui et les sépare.
- Faut qu'on y aille, je lui dis en hurlant pour me fait entendre malgré la musique.
Son front se plisse et il me montre du menton la fille qui est accrochée à son bras. Ils ont l'air aussi bourré l'un que l'autre.
- Pas maintenant Nono, je suis occupé là, hurle-t-il à son tour en passant l'un de ses bras autour des épaules de sa sangsue.
- Si, je dois partir.
- Détends-toi, profite de la soirée et trouve-toi quelqu'un.
Un autre long soupire s'échappe de ma bouche. Je le regarde avec insistance pour lui faire comprendre que je veux rentrer. Tout de suite. De toute façon si il ne me suis pas, je pars sans lui.
Aaron marmonne quelque chose que je n'entends pas. Il se penche vers la fille, puis quelque minutes après elle s'en va. J'ai le droit à un regard noir avant qu'il passe devant moi pour sortir de la maison.
Je pars à sa suite, en récupérant Donovan et Erwin au passage, sous leurs protestations, bien sûr. Note pour moi-même, la prochaine fois, je ne viens pas où alors ils prennent leurs voitures et se responsabilisent. Ils peuvent quand même se passer de boire pendant une soirée !
- Tu fais vraiment chier Noah, se plaint une nouvelle fois Aaron alors qu'on arrive à ma voiture.
J'adore ce gars, c'est mon meilleur ami depuis toujours mais je jure que s'il me fait encore une réflexion de ce genre, je le frappe. Je ne vais pas être en état de supporter sa mauvaise humeur qui doit être au même niveau que la mienne. J'ai déjà eu la bonté de l'emmener alors qu'à la base, je ne voulais même pas venir.
Je les ignore en déverrouillant ma voiture et m'installe derrière le volant. Heureusement pour eux, mes trois amis ouvrent les portières et pénètrent dans l'habitacle rapidement. Je n'attends pas une seconde de plus pour démarrer et partir.
- Tu étais si pressé que ça ? souffle Aaron à mes côtés.
- Ouais parce qu'on s'amusait bien nous, renchérit Donovan.
- Fermez-là et si vous n'êtes pas content, vous auriez pu rester, je ne vous l'empêchait pas, je grogne en resserrant ma prise sur le volant.
- Qui allait nous ramener ? réplique Erwin.
Qu'ils la ferment, sérieusement. Je suis prêts à piller et à les éjecter de ma bagnole si ils ne se taisent pas. J'expire fortement pour canaliser ma colère. Je tente de me concentrer sur la route pour faire abstraction de leurs soufflements.
- Pourquoi t'as pas essayé de te trouver une fille ? me demande Donovan sur un ton de reproche.
Je le fusille des yeux à travers le rétro, ce qui n'a pas l'air de le déstabiliser le moins du monde. Bordel, je hais les gens bourrés.
- Pas envie, je me contente de répondre les dents serrées.
- Bizarre, d'habitude tu es toujours le premier à...
- J'ai dis que je n'avais pas envie, je le coupe en haussant le ton.
Plus personne n'ose parler. Malgré leurs grammes en trop, ils ont vite compris qu'ils devaient me laisser tranquille.
Après quinze minutes, je dépose Donovan et Erwin chez eux, ils habitent dans le même immeuble. Dieu merci ! Je n'avais aucunement l'envie de faire plusieurs voyages. C'est toujours dans le silence que nous reprenons la route. Aaron fait clairement la gueule mais là tout de suite, c'est le cadet de mes soucis. Le premier, reste une petite tête brune qui m'obsède.
- Putain ! Ce mec t'as vraiment retourné le cerveaux, finis par dire Aaron.
- Louis, je rectifie agacé.
- C'est juste un dépressif, lâche l'affaire.
Son ton est sec et sans appel. Mon abruti de meilleur ami a toujours eu l'alcool mauvais. Je vais vraiment lui foutre un pain ! Est-ce qu'à un moment il se met à la place de Louis ? Comment il serait lui si il perdait son frère ? Et dire qu'il y a quelques jours, il m'encourageais presque à faire ce que je voulais...
- Tu vas trop loin là Aaron, je le préviens calmement parce que si je m'énerve, cela ne nous conduira à rien.
Il ricane de façon moqueuse et hautaine. Je n'aime pas ce rire faux. Putain qu'est-ce qu'il lui prend ? Je m'arrête au feu rouge et tourne la tête pour regarder le trottoir. Si je continue à fixer mon pote, je ne garantis pas sa sécurité.
Une personne en train de courir attire mon attention. J'écarquille les yeux en reconnaissant la silhouette. Petite, fine, cachée sous un sweat trop grand. Louis. Qu'est-ce qu'il fou dehors à une heure pareille et seul ?! Je redémarre au feu vert et me gare dès que je le peux.
- Qu'est-ce que tu fou ? me demande Aaron alors que j'ouvre la portière pour sortir.
Je ne l'écoute pas et me dépêche de rejoindre Louis avant qu'il ne soit trop loin. Hors de question que je le laisse seul dans les rues de Londres, en pleine nuit.
- Louis ! je hurle pour qu'il m'entende.
Je le vois se figer et s'arrêter. Doucement, au ralenti, il tourne la tête vers moi. Ses yeux expriment sa stupeur et l'effroi de me voir là. Pour le rassurer, je pose une main sur son épaule. Il porte ses lunettes ce soir, c'est la première fois que je le vois avec. Ça rajoute une touche mignonne à son attitude. Il transpire et j'en déduis que cela fait longtemps qu'il doit courir.
- Qu'est-ce que tu fais là ? je le questionne de la voix la plus douce que j'ai.
- Je...heu... il panique et se tord sur place.
- C'est pour ça que tu ne répondais plus à mes messages ? il hoche la tête en, baissant le regard honteux. J'étais inquiet. Tu ne peux pas courir la nuit et en plus tout seul Louis, c'est complètement inconscient. Imagine il te serais arrivé un truc ?
J'ai l'impression de gronder un enfant. Il hausse les épaules comme si tout ceci lui était égale. Et bien pas à moi, il aurait pu lui arriver n'importe quoi. Des tas de scénarios, tous plus horrible les uns que les autres, me traverse l'esprit.
- Viens je te ramène, je lui ordonne en exerçant une pression sur son bras pour le diriger vers ma voiture.
- Tu n'est pas obligé, murmure-t-il.
- Bien sûr que si, je ne vais pas te laisser rentrer seul.
Je le guide jusqu'à ma voiture sans lui laisser le temps d'objecter et lui ouvre la porte pour l'aider à s'assoir. Il semble exténué. Derrière ses lunettes, je vois ses yeux brillants, dû à la fatigue. J'avais raison de me faire un sang d'encre pour lui. Si il lui serait arrivé malheur, je ne m'en serais jamais remis.
Je reprends ma place, sous le regard perçant d'Aaron, que j'ignore. Je ne peux pas m'empêcher de jeter un coup dans le rétro pour voir Louis. Il s'est calé contre l'appui tête et ses yeux sont déjà fermés.
Je dépose Aaron en premier. Sans un mot de sa part et de la mienne, il sort et claque la porte beaucoup plus fort que ce qu'il devrait. Il a de la chance de ne pas avoir réveillé Louis. Lundi, j'aurais une explication pour son comportement et il a intérêt a avoir une bonne excuse.
Avant de redémarrer, je regarde Louis. Je n'ai pas envie de le laisser seul et je sais que chez lui, il l'est. Il m'a confié que ses parents ne sont pas souvent là. Après ce soir, je le préfère avec moi.
Je me gare devant ma maison. Le plus délicatement possible, je porte Louis et le ramène chez moi. Ouvrir la porte en ayant quelqu'un dans ses bras, n'est pas une mince affaire mais j'y parviens.
Sans faire de bruit, je le conduis jusqu'à ma chambre et le pose dans mon lit. Il n'a pas émergé une seule seconde. Je lui retire ses chaussures et ses lunettes. Il se recroqueville sur lui-même et enfonce son visage dans mon oreiller. Je l'entends prendre une grande inspiration et expirer de bien-être.
Je m'assois à côté de lui et caresse sa joue. Son visage est gelé et humide. Il a pleuré, il en porte encore les traces. Après ça, je ne vais plus avoir l'esprit tranquille de le laisser seul chez lui. Je sens mon estomac se tordre d'inquiétude pour Louis. À mon tour je m'allonge dans mon lit et serre son petit corps contre le mien.
MlleLovegood
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