*Eté et murmure (2)

Un souffle iodé. Une fraîcheur peu commune qui embaume la plage, remontant à mes pensées quelques légers souvenirs. Aussi délicats qu'une berceuse, chantée afin de trouver le sommeil. En ce jour, elle est fredonnée pour un recueil.

Une longue bande céruléenne, infinie, s'étend contre l'horizon, chatouillant un ciel laiteux. Le ruban cité laisse un fort soleil se refléter contre ses remous. Sans doute ce dernier possède-t-il des desseins égocentriques, jugeant plaisant de se contempler à longueur de journées. Ou peut-être pense-t-il simplement beau de distinguer au loin de petits éclats d'argent, parsemant l'eau secouée.

Un lancinant picotement parcourt la plante de mes pieds, dès lors où celle-ci plonge à même le terrain cuivré. Je m'empresse de slalomer entre les débris -naturels ou artificiels-, et me réfugie sur le grain humide. Je tressaille dès le brusque contact entre ma peau et une vague étourdie, puis m'habituant peu à peu à sa température, j'entreprends une lente marche.

Mon regard fouille le sable, recherchant un élément précis. Il se faufile entre les pierres et les algues, bousculant quelques habitants marins. Au fur et à mesure de cette minutieuse expertise des particules jonchant le sol, je laisse mon emprunte sur celui-ci. Mais elle s'évapore promptement, enlevée par l'écume.

Du coin de l'il, une lumière m'interpelle. Je fais halte, puis enfouie ma main dans la petite courbe formée par la matière granuleuse. Lorsque je l'en extirpe, munie d'un lest, j'écarte quelques restes du sable de la surface puis la contemple.

Quelques reliefs réguliers la couvrent, dessinant un petit dégradé brun vers le cramoisi. De son côté inverse, je trouve un blanc strié de courbes claires, effacées par endroits. Il en manque également un morceau, balafrant ce si fragile cadeau de la mer. Je porte la partie incurvée vers mon oreille, joins mes paupières, puis laisse la magie opérer.

Une belle et douce symphonie m'emporte, me berçant au rythme de vagues lointaines. Une sonorité qui indique tout. Je le ressens au plus profond de moi. Il a visité chacune des eaux, glissant avec le sable coloré, vivant dans la paix et un silence apaisant. Les océans et les terres ne lui sont pas inconnues, car elles sont en quelques sortent sa résidence. Sans réellement m'en apercevoir, je suis en pleine communion avec la sagesse. Elle me guide vers un monde complètement parallèle, dépourvu de contraintes, basé sur la nature opposée à celle que je côtoie habituellement.

Je le retire, et émerge brusquement de cette transe apaisante. Un sourire de bien-être s'épanouie contre mon visage, et y reste accroché, même lorsque je le lance au loin. Je ne le priverais pas de sa liberté. Il ma procuré tant de réconfort, une bouffée de plaisir. Car je l'envie.

Ce coquillage d'Eté...

Chevredespres

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