Je pleure alors que tu n'as pas encore disparu
Avertissement.
Comme toujours, et comme sera noté à la fin, mon personnage parle en son nom et pas au mien. Il est important de préciser ici que seront dit dans cette lettre des mots culpabilisants notamment, bien que de loin, au sujet de l'anorexie et de l'auto-destruction en général.
Ne prenez en aucun cas les mots en question pour la vérité, et ne culpabilisez pas ainsi de faire quelque chose que vous ne contrôlez pas, et ce même si vous en avez l'impression.
Je n'aime pas prendre parti, mais en l'occurrence, mon personnage à tort de dire ces choses là.
PS : certaines personnes risquent d'avoir envie de me tuer en lisant la signature.
***
Je t'ai toujours comprise, sur tout et en tout.
J'ai longtemps été émerveillé par la similitude de nos manières de voir le monde, et par la beauté du tiens. Et pourtant, si Dieu existe alors il sait qu'un peintre malicieux s'est amusé à y jeter des taches de peinture noire.
Je t'ai toujours comprise, sur tout et en tout, mais là, je suis perdu. Il n'y a rien dans ta manière d'agir, de penser, de te punir toi-même pour une faute que tu n'as pas commise, que je comprenne.
Non, il n'y a rien dans l'auto-destruction que je comprenne.
Je ne trouve pas ma propre vie parfaite, et je ne suis pas utopiste, mais j'essaye de la vivre le plus possible. Et toi, tu la gâches, tu l'entaches, tu deviens ton propre peintre. Il y a suffisamment d'artistes en ce monde pour décrire sa misère, je te supplie de ne pas la dessiner sur tes bras.
Je ne comprends pas cet attrait pour l'euphorie, l'oublie que tu te procures avec ton eau colorée. Je ne comprends pas ce que t'apportes de te rendre malheureuse d'oublier, plutôt que d'être malheureuse de te souvenir.
Souviens-toi de lui, d'elle, d'eux. D'eux ensemble, avant qu'il ne disparaisse et qu'elle devienne une ombre. On dit qu'on reproduit toujours les schémas de nos parents. Je t'en prie, ne deviens pas une ombre, toi aussi.
Je t'ai perdue il y a longtemps, et il n'y a plus de mots utiles à prononcer pour expliquer à quel point y penser me coupe le souffle. Mais je serais presque capable de te haïr si tu te perdais toi-même.
Presque capable de te haïr. Jamais d'arrêter de t'aimer. Et je me débats avec ça dans mon propre océan, j'apprends à nager en le redécouvrant vierge de toi. Et toi, toi, tu te noies, tu le fais volontairement.
Tu es cette personne qui se laisse mourir de faim devant son assiette quand d'autre se battent pour nourrir leurs enfants. Tu es cette personne qui se lacère la peau et le cœur quand d'autres pressent la main sur leurs hémorragies et pleurent les amours de leur vie.
Tu es cette personne que je ne comprends pas, qui m'est inconnue alors qu'elle était, fut un temps, une presque partie de moi.
Je ne t'ai pas menti, tu es l'amour de ma vie, à moi. Et j'aimerais ne pas avoir à te pleurer. Mais je n'ai pas prévu d'avoir qu'une vie, et aimer de nouveau ne serait ainsi qu'un renouveau et ne pas te remplacer.
Peut-être que j'essaye simplement de me rassurer, mais je te vois de loin et tu me brises le cœur.
Je suis cette personne qui mange à en vomir parce qu'il ne veut pas blesser sa mère. Je suis cette personne qui panse les plaies des autres et qui imagine que, au final, ça panse un peu les siennes aussi.
Je suis cette personne qui a le fatalisme de pleurer l'amour de sa vie avant qu'il n'ait disparu. Je pleure, alors que tu n'as pas encore disparu.
S.B
***
Note de fin : c'est un personnage fictif qui parle. il a ses propres opinions, sa propre façon d'appréhender les choses et ses propres expériences qui le construise, indépendamment de moi.
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