seul.

« J'avais dix-neuf ans lorsque Felix est entré dans ma vie, de façon soudaine, presque impromptue. Tels les prémices d'une tempête à venir, sa présence nouvelle dans mon quotidien ennuyeux me remplissait d'une allégresse certaine, et me conférait la furieuse envie de l'étudier davantage.

Il était blond, à l'époque. Il a toujours aimé se teindre les cheveux, Felix.

Lors des premiers jours, j'ai appris à le connaître, j'ai tenté de le cerner afin de savoir à qui j'avais à faire. C'est ainsi, je me devais sans cesse d'agir de la sorte, avec tous les personnages de mon existence. Il me fallait les comprendre, les appréhender, pour mieux écrire à leur sujet ensuite. Et qu'est-ce que j'ai pu écrire, sur Felix ! Je me plaisais à lui imaginer une vie pleine de passions, d'aventures, et pourtant ! Et pourtant, j'ai rapidement senti ce qu'il en est véritablement.

Derrière chaque conquête se cache une future déception, derrière chaque rencontre, un futur abandon. Il existe, entre ma vie et celle de Felix, un nombre de parallèles certain que j'ai eu tout le temps d'établir, au cours de notre existence commune. Notre vie relationnelle des plus similaires, des peines, des douleurs, extrêmement semblables. Des coïncidences, des jeux de hasard, peut-être également une part de destin ; ou bien suis-je seul responsable de toutes ces similitudes : à force de tant les chercher, celles-ci ont probablement fini par se créer d'elles-mêmes.

Felix est né et a grandi en terre étrangère, en Australie, plus précisément. Un grand pays rempli de vide, et d'un peu de beau temps. C'est ainsi que je me remémore ma contrée natale, et c'est ainsi sans doute, que Felix l'aurait décrite. Un endroit où il fait bon, où il fait chaud, et dont la majeure partie du territoire est recouverte par un immense erg sans fin. Du sable à perte de vue, et parfois, on y croise quelques habitants. Un grand pays rempli de vide, et d'un peu de beau temps.

Nous avons vécu, lui comme moi, sur la côte, près de la mer, là où tout le pays s'entasse pour fuir le désert. Nous avons fréquenté les mêmes rues, du même quartier, de la même ville, et nous avons tous deux terminés à Séoul, quelque part plus au Nord, sur l'hémisphère opposé. J'étais parti à cause du travail de mes parents, lui, de leur séparation.

Et voilà une nouvelle similitude entre nos deux existences : notre relation compliquée avec nos géniteurs, complexe, presque tumultueuse, parsemée de quelques hauts mais surtout de beaucoup de bas.

Bien que le contexte familial diffère, le résultat reste inchangé ; ni Felix ni moi-même n'avons connu les bienfaits d'un foyer stable et aimant, et avons été par ce fait condamnés à l'éternelle fatalité de ne jamais, ô, grand, jamais, trouver quelqu'un pour nous chérir en retour. Au final, les hommes souffrant d'un surplus d'attention parentale se retrouvent victimes de la même malédiction que ceux ne l'ayant point connu du tout : l'amour, et par là je veux dire, l'amour d'un homme, d'une femme, celui que certains poètes qualifieraient de véritable, de profond et sincère, leur est une notion parfaitement inconnue, ou tout du moins, difficilement appréhendable. Car leur vision fantasmée et leurs attentes irréalistes les condamneront à chercher sans cesse un être qui, malheureusement, n'existe point ; courir après des chimères aux paroles pleines de mensonges alléchants et aux yeux emplis de promesses non tenues.

Felix est arrivé à Séoul à quatorze ans, dans un univers qui lui était des plus inconnus, avec ses propres coutumes, ses propres codes, ses propres traditions. Le choc des cultures fut violent, et la déréliction qui vint le frapper à cette époque particulièrement trouble ne lui laissa aucun répit, s'évertuant méthodiquement à le garder éloigné de tous. Au lycée, il était simplement le nouveau, celui qui ne parlait pas vraiment coréen, celui qui ne savait pas vraiment comment se comporter avec les autres. Le gars bizarre, avec un prénom bizarre et des manières bizarres. L'étranger.

Malgré tout, il aura su, sans trop comprendre comment, attirer l'attention de Kim Woojin.

A vrai dire, Woojin lui-même ne saurait dire comment c'est arrivé. Comment, si vite, Felix et lui ont commencé à passer autant de temps ensemble, au point d'être inséparables. Felix était devenu son petit protégé, un espèce de favoris, d'une certaine manière. Comme s'il avait s'agit de sa pupille, dans un monde où ce terme ne fait pourtant plus grand sens.

Bénéficier de la protection de Woojin fut, pour Felix, la sensation la plus agréable qu'il lui ait été donnée de ressentir, depuis bien longtemps. Personne n'osait plus dire quoi que ce soit à son sujet, de peur de contrarier le plus âgé. En effet, Kim Woojin s'est toujours retrouvé affublé de l'étiquette "modèle à suivre" par l'ensemble de ses camarades : notes excellentes, réputation blanche comme neige, parents à la tête d'une entreprise prospère, il est, en plus de ça, président des élèves et est connu pour ses talents de chanteur. Alors, s'en prendre à Felix, c'était devenu l'équivalent de s'en prendre à Woojin, et ça, personne n'aurait osé ne serait-ce qu'y penser.

Avec Woojin, il se sentait apprécié, aimé, peut-être même important. Il avait l'impression de compter pour quelqu'un. Toute sa vie durant, je crois que Felix n'a jamais réussi à vraiment se débarrasser de l'idée que son existence n'était que mensonges et illusions ; est-il réel, bien réel, est-il vivant ? Aristote déjà se demandait, il y a fort longtemps, si les autres étaient réellement, ou bien, s'ils n'étaient que de simples fabulations, de pures conceptions de l'esprit humain. Felix, lui, se demandait si, les autres existant seulement parce que nous en avions décidé ainsi, parce que nous avions, inconsciemment, choisi de les faire évoluer dans notre réalité, de leur donner une apparence, une texture, une existence, alors, l'inverse pouvait être valable. Lui qui a, depuis tout jeune déjà, été ignoré, délaissé, abandonné, lui qui ne vit point dans les yeux des gens qui l'entourent, ces mêmes gens qui le regardent mais ne le voient pas, existe-t-il vraiment ?

J'aurais voulu lui dire, à l'époque, que moi, je l'avais vu. J'aurais voulu lui dire que je l'avais vu, je l'avais entendu, et qu'à mes yeux, il était bien réel. Que je lui avais donné une existence, que je l'avais rendu vivant.

Je n'ai jamais pu.

Woojin fut le premier homme à lui donner la sensation d'être quelqu'un, et il s'est accroché à lui comme s'il avait s'agit d'une bouée de sauvetage dans des flots déchaînés, comme s'il était le rebord de la falaise de laquelle il risquait de chuter à tout instant. Et peut-être que Felix avait simplement trop d'amour à revendre, et qu'il n'avait jamais pu trouver qui que ce soit jusqu'ici valant la peine de recevoir ce surplus d'affection, mais Woojin trouva grâce à ses yeux, et il lui offrit tout ce qu'il avait à donner.

L'année suivante, Woojin fit son entrée à la fac, laissant Felix seul derrière lui. Même s'il n'avait plus son aîné à ses côtés pour le défendre contre vents et marées, les traces de son passage restaient bien visibles, car même après son départ, personne ne s'en est pris à lui. Personne n'aurait osé.

Cette année, Felix réussit enfin à s'intégrer, se faire des amis, à lui, rien qu'à lui. Il rencontra ainsi Jeongin, et Seungmin aussi. Il n'était plus seul, et ne le serait plus jamais. Il y croyait si fort, il y croyait tellement, c'était devenu son mantra. Felix craignait la solitude plus que tout, et pourtant, il apprendra à ses dépends qu'il ne peut échapper à sa vieille amie aussi facilement.

Car c'est cette année-là également, que sa relation avec Woojin prit fin.

Les cours avaient débuté depuis deux petits mois. Les températures commençaient à chuter, et les examens se multipliaient de façon exponentielle. Son amitié avec Jeongin était encore neuve, fraîche, et même s'ils passaient la majorité de leur temps tous les deux au lycée, c'était toujours auprès de Woojin que Felix allait chercher le réconfort, l'affection, l'attention dont il avait besoin. Jeongin ne lui en tint jamais rigueur ; il se savait nouveau dans la vie de Felix, et il avait bien compris, que le garçon mettrait du temps à l'accepter pleinement. Et cette situation lui convenait malgré tout. Parce que Jeongin, ce n'était pas quelqu'un d'exigeant, et qu'il avait très bien compris que parfois, il fallait savoir laisser le temps au temps.

Seungmin, quant à lui, était le nouveau « nouveau » de l'établissement ; le titre s'était ainsi transmis, Felix n'avait plus à en porter la couronne. Ils se parlaient, parfois, se souriaient, souvent. N'étaient pas amis, pas vraiment. Seungmin lui portait simplement beaucoup d'attention, et, Felix devait bien se l'avouer, il aimait ça. Il aimait ça.

Et pourtant, le seul qui comptait réellement, c'était encore et toujours Woojin.

Aveuglé par l'admiration qu'il lui vouait, il ne pouvait voir que l'amour qu'il lui portait n'était point réciproque. Enfin, disons plutôt que ce n'était pas le même genre d'amour. Woojin aimait Felix, il l'aimait vraiment, mais pas comme Felix l'aimait lui. Pas comme il l'aurait voulu.

Alors, le jour où Felix a tenté d'embrasser Woojin et qu'il l'a gentiment repoussé, tout s'est écroulé. Le château de cartes de sa vie, si fragile, si instable, qu'il s'était évertué à construire avec prudence et patience, s'était tout simplement effondré sur lui-même, ravagé dans un souffle.

Nouveau rejet, nouvel abandon.

Ce fut peut-être la plus grande honte de toute sa vie, l'erreur qu'il a le plus regretté, celle qu'il aurait tellement voulu effacer, revenir en arrière pour changer la donne, modifier le cours de l'histoire.

Woojin a essayé de le rappeler. Il lui a envoyé plusieurs messages, est allé l'attendre devant le lycée, il est même venu sonner chez ses parents, quelques fois. Felix n'a jamais répondu.

Quand il y repense, des années plus tard, il se trouve stupide d'avoir fui, mais si légitime pourtant. C'était peut-être lâche, mais il s'est juste préservé. C'est ainsi qu'il voit les choses. Se protéger par le déni.

Felix n'est pas parfait, il ne l'a jamais été, n'a jamais prétendu l'être.

Jeongin a fini par remplacer Woojin. C'était différent, évidemment, mais Felix n'était pas capable de tenir tout seul. Il prenait appui sur quiconque acceptait de le soutenir un peu. Jeongin était devenu un ancrage, l'ami qui ne le rejetterait pas. Pas comme Woojin.

Il s'était également rapproché de Seungmin. L'attention qu'il lui portait venait combler le vide laissé par son premier amour, son premier échec, et c'est au détour d'une soirée un peu trop alcoolisée, que Felix et Seungmin se sont finalement embrassés.

Ils ont commencé à sortir ensemble, secrètement, parce qu'une relation homosexuelle, ça serait mal vu, l'un comme l'autre le savait et s'en acquittait parfaitement. Jeongin était le seul dans la confidence, parce que Felix disait tout à Jeongin, et que Jeongin était, en quelque sorte, le gardien de tous ses secrets.

Woojin était encore si proche dans sa mémoire, mais Felix avait décidé que Seungmin l'aiderait à oublier. Il n'aimait pas vraiment Seungmin, enfin, si, il l'aimait, mais pas comme il aimait Woojin. Felix a toujours trouvé ça compliqué, aimer les gens. Tout le monde est différent, on ne peut chérir deux personnes de la même façon. C'était sa façon de penser, il ne pouvait aimer Seungmin comme il avait aimé Woojin, car les deux garçons n'étaient pas identiques, et pourtant, il les aimait tous les deux quand même. Alors pourquoi voulait-il donner plus à Woojin, qui lui était inaccessible, qu'à Seungmin, qui, au contraire, semblait lui porter une affection sincère ?

Il n'a jamais su, et aujourd'hui encore, il s'en sent fort désolé. Il aurait préféré ouvrir son cœur à Seungmin, mais celui-ci ne semblait n'en faire qu'à sa tête, et continuait d'attendre pour son aîné, celui-là même qu'il avait écarté de sa vie, pour son propre bien, prétendait-il.

Il aimait bien prétendre, Felix.

C'était un sacré menteur, Felix.

Seungmin fut véritablement irréprochable, et ce fut encore plus dur pour lui de l'utiliser de la sorte, pour combler un besoin d'affection, un vide, un trou béant qui ne pouvait être rebouché. Son comportement était condamnable de bien des façons, mais lorsque l'on connaissait quelle peine logeait dans sa poitrine, enfouie, quelque part dans ses entrailles, il était bien difficile de le blâmer.

Et pourtant...

Ça n'excuse pas, mais ça explique, comme aurait dit celui qui fut, autrefois, mon propre Seungmin. Peut-être est-ce là la raison même de ma compassion et de mon empathie pour Felix ; j'ai été, un jour, à sa place. J'ai fait souffrir par égoïsme, rongé par un abandon trop pesant, un isolement trop présent. J'ai eu mal et j'ai fait mal en retour, nous l'avons tous fait, que l'acte soit volontaire ou simplement un enchaînement de quiproquos et d'actions charitables ayant tourné au chaos. L'enfer est pavé de bonnes intentions, dit le dicton.

Ça n'excuse pas, mais ça explique...

C'est au bout de quelques mois que la mascarade prit fin, alors que Seungmin, implacable, annonça à Felix que c'était terminé. Pas que Seungmin ne l'aimait plus, c'est surtout qu'après tout ce temps, il était fatigué de constater que Felix ne l'aimait définitivement pas assez. Il avait bien compris, au début de leur relation, et il l'avait même accepté ; Felix éprouvait encore des sentiments pour Woojin, ils n'allaient pas disparaître du jour au lendemain, il s'en doutait bien. Mais Felix n'était pas amoureux de Seungmin, et ne le serait probablement jamais. C'est une réalité qu'il leur avait fallu encaisser et accepter, tous les deux, en silence. Trop honteux pour l'admettre, trop douloureux pour l'avouer. Leur couple a tenu quelques temps malgré les faux-semblants, mais Seungmin en a eu assez. Ce n'était pas sain, ni pour lui, ni pour Felix.

Étrangement, des deux, c'est Felix qui a dû le plus en souffrir, pourtant. Il sentait la solitude derrière son épaule, prête à le reprendre à tout instant, et à nouveau, on l'avait repoussé. Était-ce de sa faute, celle d'un tiers ? Leur faute à tous les deux ou bien celle d'absolument personne tout compte fait ?

La réponse n'a pas grande importance.

Felix a bu, ce soir-là, bu pour oublier, pour nettoyer les blessures. Il a imbibé son corps d'alcool pour désinfecter la plaie spirituelle qui s'était formée sur son cœur, il s'est noyé l'esprit, il a tué ses pensées. Jeongin gardait un œil sur lui, comme toujours. Son ange gardien, comme l'appelait Felix en plaisantant. Il veillait toujours sur son ami, quoi qu'il advienne. C'était comme ça que cela fonctionnait, entre eux. Felix lui avait donné le goût de l'aventure, de la rébellion, et en retour, il prenait soin de lui et de son âme fragile. Il aimait prendre soin des autres, c'était dans sa nature profonde, et le frisson de liberté que son ami lui avait offert en retour valait tous les sacrifices, aux yeux de Jeongin.

Un étrange duo, qui, surprenamment, marchait plutôt bien.

Jusqu'à ce que, emporté par une impulsion primaire, désespérée, Felix l'embrasse derrière les portes closes.

C'est ainsi, lorsque l'alcool coulait dans ses veines, Felix devenait avide de contact, d'attention, il avait besoin qu'on lui prouve son affection. Il ne pensait pas aux conséquences, se disait maître de ses capacités, mais n'était plus vraiment en mesure de réfléchir pour autant. Il disait oui et faisait non, promettait puis oubliait, et surtout, il cherchait la proximité et la chaleur humaine pour venir le protéger du froid de la désolation.

Malheureusement, c'est une proximité que Jeongin ne pouvait lui offrir, et une nouvelle fois, Felix fit face au rejet. Un certain malaise s'est créé à ce moment précis, dont ils n'ont jamais réussi à se défaire, l'un comme l'autre. Alors, comme d'habitude, il a fui. Il a fui, et quand l'année scolaire a touché à sa fin, il a coupé tout contact avec son ami et s'est envolé pour l'université.

Avec le recul, j'ai fini par comprendre que l'on ne pouvait exiger de quelqu'un de nous aimer autant que nous le souhaitions, et j'ai accepté mes torts, en réalisant avoir pris leur refus pour un abandon, là où, au final, j'étais celui qui avait fauté. Mon Woojin, mon Jeongin, parfois, je me demande ce qu'ils sont devenus. Est-ce qu'ils vont bien, ont-ils réussi leur vie ? Est-ce que eux aussi, des fois, ils repensent à moi ?

J'ai foutu en l'air bien trop d'amitié par égoïsme, et j'en ai payé les frais. Felix aura ainsi connu le même sort.

La vie à la fac était bien différente de ce à quoi le lycée avait pu l'habituer. Là-bas, Felix était beaucoup plus libre, rencontrait chaque jour de nouvelles personnes, se faisait des connaissances, construisait un réseau. Il était celui qui connaissait tout le monde, et que tout le monde connaissait, en quelque sorte. Avec son physique charmant et ses résultats des plus corrects, il attirait à lui les autres d'un sourire brillant et d'un regard enjoué, et pourtant, malgré cette popularité soudaine, étrange, un sentiment paradoxal grandissait en lui de manière inexorable. Telle une maladie qui gagnait lentement du terrain, grignotant un peu plus chaque jour quelques nouvelles miettes de son esprit, infiltrant ses poumons, son cerveau, son cœur, elle s'ancrait en lui avec ténacité, détermination, fatalité. Tous ces gens, l'apprécient-ils réellement, ou n'est-il qu'une simple connaissance qu'ils usent et abusent pour fuir leur propre isolement ? Bientôt, cette pensée l'obséda, et l'hypocrisie de ses relations lui sauta au visage, crûment, violemment. Ses interactions avec autrui étaient exclusivement superficielles, n'existaient que pour la forme, pour montrer et se montrer, crier au monde « tu vois, je ne suis pas seul ! ».

L'horreur et l'ironie de la situation résidaient d'ailleurs dans le fait qu'il en était le premier responsable, car c'est ainsi qu'il traitait ses semblables. Il était poli avec eux, aimable, amical, même, mais jamais il ne les laissait entrer dans ce monde duquel il était le roi. Un roi sans conseiller, un roi sans richesse, un roi sans peuple. Un roi solitaire, régnant sur un royaume désolé.

Et puis, sa route croisa celle de Hwang Hyunjin.

Hwang Hyunjin était de cette communauté de gens que l'on ne pouvait s'empêcher de regarder passer dans le couloir. Tout comme Felix, son cercle de connaissances était large et bien rempli, et bien qu'il avait, lui, quelques amis avec qui il passait la plus grande partie de son temps, Hyunjin était, au fond, un énième incompris. On se retournait sur son physique plaisant et on cherchait sans cesse ses faveurs, mais personne ne voulait réellement du Hwang Hyunjin qui siégeait tout au fond de lui. C'est tout du moins ce que Felix crut, pendant un long moment.

C'est grâce à des relations communes que les deux garçons ont été amenés à se rencontrer officiellement. Entre eux, le courant est immédiatement passé. Ils se sont rapidement mis à se parler par message, souvent, presque en continu. Rapidement, Felix a fini par se confier sur des points extrêmement personnels, sans vraiment comprendre pourquoi Hyunjin lui inspirait autant confiance. Il avait l'impression qu'ils se ressemblaient. Qu'ils partageaient le même fardeau, les mêmes blessures, celles qui ne peuvent être comprises que par ceux portant des cicatrices identiques quelque part sur leurs bras, leurs jambes, leur ventre, leur tête, leur âme. Il ne leur a fallu qu'une petite dizaine de jours avant de commencer à sortir ensemble. À la fac, ils ne se voyaient pas très souvent, ils ne suivaient pas les mêmes cursus, n'avaient pas forcément les mêmes fréquentations ni les mêmes activités, mais tous les soirs ou presque, ils étaient chez Hyunjin. Ils ne s'affichaient jamais en public, pas même un geste tendre. Felix ne s'y sentait pas autorisé, et son partenaire ne faisait rien non plus de son côté.

Felix trouvait ça normal.

Après tout, sa seule autre relation avait également été entourée par le secret, pour leur propre bien, à l'un comme à l'autre. A force, il s'était dit qu'il s'agissait d'un comportement normal, pour un couple homosexuel, de ne rien dire, rien montrer, tout ranger derrière une porte fermée à clef. Coucher ensemble à chaque fois qu'ils dorment dans le même lit, ne se laisser aller qu'une fois dans l'appartement du plus âgé. C'était presque devenu routinier, et Felix se sentait piégé.

Et puis, un matin, Hyunjin l'a totalement ignoré. Il ne lui a pas lancé le moindre regard, le moindre sourire, a prétendu être trop occupé pour le voir, a prétendu avoir besoin d'espace. Lentement, Hyunjin cessa de porter la moindre attention à son cadet, jusqu'à finir par le bloquer par message, le supprimer de sa vie. Felix avait fini par l'ennuyer. Felix avait fini par trop demander.

Étrangement, si sa fierté s'est retrouvée blessée, ses sentiments, eux, sont demeurés relativement intacts. Comme si, malgré l'affection qu'il portait à Hyunjin, son attachement était bien moindre. Pas de chaleur pour lui réchauffer les membres, pas de papillons pour valser dans son ventre. En y repensant, il se disait parfois qu'il ne serait plus capable de réellement aimer quelqu'un, parce qu'au fond, l'amour qu'il avait pu porter à Woojin serait toujours là, quelque part dans sa mémoire.

Il s'en est voulu pendant longtemps. A cru que c'était de sa faute, qu'il était l'unique responsable de cette rupture, et que si Hyunjin n'avait même pas pris la peine de lui en parler, c'était sans doute parce qu'il ne voulait même plus lui adresser le moindre mot. Il s'est senti comme un poids, il s'est cru trop dérangeant, il s'est imaginé l'avoir mérité. Trop fatiguant émotionnellement.

À ce moment-là, Felix faisait déjà partie intégrante de ma vie, et pourtant, je n'avais toujours pas trouvé comment le rendre heureux. J'aurais voulu le prendre dans mes bras, le consoler, lui dire que je suis désolé, que moi aussi, je suis passé par là, que ce n'est pas de sa faute, pas cette fois, c'est promis, c'est juré, mais malheureusement, il était toujours aussi inatteignable qu'à l'accoutumé, et je devais me contenter de le contempler à distance, incapable d'aller le réconforter.

J'ai toujours pensé que mentir à quelqu'un pour obtenir des relations sexuelles, lui faire croire qu'on l'apprécie, qu'on l'aime, tout ça pour obtenir quelques nuits de plaisir charnel, était une forme d'abus, et méritait sanction. Malheureusement, la manipulation n'est pas perçue comme violente, et puisque le consentement a été donné, tout le monde passe à autre chose, personne ne s'offusque. Et mon Hyunjin, tout le monde a continué à l'aimer, malgré ce qu'il m'avait fait.

C'est la vie, qu'ils disent tous.

Malgré tout, cette expérience aura mené à de nouvelles rencontres, car c'est en remarquant le changement radical dans la relation pourtant si discrète que pouvaient entretenir Felix et Hyunjin, que Jisung s'est décidé à l'approcher. Jisung, c'est tout le contraire de Hyunjin. Un garçon brillant, à la personnalité explosive, à qui on sourit avec hypocrisie mais sur qui on crache une fois éloigné. Jisung, il est bien loin d'être apprécié de tous, il n'a pas beaucoup d'amis, mais les quelques-uns qu'il possède lui sont précieux. On le dévisage dans le couloir à cause de ses cheveux roux, ou parce qu'il a parlé un peu trop fort en amphi, parfois même parce qu'il s'est mis à sautiller de bonheur au beau milieu du hall de la fac, mais il s'en fout.

Jisung a été jugé coupable par le tribunal du peuple, jugé coupable d'être lui-même, une faute grave qui à leurs yeux, mérite rejet. Mais Jisung n'est pas désolé, jamais il ne le sera. Jisung préfère qu'ils le méprisent plutôt qu'ils l'estiment ; Jisung ne veut tout simplement pas leur ressembler.

Rapidement, Felix a aussi rencontré Minho. Minho aux éternels sourires en coin, aux regards malicieux et aux paroles à sens multiples. Minho et ses cheveux couleur nuit, sa sensualité enivrante, ses mots aussi tranchants que le plus affûté des poignards.

Jisung et Minho formaient un couple libre, et sortaient ensemble depuis que Hyunjin avait lâchement abandonné Jisung, après s'être lassé de lui, tout comme il l'avait fait avec Felix. Ils avaient tous les deux été les victimes du même individu, et ont dû tous les deux apprendre à refaire confiance après pareil coup bas. Et c'est ce que lui proposait à présent Jisung. Apprendre à refaire confiance.

Jisung et Minho formaient presque un idéal aux yeux de Felix, et l'un comme l'autre semblaient tant tenir à son partenaire, que c'en était troublant. Felix avait mal à chaque fois qu'ils les regardaient, mais pourtant, si l'envie qui naissait au fond de lui se faisait grandissante, il ne pouvait s'empêcher d'être heureux pour eux.

À force, ils étaient devenus ses deux nouveaux amis. Ses vrais amis. Ils passaient tout leur temps ensemble, et le couple veillait sans cesse à ce que jamais Felix ne se sente exclu. Peu à peu, Felix a cessé de parler à tous ces gens qui gravitaient autour de lui pour s'occuper, et ils se sont lentement détourné de sa personne en comprenant qui se cachait derrière les sourires hypocrites et les regards vides qu'ils s'adressaient habituellement. Le trio passait tant de temps ensemble, que leur relation faisait parler les curieux, et même Felix en était venu à se poser des questions, car qu'il fût avec Jisung, avec Minho, ou les deux à la fois, il ressentait cette même sensation, l'impression d'être aimé, pas comme on aimerait un ami ou même un proche, plutôt aimé comme Minho et Jisung s'aimaient eux. C'était étrange ; agréable, mais étrange. Il aimait l'attention qu'ils lui portaient, il se sentait comblé, mais il avait pourtant la sensation qu'il ne serait jamais capable de leur rendre ne serait-ce qu'un dixième de tout ce qu'ils pouvaient bien lui offrir.

Un jour, le sujet est venu sur le tapis, et ses craintes se sont avérées justes. Et sans trop savoir pourquoi, il a eu l'horrible impression que quelque chose en lui s'était brisé. Felix s'est excusé, encore et encore, il s'en voulait tant de ne pas être la personne qui leur fallait, mais au fond, il s'en voulait surtout de ne pas savoir aimer correctement les gens qui l'entouraient. Il avait ruiné ses amitiés en exigeant trop, ruiné ses amours en donnant peu, et peut-être qu'au fond, le vrai problème depuis tout ce temps, c'était son cœur qui refusait de fonctionner correctement.

Alors Felix a fait ce qu'il savait faire de mieux : il a fui.

Il fuit toujours.

C'est là mon autre plus grand point commun avec Felix, toute notre vie nous avons fui, nous n'avons fait que ça, et me voilà à présent fatigué d'avoir passé mon existence à courir pour échapper aux autres.

Comme à mon propre Minho, et à mon propre Jisung, par exemple.

Quelques années plus tard, Felix quitta ainsi les bancs de la fac, plus seul que jamais. Il s'est replongé dans ses mauvaises habitudes, s'est recréé un nouveau réseau, a recommencé à feindre devant les autres. Rapidement, en quelques oeillades joueuses et quelques moues amusantes, il s'est reconstitué toute une bande d'amis superficielle, vaniteuse, destinée uniquement à défier la solitude en personne, alors qu'elle se montrait plus proche que jamais.

Felix est devenu professeur des écoles. La présence des enfants lui faisait du bien. Ils étaient bien plus simples à comprendre, plus faciles à cerner. Il se plaisait à les guider, à les soutenir, à leur apprendre comment fonctionne le monde et les aider à construire leur vie. Il s'est réfugié dans son travail, parce que c'était la seule chose qui lui offrait un peu de bonheur au quotidien. Son travail, c'était tout ce qu'il avait. Il ne parlait plus à sa famille depuis des années, ne gardait jamais les mêmes amis bien longtemps, et se contentait ainsi d'offrir tout ce qu'il avait à donner aux enfants dont il avait la charge. Peut-être, au fond, que c'est ce qui l'a sauvé.

Et puis, un nouveau maître d'école est arrivé dans l'établissement. Seo Changbin, c'était son nom.

Seo Changbin.

Felix le trouvait mignon, le regardait de loin, mais avait trop peur d'aller l'aborder. Après avoir enchaîné fiasco sur fiasco, il avait décidé de se préserver, quitte à rester à l'écart. Il n'était pas doué avec les autres, c'était un fait, il ne savait pas comment s'y prendre et, tel Icare s'approchant trop près du soleil, il n'avait de cesse de se blesser à chaque fois qu'il entreprenait de créer des liens avec quelqu'un d'autre dans sa vie.

Il se trouvait stupide à agir de la sorte, mais au moins, qu'il pensait, il n'avait plus à souffrir de la complexité des relations humaines.

Pourtant, Changbin et Felix furent amenés à faire plus ample connaissance au cours d'une humble sortie nocturne, dans un petit bar du centre ville, peu fréquenté mais toujours rempli d'habitués, qui venaient y épancher leur soif depuis des années. Cette soirée, organisée par l'équipe enseignante et à laquelle il avait finalement accepté de participer, désireux d'être entouré au moins l'espace d'un instant, se voulait sans prétention, dans l'unique but de souffler, faire un peu plus connaissance, rire entre collègues, la tête loin du boulot. L'alcool dans les veines, Felix a baissé sa garde, et a laissé Changbin entrer. Ce fut la plus belle et la plus tragique des erreurs de toute son existence.

Felix eut beaucoup de mal à s'ouvrir, mais face à un Changbin têtu et armé de beaucoup de patience et de bien plus de persévérance encore, même sa muraille n'a su tenir le siège. Ils se sont revus en dehors du travail, souvent, dormant chez l'un, mangeant chez l'autre, ils sortaient boire un verre, traînaient dans les cafés, partaient se balader une fois la nuit tombée. Felix est allé passer les fêtes de Noël chez lui, et Changbin resta avec lui au nouvel an. Ils se tournaient autour, mais aucun d'entre eux n'osait faire le premier pas. Felix ne savait pas s'il était prêt, et Changbin l'avait très bien remarqué. Il avait peur de le brusquer, sans doute.

La nuit où ils se sont finalement embrassés, il ne s'est jamais senti aussi heureux de toute son existence.

Les premiers mois, ce fut une relation passionnelle et passionnée, de celle que l'on ne voit que dans les films romantiques, celles qui ont le goût de l'aventure et l'odeur de l'imprévisible. Puis la routine s'est installée, doucement, comme si elle avait pris son temps. C'était une routine rassurante, pleine de tendresse, qui donnait à Felix l'impression d'être en sécurité. Nul endroit sur terre ne pouvait autant lui conférer cette sensation si agréable de chez-soi que les bras de Seo Changbin, et les deux garçons s'aimèrent tant qu'il se crut, enfin, heureux, l'espace d'un instant. J'avais réussi ma mission, je lui avais trouvé quelqu'un, Felix n'allait plus être seul.

Ensuite, le temps a passé. Lentement, mon imagination a dégradé leur relation, et les jours paisibles se sont vu chassés par les disputes quotidiennes et incessantes. Comme si, pour que Felix soit complet, il lui fallait avoir vécu les mêmes souffrances que celles que j'avais subies, il lui fallait pouvoir me comprendre, du début à la fin. Il se devait d'être à mon image. En entamant sa création, à l'époque, je ne pensais point qu'il en pâtirait de la sorte, mais en lui offrant une vie similaire à la mienne, j'ai été pour lui semblable à celui que les hommes appellent Dieu et qui s'est joué de moi ; j'ai fait de son existence un véritable calvaire.

Nos créations ne sont qu'une version à peine améliorée de nous-mêmes.

Felix demandait trop, Changbin recevait trop peu. Changbin était jaloux, Felix se sentait enfermé. Tels les mauvais feuilletons qui passaient sur le câble lorsque j'étais encore adolescent, ils se déchiraient l'un l'autre, pour le plaisir du spectateur insatisfait, en quête éternelle de drames et d'actions, et la toxicité de leur relation parvint à son paroxysme, lorsqu'ils en vinrent aux mains après les maux de trop.

Le lendemain, Changbin est parti. Il a quitté l'appartement, s'est mis en arrêt maladie, et quelques semaines plus tard, il était muté dans un nouvel établissement. Il est parti sans se retourner, car, il le savait très bien, une simple oeillade en arrière, et il pourrait dire adieu à sa liberté, à jamais piégé en Enfer. Il avait lu l'histoire d'Orphée et Eurydice, il était au courant ; il ne tomberait pas dans le piège.

Après le départ de Changbin, Felix s'est laissé sombrer, incapable de supporter un nouvel échec. Accablé, rongé par les remords, anéanti par les regrets. La peine s'est sournoisement logée dans son cœur, pour ne plus jamais le quitter. C'est ainsi que j'ai assisté, impuissant, à la fin de Lee Felix.

J'ai songé à le réécrire, à tout changer, mais je n'en avais pas la force. J'avais besoin d'un personnage comme Felix, un personnage capable de me comprendre, et dont l'histoire sensibiliserait le lecteur à ma propre misère. J'en avais tant besoin, il fallait que je l'écrive quelque part. Comme une biographie qui ne dit pas son nom, un alter-égo qui n'en est pas vraiment un. Inventer une vie à partir d'une autre, pour partager la souffrance à deux.

Et puisque son cœur abritait une douleur dévorante, typique, peut-être, de celui qui avait trop vu et trop vécu, il était condamné à porter le lourd fardeau de sa dépression sans personne autour de lui capable de réellement comprendre les profondeurs obscures de son esprit malade, ni même, lui apporter l'aide dont il avait réellement besoin.

Car c'est en étant entouré, qu'il s'est toujours senti le plus seul.

C'est une vérité immuable, un paradoxe irrévocable ; lorsque la solitude vous a trouvé, jamais elle ne vous abandonne. C'est un poids que je partage avec Felix, une cicatrice, marquée profondément dans nos deux esprits meurtris, et je m'en veux, à présent, de lui avoir infligé pareil tourment. J'ai tant voulu être entendu, j'ai prêté ma peine à un autre, et aujourd'hui, dans l'univers que j'ai créé, il y a un homme qui souffre car j'ai été égoïste, et que je l'ai si chéri que je n'aurais pu accepter le voir heureux avec un autre que moi. Mais Felix, Felix, je l'aime tant, j'ai longtemps cru que cela signifierait que je serais capable de le sauver. Il y a pourtant de ces âmes qui ne peuvent être guéries, qui ne trouveront la salvation que dans la mort, et j'ai compris, maintenant ; Felix, je l'aime assez pour être capable de le tuer.

Certains diront que l'amour que je ressentais pour lui n'avait rien de sain ; et peut-être qu'ils n'avaient pas totalement tort.

J'ai décidé de le laisser partir, je l'ai trop longtemps retenu. Alors, j'ai terminé la page, j'ai terminé le livre, j'ai clos son histoire. Je me devais de l'accepter ; Felix n'était pas réel, pas plus que mes fantasmes et mes espoirs d'un jour, trouver quelqu'un qui me comprendrait, et m'aimerait également. Car je le sais, je l'ai toujours su, j'ai posé ce postulat dès le départ, c'est un fait que j'ai suffisamment étudié pour le savoir véritable : ma vision fantasmée et mes attentes irréalistes m'ont condamné à chercher sans cesse un être qui, malheureusement, n'existe point ; courir après des chimères aux paroles pleines de mensonges alléchants et aux yeux emplis de promesses non tenues.

J'ai créé ma propre chimère.

Car je suis un homme qui souffre, et qui écrit pour souffrir davantage.

J'ai plongé mon regard droit dans celui de l'humanité toute entière pour en sonder le coeur noir, et à présent, je sais ce qu'il me reste à faire.

Je suis celui qui, toute son existence durant, aura connu la froideur de la solitude et la douleur de l'incomplétude. J'ai manqué quelque chose, quelque part, je le sais, je le dois. La tête pleine de fictions, la tête pleine de questions, j'en ai oublié l'instant présent. Mon Changbin, il me disait souvent, arrête de penser Chan ; arrête de rêver, ou tu vas passer à côté des choses. Il avait bien raison, mon Changbin ; à trop penser, je suis passé à côté de ma vie au complet.

La vérité, c'est que je me suis toujours voulu un autre, et ne me suis senti dans la réalité que de passage. A présent, je suis seul. Plusieurs fois, tout seul.

Maintenant, le rideau tombe, la pièce touche à sa fin. Terminée la mascarade, terminée la comédie. Felix n'est plus, et bientôt, moi non plus.

J'ai longtemps souhaité que l'on se souvienne de moi, mais il n'existe aucune mémoire ne m'ayant imprimé suffisamment fort pour me rendre immortel. Alors, je laisse derrière moi cette lettre, bien longue, je le sais, et si quelqu'un aura eu le courage d'en venir à bout, je n'ai qu'une ultime requête.

Rappelle-toi.

Rappelle-toi, que j'ai vécu.

Christopher Bang. »

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N/A : Hey !

Comme dit dans l'intro, cet OS a été rédigé dans le cadre de la première session des concours Wild Shot par WildFictions, dans la catégorie nom. Vous retrouverez d'ailleurs les mots à placer en italique : souffle, comportement, maladie, papillon, câble.

En dehors de ça, que dire de cet OS...? C'est la première fois depuis des années que j'écris au passé et croyez moi la concordance des temps c'est pas si simple, j'ai sacrément morflé et je suis sûr que certaines fautes de conjugaison auront réussi à passer les corrections. Je n'ai pas vraiment l'habitude d'écrire à la première personne non plus, pas comme ça en tout cas, et je vous avoue être mitigé quant au résultat.

Cette histoire est librement inspirée de la chanson Anyone de Lee Hi et B.I., d'où le titre btw.

J'espère que malgré tout, cette histoire vous aura plu, et que vous avez passé un agréable moment au cours de votre lecture.

Merci à vous,

Sasha.

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