Chapitre 5

J'ai deux heures de libre devant moi avant que je ne commence mon boulot à 16h. Il faut que je me dépêche car je sais que les mercredis, les centres commerciaux sont malheureusement remplis de personne en tout genre.
Il y a ceux qui sont pressés et qui bousculent les autres en s'excusant ou non, ceux qui prennent leur temps et qui marchent très, mais très lentement. Il y a les familles qui sont avec leurs enfants qui courent dans tous les sens et qui peuvent nous faire tomber car ils ne regardent pas où ils vont. Puis il y a les autres, comme moi, qui ne veulent seulement se rendre dans un seul magasin, mais ce magasin est sûrement le plus rempli de tous, alors intérieurement, on prend sur soi pour ne pas perdre patience et péter un plomb.

Comme je m'y attendais, le bus qui mène jusqu'au centre-ville est plein, il y a très peu de place, ce qui fait que nous sommes tous collés entre nous. Le point positif est que si le chauffeur freine d'un coup, il nous est impossible de se ramasser la figure tellement on est compact.
Je plains les personnes de petites tailles qui ont les aisselles d'inconnus au niveau de leur nez mais aussi leur souffle puisqu'ils penchent la tête vers le bas. Soyez fort jusqu'au bout, vous avez tout mon soutien.

J'ai l'impression que le temps passe très lentement, je n'en peux plus d'être collée à des inconnus, surtout que quelques fois leurs mains ou bien d'autres parties de leur corps effleurent mon fessier et j'ai horreur de ça. Bien qu'ils ne le fassent pas exprès, j'ai l'impression qu'ils en profitent.

En face de moi se trouve une jeune femme qui doit à peu près avoir mon âge. Elle me regarde avant de me faire un sourire gêné, vous savez ce que c'est le sourire gêné, tu rentres tes lèvres pour presque les faire disparaître et tu souris. On a un peu l'air bête en faisant cela mais au moins on est poli et on ne fait pas la tête.
Contrairement à elle, je lui fais un grand sourire, ce qui la met encore plus mal à l'aise et cela me fait rire. C'était mon objectif. Je crois que j'ai un gros problème car mettre les personnes mal à l'aise me fait extrêmement rire.
Immédiatement elle se met à dévier son regard du mien pour regard au loin. Je crois qu'elle me prend pour une folle mais tant pis, je l'ai bien cherché à vrai dire.

Enfin le bus s'arrête à l'arrêt centre commercial. Presque toutes les personnes du bus descendent, autant vous dire que les bousculades il y en a. Tout le monde essaie de sortir le plus vite possible, mais en faisant cela, ils provoquent des embouteillages. Comme je ne veux pas m'énerver, je préfère les laisser passer pour être la dernière à sortir, mais je remarque que d'autres personnes font comme moi, ou que je fais comme eux.

*

Sans grande surprise, le centre commercial est remplie des diverses personnes que je vous avais déjà décrite auparavant.

Rapidement je me dirige vers l'immense magasin de jouet où des pleures se font entendre. Des enfants tapent des crises de nerfs à leurs parents pour avoir le joiet qu'ils veulent, mais malheureusement pour eux, ils ne cèdent pas et les emmènent loin d'ici.
Je rentre ainsi à l'intérieur et me rends directement vers le rayon où se trouve la superbe poupée Mulan. Je sais que si je vais dans d'autres rayons, je vais me perdre et vouloir acheter des jouets pour moi alors que je ne les utiliserai pas.

Arrivée dans le rayon en question, mes yeux se baladent d'étagères en étagères pour trouver le Saint Graal. Quoi ? Hein ? Mais non je n'exagère pas voyons, ce n'est pas mon style.
Au bout de quelques minutes mes yeux se posent immédiatement sur la superbe poupée qui me fait louper un battement de cœur. Le prix est assez élevé, plus d'une cinquantaine de et il faut savoir que je ne peux retirer que cent par semaine, j'ai préféré mettre un solde pas très haut car je me connais, je peux être très dépensière.

À contre cœur je prends la poupée en examinant attentivement la boîte pour être sûre qu'elle n'est pas abîmée avant de me rendre à la caisse où se trouve devant moi deux personnes, dont une petite fille qui a l'air seule.
Comme une grande, cette dernière passe à la caisse et au moment où le caissier lui donne le prix, la petite commence à sortir toutes les pièces de son porte-monnaie en forme de dragon.

- Et voilà monsieur, mon argent héhé...

Exaspéré mais aussi sous le charme de cette petite, le caissier commence à compter les pièces et cela lui prend énormément de temps, ce qui agace l'autre personne qui attend. Elle se met à râler en disant qu'elle n'a pas que ça à faire. Ça ne m'étonnerait même pas qu'elle n'ait jamais eu d'enfant ou que si c'est le cas, ses enfants soient traumatisés à vie.

- Désolé mais il te manque 7 dollars et 23 cent...

- Ah bon ? Mais j'ai économisé, tu es sûre monsieur ?

- Oui oui... je suis désolé...

- Ah euh bah euh...

La petite fille est extrêmement déçue, j'ai l'impression de voir ma petite sœur lorsque je lui dis que je ne dors pas à la maison.

- Donnez lui son jouet, commençais-je à dire, je vais payer le reste quand ça sera mon tour !

- Vous êtes sûre ? Demanda alors le caissier qui était comme soulagé

- Oui oui, ne vous inquiétez pas !

- Ooowh... merci grande madame ! Finit par dire la petite fille qui avait des étoiles dans les yeux et son jouet dragon dans les bras.

La petite fille m'offre un immense sourire avant de se mettre à partir en courant. On peut dire qu'aujourd'hui j'ai fait ma bonne action, espérons que le karma se charge du reste.

Lorsque c'est à mon tour de passer, le caissier me regarde avec un immense sourire alors je lui en fais aussi un. Il attrape avec délicatesse la boîte et la passe au scanner, provoquant le petit bruit aigüe.

- C'était vraiment gentil de votre part. Ça m'aurait embêté de ne pas pouvoir lui donner son jouet. Ça fait, je crois des semaines qu'elle économise et qu'elle vient ici presque tous les jours pour l'observer...

- Elle me faisait penser à ma petite sœur, je pouvais pas la laisser dans cet état, ça faisait trop mal au cœur. Répondis-je simplement en prenant la boîte pour la ranger dans mon sac et pour ensuite prendre ma carte et payer.

- Passez une bonne journée en tout cas !

- Merci ! À vous aussi !

Je lui fais un signe de tête avant de sortir du magasin, direction l'arrêt de bus de nouveau, enfin c'est ce que je pense faire mais en réalité, plusieurs personnes s'arrêtent devant moi dont une tenant une caméra. La petite fille qui s'était éloignée est avec ce groupe de personne.

En réalité ce groupe s'agissait de personne de YouTube qui faisait des expériences sociales en tout genre. Et aujourd'hui, cela en était une et Luna avait réussi cette expérience sociale sans même le savoir. Le test était de voir si les personnes étaient prêtes à rajouter de l'argent pour que la petite fille puisse enfin avoir sa poupée.

- Pourquoi avoir payé le montant manqunt ? Demande une femme qui tend un micro vers Luna

- Oh bah euh tout simplement parce que si ça avait été ma sœur, j'aurai voulu que quelqu'un fasse pareil... Par contre j'ai mon bus qui arrive bientôt et je dois pas le louper. Désolée !

Je les salue avant de commencer à m'éloigner pour me rendre à mon arrêt. Dans cette course, ils m'ont demandé si je les autorisais à mettre cet extrait sur YouTube et ma réponse était oui.

Bon, cette fois ci le bus n'est pas blindé. Au moment où il s'arrête, je vois même quelques places de libre et devant moi ne se trouve que trois personnes.
Nous montons alors tous chacun notre tour comme des personnes civilisées et nous dirigeons vers les places de libre. À ma grande surprise, la dernière place de libre se trouve à côté de la jeune femme que j'avais mise mal à l'aise, ce qui me vaut un petit rire, qu'elle remarque d'ailleurs.
Au faite je ne vous l'ai même pas décrite. Elle est assez petite, peut-être dans le mètre cinquante, cinquante cinq. Elle a quelques rondeurs placées "là où il faut". Ses yeux sont d'un marron très foncés tandis que ses cheveux sont blonds.

- Le monde est petit on dirait... me dit-elle en riant

- Ouais, totalement !

*

Le trajet enfin terminé, je descends rapidement du bus pour me diriger vers la maison car il ne me reste que très peu de temps avant que je commence à travailler. Je regrette d'avoir pris cette décision car je sais que si j'arrive en retard, déjà je perdrais de l'argent, mais je baisserai aussi dans l'estime de Momo et ça je ne le veux pas.

Contrairement à ce matin, je ne me mets pas à courir, mais seulement à marcher vite. Heureusement que mes Docs Marteens se sont adaptées à la forme de mes pieds car sinon j'aurai des ampoules aussi grosse que mes poings.

Ça y est, je vois enfin la maison qui se situe juste en face de moi, à une centaine de mètres. J'ai l'impression qu'ils sont terminables. Plus je me rapproche, plus elle s'éloigne, comme dans les films.

Je commence à ralentir pour reprendre mon souffle lorsque j'entends un coup de feu puis un deuxième...

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