Musique proposée : Sad Romance (a.k.a sad violin) - Ji Pyeong Kwon. (En média).

Concentré sur l'herbe fraîchement coupée, je peine à mettre un pied devant l'autre. La tête baissée, le poing appuyé contre mes lèvres, je tente de réunir tout ce que j'ai en moi pour ne pas éclater. Pour ne pas perturber le silence irrespirable de cet endroit dans lequel personne ne devrait être aujourd'hui à part moi. Les odeurs de terre et de béton humides s'emparent de mes narines alors que je m'écroule sur le sol, mais rien n'y fait. La brûlure intense qui ravage ma gorge, ma poitrine, mon estomac et chaque particule de mon corps fracassé ne s'atténue pas. Rien ne s'efface. Je ne peux pas prétendre apaiser quoi que ce soit en me focalisant sur autre chose parce que plus rien n'a d'intérêt. Plus rien n'attire assez mon attention. Tout ce qui m'envahit, c'est le poids immense de la culpabilité qui m'écrase un peu plus de jour en jour. C'est la douleur implacable de la perte de l'un des seuls êtres sur cette planète que je ne pouvais pas me permettre de perdre. Mon regard vagabond entre en collision avec le granite sombre devant lequel je me suis effondré, et tout mon corps craque. De violents torrents submergent mon visage, des spasmes d'une rare puissance me dévastent, j'ai l'impression que de nouveaux abysses m'engloutissent. Ça peut pas être vrai... Dites-moi que c'est un cauchemar, par pitié... 

— Il a l'air tellement heureux sur cette photo... souffle une voix déformée par le chagrin.

Touché, je lance un regard derrière moi, mais détourne bien vite les yeux quand j'aperçois une autre détresse que la mienne couler sur des joues qui n'auraient plus jamais dû connaître la noyade. Je ne peux pas faire face à sa souffrance, je n'y arrive pas. Elle me renvoie beaucoup trop dans les griffes de la mienne, dans les affres de mes erreurs. Elle m'étouffe, me consume, me ronge de l'intérieur... Au bout d'un certain temps, je finis par acquiescer sans parvenir à prononcer le moindre mot puis m'égare dans le cliché sans couleur qui surplombe les quelques lettres d'or de la pierre tombale.

Il a raison, tu sais. T'as l'air paisible, là-dessus. J'espère que de là où t'es, tu souriras encore comme ça... Comme sur cette photo.

J'effleure le bonheur perdu de mon ami disparu d'une main tremblante, puis me laisse envahir encore davantage. Il peut pas être parti, il a pas le droit... Bouleversé, je me relève et tourne le dos à cette réalité intolérable. Je la fuis comme si ça pouvait l'effacer et essuie mes larmes d'un geste rageur sans pour autant réussir à calmer mes sanglots. J'aurais dû agir plus vite. Je n'aurais pas dû me laisser atteindre. J'aurais pu lui sauver la vie. Une pression s'abat sur mon épaule, et pour une fois depuis des jours entiers, je me laisse envelopper par l'étreinte protectrice de la seule personne qu'on ne m'a pas encore arrachée. Cette dernière me serre contre elle avec l'énergie du désespoir alors que je la maintiens contre moi comme si ma vie dépendait de son corps collé au mien. De son souffle dans mon cou. De sa chaleur sur ma peau. Plus nous nous accrochons l'un à l'autre, plus j'ai l'impression qu'on tente de se prouver mutuellement que ce trou béant dans nos poitrines ne nous a pas encore aspirés. Ses larmes coulent jusque dans ma nuque, pourtant aucun soubresaut ne lui échappe. Seul la déchirure des miens brise la tranquillité qui nous entoure.

— Et maintenant ? gémis-je dans sa veste.

— Maintenant, on essaie de vivre. Pour lui. 

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UPDATE 23/02/2022 : Si vous venez de recevoir une notification qui indique que le prologue vient d'être publié, ce n'est pas une erreur de la part de Wattpad. 

En effet, puisque j'arrive à la fin et donc, bientôt au moment de la scène dans laquelle se trouve le prologue, j'ai pu me rendre compte que le point de vue initial duquel j'avais rédigé ce prologue ne convenait pas pour la suite de l'histoire. J'ai donc réécrit ce prologue et c'est la nouvelle version que je vous propose aujourd'hui, donc vous pouvez la lire, c'est un peu différent. 

Bien entendu, la scène fondamentale n'a pas changé, c'est toujours une scène qui se passe dans un cimetière, pour les mêmes raisons, mais le point de vue a changé et donc certains petits détails se sont vus modifiés. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez et si jamais ça vous met plus la puce à l'oreille qu'avant ou non. Est-ce que ça vous donne des indices, par exemple ?

Voilà, voilà, c'est tout pour moi, on se retrouve demain pour la suite du chapitre 21.

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Coucou tout le monde, 

Comment ça va ? 

Ça y est, on peut dire que l'aventure commence vraiment, désormais ! Je suis à la fois stressé et pressé et j'espère que cette mise en bouche vous a plu ou qu'au moins elle a su vous faire réagir, vous procurer des émotions, vous mettre dans l'ambiance... qu'elle ne vous a pas laissé indifférent.e.s quoi. 

Du coup, comme toujours, j'ai quelques questions pour vous.

Qui est avec qui, à votre avis ? Qui sont les personnages présents ?

Et bien entendu, qui est dans la tombe, selon vous ? 

Et la musique, qu'en pensez-vous ? Celle-ci est restée la même que dans la version précédente du prologue, mais certaines autres chansons ont changé depuis la dernière publication. J'espère qu'elles vous plairont. 

N'hésitez pas à me faire part de vos hypothèses, j'adore voir ce que vous pensez, comment vous voyez les choses et comment vous envisagez l'avenir de l'histoire, je vous trouve passionnant.e.s. Je me souviens, la première fois, certaines personnes pensaient qu'il s'agissait de l'enterrement de Charlie, d'autres de l'enterrement de West... Y'avait des gens qui pensaient que cette scène était une scène du passé, aussi. Que je l'avais mise là juste pour vous induire en erreur. Je trouvais toutes ces hypothèses hyper intéressantes. 

Du coup voilà, c'est tout pour aujourd'hui. La première partie du chapitre un (qui sera plus longue que celle-ci, je vous rassure) sera postée jeudi prochain ! 

En attendant prenez bien soin de vous et on se voit sur mes réseaux !