Journal de Wayne
"Get done all the left undones,
There's still so much I'm running from.
I felt us start to fall in love
But I didn't see it through."
What Did I Do? – Hayd. (En média).
Cher journal...
Pendant que je t'écris, tout le monde dort. West a troqué mon torse contre mon oreiller alors que Gale et Liv sont emboités l'un dans l'autre. Ça me fait un peu bizarre de les observer, mais je suis content pour eux. Je suis sûr qu'ils peuvent s'apporter bien plus que je n'ai apporté à Liv. À vrai dire, je crois que cette histoire entre elle et moi nous faisait plus de mal qu'autre chose depuis le retour de West, alors j'espère de tout cœur que ce qui est en train de naître entre eux leur fera du bien. Les rendra heureux. Ça fera au moins un peu de beauté au milieu de ce capharnaüm. Au milieu de cette semaine catastrophique... Si tu savais, ces derniers jours ont été... riches. Trop riches. Beaucoup trop. Je ne sais pas comment j'arrive encore à tenir un crayon, comment j'arrive encore à tenir debout. C'était un cauchemar. Un cauchemar pour moi, un cauchemar pour West, mais j'ai l'impression de ne rien ressentir du tout. Comme si ça y est, cette vie avait réussi à m'essorer et qu'il ne me restait plus rien. J'ai enterré mon petit frère. J'ai assisté à l'enterrement de Charlie. Grace à West. Et pourtant je ne suis pas parvenu à m'écrouler, à lâcher ce que j'avais à l'intérieur de moi, parce que dans ma poitrine, c'était le trou noir. C'est toujours le néant. Est-ce que je suis devenu sans cœur ? Est-ce que j'ai perdu toutes mes capacités d'empathie ? Est-ce qu'ils ont finalement fait de moi un monstre ? Ma mère pleurait, oncle Mark et sa femme pleuraient, même mon père s'est essuyé les yeux, et moi non. Rien. Même pas quand j'ai fait mon discours dans la chapelle. Ma voix a déraillé, c'est vrai, mais aucune larme n'a atterri sur mes joues. J'ai dit adieu à l'un des êtres les plus chers à mes yeux tout en anéantissant les derniers liens que je pouvais bien entretenir avec cette famille dérangée, mais ma tristesse n'a pas explosé. Pas une fois.
Je me déteste. Je me déteste pour ça. Et je me déteste aussi d'avoir laissé faire ce qu'il s'est passé ensuite. Avec West, je veux dire. À lui aussi, je lui ai dit au revoir. Lui aussi, je l'ai perdu. Et je m'en veux. Ce qu'on a partagé ce soir-là... j'en avais besoin. J'avais besoin de le retrouver, de le toucher, d'oublier pourquoi on était là, aussi. Il m'a aidé à me sortir de cet enterrement, il m'a aidé à me complaire dans l'illusion que si je mettais un voile sur la réalité, elle pouvait disparaître pour ne plus jamais revenir. Dans ses bras, sous ses caresses, je me suis senti invincible. À ma place. Et crois-moi, je donnerais n'importe quoi pour que ça arrive encore. Je donnerais tout ce que j'ai pour revoir cette vulnérabilité que je ne lui connaissais pas. Tu sais que pour une fois, c'est moi qui ai dû le rassurer ? C'est si rare qu'il m'autorise à le voir comme ça, à l'atteindre avec autant de profondeur... Il m'a prouvé à quel point il avait confiance en moi et si tu savais... je voudrais tellement que ça suffise. J'aimerais que ça puisse tout effacer et qu'on reprenne à zéro, lui et moi. Mais ce n'est pas possible. Il m'a fait trop de mal, j'aurais trop peur qu'il s'en aille encore. J'aurais trop peur de revivre les trois ans qu'il m'a fait subir en m'abandonnant sans me dire pourquoi, alors je préfère que notre couple s'arrête. Définitivement. Et ça me tue de faire ça. Ça me détruit. Pourtant j'ai pas d'autre solution pour l'instant, j'ai que ça. Tant que je ne serai pas sûr de pouvoir me fier à lui, nous ne pourrons pas redevenir ce qu'on était.
Et durant ces derniers jours, je me suis rendu compte à quel point se fier à lui était compliqué. Après tout ce qu'on a traversé, il ne m'avait jamais parlé de sa famille. Jamais. Je ne savais même pas qu'il avait une sœur, tu imagines ? Je ne lui demandais pas de tout me raconter en détail, on aurait pu avoir le temps de vraiment se découvrir, mais j'aurais voulu qu'il me parle au moins des grandes lignes. J'étais censé être son monde, bon sang. Sa personne. Son âme-sœur. Enfin... c'est ce qu'il était pour moi. Peut-être qu'on a jamais eu la même définition de l'amour, finalement. Ou peut-être qu'il ne m'aimait pas autant que je ne l'ai aimé, je n'en sais rien... En tout cas, j'ai rencontré sa sœur, et au-delà du sentiment de trahison que j'ai ressenti quand j'ai compris que je ne connaissais rien de lui, j'ai été soufflé. Si tu les avais vus, tous les deux. Ils se ressemblent tellement. J'aurais presque pu croire qu'ils étaient jumeaux si West ne m'avait pas dit que Beth était son ainée. Je te jure, c'est incroyable à quel point ils sont la copie conforme l'un de l'autre. Le même sarcasme, le même charisme, le même sourire, les mêmes cheveux ébène, les mêmes... les mêmes yeux bleus. Ils étaient identiques, mais en même temps si différents. Beth semblait faire partie intégrante de cet univers de luxe que j'ai entrevu lors du gala, alors que West avait plutôt l'air d'un outsider. Ça a été déroutant de les voir face à face. D'être témoin de leurs retrouvailles et de l'intensité du lien qui paraissait les unir autant qu'il ne les séparait...
Je n'avais jamais vu West aussi perdu que pendant cet événement caritatif. Aussi fragile. Tout le monde nous scrutait, parlait dans notre dos, nous regardait de haut, mais il n'a pas réagi. Le West que j'ai connu aurait envoyé tout ce beau monde sur les roses sans se laisser marcher sur les pieds par qui que ce soit, pourtant il s'est contenté de baisser la tête et de s'incliner devant ces gens répugnants qui le traitent comme un chien galeux. Avec le recul, je me dis que j'aurais mieux fait de m'imposer, de prendre sa défense, de crier à toutes ces personnes qu'elles n'avaient pas le droit d'essayer de le soumettre de cette façon. J'aurais dû leur montrer qu'il n'avait pas besoin d'elles pour vivre et être quelqu'un de formidable. Mais, comme d'habitude, je n'en ai pas eu le courage. Je n'ai rien fait.
C'est étrange, d'ailleurs, parce que sa présence me donne de la force. Plus de force que je n'en ai eue depuis qu'il est parti. Grâce à lui, j'ai tenu tête à mes parents, mon oncle et ma tante. J'ai saccagé mes restes de relations avec mon père, j'ai déchiré l'image que ma mère avait de moi, j'ai déçu Mark et Katy, et même si dit comme ça, ça paraît affreux, je lui suis reconnaissant de m'avoir offert ce cran. Parce qu'il m'a libéré d'un poids, de mes chaînes. Je n'ai plus à être qui que ce soit d'autre que moi-même, désormais. Je n'ai plus à lisser ma personnalité pour ma famille. Maintenant, s'ils veulent un fils, un neveu, il va falloir qu'ils se contentent de celui qu'ils ont, ou alors ils devront faire sans. Quand j'y pense, je m'étonne moi-même. Je ne pensais pas que je pouvais avoir autant de ressources, je ne pensais pas que West pouvait me donner autant de confiance, autant d'équilibre. J'étais si solide à ses côtés que j'ai réussi à ouvrir la lettre qu'il m'a écrite quand il était en prison. Je l'ai trimballée partout avec moi depuis qu'on dort à l'hôtel, de peur de la perdre et, pendant qu'il dormait, je me suis décidé à l'ouvrir.
Cette lettre m'a serré le cœur. Dedans, il ne m'explique pas grand-chose, mais il me fait une promesse. Une promesse que j'aurais voulu connaître. Une promesse qui aurait pu me permettre de tenir le coup, de mieux supporter son absence. D'un côté, je me hais de ne pas avoir lu ces quelques mots avant. Je me hais de ne pas m'avoir laissé l'opportunité de me raccrocher à cette promesse parce que, bordel, elle aurait pu me sauver de tellement de choses. De tellement de crises de larmes. De tellement de nuits fichues en l'air... Mais d'un autre, je reste convaincu qu'il n'aurait pas dû procéder de cette façon. Il aurait dû me parler, m'appeler, faire quelque chose pour que je l'apprenne de lui sans barrière. Pour que j'entende cette phrase salvatrice de sa bouche. Que je me souvienne de sa voix en train de la prononcer...
Malgré tout, je crois que ça m'a fait du bien. De lire ce qu'il m'a écrit. Ça m'a rassuré, ça m'a apaisé, et maintenant que je sais qu'il est là, je crois que je pourrais même la relire.
Parce que sa promesse, il l'a tenue.
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Coucou tout le monde.
J'espère que vous, ça va. Moi, je suis malade comme un chien, c'est pour ça que je n'ai pas posté hier. Et j'ai pas deux neurones qui fonctionnent bien donc je galère a posté aujourd'hui, mais je voulais absolument que vous ayez votre chapitre du jour pas trop en retard. Du coup j'espère que ça aura valu le coup et que ça vous plaira.
En ce moment, j'en suis à la fin de la troisième partie du dernier chapitre de Je N'ai Plus Peur, donc je vais bientôt passer à l'écriture de l'épilogue ! ça fait bizarre, mais ça va me permettre de pouvoir passer à un autre univers en attendant de retrouver celui-ci. En attendant de retrouver Isaiah et l'un de nos trois lascars. J'ai un peu hâte. Même si du coup ces derniers jours j'ai pas écrit à cause de mon état végétatif avancé.
J'ai un peu de mal à réfléchir alors si vous avez des remarques hésitez pas, parce que je suis pas sûr de pouvoir poser des questions pertinentes.
Qu'est-ce que vous pensez de Wayne et son autoflagellation ? Vous croyez que ne pas pleurer veut dire quoi que ce soit ?
Vous comprenez le fait qu'il en veuille à West de ne pas lui avoir dire pour sa sœur ? Vous comprenez qu'il ne veuille pas se remettre avec lui ?
Et cette lettre alors, elle vous inspire quoi ? Vous pensez qu'il y a quoi dedans ? Vous aimeriez la lire ?
La musique, on aime ?
Voilà, c'est tout pour moi, je vous laisse pour reposer mon cerveau en surchauffe.
Prenez soin de vous les potes.
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