Journal de Wayne
"Her voice like a sunrise,
His voice like temptation.
She sings to me softly
He's screaming salvation."
The Two Tongues (Sreaming Salvation) – AS IT IS. (En média)
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ATTENTION : La suite de cet avertissement peut contenir un élément de spoil, donc si vous n'avez pas besoin de trigger warning pour poursuivre votre lecture, ne lisez pas cette suite. Pour les autres, sachez que cette partie de chapitre contient une description détaillée de scènes de violences physiques. Faites bien attention à vous si c'est un sujet sensible pour vous.
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Cher Journal,
Je sais, je sais, ça fait longtemps que je ne t'ai pas écrit... Mais ces derniers temps, ma vie n'a fait que s'écrouler. Elle s'effondre de nouveau et je n'ai pas eu la force de venir t'en parler plus tôt. Il s'est passé tellement de choses que j'ai l'impression d'avoir changé du tout au tout depuis la dernière fois que j'ai posé mon stylo sur une page blanche. Je ne sais plus où j'en suis, je crois que je me perds dans mes propres erreurs, dans mes propres décisions. Je sombre dans un cataclysme que j'ai provoqué moi-même. Si on m'avait dit que je travaillerais de nouveau pour des criminels, je n'y aurais jamais cru. Je m'étais juré que tout ça c'était fini, j'étais convaincu d'avoir compris la leçon avec Savannah, mais il faut croire que j'aime retenter les mêmes expériences catastrophiques encore et encore. Jamais deux sans trois, comme on dit...
Je n'arrête pas de me demander pourquoi j'ai fait ça, ce que je pouvais bien chercher à prouver en prenant la place de Liv dans le gang. C'est pas comme si je n'étais pas au courant du genre de chemin que ce choix m'obligerait à emprunter, en plus... Pourtant je n'arrive pas à le regretter, je n'arrive pas à faire taire cette voix qui m'assure que j'ai sauvé la vie de Liv... Et puis, peut-être qu'inconsciemment, je voulais vivre ce que vivait West. Essayer de comprendre comment il a pu tout laisser tomber pour se retrouver dans ce merdier en m'y jetant avec lui... Je ne sais pas, je n'en sais rien... Tout ce que je sais, c'est que maintenant je suis sûr que je ne serai jamais en mesure de tout à fait me mettre à sa place. Je ne pourrai jamais me représenter son vécu, même en m'infligeant les pires tortures à ses côtés.
Quand les hommes de main de cette fameuse Lola m'ont embarqué, hier, j'ai cru qu'ils étaient là pour me tuer. Que j'allais mourir et que personne ne retrouverait jamais mon corps parce que j'étais trop faible pour passer la moindre épreuve sans le soutien de West. Une fois dans une salle que je ne connaissais pas avec le textile opaque sur le visage, tout ce que j'étais capable de faire, c'était de m'imaginer en train de m'époumoner face à la violence des sévices qui m'attendaient. Dans ma tête, les seules choses qui défilaient étaient les caisses remplies d'horribles instruments que j'avais pu apercevoir dans l'entrepôt du premier test. J'étais persuadé qu'on allait m'en faire voir de toutes les couleurs, mais rien de tout ça ne s'est produit. On m'a juste attaché à une chaise face à un bureau, puis Lola a enclenché une vidéo. Une simple vidéo. Les règles n'étaient pas compliquées : si je voulais quitter la pièce ou éteindre le PC, tout ce que j'avais à faire, c'était de lâcher l'information qu'un type masqué m'avait ordonné de garder pour moi. Les lumières éteintes et le son à fond, je ne distinguais rien d'autre que l'écran de l'ordinateur portable qui brillait devant mon nez, et j'avoue qu'au début, cette mise en scène, bien plus soft que tous les scénarios qui avaient pris forme dans mon esprit, m'a un peu rassuré.
Dit comme ça, ça a l'air d'un jeu d'enfant, je sais... mais si tu savais comme j'ai déchanté... Si tu savais le nombre de fois où j'ai supplié Lola d'arrêter ce truc. Le nombre de fois où j'ai failli lui dire que c'était un certain Rodriguez qui avait volé les 150 000 dollars dont elle ne cessait de me parler...
Cette vidéo... Sur cette vidéo...
West.
C'était West.
Il était nu sur une chaise en bois, et une femme sans visage utilisait un shocker électrique pour l'inciter à ouvrir la bouche, à lui faire cracher ce qu'il savait. En voyant ça, j'ai d'abord eu envie de vomir, et ensuite je me suis retrouvé plongé dans le passé. Dans notre passé. Je revoyais Ian s'amuser avec le même appareil, et j'entendais encore mon binôme hurler à la mort. Sa douleur me broyait le cœur, pourtant je tenais bon. J'essayais de me dire que je connaissais déjà cette situation, que je l'avais déjà vécue et qu'on avait tous les deux réussi à en sortir vivant. Que si on l'avait fait une fois, on pouvait bien recommencer. C'est affreux comme façon de penser mais... je crois que c'est ce qui m'a sauvé. Du moins au début... Parce que le bourreau ne s'est pas arrêté là. Elle a attrapé un seau et à renverser quelque chose sur le corps vulnérable de West. Quelque chose qui ressemblait à de la glace. Plus elle le recouvrait de liquide, plus les gémissements de mon binôme s'intensifiaient. Ses dents claquaient, ses lèvres étaient toutes bleues, il tremblait violemment, et j'ai bien cru que je ne survivrais pas à cette vision d'horreur.
Pourtant c'était loin d'être fini. Au bout d'un temps interminable, le supplice est encore monté d'un cran. Deux mecs ont détaché West pour le plonger dans une baignoire pleine de glaçons, qu'ils ont fini de remplir avec cruauté. Ils ont enveloppé leur victime de froid, et c'est à ce moment-là que je me suis dit que j'allais craquer. Qu'il s'est mis à crier, à supplier qu'on le sorte de ce machin. Je n'aurais jamais pensé l'entendre supplier qui que ce soit un jour... C'était abominable de le voir comme ça, abominable. Mais dès que je détournais les yeux, Lola mettait la vidéo en pause et repassait la scène que j'avais refusé de regarder jusqu'à ce que je me focalise dessus. Cette femme était en train de le briser comme je ne croyais pas possible de le faire, et moi j'étais là, impuissant, à observer la scène sans rien pouvoir changer, sans rien pouvoir dire... Et le pire, c'est que l'inconnue que je suppose être Lola a continué sur sa lancée. Elle a pris un malin plaisir à noyer West sous un bout de tissu qu'elle gorgeait d'eau, encore et encore. Il s'étouffait là, juste en face de moi, et j'avais envie d'entrer dans l'écran pour le sortir de ce cauchemar. Je ne voulais pas qu'il ressente ça, je ne voulais pas qu'il connaisse cette sensation infernale de manquer d'oxygène au point d'avoir l'impression que notre vie ne tient plus qu'à un fil. En plus de ne plus pouvoir endurer ce qu'on m'obligeait à visionner, je ne pouvais pas m'empêcher de me mettre à sa place. De me retrouver la tête dans la bassine quand Ian s'occupait de mon cas il y a quelques années. Toutes les angoisses qui me détruisent un peu plus chaque jour se sont réveillées, elles sont remontées pour m'asphyxier en même temps que West.
Je ne me souviens pas très bien de tout, mais je crois que c'est à cet instant précis que j'ai perdu la raison. Mes pleurs se joignaient aux supplications de mon binôme et moi aussi, je demandais à Lola de stopper ce carnage. Moi aussi, je m'apitoyais, je gémissais, je m'arrachais la gorge comme si elle était en train de m'ouvrir la poitrine sans anesthésie. C'était trop dur, je ne supportais plus de le voir dans cet état. Cet état si éloigné de ce que j'ai toujours connu de lui... Il me paraissait si... si fragile qu'on aurait dit que cette garce avait de l'emprise sur lui. Une emprise que jamais personne n'a eue. Est-ce qu'il a toujours été aussi frêle, ou est-ce que c'est cette Lola qui sait exactement comment s'y prendre pour rompre ses défenses et le faire flancher en un claquement de doigts ?
Je ne sais pas, je n'en sais rien, mais en tout cas, c'est comme ça que j'ai su que je ne pourrai jamais comprendre West. Je croyais qu'en vivant un peu de sa vie à ses côtés, ça me permettrait de mieux appréhender ses émotions... j'avais tort. Je ne sais pas ce que ça fait d'avoir grandi avec ce genre de traitements. Je ne suis pas sûr d'avoir le droit de dire que je sais ce que ça fait d'être torturé. Malgré ce que Ian m'a fait subir il y a trois ans, malgré tous ces démons qui me hantent chaque seconde de mon existence, je ne sais pas ce qu'on peut ressentir face à une douleur physique aussi intense. Une douleur physique qui se répète et qui ne fait que s'accroître. Je n'ai aucune idée de ce que West a pu ressentir dans cette baignoire, comme je ne peux pas imaginer ce qu'engendre cette vie quand elle est tout ce qu'on a pu connaître. Après de telles souffrances, n'importe qui aurait fui, pourtant lui, il est resté. Il y est retourné, même. Ce système, ce business, cette machine à blessures ne semble pas l'intimider. J'ai presque la sensation que c'est la seule constante qu'il n'ait jamais eue et ça, ce n'est pas quelque chose que je suis en mesure d'envisager, de saisir, même en me laissant submerger par l'obscurité de cette entreprise. Je croyais que je connaissais un minimum la réalité de West parce que j'y ai passé une tête timide mais en fin de compte, lui et moi, on vient bel et bien de deux milieux différents. On vit bel et bien dans deux univers complètement opposés.
Peut-être que je suis en train de me rendre compte que je l'ai mal jugé. Que je l'ai jugé avec mes propres expériences sans jamais prendre en compte les siennes. Sans jamais essayer d'apercevoir ce que ça représentait pour lui. Ou alors je suis juste perdu. Perturbé par ce qui s'est passé entre nous à l'hôtel, et ça m'empêche de garder les idées claires, de m'accrocher à cette rancœur que j'ai envers lui. Envers ce qu'il m'a fait. Envers son silence. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je ne sais pas pourquoi je l'ai embrassé. Ce n'était pas du tout ce que j'avais prévu de faire, et encore moins devant Liv. Mais quand je l'ai eu devant moi, tout ce que je voyais, c'est qu'il venait de frôler la mort... Que je venais d'appuyer sur une satanée gâchette qui aurait pu lui enlever la vie... J'avais besoin de lui, à ce moment-là. J'avais besoin de le serrer dans mes bras, de lui montrer à quel point je l'aime, à quel point le savoir en danger me terrorise. Et quand ses lèvres se sont retrouvées sur les miennes, toute mon angoisse, toute ma peine, toute ma culpabilité se sont envolées. Je ne voyais plus rien, je ne ressentais plus rien, je ne respirais plus rien d'autre que lui. Lui et sa douceur, lui et ses caresses, lui et son parfum boisé. Lui, lui, lui. C'est tout. Juste lui.
Cette sensation, je ne vais pas te mentir, elle m'avait manqué. Et elle m'a soulagé. Elle m'a fait un bien fou. Je ne me suis jamais senti aussi serein depuis trois ans que quand je l'ai senti contre moi. Pourtant je ne peux pas remettre ça. Je ne lui fais pas assez confiance pour prendre le risque de retomber dans ses bras. Et puis il y a Liv. Cette fille merveilleuse qui m'a prouvé que je ne pouvais me fier à personne. Qui m'a montré à quel point j'étais incapable d'ouvrir les yeux, à quel point je ne suis rien d'autre qu'un égoïste aveugle. Elle se drogue, bordel. Elle se drogue. Elle se drogue et moi j'ai rien vu. J'ai rien voulu voir. Comme pour Savannah. J'ai rien vu, et je me déteste pour ça. Je me déteste tellement... Sauf que contrairement à ma sœur, je ne crois pas que je vais pouvoir prendre sur moi et accepter ça sans réagir. Je crois que j'ai besoin d'une pause. Une pause de Liv. Une pause de West. Une pause de vie. Et même si ce n'est pas le moment, je vais m'accorder le droit de prendre un temps pour réfléchir. À distance de Liv. À distance de West. Il faut que je sache ce que je veux avant d'agir, avant d'éclater... Je ne peux pas continuer de faire subir cette mascarade amoureuse à Liv, et je ne peux pas non plus continuer d'embrasser West dès que j'ai besoin de le sentir avec moi. Il faut que je me reprenne et que je me décide. Que je choisisse ce que je veux pour chacune de ces deux relations.
Peut-être que si je reste aussi rationnel dans la vie que je ne le suis en écrivant ces quelques mots, je pourrais trouver la bonne solution. Je pourrais comprendre ce que l'amour attend de moi, là, planqué au milieu des débris de mon cœur. Comment est-ce qu'on peut aimer autant quelqu'un, hein ? Comme c'est possible de ressentir un truc aussi puissant pour une seule et unique personne ? Ça ne devrait pas exister, ce genre d'émotions. Je vais finir par exploser. Exploser...
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Coucou tout le monde, comment ça va ?
Moi, et bien, écoutez, je suis malade. MAIS, mon stock de livre est enfin arrivé chez moi, donc j'ai pu découvrir mon bébé en vrai et je vais pouvoir envoyer les exemplaires dédicacés à celleux qui les ont commandés lundi ! (D'ailleurs il ne reste plus que 3 exemplaires en vente sur Etsy. Après ça, il faudra attendre quelques mois avant que j'en propose d'autres). Donc c'est plutôt positif. J'ai fait qu'une dédicace pour l'instant, à un.e ami.e, mais quand je vais devoir en faire à te parfaits inconnus, comme un vrai écrivain, je crois que je vais pas m'en remettre. J'ai déjà du mal à me faire à l'idée que le bouquin sur ma table de chevet, c'est moi qui l'ai écrit...
Je suis un peu en retard sur l'écriture de Je N'ai Plus Peur, mais ce soir, je devrais commencer le chapitre 20, et ça me fait un petit truc quand même. Ça me fait un truc parce que la scène du chapitre 20, je dois l'avoir dans la tête depuis deux ans environ, et je vais finalement l'écrire, elle va finalement prendre vie, c'est un peu incroyable. Comme si je pensais pas que je pourrais finir ce livre un jour... (C'est pas le dernier chapitre, hein, on s'emballe pas).
Bref, bref, j'arrête de raconter ma vie. Venez on blablate :
À votre avis, pourquoi Lola n'a pas touché Wayne ? Pourquoi elle lui a "juste" montré ce qu'elle a fait à West ?
Est-ce que vous pensez que Wayne a raison quand il dit qu'il ne peut pas comprendre West ? Est-ce que vous pensez qu'il a raison quand il affirme qu'en fin de compte, ils sont diamétralement opposés ?
Cette pause avec Liv, vous en pensez quoi ? Vous croyez que ça signifie qu'ils vont se séparer ? À qui Wayne serait-il le plus en mesure de pardonner ses erreurs, selon vous ? West ou Liv ?
Et la musique, pour une fois, j'en suis extrêmement fier. Quand j'ai entendu les paroles, j'ai su qu'elle était faite pour Wayne. Les descriptions des deux entités différentes dans cette chanson collent TELLEMENT à West et Liv, j'adore cette chanson. Vraiment. Et vous ?
Bon bah voilà, c'est tout pour moi, je retourne à mes écrits et je vous dis à mardi, les potes.
Prenez bien soin de vous.
Je vous envoie plein de force.
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