Flash Back (suite)
"Do you really want me
Dead or alive
To torture for my sins ?"
Hurricane – Thirty Seconds To Mars. (En média).
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Attention : Ce chapitre contient des scènes de violences physiques et morales avec utilisation d'armes. Faites bien attention à vous si ce sont des sujets sensibles pour vous. Votre santé mentale est importante.
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— Ah, le Prodige ! Pas une minute de retard, tu progresses.
La voix de Tom résonne dans l'entrepôt désert alors que j'avance lentement vers lui. Il passe une main dans sa tignasse blonde en me gratifiant d'un sourire arrogant. Sourire que j'ai envie de lui faire avaler, quitte à ce qu'il s'étouffe avec. Son regard sombre, son expression hautaine et ses traits marqués me rappellent tout de suite ceux de son frère, que j'entends ricaner plusieurs mètres plus loin. Prêt à lui envoyer une réplique cinglante à la figure, je tourne la tête vers lui, mais toute ma rancune s'envole au moment où j'aperçois Hannah. Cadenassée à un pilier en pierre gris, elle semble terrorisée. À deux doigts de perdre tout cet espoir qui l'a toujours caractérisée. La détresse que je lis dans ses yeux et qui dégouline sur ses joues me tord le ventre, pourtant ce n'est que lorsque ses prunelles s'ancrent dans les miennes que je perds vraiment pied : elle s'accroche à moi. Elle s'accroche à moi comme si j'étais son ultime chance de survie, et ça me déchire de l'intérieur. Elle ne devrait pas découvrir ce genre de sentiment, l'angoisse sourde de pouvoir mourir d'une seconde à l'autre sans pouvoir rien faire pour changer quoi que ce soit. Ce n'est pas son monde, ce n'est pas son univers. C'est le mien. Le mien, putain. Elle n'a rien à foutre ici. N'y tenant plus, je me précipite vers elle, le cœur battant.
— Pas si vite, mon grand, m'infantilise Tom sans perdre son rictus insupportable.
Planté devant moi, il m'intercepte avec un canif qu'il prend un malin plaisir à coller sur ma joue pour me faire peur. Vas-y, connard. Lacère tout ce que tu veux. La douleur, ça m'impressionne plus. Obstiné, je force contre la lame, mais ne fais pas un pas de plus. Si je tente quoi que ce soit, Hannah sera morte avant l'arrivée du cousin de Sky et de toute sa bande.
— Je suis tellement désolé, Hannah... soufflé-je, concentré sur la fragilité pure qui tremble devant moi.
— Moh... Arrête, par pitié... Tu vas me faire pleurer, se moque Ian.
Ce dernier fait quelques pas dans notre direction, pose son avant-bras sur l'épaule de son grand-frère, et me dévisage avec un air de défi.
— Relâchez-la. Elle a rien à voir là-dedans, ordonné-je en le fixant à mon tour.
— Mais c'est justement ça qui fait tout l'intérêt du jeu, tu crois pas, West ? susurre Ian.
Je crois que si la vie de Hannah n'était pas le prix à payer, je me jetterais sur lui. Tremblant de rage, je me mords l'intérieur de la joue aussi fort que je peux pour ne surtout pas réagir, pour ne surtout pas exploser. Il faut que je reste calme, après tout, je pourrai lui faire payer ça plus tard. Six mois qu'on bosse ensemble, et il a toujours pas compris que je pouvais faire de sa vie un enfer en un battement de cil. Un coup de fil à Eleanor, et il finit au fond de l'eau. Une nuit avec elle, et je fais ce que je veux de lui pour le reste de sa misérable carrière. Maintenant, j'ai du pouvoir, et je jure qu'une fois sorti d'ici, ils y goûteront tous les deux.
— Tu t'occupes d'elle et je m'occupe de lui.
Le timbre grave de Tom me sort de mes réflexions vengeresses tandis qu'il s'empare de mon poignet droit pour le coincer dans mon dos en une clé de bras que je connais par cœur. On nous apprend ça dès les premiers jours de notre initiation : règle numéro un, toujours avoir un moyen de pression. Règle numéro deux, maîtriser l'ennemi. Règle numéro trois, obtenir les bonnes informations peu importe la manière qu'on utilise. Et règle numéro quatre, ne jamais laisser de preuves derrière soi. Ce qu'il a oublié de prendre en compte, c'est que je connais les méthodes du gang sur le bout des doigts, je les connais même bien mieux que lui, et je sais qu'en s'attaquant à moi sans renfort et sans l'accord d'El, de Lola ou de Gambino, il vient de signer son arrêt de mort.
L'arme blanche sous la gorge, je ne bouge pas d'un millimètre. De tristes flashs de mon enfance me reviennent par vagues, mon rythme cardiaque s'affole mais je reste de marbre. Comme Lola me l'a appris.
« Paniquer empêche de réfléchir. Paniquer renforce ton adversaire. Si tu ne sais pas contrôler ta peur, alors apprends à la masquer, le Prodige. »
Mentir, faire semblant, donner le change. Ça, je sais faire. Insensible en surface, j'observe l'angoisse de ma meilleure amie augmenter d'un cran quand elle comprend que moi aussi, je suis en danger. Ian, quant à lui, s'approche de sa prisonnière avec lenteur, la reluque de la tête aux pieds, puis caresse son menton avant de tirer d'un coup sec sur l'adhésif collé sur ses lèvres. Un petit gémissement lui échappe mais dès qu'elle est enfin en mesure de parler, Hannah supplie ses agresseurs de ne pas nous faire de mal. Elle les implore pendant ce qui me paraît durer une éternité avant de finalement se rabattre sur moi.
— West... qu'est-ce qu'il se passe ? me demande-t-elle entre deux hoquets larmoyants.
Ian lâche un rire cynique, puis attrape le menton de sa victime d'un geste sec pour qu'elle se focalise sur lui.
— T'en fais pas, Beauté. Si ton copain nous dit tout ce qu'on veut savoir, il ne se passera rien du tout. N'est-ce pas, West ? s'amuse Ian, les yeux de nouveau rivés sur moi.
— Qu'est-ce que vous voulez savoir ? lâché-je, glacial.
— Oh, ne te fais pas prier, le Prodige. Tu sais exactement ce que je veux, murmure Tom à quelques centimètres de mon oreille.
Il est proche. Très proche. Trop proche. Il est si proche de moi que je sens son souffle réchauffer ma nuque. Mon malaise augmente encore d'un cran quand je repense à ma discussion avec Sky, et que mes muscles se tendent.
— Je vous dirai tout ce que je sais. Je te le jure, Tom, mais laissez-la partir. Elle a rien à voir là-dedans, putain... C'est pas une balance, elle l'ouvrira pas. J'y veillerai.
Les prunelles de Hannah s'écarquillent, mais j'essaie de ne pas y prêter attention. J'ai autre chose à penser, là. Ma voix est en train de flancher, mes tremblements vont reprendre le dessus et je sais que ça n'échappe pas à Tom. Rien n'échappe à Tom.
— Je veux savoir ce qu'Eleanor a dit à Gambino à propos de moi. Je veux savoir quelle décision ils ont pris. Et si jamais cette décision ne me plait pas, je veux que tu te démerdes pour la faire changer, me somme mon assaillant.
Ses lèvres frôlent ma peau à plusieurs reprises, m'arrachant de lourds frissons désagréables qui effritent encore un peu plus le masque de froideur derrière lequel mon angoisse se dissimule.
— Après tout, t'es la petite pute personnelle d'Eleanor, ajoute-t-il avec une caresse bien plus appuyée. Il te suffit de te déshabiller pour obtenir ce que tu veux, ici, non ?
Son chuchotement langoureux contre mon cou me désarme, il me paralyse. Une puissante nausée remonte le long de mon œsophage et je me mets à haïr ce mec. Je le déteste de savoir aussi bien déceler mes failles et jouer avec. Je le déteste d'être bien plus difficile à berner que son frère. Les paupières closes pour tenter de me contrôler, je me raccroche à l'image sereine de Gale. Il faut que je prenne exemple sur lui. Il faut que j'apprenne à gérer mes émotions pour les empêcher de me submerger. Mais comment parvient-il à faire ça aussi facilement ? Comment arrive-t-il à faire le vide dans de tels contextes ?
— Je sais rien, Tom. Eleanor n'a rien dit, il y a eu...
— Mauvaise réponse. Ian, à toi.
Je n'ai pas le temps de réagir à l'aboiement sévère de Tom que je vois déjà le poing serré de Ian s'écraser contre les côtes de ma meilleure amie.
Une fois.
Deux fois.
Trois fois.
Sa douleur éclate à peine tellement les coups lui coupent le souffle, mais je ressens quand même toute sa détresse parce que je sais ce qu'elle traverse. La souffrance à la fois sèche et explosive qui prend aux tripes et qui nous scie en deux, je connais par cœur. Incapable de faire face à l'expression crispée de Hannah ou aux larmes qui coulent sur son visage, j'oublie ma peur. J'oublie le protocole. Je me débats de toutes mes forces. Tout ce que je veux, c'est que cette torture s'arrête.
— Ian, arrête ! Ian ! hurlé-je tandis que les sanglots de Hannah me déchirent l'estomac. Tom, putain, dis-lui d'arrêter ça !
Ce dernier accroît la pression sur mon poignet, me rappelant que je suis à sa merci. Que le maître de la situation, ici, c'est lui. Après un coup d'œil vers nous, son petit frère met un terme au supplice de Hannah non sans m'offrir un sourire satisfait au passage. Ah ça te fait marrer, hein. Enfoiré.
— Ne me mens pas, le Prodige. Je sais que tu as été convoqué, tout le monde le sait, m'avertit Tom en appuyant sur la lame qui flirte avec ma carotide.
— Oui, j'ai été convoqué ! C'est pas un secret ! Mais elle m'a rien dit parce qu'on a eu un mort à Chicago ! Un mort avec beaucoup de matos sur lui, matos qui a été récupéré par les flics et qui aurait pu mener jusqu'à nous. Gambino et Lola devaient s'occuper de ça en priorité, donc on a pas parlé de toi !
Je ne devrais pas lui dire ça. Il n'est pas censé connaître ce genre de détails, et si jamais Gambino l'apprend, je vais payer mes bavardages bien plus chers que je ne peux même l'imaginer. Mais je ne peux pas faire autrement. Il faut que Tom comprenne que je n'ai pas sa réponse, et il faut qu'il comprenne que je suis prêt à faire n'importe quoi pour qu'il laisse Hannah partir. Je le sens remuer contre moi, et Ian s'acharne de nouveau sur sa victime, sauf que cette fois, il se débrouille pour qu'elle puisse crier. Son agonie n'est plus seulement visible, elle se déchaîne à chaque impact. J'ai beau lutter, m'énerver, supplier, la punition ne s'arrête pas avant de longues minutes. Lorsqu'un filet de sang gicle de son nez et dégouline jusque sur son menton, je perds espoir et détourne le regard. Ma meilleure amie pleure, elle souffre, elle respire à peine, et moi je suis là à rien faire. Je suis là, complètement impuissant, et ça me fout la gerbe.
— J'ai dit pas de bobards, me prévient Tom en tirant sur mon avant-bras.
Une brûlure lancinante m'oblige à me cambrer contre lui alors que je mords l'intérieur de ma joue pour retenir la lamentation qui menace de passer la barrière de mes dents serrées.
— Je te le jure... Je... Après ce coup de fil, Gambino est directement parti rejoindre Lola à Chicago, alors Eleanor m'a dit qu'on parlerait plus tard. Je savais même pas qu'elle voulait me parler de toi... soufflé-je, la voix étouffée par l'électricité qui me bouffe le muscle.
Ian s'approche de Hannah, et mes larmes finissent par couler. Cette fois, c'est mort. J'ai utilisé toutes mes cartes, quoi que je dise, Tom ne me croira pas. Notre seule chance de sortir de là vivants désormais, c'est que Sky arrive à temps avec les renforts. Une nouvelle pluie de coups s'abat sur ma meilleure amie, ses supplications viennent se greffer aux miennes dans une vulnérabilité qui ne nous ressemble pas, mais rien ne stoppe Ian. Au contraire, les ricanements de son frère semblent même le galvaniser.
C'est trop. Beaucoup trop. Il doit y avoir une solution, quelque chose à faire pour aider Hannah... Sans réfléchir une seconde de plus, j'utilise mon bras libre pour envoyer un puissant coup de coude dans les côtes de mon bourreau. Surpris par mon geste, ce dernier relâche la pression sur mon poignet une fraction de seconde avant de tenter de se reprendre, mais je ne lui en laisse pas l'occasion. La lame dérape sur ma gorge, je pivote et le frappe à la mâchoire avant de taper dans sa rotule avec mon pied. Désorienté et déséquilibré, il tombe à genoux sur le sol, me donnant un précieux temps d'avance pour courir vers ma meilleure amie.
Haletant, je me rue sur Ian et l'empoigne par les cheveux pour qu'il s'éloigne de Hannah. Un grognement lui échappe, mais c'est déjà trop tard : je suis complètement hors de contrôle. Prisonnier d'une rage féroce, je passe le frère de Tom à tabac sans lui laisser la moindre opportunité de riposter. Ma haine m'emporte, et comme un incendie en pleine forêt, elle est impossible à dompter. Je ne savais pas que j'avais autant de violence à l'intérieur de moi, mais dès que je tente de me raisonner, les hurlements de Hannah me reviennent en écho et je me convaincs moi-même que cette enflure mérite de souffrir autant qu'elle. Affaibli par mon animosité presque cruelle, Ian bat en retraite. Espèce de lâche. Je fais immédiatement volte-face pour m'occuper de la seule personne qui ne devrait pas se trouver ici, mais une ligne ensanglantée déchire la peau de mon bras, me forçant à affronter mon adversaire désormais armé qui revient à la charge. Habile, j'esquive le métal tranchant que Ian agite devant moi comme Gale me l'a appris, puis analyse la situation. Ni une ni deux, j'attrape le couteau par la lame d'une main, puis chope le bras de l'ennemi de l'autre pour asséner son articulation de coups de genou redoutables. Ian pousse un cri mais finit par lâcher prise en tenant fermement son poignet contre son torse. Toujours habité par cette cruauté irrépressible, je récupère le couteau, me place derrière mon assaillant et tranche dans le vif alors que son frère fonce vers nous.
Ian s'effondre sur le sol cireux, la bouche grande ouverte et les doigts sur sa gorge, tentant sans y parvenir de retenir les vagues de sang qui coulent sur son torse à toute vitesse. Un cri hargneux résonne derrière moi, mais je préfère tenter de libérer Hannah que d'y accorder la moindre importance. Alors que je tire sur ses liens pour comprendre comment la sortir de là, une poigne de fer se referme sur mon épaule et m'oblige à me retourner. Je n'ai pas le temps de voir venir quoi que ce soit qu'à la minute ou je tombe nez à nez avec Tom, la lame qu'il a dans la main se retrouve plantée dans mon abdomen. La douleur est si aigue, si violente que même le plus petit des gémissements ne sort pas de ma gorge. Foudroyé par l'intensité de la déchirure qui me cloue au sol, je ne dis rien lorsque le métal ressort de mon corps pour le transpercer encore une fois. Mes genoux cèdent, je lâche l'arme que je tenais toujours comme je pouvais, et quand je manque de m'écrouler, Tom me poignarde de nouveau en me regardant chuter. Joue contre terre, je suis spectateur de la vie qui s'écoule de mes blessures pour me quitter lentement. La souffrance est insurmontable, je ne peux pas bouger. C'est tout juste si je suis en mesure de respirer sans m'étouffer avec le liquide épais qui remonte le long de ma trachée. Hannah hurle mon prénom, elle s'agite, elle panique, mais je n'arrive pas à lui répondre. Je suis bien trop occupé à essayer de me relever pour voir si elle, elle va bien. Pour pouvoir la sauver, elle. Tom remarque tout de suite mes regards inquiets vers cette fille si fragile, et sourit.
— Tu l'aimes, pas vrai ? Tu aimes cette fille au moins autant que j'aime mon frère, le Prodige ?
Incapable d'articuler quoi que ce soit, je secoue la tête pour l'implorer de ne pas aller plus loin.
— Alors regarde bien, crache-t-il. Parce que c'est elle qui va payer pour ce que tu viens de faire à Ian.
Sans me lâcher des yeux, il plante son canif dans la poitrine de Hannah, qui ancre ses prunelles dans les miennes.
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Coucou tout le monde, comment ça va après une telle partie ?
Sachez que si je ne suis pas encore passé sur vos commentaires c'est parce que je me suis rendu compte que j'avais loupé pas mal de commentaires sur N'aie Pas Peur, du coup je suis parti répondre à ceux-là, mais je ne vous oublie pas. D'ailleurs, bien souvent, je vous lis parce que je suis trop curieux, alors n'hésitez pas à lâcher tout ce qui vous passe par la tête en commentaire. Même les remarques les plus insolites, j'aime toujours autant vous lire et c'est vraiment une motivation importante pour moi.
À part ça, j'ai presque fini le chapitre 12, je suis content de mon avancée et j'ai vraiment hâte que vous découvriez les tout nouveaux chapitres. D'ailleurs je ne sais pas si on va voir une différence au niveau de ma plume, j'espère que non, mais je compte sur vous pour me le dire de toute façon. Je voulais également vous remercier parce que Je N'ai Plus Peur a dépassé les 800 lectures, et N'aie Pas Peur vient de passer les 13K, c'est vraiment incroyable. Alors merci beaucoup à vous pour vos lectures, pour votre temps et votre patience. Merci pour vos commentaires aussi. Merci les potes.
Cette partie de l'histoire, ce flash back est extrêmement important pour la suite. Genre, c'est vraiment un pilier. Mais, même si pour moi c'est une évidence, je ne sais pas si pour vous ça l'est. Est-ce que vous arrivez à faire des liens, des hypothèses ? Est-ce que vous arrivez à comprendre l'importance de cette scène ou pas encore ?
Tom est plus ou moins un nouveau personnage, pour vous. À votre avis, que lui est-il arrivé après ça ? Vous pensez que finalement, West a pu obtenir les faveurs d'Eleanor ?
La réaction de West face à Ian, vous en pensez quoi ? Est-ce que ça vous a choqué.e.s ?
Et la musique, alors, on aime ? Non parce que c'est l'une de mes chansons préférées de ce groupe, alors je boude si on aime pas.
Voilà, voilà, j'arrête de blablater et je clique sur publier. Encore merci les potes. Je vous dis à samedi pour la suite.
En attendant prenez bien soin de vous.
Gros cœur sur vous.
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