Chapitre 26 | 3
"Wash the sorrow off my skin,
And show me how to be whole again."
Linkin Park – Castle Of Glass. (En média).
Torse nu devant le miroir tacheté de traces d'eau, de doigts et sûrement de tout un tas d'autres choses, je scrute mes hématomes. Leur couleur marron-âtre me répugne. Ils sont en train de guérir. Comment peuvent-ils guérir si vite ? Ils ne devraient pas se résorber maintenant. Ils devraient me faire souffrir encore et encore jusqu'à ce que mort s'en suive. La disparition de Gale, elle, ne se résorbera jamais, alors pourquoi mon corps aurait le droit de cicatriser ? Il mériterait de sentir une morsure lancinante à chacun de ses mouvements. Je mériterais qu'il me fasse hurler de douleur chaque seconde que je passe dans ce monde sans mon frère. Tout ce temps que je passe ici est du temps que je lui vole. Du temps dont il aurait dû profiter. Du temps dont je ne suis pas digne.
— Merde, ils t'ont pas loupé, ces salopards ! gronde Ash alors qu'il se glisse à l'intérieur de la salle de bain à moitié ouverte.
Surpris dans ma contemplation, j'attrape mon débardeur et l'enfile en vitesse, comme si Ash ne m'avait pas déjà vu nu au moins des centaines de fois à Cook County.
— Ils auraient mieux fait d'y aller plus fort, marmonné-je en frictionnant mes cheveux trempés avec une serviette blanche.
J'entends mon ami souffler, et le connaissant, je sais qu'il se retient de pester contre ma réflexion à deux balles. Au lieu de ça, il opte pour l'hospitalité, et j'avoue que sa patience m'étonne. Je ne sais pas si c'est le fait d'être libre qui l'aide à s'assagir ou s'il se donnait un air de mec impulsif pour impressionner les autres détenus, mais je crois que cette nouvelle facette de sa personnalité me plaît. Gale aussi gardait toujours son calme avec moi...
— Tu veux crécher ici, ce soir ? Ou même pendant quelques jours ?
Malgré le soulagement que cette proposition diffuse dans mes veines, je secoue la tête.
— Je peux pas, je dois partir pour Harlem... mais merci pour la douche.
Et merci de m'avoir rattrapé.
— L'enterrement ?
Tout mon corps se tend, une boule que je commence à connaître par cœur se forme dans ma gorge, et je dois m'appuyer sur le lavabo, le menton contre le torse, pour ne pas m'effondrer sur le carrelage gris. Exténué par tous les sentiments qui m'explosent constamment à la figure, je pousse un profond soupir. Comment je vais faire pour survivre à ça ? Comment je vais pouvoir les laisser inhumer ma seule famille sans m'enterrer avec elle ? Une chaleur inattendue se dépose sur mon omoplate droite pour me sortir de la tombe que je suis en train de creuser moi-même, tandis que mes larmes s'écrasent dans la vasque claire.
— Pionce ici, tu partiras demain matin, reprend-il dans un murmure. Tu peux pas conduire dans cet état.
Incertain, je relève le nez vers la feuille d'argent, et scrute le reflet de Ash qui lui, me regarde directement.
— Si j'avais pas de nouveau jouet, je serais venu avec toi, mais je suis assigné à résidence.
Il soulève sa jambe de jogging pour découvrir son bracelet électronique avec un rictus cynique, puis tire sur mon épaule pour m'inciter à l'affronter vraiment. Plongé dans ses yeux sombres, j'ai la sensation de faire un saut dans le passé. De me retrouver deux ans en arrière, la peur au ventre, à m'accrocher à un mec que je croyais déloyal parce que je n'avais plus que lui. Lui, et Caiden. Le souvenir du Caïd me revient en tête, et je l'imagine me faire la morale. Il ne serait sans doute pas d'accord non plus à l'idée que je parte pour douze heures de route alors que je tiens à peine debout sans avoir de vertiges.
— Du coup, le seul truc que je suis en mesure de faire, c'est m'assurer que tu vas pas te tuer parce que t'es trop borné pour écouter qui que ce soit.
La pique de Ash m'extirpe de mon vécu, et un léger sourire traverse mon visage. Résigné, je cède, puis essuie mes joues humides pour reprendre contenance. Mon ami me somme de l'attendre dans la salle principale en m'imposant un repas dont je n'ai pas envie, mais je ne proteste pas. Je me contente de me diriger à pas lents vers la pièce sombre dans laquelle le Kanye de tout à l'heure se prend le chou avec un homme noir qui doit au moins faire le double de son poids. Le grand baraqué affublé d'un maillot de hockey d'une équipe canadienne passe une main agacée dans ses dreads puis menace le petit blond de « lui arracher les couilles ». Sympa l'ambiance.
— Fais pas gaffe à eux, ils sont aussi cons l'un que l'autre, lâche un troisième type, attablé devant une demi-douzaine de liasses de billets.
Intrigué, je me focalise sur mon nouvel interlocuteur, qui pose son coude à côté de son butin en se repositionnant sur sa chaine en bois pour me faire face. Attiré par les seules traces noires qui contrastent avec sa peau mate, mon regard s'accroche à ce qui ressemble à des kanjis japonais ou chinois.
— Si tu veux mon avis, t'as plus l'air d'un Yakuza que moi, commente-t-il en désignant mes bras pleins de tatouages du menton.
— À côté de toute cette thune, je parierais pas là-dessus.
Ma provocation fait hausser un sourcil au Yakuza des bacs à sable, mais paraît lui plaire.
— Un point pour toi, se marre-t-il. Remarque, avec la tronche que tu tires, tu ferais pas peur à grand monde.
Si je n'étais pas à la limite de l'implosion, je crois que je lui aurais lâché un rire caustique à la figure. Je sais ce qu'il est en train de faire. Il me teste. Il essaie d'imposer une hiérarchie entre nous comme un mâle alpha devant sa meute, et même si je le trouve ridicule, je comprends pourquoi il agit de cette façon. Dans ce milieu, on écrase ou on se fait écraser, alors il me montre qu'aujourd'hui, je ne marcherai sur les plates-bandes de personne.
— Te fie pas aux apparences, mec.
Ce dernier se bidonne. Indifférent à son petit jeu, je me laisse tomber sur un tabouret en bout de table, mais il ne semble pas en avoir terminé avec moi.
— Si tu veux, je peux te proposer un petit truc pour que tu retrouves des forces et que t'aies plus l'air d'un chien errant qu'on aurait tabassé dix fois, ricane-t-il en me glissant une pochette noire sous le nez.
Je fixe la trousse en tissu avec méfiance, puis finis par l'ouvrir pour que monsieur-mâle-alpha me fiche la paix. À l'intérieur du pochon surprise, deux seringues, deux aiguilles et une fiole de morphine m'attendent. Les dents serrées, je tente d'ignorer mon estomac qui se retourne quand des flashs d'une violence inouïe fusent dans mon esprit.
— Qu'est-ce que tu veux que j'en fasse ?
— Ce que tu veux, le Chien Errant. Mais ça pourrait t'aider à passer un moment loin de la réalité, si tu vois ce que je veux dire.
Je vois très bien ce que tu veux dire, enfoiré.
— J'ai rien pour te payer, mens-je pour refuser sans le foutre en rogne.
— Cadeau de la maison. Si ça te plaît, t'auras qu'à revenir me voir.
Son sourire confiant me file la gerbe. Il est persuadé qu'il me reverra, et je reconnais bien là la méthode de certains gangs rivaux d'Eleven Stars. La voix de Ash retentit dans mon dos, et je planque ma nouvelle acquisition dans ma poche comme un drogué sur le point de se faire prendre la main dans le sac. Putain, mais qu'est-ce que je suis en train de faire ? Comment je peux reprendre mes vieux réflexes aussi facilement ?
***
Les yeux rivés sur le paquet de Cheetos que je viens d'acheter dans une vieille superette près de la route, je n'arrive pas à me résoudre à l'ouvrir. Ma tête tourne, j'ai besoin de manger pour repartir et avaler les deux dernières heures de route qu'il me reste, mais chaque fois que je m'imagine mettre quelque chose dans ma bouche, mon ventre se noue et une puissante nausée m'envahit. Désespéré par mon propre comportement, j'attrape ma canette de soda, la décapsule et en bois plusieurs gorgées. J'aurais au moins un peu de sucre dans le sang. S'il n'y avait eu que moi, j'aurais tracé dans Manhattan sans me soucier du malaise qui me guette, mais perdre connaissance au volent pourrait coûter la vie d'une autre personne, et j'ai semé suffisamment de morts derrière moi comme ça. Et puis Ash me détesterait presque plus d'avoir niqué sa caisse que d'avoir tué quelqu'un. À ces pensées, l'image de Gale qui tombe dans le vide revient me hanter, et je lorgne sur la pochette noire que m'a laissée monsieur-mâle-alpha. Je jette un coup d'œil à mes Converses et me vois déjà les enlever pour planter l'aiguille entre mes orteils, quand je me rends compte que je n'ai plus besoin de faire ça. Je n'ai plus besoin de me cacher. Je peux simplement relever ma manche et tout m'injecter dans le bras sans que personne n'en sache rien. Sans que personne ne pense à vérifier que je ne me suis pas piqué.
De douloureux souvenirs de ma mère, de Ginny, de la période apocalyptique qui a suivi la mort de Hannah m'explosent à la figure, et je balance les Cheetos sur le siège passager pour recouvrir les démons qui ont ravagé ma vie. De toute façon, la morphine, c'est pas mon truc. Écœuré par ma propre faiblesse, je mets le contact pour allumer la radio et avoir un truc sur quoi me concentrer. D'abord agressé par le rap colérique que doit sans doute écouter Ash, je commence à zapper sans but. Je passe de station en station en tentant d'en trouver une qui ne grésille pas et qui diffuse de la musique à mon goût. Au bout de quelques minutes, une voix familière interrompt mon vagabondage, et je me laisse porter par un homme qui raconte cet amour dont il ne semble pas se sentir digne. Son ton rauque, ses mots bruts, ses sentiments qui irradient de chacune des notes qui sortent de sa bouche... tout résonne en moi avec une intensité impensable. Une intensité que je n'ai retrouvée que dans la détresse de Chester Bennington. Soufflé, je m'empresse de regarder de quel artiste il s'agit, et me surprends à sourire en reconnaissant son nom.
— Salut, mec, chuchoté-je en repensant à la réaction étonnante de Wayne quand il a vu mon passeport.
Après avoir passé deux heures à laisser tourner sur mon téléphone les chansons de ce type à qui j'ai volé l'identité pour quelques jours, je m'arrête près d'un hôtel mais ne parviens pas à pénétrer à l'intérieur. La dernière fois que j'ai dormi dans un endroit comme celui-là, Gale était avec moi. Bloqué dans la bagnole, je fixe l'enseigne lumineuse puis finis par redémarrer pour faire halte devant le premier bar que je trouve. J'analyse les environs, hésite quelques secondes, puis décide de sortir de ma cachette en emportant le cadeau du mâle alpha avec moi pour me rendre dans une petite ruelle que je connais bien. Ma capuche sur la tête dans la nuit noire de New York, je baisse le nez quand le dealer me tend ce que je lui demande, tandis qu'il se munit des billets sans s'inquiéter un seul instant du fait que je dissimule mon visage. Je suis bien conscient d'être à deux doigts de replonger dans la plus grosse connerie de mon existence, pourtant ça ne me touche pas. Ça ne me terrifie pas. Ça ne me dégoûte pas. Tout ce que j'arrive à ressentir, là, maintenant, tout de suite, c'est du vide. Le vide que mon frère laisse derrière lui. Le vide dans lequel il s'est jeté.
Plus je pense à lui, plus j'accélère la cadence, et au moment où j'atteins l'entrée du pub, c'est tout juste si je ne défonce pas la porte. Assis autour de petites tables rondes assez cheap, quelques clients se retournent face à mon arrivée fracassante mais se reconcentrent tous bien vite sur leur verre. Tous, sauf un. Accoudé à une table haute sur laquelle aucune commande ne trône, un jeune d'à peu près mon âge s'attarde sur moi. Ses prunelles me décortiquent des pieds à la tête alors que je m'approche du bar et, étrangement, je n'arrive pas à le lâcher des yeux non plus. Avec son blouson en cuir ouvert qui laisse entrevoir un tee-shirt blanc orné d'une tête-de-mort, son slim sombre déchiré au niveau des genoux et ses doc Martens basses, ce mec a l'allure d'une rockstar ; d'ailleurs, à en juger par sa posture décontractée, il en a aussi la nonchalance. Au moment où j'arrive devant un tabouret, je me force à briser notre lien visuel, mais sens tout de même son regard me brûler la peau pendant que je m'installe. Une envie incompréhensible de me retourner pour le contempler encore me prend aux tripes, pourtant je résiste. Il manquerait plus que je me comporte comme une groupie.
La seule serveuse présente derrière le comptoir me fait signe qu'elle est à moi dans quelques minutes, tandis qu'elle se fait monopoliser par un groupe d'étudiants dont je doute fortement de la majorité. J'opine avec un sourire poli, puis sors mon nouveau poison pour dissimuler mon sachet transparent dans la pochette sombre. Alors que je dépose l'héroïne à côté de la morphine, un corps élancé entre dans mon champ de vision. À la limite de mon espace vital. Je referme la trousse dans un geste brusque, me focalise sur l'étranger, et reconnais le rocker. D'abord surpris, je le scrute de longues secondes puis me raccroche à la télévision qui surplombe les étagères pleines de bouteilles d'alcool pour feindre l'indifférence. Sur la chaîne musicale, un clip se termine pour passer au suivant, et un léger rictus étire mes livres quand le nom de l'artiste s'affiche en bas de l'écran. Ayden Harrington, encore. Décidément, je crois que sa musique me suit. Absorbé par sa prestance ainsi que la puissance toujours aussi impressionnante de sa voix, j'en oublierais presque que je suis observé.
— Il te plaît ?
Une voix douce m'extirpe de mon admiration, mais quand je me tourne vers sa source, mon corps tout entier se fige. Merde... ce mec a un de ces sourires...
— Remarque, avec ses yeux bleus, je suis sûr qu'il fait craquer la moitié de la population, plaisante-t-il comme pour combler le blanc qui grandit entre nous.
Un peu gêné par ma réaction ridicule, je me racle la gorge en jetant un nouveau coup d'œil à l'artiste, qui chante aux côtés d'une musicienne aux cheveux courts.
— Pas mon genre, lâché-je dans un désintérêt exagéré.
— Dommage...
La déception que je perçois dans son intonation m'incite à faire marche arrière, et quand je remarque son expression toute aussi dépitée, j'ai presque envie de m'excuser.
— Je préfère les mecs aux yeux verts, ajouté-je avec beaucoup trop de précipitation.
Le coin des lèvres du rocker se relèvent, et je comprends mon erreur quand je me rends compte que la phrase que je viens de sortir sans réfléchir en pensant à Wayne le concerne aussi. Ses prunelles sont d'un vert clair à couper le souffle. Il passe une main fine et veineuse sur ses cheveux blonds rasés de près en acquiesçant, visiblement ravi.
— Tu bois quoi ?
Sa question me ramène à la réalité, et je me rappelle soudain pourquoi je suis ici, dans ce pub, tout seul. La fatigue m'écrase à nouveau de tout son poids, je soupire avant de hausser les épaules.
— J'en sais rien... n'importe quoi.
Le rocker lorgne sur mon pochon du diable quelques secondes, mais ne dit rien. Il se contente de se pencher sur le bar en levant un doigt vers la barmaid.
— Eh, Ashley ! s'exclame-t-il sans obtenir de réponse.
Je m'apprête à lui dire qu'elle ne va pas tarder, qu'elle est occupée avec une grosse commande, mais sa voix un peu cassée retentit déjà une nouvelle fois.
— Ash ! Ramène tes fesses !
Cette fois, la serveuse fait volte-face, prête à envoyer chier le client qui se permet une telle attitude, mais se calme dans la seconde quand elle repère le rocker.
— Tu sais que le monde ne tourne pas autour de toi, Isa ? le rabroue-t-elle avec tendresse.
— Le monde, j'en sais rien, mais le tien, y'a pas de doute.
Le dénommé Isa ponctue sa phrase par un sourire provocateur qui fait éclater la fille de rire mais duquel moi, je suis incapable de me détacher. Mais qu'est-ce qui me prend ?
— Tu nous mets deux...
Le rocker me lance un coup d'œil, puis grimace.
— ...quatre shots de vodka, s'te plaît ?
La petite brune exhale.
— J'espère qu'il y a au moins l'un d'entre vous qui a 21 ans, j'ai déjà dû refuser le groupe de jeunes de tout à l'heure, le patron est là aujourd'hui ! marmonne-t-elle avec une petite moue.
— Est-ce que je dois te rappeler quel âge tu...
— Stresse pas, j'ai l'âge de boire, lancé-je en coupant Isa.
Les deux amis se tourne vers moi en un mouvement commun, et la serveuse semble soulagée. Elle nous apporte la vodka, nous levons nos verres comme pour trinquer, puis les vidons d'une seule traite. La brûlure de l'alcool vient recouvrir celle de la douleur et je n'ai qu'une envie : recommencer.
— Perso, j'ai un truc avec les yeux bleus, m'informe le rocker. J'aime l'idée qu'on puisse s'y perdre comme dans les profondeurs marines.
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Coucou tout le monde,
Comment ça va ?
Moi, je suis fatigué par le concert, mais je suis encore la tête dans mes souvenirs. Faire un concert en front row, c'était l'un de mes rêves. Je regardais souvent les vidéos des concerts de mes chanteurs préférés en enviant les gens qui arrivaient à choper le front row et en me disant que ça ne pouvait arriver qu'aux autres, et finalement, je l'ai vécu. Je peux dire que j'ai réalisé un de mes rêves. Et deuxième rêve de réalisé : j'ai pu intéragir avec Yungblud. J'ai pas pu lui parler, mais il m'a vu, il a vu ma pancarte et il s'est adressé à moi. Un putain de rêve.
Et puis bon, en plus, vous rencontrez enfin mon nouveau personnages, alors je me porte pas trop mal.
D'ailleurs, comment on le trouve le petit nouveau ? Qu'est-ce qu'on a comme première image de lui, là, à chaud sans le connaître ?
Et West alors, il va faire quoi de ce qu'on lui a donné, à votre avis ? De ce qu'on lui a vendu ? Vous pensez qu'il va craquer ?
En parlant de ça, qui s'était douté qu'il aurait pu toucher à ce genre de choses ?
Bon, la musique, un grand classique et un groupe incroyable. Vous savez déjà que West et moi n'acceptons aucun refus sur celle-ci, mais dites-nous, vous aimez ?
Bref bref, voilà, voilà, c'es tout pour moi.
On se retrouve jeudi pour la suite.
Prenez bien soin de vous, les potes.
Et osez rêver. Des fois ça fonctionne.
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